Wednesday, June 22, 2011

Épilogue: La réalité

La réalité de tout voyage est qu'il doit inévitablement tirer à sa fin. Plus vite on l’accepte et plus facilement il est possible de passer à autre chose et de souvent se trouver une autre aventure. Au fil d'arrivé, il nous reste des tonnes de photos, des souvenirs, des cartes, des récits (bonnes ou mauvaises expériences) et c'est à chacun d'entre-nous de décider ce qu'on en retirera. Certains personnes décident de se poser et de considérer leur expérience de voyage comme des vacances ou une belle folie de jeunesse avant de commencer leur vie. D'autres préfèrent plutôt reprendre tout de suite la route pour ne pas perdre de temps dans leur exploration des confins reculés de la planète et peut-être aussi de peur de figer au même endroit et de ne plus avoir le ''luxe'' de repartir. Personnellement, depuis mon retour, je me trouve à la croisée des chemins. D'un côté, il serait tellement facile de choisir une autre destination, de refaire ma valise et de partir au mois de septembre, mais d'un autre côté (et c'est ce qui semble me demander encore plus de courage) je pourrais aussi me faire un chez-moi, au départ pour quelques mois, quitte à voir ce qui peut ensuite arriver... Je ressens ce besoin d'être près de ma famille et de ne pas être l'étrangère, qui reviens tous les six mois et qui regarde ''notre'' vie familiale de l'extérieur. 
Je décide donc de terminer mon blogue en partageant avec vous mon retour à la réalité et les expériences personnelles qui y sont rattachés. Pour les voyageurs, j'espère que vous pourrai vous retrouver dans mon histoire et peut-être adouçir un peu la coupure qui se produira à la fin de votre propre voyage. Pensez à moi et ditez-vous que ''vous n'êtes jamais seul dans le bateau!''. Et pour ceux qui trouvent, comme moi d'ailleurs, ''qu'Andréanne n'est plus très drôle ces temps-ci'', je vous réfère à la page 1: Et le commencement dans tout ça, pendant que j'écris finalement la conclusion de ce récit qui aura été pour moi beaucoup plus que Mon année en Chine.      
Je ne vous mentirai pas, ma première semaine à la maison a été extrêmement difficile. Je me suis retrouvée à plusieurs reprises plantée au beau milieu d'une pièce à ne pas trop savoir quoi faire de ma peau, me sentant plutôt en visite que vraiment à la maison. Je ne voulais pas ranger mes vêtements utilisés en Chine avec les autres déjà dans mes tiroirs (les vêtements d'avant) et trouvait que ma chambre semblait déjà complète, sans moi. J'ai pleuré à plusieurs reprises et dans n'importe quelle situation, quand une vague de réalité est venu me réveiller et me planter les deux pieds bien fermement au sol, à Gatineau, Québec. J'ai revu quelques amis sans trop savoir quoi leur dire sur mon expérience, ''Euh la Chine? C'était génial... et toi quoi de neuf?''. Je me suis retenue de toujours dire ''...et en Chine c'était comme ça'' pour ne pas provoquer une surdose chez mes parents déjà tellement patients. Je me suis assise silencieusement à table avec ma famille, ne sachant pas trop comment entrer dans la conversation de maison-boulot. J'ai eu une attaque de panique dans le département des femmes du magasin Simons, quand j'ai du choisir entre des shorts bruns foncés, bruns pâles, sable, 3/4, courts, longs... J'ai tenté sans succès d'écrire les dernières entrées de mon blogue ne voulant pas inconsciemment mettre le point final à mon récit... Bref, j'ai fait passer les journées du mieux que je le pouvais en tentant d'être engagée avec ma famille, tout en vivant mon deuil. 
1. Le Choc
Lundi: Andréanne se souvient qu'elle peut boire l'eau du robinet et se remplit un verre avec le sourire. Elle discute ensuite avec sa mère de la Chine et marche dans l'herbe du jardin, pieds nus. Andréanne mange avec appétît son bol de céréales et jette le papier de toilette... dans la toilette. Elle écoute les oiseaux et ne tousse plus. Comme c'est bon d'être au Canada. 
2. Le Déni
Toujours lundi: Malgré tout les petits plaisirs de la vie quotidienne à Gatineau, Andréanne semble croire qu'elle retourne à Shangqiu la semaine suivante. Elle écrit à ses amis tous les jours et attend avec impatience les appels sur Skype. Ses valises sont toujours pleines.
3. La colère et le marchandage
Mardi: Les deux genoux dans les valises, Andréanne se fâche contre sa maudite pile de vêtements qui ne fait que grossir et grossir. Elle cherche comme faire entrer le contenu de ses valises dans ses tiroirs sans succès. Elle devra se départir de certains items, mais n'en trouve pas la force. Elle laisse tout en désorde et retourne à l'ordinateur. Elle tappe: Esl job Japan.
4.  La tristesse
Mercredi: Maman est au travail alors Andréanne se couche près de ses valises et laisse finalement les larmes couler. Et elle pleure... et pleure... et pleure, ne sachant pas trop à quoi se raccrocher pour reprendre contrôle sur ses émotions. Elle vit finalement toutes les séparations de la semaine précédante. Au courant de la semaine, elle sent que sa famille ne sait pas trop comment s'approcher d'elle, ne voulant pas la rendre encore plus triste en parlant de son voyage. Elle se sent seule.
5. La résignation
Vendredi: Maintenant en visite à Québec, Andréanne commence à se faire à l'idée qu'elle pourrait bien s'y installer et prendre le boulot stable qui lui est offert. Elle comprend que si elle décide de repartir pour un autre voyage, une telle occasion ne se représentera peut-être plus. Elle a toujours envie de repartir, mais elle commence à apprécier l'idée d'être en terrain connu. Elle se sent en sécurité d'être si près de sa soeur. De sa vie bien en marche.  
6. L'acceptation
Présentement: Andréanne est aux États-Unis pour l'été, à Middlebury, où elle travaille à l'École française comme elle le fait depuis 4 ans. Elle se sent bien - Home. Elle raconte avec enthousiasme son voyage, se rappelant de chacun des détails, mais le sentant de plus en plus loin. Le future à l'horizon semble plus près, complètement indécis et plein de possibilités. Elle pourra en faire ce qu'elle voudra.
C'est donc sur cette note positive que je termine cette histoire. Rassurez-vous, Andréanne va très bien. J'ai n'ai pas terminé de travailler sur mon blogue, car mon prochain projet est d'en faire un récit de voyage. J'espère aussi franchement pouvoir écrire d'autres blogues de Mon année... quelque part.

Au courant de cette année, j'ai beaucoup ri, parfois pleuré, j'ai fait des rencontres, j'ai mis le pied où je ne croyais jamais le poser, mais j'ai surtout appris qu'avec un dictionnaire, un grand sourire et beaucoup (BEAUCOUP) de patience... on peut se rendre jusqu'en Chine et en revenir en un seul morceau!!  

À bientôt j'espère...

