Thursday, September 23, 2010

Nanjing - Jour 2

Le lendemain, je me réveille encore de très bonne heure, mais je me sens comme si j'ai 90 ans. Je me jette de peine et de misère en bas du lit et traîne mes sandales jusqu'à la douche. Heureusement, il pleut à boire debout alors je ne pourrai pas faire la grande randonnée pédestre que j'avais prévu autour du lac Xuanwu. (On est toujours très optimiste quand on planifie un voyage...) Je décide donc de m'offrir une folie matinale et de me payer un autre café... Visiblement, ils ont changé de ''barista'' parce que mon café est plutôt du concentré de jus d'extrait de grain de café! J'ai les deux yeux bien OUVERT et il est seulement 7h30. J'observe la faune de l'auberge et voit à ma grande stupeur, une femme qui doit bien avoir dans les 70 ans avancés. Après une courte conversation avec elle, lente (la conversation, pas la femme!) et aux décibels beaucoup trop élevés pour cette heure du jour, je découvre qu'elle s'appelle Connie, elle a 83 ans, elle vient de Circus, New York et qu'elle complète son sixième voyage en Chine. Cette enseignante retraitée a passée sa vie à vivre tout juste au dessus du seuil de la pauvreté afin de pouvoir voir le monde. Très franchement, je ne crois pas avoir nommé un seul pays qu'elle n'a pas visité. Vie nomade l'oblige, elle n'a pas de mari, ni d'enfants. Elle est au beau milieu d'un périple qui l'amènera ensuite au Japon et peut-être en Thailande. Elle me demande quels sont mes plans pour la journée et je lui dis que je vais aller visiter le Mémorial pour le massacre de Nanjing. Une autre jeune américaine suit notre conversation et décide de se joindre à nous pour aller explorer un peu la ville. Nous demandons encore à la réception quelle direction prendre et on nous indique un autobus qui passe près de l'auberge. Toute confiante de ma balade concluante de la veille, les deux femmes me suivent jusqu'à l'arrêt. La pluie, qui n'était qu'une petit bruine le matin, tombe maintenant en rideau et nos pauvres parapluies ne fournissent plus. Nous peinons à trouver l'arrêt en tentant en même temps d'arrêter un taxi disponible. Lorsque l'autobus se pointe finalement, mes jeans sont complètement trempés (deux fois en deux jours que je me balade dans des vêtements mouillés mais au moins cette fois-ci c'est par de l'eau!) et la pauvre Connie, qui portait une jupe et des belles petites Reebok blanches a les jambes couvertes par la boue. Je me sens mal pour elle, mais je ne veux surtout pas l'insulter en la catinant. Une femme qui a fait 3 fois le tour du monde n'a pas besoin de se faire demander si elle est ok, elle trouvera bien le moyen de le dire! Dans l'autobus, je sors encore une fois mon mandarin pour demander si nous allons dans la bonne direction, mais le couple de personnes âgés à qui je le demande semble me dire que nous devons prendre un autre autobus. Ils offrent même de nous diriger vers la bonne voie. Nous sortons donc tous ensemble sous la pluie, qui ne veut décidément pas arrêter et nous marchons encore une bonne dizaine de minutes pour prendre un second bus. Je refais le même manège en demandant à un jeune pour m'assurer qu'un ''senior moment'' du gentil couple ne nous aurait pas envoyé dans la mauvaise direction. Et bien oui, semble-t-il que nous devions prendre le métro... Le jeune homme nous escorte alors à la station et nous faisons le reste du trajet dans la toute nouvelle installation de Nanjing. Le métro est propre, rapide et très facile à utiliser... Au diable le bus, je ne le prend plus maintenant. En sortant de la station, nous arrivons au mémorial et nous passons les trois prochaines heures à le visiter. Le musée est très impressionnant. Ce crime contre l'humanité, que les japonais refusent toujours d'admettre, est catalogué et décrit de manière troublante. Les preuves et les témoignagnes s'accumulent pour laisser le visiteur avec une impression d'injustice et une certaine nausée engendrée par les photos graphiques. Ce musée est probablement un des plus détaillé qu'il m'ait été donné de voir, il est au moins le double du musée de la guerre d'Ottawa et couvre un seul sujet.

En plein milieu de la visite, je décide de prendre une pause et d'aller à la salle de bain. Connie me suit et je la regarde se diriger d'un pas déterminé vers les toilettes turques... Et dire que j'ai de la difficulté à les utiliser, je ne peux même pas m'imaginer une petite dame de 83 ans en train de faire le même manège. Mais elle revient sans problème et je l'observe ahurie continuer sa visite comme si de rien n'était. Ah qu'ils sont fait fort cette génération là!