Andréanne

Saturday, June 18, 2011

Bienvenue au Canada

La porte de l’avion s’ouvre laissant passer les passagers excités. Assommée par la fatigue, je m’empare de ma petite valise et suit la foule jusqu’au terminal. Cette fois-ci je n’espère pas qu’il y ait des clowns, des ballons ou un orchestre, mais bien que comme par magie, la passerelle se termine et que je sois de retour à Shanghai. Malgré les panneaux en anglais et en français qui m’entourent, mon cerveau a de la difficulté à accepter qu’il est bel et bien au Canada. Ma vie que j’y aie laissée il y a quelques mois semble tellement lointaine et mes souvenirs chinois si frais que mon cœur ne m’a visiblement pas suivi de ce côté de l’Océan Pacifique. En marchant je me questionne. Est-ce que Shannon et Brett sont arrivées à Shangqiu? Adam a-t-il réussi à avoir son billet pour le train de nuit? J’espère que Naïk a aimé son spectacle d’acrobaties.  Habituée à pouvoir envoyer des messages textes à mes amis pour un oui et pour un non, mon isolement se manifeste gravement lorsque je me retrouve coupée de mon moyen de communication.
Le terminal de l’aéroport d’Ottawa est complètement vide et comme pour me permettre de reprendre ma contenance avant les retrouvailles, notre avion est arrivé à la porte la plus loin de la bâtisse. En marchant, je me force à revenir au moment présent. Dans seulement quelques secondes, je me retrouverai devant mes parents et je ne serai plus ''Andréanne exploratrice téméraire'', mais bien ''Andréanne, bébé de la famille''. J’aperçois au loin l’escalateur qui mène aux bagages. Plus que quelques pas. Dès que je mets le pied sur la marche du haut, je vois ma mère près du mur qui m’attends excitée, une lanterne chinoise bleue à la main et flanquée de mes deux voisins (depuis longtemps considérés comme la famille) brandissant des signes fait à la main spécialement pour mon retour. Je cherche mon père du regard et me souvenant soudainement qu’il a coupé sa moustache (sur sa lèvre supérieure depuis 1970) le trouve finalement plus près des marches prenant des photos. Quelques secondes plus tard, on m’étreint de tous les côtés. Je me sens comme une triathlète du voyage au fil d’arrivée, après un marathon asiatique particulièrement difficile. Comme c’est bon (et étrange) d’être chez soi. Tout le monde parle en même temps alors qu’on tire mes énormes valises du chariot. Je tourne sur place à plusieurs reprises, tentant d’absorber le plus possible mon environnement et de finalement vivre plutôt que de rêver mon arrivée au Canada.
Le trajet dans la voiture est étrange. Les véhicules autour de nous roulent tellement vite (il n’y a pas de traffic ici!) et j’ai une peur incontrôlable qu’un passant ou une voiture se jette devant notre chemin sans regarder comme ils le font si souvent en Chine. Lorsque la voiture arrive finalement à destination je découvre que ma maison est bel et bien au même endroit et que rien n’a changé… sauf moi. Je suis ma famille à l’intérieur et nous discutons jusqu’aux petites heures du matin de mon départ de Shangqiu.
Les émotions se bousculent avec frénésie : La joie d’être finalement avec mes parents, la fatigue du long voyage, la frustration de ne pas pouvoir tout leur expliquer et leur montrer, la mélancolie des aurevoir si frais, mais surtout la peur de rejoindre mon lit et de ne pas m’endormir en Chine pour la première fois. Cette constatation me pèse sur les épaules comme une finalité sans équivoque. Bientôt, je devrai dire qu’''hier j’étais en Chine'', ''la semaine dernière…'',  ''le mois dernier…''. Je ne veux pas tout de suite mettre dans le passé MA Chine et j’ai peur d’oublier trop vite. Oublier le poulet Kung-Pao fumant du restaurant Chongking. Oublier l’odeur de mon appartement et de la brise chaude qui entrait par la fenêtre. Oublier les sons du matin (aussi dérangeant soient-ils) alors que le campus se réveille. Oublier les couchers de soleil qui se reflétaient dans le lac. Oublier mon mandarin et les conversations avec les chauffeurs de taxis. Oublier l’excitation de mes étudiants lorsque j’entrais dans la salle de classe. Oublier le regard amoureux d’Adam me trouvant tout le temps dans n’importe quelle foule. Oublier ma complicité avec Shannon et sa manière de me rappeler que ''You ARE home''. Oublier les ''Hello Andy'' lancés à tous vents par les étudiants. Oublier que n’importe quoi se mange avec des baguettes. Mais surtout j’ai peur d’oublier qu’il y a un an, je ne savais absolument rien de ce qui m’attendait et je suis sortie de l’avion à Pékin en espérant voir un clown, des ballons…

Boucler la boucle

Mes dernières journées à Shangqiu resteront toujours dans mes souvenirs comme un marathon flou, les journées s’enchaînant à une vitesse folle et se métamorphosant en un seul grand ''moment'' sans répit. Mon horaire chargé me permettant difficilement de souffler entre les repas d’adieux, les rencontres avec mes étudiants, l’aspect logistique d’un déménagement transpacifique et la volonté de passer un moment de qualité avec chacun de mes amis. Personnellement, face à autant de changement et de pression, je n’avais envie que de me rouler en boule dans mon appartement pour faire passer les heures jusqu’à mon départ et de quitter la ville en douce, au beau milieu de la nuit, me sauvant ainsi les adieux qui brisent le cœur.

Vendredi
6h45:  Mon réveil matin me fait sursauter. ‘’Schrrrrrrrrrrrrrrrtttt- ptiou’’ : la femme de l’appartement en face se racle la gorge et projette le tout dans un crachat Olympique... Chapeau, mes fenêtres doivent être toutes beurrés! (Mémo personnel : Demander à mes parents de venir se gargariser dans mes oreilles chaque matin pour ne pas que je m’ennuie trop!). Je me tire du lit dans un mouvement énergique et percute de plein fouet la maudite porte battante de ma garde-robe vide… repli stratégique dans le lit pour lécher mes blessures. Un Adam encore endormi, tel la tortue de La Fontaine, sort de la chambre en premier, gagnant ainsi le concours non-officiel.  Commentcommencerlajournéedubonpied.com ...
8h:  J'arrive en classe armée de mon ordinateur et projette pour mes étudiants un petit vidéo que j'ai préparé afin de leur montrer les différents endroits que j'ai visité pendant mon année en Chine... Bon. Personnellement, je croyais que mes étudiants, qui ne donnent même pas de caresses à leur parents, allaient rester de glace face à mon départ, du style serrage de main et un petit ''Zaijian'' gêné, mais comme j'avais tord! À la fin de mon vidéo qui pouvait tout de même, je l'avoue, rendre l'oeil humide, la classe entière a été plongée dans un silence lourd entrecoupée de petit sanglots discrets. MERDEEEEE. Moi qui les imaginais tous me posant des tonnes de questions sur les villes chinoises et rigolant de mes mésaventures le sourire fendu jusqu'aux oreilles, the plan had backfired!! J'ai donc tenté d'alléger un peu la tension en chantant une chanson et heureusement c'est avec le sourire qu'ils ont finalement quitté la classe.

 10h10:  J'entre dans le bureau de Mr.Yu pour lui apporter un petit cadeau de départ. Parce qu'il veut probablement faire son difficile, c'est le seul homme chinois de toute la terre qui ne fume et ne boit pas alors j'ai décidé de lui acheter une grosse boîte de biscuits étrangers... Connaissant les chinois, ils vont probablement terminer dans le bol du chien, mais c'est l'intention qui compte. Mon patron me fait donc signe de m'asseoir et j'accepte poliement, me disant quand même que j'ai d'autres coquerelles à fouetter lors de ma dernière journée à Shangqiu! Après un court échange où je n'arrive pas à me sortir de la tête que ce gars (THIS GUY!) est un prof d'anglais! Oui, oui... CE GARS LÀ. 
Mr Yu: ''So, your suitcase, it ok?''
Andréanne: ''Yes thank you, it's not a problem''
Mr Yu: ''How.. you leave... where?''
Andréanne: ''I'm leaving from Shanghai on Sunday night.''
Mr.Yu: ''You ok to go. You show me your house before you go. Ok?''
...
Et cette conversation de Sesame Street continue comme ça pendant 15 minutes... Je quitte le bureau autant amusée qu'inquiète pour l'avenir des étudiants chinois...
11h30: Dernier repas à mon restaurant préféré. Adam et moi sommes assis devant un gigantesque festin de poulet Kung-Pao et d'aubergine épicée. Je tente d'exprimer ma gratitude à la patronne pour tous ces bons repas qui m'ont assurément empêchée d'attraper le scorbut, mais alors que j'aimerais dire: ''Madame votre nourriture est divine et je vais m'en ennuyer longtemps après mon retour au Canada.'' je dis probablement plutôt ''Nourriture..bon''. Je lui remets tout de même une épinglette du Canada en souvenir de moi, qu'elle regarde avec curiosité, n'en ayant visiblement jamais vu avant. 
12h00:  Dans mon avidité pour les petits plaisirs de la vie, je tente de ''djammer'' un dernier massage dans mon horaire serré, mais comble du malheur, tous les thérapeutes sont occupés. Semblerait-il que deux clients ont demandé le spécial-extra-long-de-massage-qui-ne-finit-plus et ils sont parti pour être allongés pour la prochaine heure et demi... Cailloux #2 dans le soulier, le masseur qui termine son boulot est ''le gars qui fait mal'' alors, malgré le fait qu'il me réclame (''Ok. Andy''), je pousse gentiment Adam (hum...hum...) à ma place. C'est toujours drôle de voir le visage du masseur qui croit m'avoir sur sa table et découvre plutôt un mec! Finalement, le meilleur masseur revient de son heure de dîner et je peux finalement relaxer. Avant de partir, la patronne demande de prendre une photo avec moi, j'imagine pour se souvenir de la cliente qui a grandement contribuée au financement de sa nouvelle cuisine! 

13h44: J'ai rendez-vous avez Mr.Yu à mon appartement dans 1 minute et je suis de l'autre côté de la ville. L'horloge du salon de massage était en retard et la gentille dame qui conduit le taxi semble vouloir nous donner l'expérience ''spécial touriste'' de Shangqiu. Madame, ça fait 9 mois que j'habite ici alors vos crottes de chien (ou de Chine, dépendant), je les ai déjà vues!!  Adam cool as a cucumber tente de me changer les idées.

14h: Nous arrivons finalement à mon appartement où Shannon, Brett, Mr. Yu et un taxi nous attendent tous pour le départ. De dire: ''Scusez je me faisais masser'' ne semble pas une excuse très sérieuse alors je ne fais que dire ''Scusez''... Mr. Yu monte avec moi pour être témoin que je n'ai pas mis mon ameublement en chêne massif dans ma valise (...) et nous empoignons mes valises en vitesse pour rejoindre le taxi. Dans l'affolement du départ, j'oublie que je quitte pour de bon ma petite maison chinoise, mais au dernier moment, je prends tout de même un instant à la porte pour y jeter un dernier coup d'oeil. Que de bons moments...

14h02: Nous sommes empillés dans le taxi: Shannon, Adam, moi et mon Er-hu sur le siège arrière et Brett à l'avant avec ma petite valise. Le coffre ne ferme pas sur mes valises surdimensionnés et je suveille le tout avec inquiétude par la lunette arrière. Nous laissons un Mr.Yu moitié soulagé (il ne doit pas me reconduire à Shanghai) - moitié triste (un autre prof à remplacer) devant mon appartement. Le taxi quitte l'école.

15h: Mes amis trimbalent leurs (mes) valises attitrés (j'en ai quand même 4...) le long de la plate-forme où arrivera le train. Les habitants de Shangqiu nous regardent avec curiosité, nous prenant visiblement pour des touristes. Avec mon Er-hu en bandouillière, nous avons l'air d'un groupe folklorique en tournée... Le train rapide arrive finalement et nous prenons place dans le compartiment pour un voyage de 6h jusqu'à Shanghai. 

21h: Shanghai est aussi resplendissante que lors de ma dernière visite. Je me félicite d'avoir pris mon billet de départ de cette ville. Je paie la traite à mes porteurs dans un Mc Do et nous nous couchons épuisés.

Samedi

Notre journée à Shanghai est consacrée à tenter de faire entrer le plus de souvenirs possibles dans ma valise à moitié-vide. Nous visitons le marché de contre-façon que j'ai déjà exploré avec Ciaran et 2h plus tard ressortons (en tout cas, moi) les mains chargés de paquets. Après un courte sieste, nous mangeons dans un superbe restaurant de sushi (devinez qui a décidé de l'endroit du repas...) puis nous allons au Bund pour prendre des photos cocasses en groupe. En après-midi, Shannon nous a tous acheté le même t-shirt avec des Pandas qui font du Kung-fu alors nous avons l'air d'un sympatique groupe de touristes canadiens (la majorité l'emporte!). Nous terminons la soirée dans une ''pub'' local où nous (Brett, Adam, moi) prenons une bonne cuite! 
Dimanche

Le moment tant redouté est finalement là: Ma dernière journée en Chine. Mon avion ne décolle qu'à 17h alors Adam me guide de nouveau vers le Bund pour une matinée en amoureux. Nous prenons place sur un banc et observons silencieusement les passants, la brume engouffrant les gratte-ciels de Pudong. Alors que nous profitons de notre dernier moment d'intimité, des touristes chinois viennent s'asseoir juste assez proche de nous pour que nous soyons dans leur photos, mais juste assez loin pour qu'ils n'aient pas besoin d'engager la conversation. À un certain moment, une femme me tend son enfant en souriant alors je cherche le courage de prendre la pose malgré les vagues d'émotions qui se font de plus en plus fortes. Nous nous foutons de la foule dans notre bulle: Adam pensant à son retour à Shangqiu sans moi et moi au chemin difficile qu'il me reste à faire... sans Adam. Il a tellement été présent dans chacunes des étapes de mon départ que j'ai oublié comment transporter tout le poids de ma grande aventure sur mes propres épaules.   

Le moment arrive finalement de quitter Shannon, Brett et Naïk à la station de métro. Étrangement, alors que je dis aurevoir à ma famille chinoise, ce n'est pas un sentiment de fatalité ou de déchirement qui me prend, mais plutôt un ''See you later'' comme si je revenais la semaine suivante. Shannon me serre rapidement dans ses bras, comprenant que nous devons faire vite pour que je puisse toujours garder un contrôle sur mes émotions. Elle me dit ''see you soon, we love you man'' alors qu'elle me tourne le dos pour entrer dans le métro. 

Après m'être débarassée de mes trois valises au comptoir d'Air Canada, je reconduis Adam au métro où nous sommes forcés de partager un moment très intime avec tous les autres voyageurs de l'aéroport de Shanghai. Il garde le sourire et me fixe intensément jusqu'à ce qu'il disparaisse au bout du corridor. 

Et voilà, comme lors de mon arrivée à Pékin il y a plusieurs mois, je suis de nouveau seule face à une autre aventure. Celle-ci beaucoup plus compliquée. Je sais que le retour à la maison sera rempli de bonheur, de défi et de difficulté, mais à ce moment, je ne peux que regarder par le hublot où ma Chine s'éloigne peu à peu...  

Monday, June 13, 2011

Yiiii Kuai... Yiiii Kuai

Qui dit déménagement dit aussi habituellement vente débarras... et dieu seul sait que pour une voyageuse magasineuse, la Chine est une terrain de jeu beaucoup trop propice à la pratique de ce sport. S'empillent alors dans mon appartement depuis plusieurs mois des achats de toutes sortes accumulés au fil des sorties en ville et des petits voyages. Vêtement d'hivers... vêtements trop petits... vêtements à jeter... vêtements laids... plantes... décorations.... sapin de Noël... articles pour la maison... Je devais donc me débarasser d'une quantitée impressionnante d'items avant de réellement commencer à faire mes valises pour le Canada. Shannon m'a raconté avec horreur que les deux derniers locataires de mon appartement (aussi profs étrangers) ont laissé le logis dans un état épouvantable et qu'elle a dû se tapper le ménage avec Brett afin de sauver notre réputation face aux nettoyeurs chinois.  En Chine, la réputation est presque entièrement déterminée par les apparences et ça ne prends qu'un seul imbécile pour donner l'impression à une population au complet que nous sommes des cochons irrespectueux. J'avais donc décidé depuis longtemps que mon appartement serait des plus propres à mon départ et que ma réputation ne serait jamais ternie par un appartement en désordre. Malheureusement, je ne savais pas que cette décision ne serait pas entre mes mains...

J'ai donc fait un début de grand ménage et bien rapidement mon appartement a commencé à ressembler à une ville dévastée par une bombe A (comme dans Andréanne qui nettoie...). Partout dans la maison, il fallait éviter les piles de vêtements à donner, sauter par dessus les valises à moitié entamés, contourner les cadeaux des étudiants et ramper sous la pile de boîtes vides et de recyclage. Je peux vous dire que ça faisait dûr. J'ai aussi arrêté d'inviter de la ''visite'' afin de limiter les jugements face à mon bardas! Vendredi est finalement arrivé et j'ai réservé mon après-midi pour faire le grand nettoyage. Dès mon retour de l'école, je cours donc au petit coin et lorsque j'en ressort, j'entends quelqu'un qui joue avec ma poignée de porte! Je me dirige donc en vitesse vers l'entrée, les pantalons encore ouverts parce que je suis pressée de voir qui tente de me cambrioler (!!), et découvre par le ''peephole'' que mon patron, Mr.Yu, est planté devant ma porte en compagnie de 3 autres chinois. Que je le veuille ou non, la clé est dans la porte et il va entrer dans mon appartement dans les prochaines secondes. Je décide qu'il vaut mieux tenter l'offensive (le repli stratégique est impossible... il a ma clé!) et ouvre la porte d'un mouvement brusque. Je me retrouve donc devant mon patron, son assistant et un couple de chinois qui ont tous la tête de gens qui se sont fait prendre les culottes baissés... alors que c'est plutôt mon cas!