Après le musée, nous retournons à l'auberge.. par métro cette fois-ci et le trajet, qui nous aura pris 4 heures le matin, ne nous prends que 20 minutes..... hum.... Affamés, nous cherchons un petit resto pour casser la croûte, mais je ne sais pas à quel point mes compagnes sont habitués à la cuisine chinoise. Je déniche un endroit qui semble innofensif et je nous commander à manger. Des dumplings, du riz frit et de la soupe. Connie me félicite en me disant que c'est le meilleur repas chinois qu'elle a mangé jusqu'à présent. Et bien ma chère, je vais le prendre ce compliment, merci! Ah si nous étions à Shangqiu, je pourrais leur en mettre plein la vue! Elle refuse tout de même de manger le dessert délicieux que j'apporte parce qu'elle dit qu'elle ne croit pas aimer ça... À ce moment, j'ai une petite pensée pour ma Mamie française! La conversation va bon train et nous discutons des pour et des contre de la vie en voyage. Connie ne regrette pas grand chose, sauf peut-être de ne pas avoir trouvé de mari. Ma copine américaine partage les mêmes inquiétudes que moi, face à l'attrait du voyage, mais aussi de pouvoir prendre racine quelque part. Elle semble beaucoup plus déterminée à continuer à voyager alors que je veux plutôt fonder une famille éventuellement. C'est intéressant de voir Connie nous regarder parler des dilemmes auquels elle a probablement dû faire face dans le passé... À chacun son chemin.

L'après-midi est plutôt tranquille et nous tentons de nous réchauffer un peu. Nous planifions d'aller voir le temple de Confucius et de faire un peu de magasinage.  C'est à ce moment que l'âge de Connie la rattrape alors qu'elle s'accroche à mon amie et arrive à lui faire réserver, à sa place, son auberge pour les prochains jours. Je comprends très bien que les gens doivent s'entraider mais je n'ai pas tellement aimé son ton qui semblait plutôt exiger de l'aide qui lui serait dû par... son âge... son expérience... je ne sais pas trop, mais à ce moment, j'en ai un peu assez de jouer à la gardienne. Je suis soulagée quand elle m'annonce qu'elle souhaite visiter la montagne le lendemain alors que j'ai d'autres plans. Elle me demande tout de même de lui monter où se trouve l'arrêt d'autobus, même si je ne sais pas exactement où il se trouve. Je tente de lui expliquer, mais elle insiste pour que je l'accompagne... Exit la PA (personne âgée). C'est vraiment admirable d'arriver à voir le monde à cet âge, mais si on obtient des gens tout ce qu'on veut en les lançant sur un espèce de ''guilt-trip'' parce qu'on est vulnérable et âgée, je ne trouve pas ça très gracieux. Je n'ai malheureusement pas la patience de m'occuper de quelqu'un d'autre quand je veux découvrir le plus possible une ville dans un temps restreint. Visiblement, ce n'est pas une de mes qualités, mais le reconnaître ne fait que me faire grandir, non? Je l'enverrai tout de même dans la bonne direction...

En soirée, une autre jeune femme, Andrea, de la Suisse se joint à notre petit groupe pour la visite. Nous faisons un pit-stop par l'épicerie pour que Connie s'achète des nouilles pour le matin et quelques autres trucs. Elle ne trouve pas ce qu'elle cherche alors je l'aide à trouver ses produits (voilà ma bonne action, maintenant laissez-moi tranquille!). Elle paye même avec son petit change pendant 20 minutes... En ce moment, je dois vous dire que je retiens toutes les blagues imaginables à ce sujet. Je remarque tout de même qu'Andrea a un petit sourire en coin et qu'elle pense probablement la même chose que moi de cette dame. En arrivant au temple, Connie qui n'arrive pas à avoir de rabais pour les personnes âgés décide de rebrousser chemin et de retourner à l'auberge. Avant de laisser tomber, elle tente même d'entrer dans le temple sans billet et de jouer la carte du ''Stupid foreigner'' qui ne savait pas qu'elle avait besoin d'un billet en raison de son âge...?! Hum, je n'aime pas ça, ce petit jeu nous fait passer pour des imbéciles et des profiteurs... Finalement, nous sommes alors seulement les trois filles et nous nous amusons follement. Le temple est clairement un attrape nigaud, mais c'est drôle et kitch et nous avons bien du plaisir. Arrivé au centre, nous pouvons assister à un spectacle de musique traditionnelle chinoise alors nous prenons place pour écouter la représentation. Au même moment, arrive Connie qui a entendu dire qu'il y avait un spectacle et qui a décidé de tout de même entrer au temple (les méchants dans les films d'actions ont toujours un 2e souffle...). Elle ne s'assoit pas avec nous, manque de siège, mais le ''mood'' du groupe change un peu. Nous savons que nous allons être pris avec elle pour le reste de la soirée. Andrea a exactement la même attitude que moi qui est plutôt, ''keep-up or else...'', mais Kristy s'occupe de Connie comme si elle était sa propre grand-mère. Le groupe se divise alors et je continue à me promener en ville avec Andrea. Nous faisons les boutiques en marchandant le plus possible. Ma nouvelle amie est bien bonne à ce petit jeu, étant donné qu'elle habite déjà en Chine depuis 6 mois. Nous terminons la soirée au McDo (oui, oui je sais...) où nous continuons à jaser au dessus d'un festin de McCroquettes...

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