Mr. Yu me regarde catastrophé: ''Oh... I was trying to call you!''. Premièrement: Mon oeil... et deuxièmement: Quand? Avant ou après que la clé soit dans la serrure? Bref, je suis tout échevellée, à moitiée dans le processus de me changer pour faire mon ménage et je fais de mon mieux pour cacher mon appartement de la vue des visiteurs (sans oublier mes culottes ouvertes!). Il m'explique rapidement que le couple est venu visiter mon appartement et ''Would it be possible to come in?!''. Malheureusement pour moi, un de mes gros problèmes est que j'arrive difficilement à dire non (surtout à mon gentil patron) alors j'invite avec réticence le jeune couple à entrer dans ma tanière. Pendant qu'ils osent à peine regarder dans chacune des pièces, je fusille du regarde mon patron et lui fait comprendre que ''Peut-être que ce n'est pas bien de débarquer chez les gens comme ça et qu'il faudrait les avertir au moins 10 minutes en avance pour qu'ils ne viennent pas juste de sortir des toilettes?''. Il regarde ses souliers. Finalement, l'homme du couple s'adresse à moi et me demande si l'appartement est bien chauffé. Et moi de lui répondre: ''En fait, vous n'aurez sûrement aucun problème! Tout a été remplacé cette année parce que c'était brisé!'' (poum, poum, poum, tschiiiiiiiiiiiii). Ils me remercient mille fois de mon hospitalité et quittent mon appartement aussi rapidement qu'ils sont arrivés.

Alors voilà pour ma réputation, mais il me restait toujours à me débarasser de tous ces ''trésors''... Heureusement pour moi, chaque année au mois de Juin, les étudiants nouvellement gradués organisent une vente trottoir dans quelques rues de l'Université afin de vendre ce qui ne leur sera plus nécessaire et faire quelques heureux parmis les étudiants. Les habitants de la ville, toujours à la recherche d'aubaines, prennent aussi part aux festivités et un grand évènement en découle. Assisté par quelques amis étudiants, j'ai donc rempli une grosse valise et nous nous sommes installés un petit tapis au centre du marché. Au moment où nous avons rejoint notre emplacement, avant même que je n'aie le temps d'ouvrir ma valise, une véritable foule s'est amassée autour de nous. Des habitants de la ville, des travailleurs de l'école, quelques étudiants... tout le monde voulait jeter un coup d'oeil aux choux gras de la ''laowai''. Mes amis ont déballé mes articles précieusement, s'assurant d'en mettre plein la vue aux passants attentifs et la négociation a commencée. Mes vêtements se sont passés entre toutes les mains, mes couvertures lancés à gauche et à droite. Tout a été manipulé, tâté et scruté pendant que mes amis dictaient des prix ridicules pour mes articles. Pendant ce temps, impressionnée par le mouvement de foule, j'observais le cirque de loin laissant à mes étudiants le soin de récupérer l'argent des acheteurs satisfaits. C'est tout de même avec un pincement au coeur que je me suis départie de mes articles, chacun me rappelant un bon moment de mon année en Chine. La grosse ''doudou'' en polar qui m'a gardée au chaud tout l'hiver, mes mitaines Canada, mon lecteur DVD, mon dictionnaire anglais-mandarin... Mais le plus irritant dans tout ça, c'est que pour bien négocier, les chinois se sentent obligé de dénigrer ce qu'ils achètent pour en faire baisser le prix. J'ai donc entendu que mes vêtements étaient: laids, grands, sales, de mauvaise qualité, usagés, bon pour la poubelle, etc... Par chance que je ne comprenais pas tout!  Rapidement la pile s'est mise à baisser et j'ai accumulée de plus en plus d'argent. Quelques étudiants tenaient absolument à acheter de mes vêtements pour conserver un souvenir de moi et se tortillaient encore plus de joie lorsque je leur disais que l'objet choisi venait de Thaïlande, de Malaysie, de Singapour... ou comble de plaisir: du Canada.

Les heures se sont mises à passer rapidement et lorsqu'Adam est venu me rejoindre à 18h30 pour le souper, il ne me restait qu'une dizaine de gilets à vendre (que voulez-vous, j'en avais beaucoup!). Afin de pouvoir aller manger, il me fallait quand même épuiser mon stock alors j'ai annoncé à mes étudiants que nous faisions une vente de feu: 5 yuan l'item! Nous étions donc plantés-là à crier: ''Wu Kuaiiii, Wu Kuaiiii'' alors que personne ne semblait intéressé par mes guenilles. Adam qui avait remarqué les caractéristiques de mes acheteuses m'a suggéré de tenter d'attirer les petites vieilles: ''Yeah Andy, all the old ladies LOVE your stuff! There are the only ones who buy your clothes!''... merci Adam pour cette analyse de marché... Étonnament (...not), depuis l'arrivée d'Adam de plus en plus d'étudiantes s'arrêtaient à notre tapis pour épier mon petit-copain tout en jouant avec mes guenilles. Une téméraire rouge comme une tomate est même allée jusqu'à lui dire d'un seul souffle, ''I want you to take me back to your country!''. Hum... j'avais la possibilité de faire quelques yuan de plus!! ''UNNN étranger britannique.. UNNNN...''.

Nous avons continué à crier et quand personne ne s'est manifesté après une heure, nous sommes descendus à 3 Yuan.... puis 2 Yuan... pour finalement offrir mes items à 1 yuan! ''Yiiiii Kuai, Yiiii Kuai''. Rien à faire. Les passants ne prenaient même plus la peine de regarder sur mon tapis. C'est alors que la sagesse m'a atteint comme un projectile en plein visage: Les chinois aiment négocier et donc lorsqu'on leur offre quelque chose à très bas prix ils se méfient. Ils préfèrent négocier à mort plutôt que de s'en faire passer une petite vite et perdre 1 yuan... je n'étais donc pas plus avancée devant ma petite pile de vêtements et nos estomacs qui grondaient de plus en plus fort. Avec l'énergie du désespoir, j'ai achalée quelques passantes pour finalement jeter les armes et tout donner à ma voisine de tapis.

En conclusion, je crois que le marchandage chinois est un peu comme l'Opéra de Pékin... c'est long, c'est plate, on ne comprends rien et il faut être un peu massochiste pour l'apprécier.

< Ajoutez ici votre propre proverbe chinois sur la patience qui porte fruit >       

Wednesday, June 8, 2011

Examen médical: Ouvert au public

Le stress de départ forçant bien souvent le métabolisme à se révolter, je devais inévitablement tomber malade avant mon retour au pays de la feuille d'érable! Parce que je suis beaucoup trop ''spéciale'' pour seulement attraper une bonne grippe, j'ai eu droit au retour de ma maladie de fantaisie de prédilection: L'infection occulaire! Jusqu'à ce jour, je ne sais toujours pas ce qui irrite autant mes pauvres petits yeux, mais je peux vous dire que les symptômes sont toujours aussi violents.... et particulièrement lors de cette crise. J'avais donc simultanément un mal de tête à me fendre le crâne en deux, deux yeux rouges et irrités qui pleuraient sans arrêt, de la fièvre, le nez bouché et pour la bonne mesure: une toux de pollution qui n'avait pourtant pas été invité à ce ''party de symptômes'' mais qui avait décidé de quand même se présenter. Enfoncée jusqu'au cou dans mes valises, je ne pouvais me permettre de m'appitoyer sur mon sort pendant trop longtemps alors j'ai appelé mon patron pour qu'il m'accompagne à l'hôpital... Bom, bom, booommmmmm. (cue musique de film d'horreur)

J'ai enfilé mon cotton-ouaté avec capuche méga-camouflante, mes lunettes de Jackie O (par dessus mes lunettes de vues... un style toujours aussi sexy! Mon petit doigt me dit que ce sera la mode en 2012... à Shangqiu) et je me suis rendue à la porte de l'école pour retrouver Mr.Yu. Étrangement, il n'était pas à l'heure alors j'ai poiroté pendant quelques minutes en espèrant qu'il se-dépêche-maudit-j'ai-mal-à-l'oeil-je-vais-me-décomposer-pourquoi-moi? Arrive alors un petit monsieur pressé qui m'appelle et me fait signe de le suivre. Hum... je fais rapidement le tour des quelques visages chinois différents de ma mémoire mais je n'arrive pas à déterminer qui est cet individu. Deux choix se présentent à moi: 1) je lui demande qui il est et l'insulte probablement parce que je l'ai assurément déjà rencontré ou 2) fais comme si de rien n'était et embarque dans le taxi... La porte se referme sur mon visage contorsionné qui cherche toujours à reconnaître le type assis à l'avant. Bof, en autant qu'il m'amène à l'hôpital, c'est ce qui compte!

Après un court trajet, le taxi s'arrête devant l'hôpital où des dizaines de patients en état de décomposition avancés sont évachés sur l'herbe entourant le bâtiment. Est-ce que les familles les ont ''parkés'' là pendant qu'ils allaient à l'intérieur? Ils les ont abandonnés à leur sort? On dirait un centre d'achat un jeudi après-midi après le Bingo... Bref, nous marchons rapidement à travers la foule alors que je me fais pointer du doigt abondamment. Parce que s'il y a quelque chose de plus intrigant pour un chinois qu'un étranger.. c'est un étranger malade! D'un coup que mes microbes seraient aussi bizarre que moi! Je suis donc Mr. Ren (d'après Shannon) jusqu'au comptoir où je dois acheter une carte de débit d'hôpital qui me permettra de tout payer mes traitements d'un seul coup. Bien joué, c'est pratique! Nous prenons ensuite l'ascenseur jusqu'au 6e étage - yeux - et rejoignons les autres patients devant le comptoir de service. Au milieu des aveugles, des cataractes, des objects non-identifiés enfoncés dans les yeux, ma petit infection n'est pas trop impressionnante et je remercie le petit Jésus de ne pas avoir de baguette chinoise dans l'orbite! Le plus traumatisant dans tout ça, c'est que les patients du département ''yeux'' ont aussi plusieurs autres bobos visibles et pourraient facilement se retrouver sur les étages ''toux dégueu et crachat'', ''bobo avec du pus'' et ''membre manquant''... Je remonte mon gilet pour cacher mon visage.

Après une courte discussion avec la préposée je me dirige dans une salle de triage où une bonne dizaine de patients sont serrés autour d'un seul pupitre. Lorsque je m'approche un peu, je découvre qu'il y a deux pauvres médecins qui tentent de servir les patients dans l'ordre et repousser la foule pour qu'ils puissent travailler. Alors que Mr.Ren tente de se faufiller devant tout le monde, je recule contre un mur et observe les chinois à l'oeuvre. Plus les type sont âgés, plus ils utilisent leur cannes/marchettes/sac d'épicerie pour se faire un chemin dans la foule et les femmes n'hésitent pas à prendre appui sur mes épaules et me piler sur les pieds pour gagner quelques centimètres. Je sens alors de petits doigts cruchus s'enfoncer dans mes côtes et me retourne pour trouver une madame agressive qui tente de passer devant moi. Je l'apostrophe calmement tout en empoignant fermement son bras: ''Wait a minute please.'' Malgré mon intervention, elle me jete un regard qui tue et continue à pousser. Au même moment, Mr.Ren arrive à donner mon papier au médecin qui me demande d'aller passer un examen de la vue... Hum...Vous êtes chanceuse madame! Sauvé par le Gong!

Maintenant si vous réfléchissez un peu aux examens de la vue des pays occidentaux, vous comprendrez qu'il est impossible de faire la même chose en Asie pour cause d'inexistance de l'alphabet!! Oui, il y a toujours le Pinyin qui utilise notre alphabet, mais ce n'est que la couche la plus éduquée de la population qui peut utiliser cette écriture alors ils se doivent de trouver une solution pratique. Ils ont donc recours aux symboles. Plutôt que de devoir réciter les lettres qui sont affichés sur le mur, le patient doit indiquer la direction des rangées de flèches. En haut, en bas, gauche et droite. Lorsqu'arrive mon tour, j'aimerais beaucoup me prêter à l'exercice, mais telle la chauve-souris en plein jour (et la nuit aussi tant qu'à faire) je ne vois absolument rien sans mes lunettes. On pourrait facilement mettre devant moi Brad Pitt et Daniel Craig en boxer et je leur demanderais de se tasser parce que je n'arrive pas à voir la feuille sur le mur! L'occuliste se met à rire de mon handicap (Petite nostalgie pour l'objectivité médicale des pays occidentaux) et me demande de remettre mes lunettes pour passer le test. Je réussie haut la main et retourne dans la salle de triage toujours aussi bondé.

C'est maintenant mon tour de me faire inspecter les yeux dans la machine spéciale et le médecin me demande d'appuyer mon menton sur le support collectif en plastique qui n'a probablement jamais été lavé depuis sa sortie de l'usine. Je sors mon petit Kleenex pour protéger mon visage sous l'oeil amusé des 25 badeaux qui observent mon examen en attendent leur tour (j'aurais sérieusement besoin d'un cordon en velour rouge pour les empêcher de s'asseoir sur mes genoux) et m'installe confortablement pour me faire pointer une lampe dans mon oeil infecté. Des... heures....de....plaisir! J'attend les applaudissements de la foule lorsque le docteur termine son examen mais je me fais plutôt pousser en bas de ma chaise par une minine qui a décidé qu'elle voulait mon tabouret. Après vous madame... Malheureusement pour moi, ce n'est pas terminé et je dois me faire mettre de l'iode dans l'oeil pour mieux voir l'étendu du désastre au microcospe. J'attend donc maintenant avec le yeux tout jaunes que le docteur termine avec le gars qui a juste un oeil et re-tabouret, re-Kleenex le diagnostique est tombé: Conjonctivite. Le docteur me prescrit différentes goûtes et de la crème et Mr. Ren m'abandonne pour visiter la pharmacie.

En attendant mon traducteur, je m'appuie sur le mur à l'extérieur de la salle d'examen et enfonce ma capuche sur la tête pour me protéger des rayons du soleil. C'est alors qu'un curieux décide qu'il veut absolument jaser avec moi et il me bombarde de questions en mandarin. Voulant tout de même être polie, je réponds aux premières questions, mais voyant qu'il croit visiblement que je veux jouer à ''Question pour un Champion'', je me dois tout de suite de ralentir ses ardeurs. ''Qing, wo bing le, wo bu yao shuo - S'il vous plaît, je suis malade, je ne veux pas parler''. L'homme me regarde pendant quelques secondes et se retourne ensuite vers sa famille pour leur dire que je ne comprends rien. NON, ce n'est pas que je ne comprends rien, c'est que je ne veux PAS parler! Il continue son interrogatoire alors que je transperce l'ascenseur du regard dans l'espoir que Mr. Ren se matérialise et vienne me sauver. Pas de chance, l'homme est carrément agressif et place son visage à quelques centimètres du mien pour obtenir mon attention. À ce point, je commence à sentir un ''pêtage de coche'' imminent alors je prends mes cliques et mes claques et pars m'asseoir seule sur une banquette à l'autre bout de la salle. Je prends même soin de bien installer mon Ipod pour décourager les autres curieux. Alors que je choisis une chanson, je remarque stupéfaite que le connard m'a suivi à l'autre bout de la salle et me parle toujours! Je pête une plomb: ''I DON'T WANT TO TALK. I AM SICK. LEAVE ME ALONE!!!''. Et dans mon élan de colère, mon corps est aussitôt pris de convulsions et j'éclate en sanglot, de grosses larmes chaudes coulant sur mes joues. Heureusement pour moi, à ce point l'homme est découragé et retourne auprès de sa famille. Je tente de retenir la vague de désespoir qui m'assaillit à répétition, mais c'est plus fort que moi. Mais qu'est-ce qui peut bien motiver ce type à penser que c'est ok de m'harceler comme ça dans la salle d'attente? Pour toutes les fois où je n'ai pas voulu pleurer dans les dernières semaines, c'est cette goûte d'eau qui fait déborder le vase.

Lorsque Mr. Ren revient de la pharmacie, il me trouve me berçant tranquillement sur le petit blanc de plastique de la salle d'attente, l'air complètement fêlé, les joues tachés d'iodes et un tas de Kleenex froissés à la main. Je sens immédiatement sa présence et le suit la mine abattue vers l'escalier. Mr. Ren ne me questionne pas sur ce qui vient de se passer, se doutant probablement que c'est un de ses compères qui m'a mis dans cet état... Je retourne à mon appartement épuisée et m'effordre sur le divan au même moment où mon téléphone reçoit un message texte.

''Hi Andy, I have learned that you are very sick and I think that you might need a friend right now. Please let me know if you need anything or some company and I will come see you. I love you. Emily''.

Malheureusement, je ne pense jamais pouvoir expliquer à Emily à quel point son message a été important...  

Monday, June 6, 2011

De Jinshanling à Simatai - Pékin 3 (Prise 2)

Lors de ma première visite de la Grande Muraille, je m'étais promis d'y retourner en été alors j'ai profité de mon passage à Pékin pour en explorer une autre partie. J'ai choisi de faire la visite de Jinshanling qui permet aux visiteurs de fouler une partie intacte de la Muraille et de prendre part à une longue balade de presque 10 km jusqu'à Simatai. Aujourd'hui, la majorité des sites touristiques de la Muraille ont été retappés pour qu'elle conserve sa forme (il y a même un KFC (Kentuky Fried Chicken) sur le mur à Badaling...), alors si je voulais en voir une partie originale, je devais me rendre jusqu'à Jinshanling... mais le problème dans tout ça, c'est que Jinshanling, ce n'est pas la porte à côté!

Je me suis donc réveillée à 5h30, bien ''poquée'' d'une nuit sur un matelas défoncé de l'auberge et j'ai somnanbulé jusqu'à la réception où m'attendait le chauffeur de l'autobus. L'avantage de ce voyage organisé, c'est que le petit déjeuner est inclus alors j'ai embarqué dans l'autobus vide et attendu avec impatience d'être nourrie. Je me demandais bien quel type de boule de pain/légumes/intestins j'allais avoir droit pour déjeuner, mais qu'est-ce que j'avais tord! Quelques secondes après notre départ, la guide me tend un sac de McDonald et un café que j'aggripe avec réticence, me disant qu'elle me faisait peut-être le coup du cadeau poche qui a été emballé dans la boîte d'un meilleur produit... avant de m'exciter, je devais vérifier que c'était BIEN du McDo dans l'emballage. Malgré mon sourire fendu jusqu'aux oreilles, j'ai avalé mon McMuffin en deux bouchés et bu mon ''vrai'' café comme si c'était le dernier. Après tout, j'avais besoin d'énergie pour ma visite du mur! La guide s'adresse alors au groupe et nous annonce que 1) bonne nouvelle, nous sommes finalement en chemin vers la Muraille et il fait très beau, mais 2) mauvaise nouvelle, c'est à 3h de route du centre-ville. 3H DE ROUTE?!?! Coudonc est-ce qu'on s'en va en Mongolie? Pas de panique, j'ai mon Ipod alors je m'enfonce bien profondément dans mon siège et profite du repos.

À mi-chemin, nous arrêtons dans une station d'essence pour soulager nos McVessies et je regarde en ricanant les touristes s'approcher de la toilette. Moment d'hilarité dans 3.....2.......1

Comme de fait, deux femmes entrent dans la salle de bain et une en ressort immédiatement complètement scandalisée. Surprise! c'est deux bols (ou plutôt trous) à l'air et elle refuse de s'accroupir à côté d'une inconnue pour faire son petit pipi. Heureusement pour elle que je ne suis pas entrée en même temps parce qu'avec mes talents de Ninja de toilette, elle n'aurait même pas eu le temps de reculer en horreur que j'aurais déjà terminé de me soulager. La visite aux toilettes prend donc le double du temps parce que personne n'est assez ''freaky'' pour y aller en duo. Après les toilettes, les touristes entrent dans la station service pour acheter des cochonneries, mais je vois aussi sur leur visage que ce n'est pas exactement ce à quoi ils s'attendaient. Les Pringles à saveur de ''Korean BBQ'' ou ''Happy Spring Lime'' ce n'est juste pas pareil. Faites descendre le tout avec un ''Future Cola'' et vous êtes en business!

Trois heures de route tortueuse plus tard, nous arrivons au site qui brille par son absence de vendeurs fatigants et de touristes. Heureusement pour nous, ce n'est pas tout le monde qui est prêt à sacrifier une journée entière à Pékin pour visiter la Muraille (même si la visite de Jinshanling en vaut totalement le coup) alors il n'y a pas foule. La guide nous dirige d'un pas décidé vers le sentier et nous donne rendez-vous quelques heures plus tard pour le dîner. Complètement transportée par mon excitation, je me retrouve rapidement à la tête du groupe à jaser avec un autre touriste qui veut aussi se grouiller à monter sur le mur. Pour ce faire, nous devons escalader une petite montagne et quelques minutes plus tard, je foule de nouveau le sol d'une des merveilles du monde. Et surtout pour moi, de MA merveille du monde!

La Muraille à Jinshanling serpente au sommet de plusieurs montagnes et épouse chacune des courbes du terrain avec une exactitude militaire qui lui permet presque de se fondre dans le décor. La végétation tout en couleur du mois de mai me transporte en pensée à ma forêt canadienne et j'observe avec curiosité la construction du mur. La première moitié du trajet a visiblement été refaite: Les pierres sont plus pâles et la construction droite, mais dans la deuxième moitié du parcours, le touriste peut être témoin de la bataille que le mur livre contre la végétation. Les pierres sont à moitié détruites et plusieurs arbres ont commencés à pousser dans ses fondations. À certains endroits, le mur est tellement endommagé qu'il ne reste que le plancher des tours et il n'y a plus de murs de chaque côté du sentier... ça fait peur! Ajoutez à tout ça des pentes à 75 degré et vous serez bien content de l'avoir visité en été. 

Je commence donc ma marche de santé vers Simatai et découvre rapidement que je devrai être prudente. La poussière et la roche concassée rendent quelques endroits carrément dangereux et je fais attention de ne pas me tourner les chevilles. Après une bonne heure et demi de marche, j'arrive à la fin du trajet et rencontre de nouveau le touriste avec qui j'ai échangé quelques plaisanteries au début du trajet. Après l'avoir interrogé sur son accent qui me laisse perplexe (ce n'est pas un Anglais?! Pas un Canadien?! Ni un Américain?!), je découvre en fait qu'il vient du Sud de la France et quelques frissons de bonheur me parcourent l'échine lorsque j'entends l'accent de ma mamie française. Conclusion de cet échange pour lui: ''Oh bien ton accent québécois il est quand même bien présent!''. Haha et bien oui! Après avoir pris une deuxième centaine de photos, je décide de retracer mes pas pour aller manger. 

Avant de quitter le mur, je profite d'un moment de solitude pour me trouver un beau caillou souvenir et remercier Boudha? Dieu? (je ne suis jamais trop certaine en Chine...) de m'avoir permis de vivre une telle expérience. Jusqu'à maintenant, je dois vous avouer que c'est probablement la structure la plus impressionnante que j'ai vu dans ma vie. Les Tours Pétrona de Kuala Lumpur peuvent bien aller se rhabiller!   

Wednesday, May 25, 2011

Sortez vos bouchons, c'est l'Opéra! - Pékin 2 (Prise 2)

Après un repas de lasagne brûlante avalée à la vitesse de la lumière (bonne blague chinoise: ils servent la lasagne avec des baguettes...), nous sommes montés dans un camion de l'auberge pour assister à notre activité mondaine du week-end: L'Opéra de Pékin. En fait, c'était plutôt une représentation ''améliorée'' pour les touristes, car ce type de spectacle peut facilement s'étirer sur plusieurs heures et laisser le gars-qui-s-est-trompé-de-salle-et-qui-voulait-voir-une-comédie-avec-Adam-Sandlers se tordre de douleur dans son siège avant de mourir dans l'explosion de son cerveau provoqué par le ramassis de choses étranges qui se passent sur la scène. Mais Naïk et moi aimons la ''cultuuuuuure'' (à prononcer avec les lèvres en cul de poule) alors nous savions à peu près ce qui nous attendait... et sinon, c'était tout de même une expérience mémorable. Alors qu'est-ce qui rend l'Opéra de Pékin particulier?
Premièrement, les costumes sont à couper le souffle! Des barbes longues de 2-3 pieds, aux couvre-chefs d'une hauteur indécente, en passant par les petits souliers plate-forme pour hommes et femmes et les grandes robes multicolores. C'est superbe! Ajoutez à tout ça des masques et maquillages ''beurrés'' au rouleau et le Cirque du Soleil semble s'être fait maquillé par ''Nancy'' du centre-d'achat!

Deuxièmement, les ''chanteurs'' de l'Opéra ont un style... comment dire... particulier? En gros, (surtout pour les femmes) c'est un peu comme prendre un long couteau et le passer lentement et pendant 1h dans le fond d'une assiette. C'est strident et ça ne finit plus. D'après ce que j'ai lu, les chanteurs ont développé ce type de voix car jadis, les représentations étaient en nature et ils devaient chanter de cette manière pour enterrer le bruit ambiant. Ouf.. Ensuite, même si les paroles sont en mandarin, il est généralement nécessaire de fournir des sous-titres car les mots et les phrases sont étirés à plus finir et quand l'homme a finalement terminé de dire ''daaaaaaans laaaaaaa cuissiiiiiiiiiiiiiiinnne'' on oublie qu'il a dit au début ''Femme va donc...''. Et qui dit sous-titre en Chine, dit généralement hilarité et choix de mots complètement inapropriés pour le type de représentation. C'est pourquoi sur l'écran à un moment il y avait d'écrit: ''No, you shut-up!''. Finalement, pour clore l'aspect musique, moi qui a appris le Er-hu depuis quelques mois et qui connais quand même les instruments, je peux vous dire qu'on dirait que ceux utilisés dans l'Opéra sont plutôt du type ''batterie de cuisine'' que véritable orchestre. Pendant un long moment, il n'y avait que des bruits intermittents de clochettes et de tambours et nous nous sommes demandé si le percussionniste ne s'est pas fait remplacé par le gars des clochettes, qui devait ''multi-tasker'' alors qu'il était aux toilettes. PING, PONG, BING, BONG, PING, PING, PONG... ''Boules Quiès très chère?'', -''Oh! mais avec la plus grande joie madame!''.

Troisièmement, l'Opéra de Pékin comporte aussi des scènes de combats (je soupçonne aussi que ça a été ajouté pour réveiller le public masculin qui s'était fait piéger à assister au spectacle par leur femme). À ce niveau, je n'ai vraiment rien à redire considérant que l'actrice principale a passé la majorité du spectacle a renvoyer, avec toutes les parties de son corps, des lances projetées dans sa direction, sans jamais en manquer une seule! Chapeau! De plus, des acrobates ont aussi traversé la scène à plusieurs reprises en alternant entre des saltos avants et arrières (pas en même temps... ils resteraient sur place! haha). L'aspect Kung-fu est probablement l'élément le plus accessible du spectacle et celui qui a aussi justifié les 200 Yuan qu'aura coûté mon billet. 


Pendant la durée de l'Opéra nous avons assisté à 2 actes différents. Le premier étant l'histoire de la femme d'un Empereur qui se suicide lorsque son mari revient de la guerre et le deuxième suivant une ''Robin des bois'' chinoise qui vole une banque pour redonner l'argent au peuple. Pour comparer, le premier était probablement beaucoup plus traditionnel, mais le deuxième, avec toutes les acrobaties et les personnages différents, était franchement plus amusant. Comme pour célébrer le partenariat France-Québec qu'est notre paire Naïk-Andréanne, il y avait même un groupe de touristes français assis dans la rangée devant nous et un groupe de Québécois à l'arrière. En comparaison, les Français prennent plus de temps à s'installer (ce qui a poussé mon amie à les ramener à l'ordre! GO Naïk!), mais quand le spectacle est commencé, ils se taisent, alors que les Québécois s'installent silencieusement pour terminer avec toutes sortes de commentaires. Et la madame de Trois-Rivière de s'exclamer en plein milieu des acrobaties: ''Ayoye Jean-Guy, c'est écoeurant!''. En effet madame... en effet...

Reste alors à se demander si à l'ère du cinéma, d'Internet, de Criss Angel, de Jackie Chan, des combats ultimes et d'American Idol, ce type de représentation en vaut encore le coup? Pour l'aspect traditionnel chinois? Oui absolument! Mais pour le reste louez-vous un bon film de Bruce Lee, peinturez votre visage comme pour le Super-Bowl et demandez à votre copine de gratter une assiette à quelques centimètres de vos oreilles... le résultat sera similaire et ça vous aura coûté moins cher!     

Monday, May 23, 2011

Syndrome du nid vide - Pékin 1 (Prise 2)

Depuis mon dernier voyage à Pékin, l'idée me trottait dans la tête de retourner à la capitale pour revoir la grande muraille et profiter de la ville en été! J'ai donc demandé à ma Française préférée de m'accompagner et nous sommes parties pour un petit voyage d'une fin de semaine à la civilisation. Après une courte nuit dans le train et un délicieux petit déjeuner au gâteau au chocolat préparé avec amour par Naïk, nous arrivions à l'immense gare de train de Pékin et étions prêtes à prendre la ville d'assaut pour un marathon de magasinage de 48 heures.
 
Après avoir déposé nos baggages à l'auberge de jeunesse située au beau milieu des Hutongs de Pékin (petites ruelles authentiques chinoises), nous avons dégusté un festin de sushi avant de partir chacune de notre côté pour l'exploration de la ville. Lors de mon dernier voyage, j'ai visité les attractions touristiques principales, mais il est facilement possible de passer une semaine complète à Pékin pour tout voir alors j'avais encore beaucoup à explorer. Ayant de bons souvenirs de la visite d'Infoman en Chine lors des Olympiques, je devais quand même faire mon tour au ''Water Cube'' et au ''Bird's Nest''. J'ai donc emprunté les 3 lignes de métro nécessaires à la navigation interminable de la ville et suis sortie au beau milieu d'un parc Olympique rempli de touristes. Je peux vous dire que malgré le fait que les JO ont eu lieu en 2008, le site est toujours autant visité par les Chinois et les étrangers qui veulent tous jeter un coup d'oeil à la structure impressionnante du Stade. Le Bird's Nest est un incontournable, par son design compliqué et le contraste moderne qu'il impose à la capitale chinoise.
Après avoir payé les 50 Yuan de frais d'entrée (c'est ne pas donné pour un grand stade vide!), je me suis retrouvée assise dans les estrades tentant d'imaginer les gradins remplis de supporteur enthousiastes. Ce n'est pas une mince affaire, car le Stade souffre visiblement du syndrome du nid vide... les quelques moumoutes de poussières roulant sur la piste de course et nombreux préposés hantant la structure qui a visiblement passée son heure de gloire en témoignent. J'ai ensuite grimpé quelques étages pour avoir une vue d'ensemble, mais je n'arrivais toujours pas à me sortir de la tête le fait que c'est bien dommage que l'endroit soit aussi désert! Les propriétaires ont tenté d'exposer quelques artéfacts de la cérémonie d'ouverture, mais très franchement, c'est beaucoup de marche pour pas grand chose! Mon seul moment d'hilarité est arrivé lorsque j'ai remarqué que pour donner un peu de subtance à la visite, il était possible de louer un Segue (scooter électrique à 2 roues) et de faire des courses autour de la piste. Bien dommage que j'étais seule, car j'aurais sûrement loué un engin avec un ami et tenté de faire un tour du Stade dans un temps records. Bref 10 minutes et 50 Yuan plus tard, j'avais fait le tour.


J'ai quitté le Nid pour me diriger vers le ''Water Cube'', endroit de prédilection du plongeon Olympique et des différentes épreuves aquatiques. Heureusement pour cette structure tout aussi impressionnante, les locaux ont été transformé en un impossant Parc Aquatique où les visiteurs peuvent enfiler leurs Speedos et glisser à leur guise dans les différents aménagements en plastique. Bien joué Pékin, ça semblait beaucoup plus intéressant. Étant déjà un peu sensible de la salubrité des piscines publiques québécoises, il aurait fallu me submerger de force dans cette pateaugoire commune chinoise afin de me faire passer au travers de mon dédain pour les bassins d'eau stagnante... ce n'est pas que je n'aime pas les chinois, mais ça ne veut pas dire pour autant que je veux partager avec eux la même piscine tiède douteuse qu'ils traitent probablement avec autant de respect que leurs autres endroits publics. Crachats dans l'eau et pipi compris! Cette soupe Won-ton géante ne serait pas traumatisé par mon bikini aujourd'hui! J'ai continué ma visite du site et suis entrée dans la salle du plongeon où le Speedo d'Alexandre Despatie nous a représenté fièrement en 2008. Go Canada, Go! Quelques écrans géants jouaient en boucle, le trajet vers la gloire des athlètes chinois, mais mon intérêt était tout autre, pensant comme plusieurs autres touristes que ''big deal man, vos athlètes ont probablement été créés par manipulation génétique dans des fermes spécialisés du Henan!!''. J'ai observé pendant quelques minutes de plus la piscine vide me demandant bien si elle avait été utilisé depuis... Tout de même, avec les décorations des jeux encore sur les murs, la salle est incroyable et c'est probablement le plus près que je ne serais jamais d'être aux Olympiques! Si seulement il y avait un podium de disponible pour prendre quelques photos...

Ne voulant ni me baigner, ni acheter un t-shirt avec un géant ''WATER CUBE'' d'écrit sur le devant (mais qui achète vraiment des souvenirs de la bâtisse des Olympiques?? Des Chinois probablement...) il ne me restait qu'à trouver la sortie et rejoindre Naïk pour un peu de ''retail therapy''. Je vous conseille donc la visite du site Olympique si vous êtes curieux, mais n'en faites pas le projet d'une journée entière. Re-métro, re-très long trajet... j'ai rejoint mon amie au beau milieu du Silk Market, la plus grande aire de magasinage de contre-fait de la ville. C'est que nous avions une idée derrière la tête et un porte-feuille rempli de Yuan ne demandait qu'à être libéré dans la nature! 

Le Silk et Peal Market de Pékin est réparti sur les six étages d'un édifice où chacune des différentes sections comporte des dizaines d'étalages avec des vendeurs agressifs. Il est extrêmement facile de se perdre et dans un tel état de confusion de se laisser emporter dans l'euphorie des aubaines et du marchandage de compétition. En tout cas, c'est ce qui m'est arrivé! Au départ, j'ai suivi Naïk pour une reconnaissance de la marchandise, mais avant même d'avoir pu prendre une grande inspiration, j'avais déjà la calculatrice de la vendeuse dans la main et négociait un t-shirt que je n'avais pas nécessairement besoin d'acheter. Comme me l'a si bien fait remarqué mon amie, les vendeurs de Pékin sont habitués aux touristes étrangers qui lancent à tous vents des sommes faramineuses sans jamais tenter de faire baisser le prix. Leur visage se décompose toujours agréablement lorsque nous faisons usage de notre mandarin et qu'ils comprennent que nous ne leur feront pas de ''cadeau''. Si bien que lorsque nous étions dans une petite boutique en même temps que d'autres touristiques et que je tentais d'avoir un prix juste pour un item, la vendeuse m'a carrément ignoré pour plutôt s'occuper des trois hommes d'affaires au porte-feuille rempli. Bof, il ne suffit que de faire 3 pas pour trouver exactement la même chose. De plus, ce qui est cocasse, c'est que les vendeurs ont appris toujours les même 10 mots dans probablement une bonne vingtaine de langue différente et n'hésitent pas à insulter les clients en les traitants de ''cheap'' et jouant la corde sensible: ''Oh, but you are killing me man, too low... too low! I have a family to feed''.  Nous avons fait la journée d'un vendeur de perle alors que nous avons vidé son étalage après une négociation féroce plutôt que de recommencer le même manège trois-quatre fois avec différents individus. Les vendeurs du Pearl Market sont comme les pattes de poulets, ils sont drôle et inusité, mais on ne veut pas nécessairement avoir à en essayer plus qu'un...

Il ne nous restait maintenant qu'à trouver la sortie pour rejoindre notre auberge d'où nous devions assister à une représentation de l'Opéra de Pékin. ''Oh mais regarde le beau gilet!! Et le manteau! Et cette sculpture d'un bouddha qui fait pipi!''. Focus Andréanne, focus!
     

Sunday, May 22, 2011

La lune de miel

Quelle différence deux semaines font dans la vie d'une expatriée!

Il me semble qu'hier, la Chine, ses habitants et ses ''particularités'' me sortaient par les oreilles et mon appartement était rendu une tanière rassurante pour la bête farouche que j'étais devenue à force de me faire enfoncer la culture locale dans la gorge... mais maintenant avec le fil d'arrivée bien en vue, ma perception des choses à fait un grand 180 degrée. Malgré le fait que je devrais être aux petits oiseaux de pouvoir bientôt voir ma famille - ma soeur que je n'ai vu que pendant 2 semaines dans les deux dernières années en raison de son tour en Afghanistan, mon père que j'ai quitté à l'aéroport d'Ottawa au mois d'Août et ma mère, avec qui j'ai partagé l'expérience d'une vie en Thailande - je n'arrive pas à trouver le moyen d'être en paix avec la fermeture de ce chapitre de ma petite vie d'enseignante à Shangqiu. Chaque fois que je quitte MA maison, c'est avec un ''moton'' de la grosseur d'un pays dans la gorge et je n'arrive qu'à déplacer mes effets personnels d'une pièce à l'autre, un livre à la fois, sans jamais réellement commencer à remplir mes valises.

Comment est-ce qu'on arrive à quitter 250 étudiants qui nous disent chaque jour qu'ils nous adorent et à quel point ma présence à Shangqiu a fait une différence dans leur vie, autant qu'ils en ont fait dans la mienne? Comment est-ce que je quitte ma nouvelle famille pour de bon- Shannon, Brett, Naïk - qui ont été présent dans les meilleurs moments et dans les pires au fil de mon expérience qui m'aura à la fois, projetée dans la vie d'adulte et aussi changée pour le restant de mes jours? Comment est-ce que je peux mettre en mots tous les sentiments que j'ai face à ce pays et à ces gens qui m'ont appris tant de choses sur moi-même, sur la tolérance et aussi remis en question, tout ce que je prenais pour acquis au Canada? Comment est-ce qu'on accepte que CE repas, CETTE sortie au cinéma, CE voyage à Pékin, sera le dernier? Comment est-ce qu'on se prépare à recommencer à neuf et ne plus jamais voir les choses de la même manière?  Mais surtout, comment est-ce qu'on se trouve un nouveau rêve lorsqu'on a accompli ce qui semblait impossible et fantastique, il n'y a que quelques mois?

On ne le fait pas... On subit le départ comme une nécessité. On se raconte des histoires pour accepter le fait qu'il faut tourner la page et on trouve des astuces pour oublier le fait que dans 2 semaines, tout changera pour de bon. On cherche à apprécier chaque moment, chaque conversation, chaque jour comme un cadeau qui expire petit à petit. On touche la réalité du bout des doigts, vivant dans le futur pour oublier le présent qui déchire avec une férocité sans pitié mon coeur amoureux de la Chine...

Je vous ai parlé, il y a plusieurs mois, du choc culturel et de ses étapes et je peux vous affirmer sans équivoque que la lune de miel revient lorsque le voyage tire à sa fin. Chaque étranger que je rencontre dans la rue semble m'offrir son plus beau sourire. Les bébés sont mignons, les animaux affecteux, la température clémente. La ville qui, jusqu'à présent, était sale et poussièreuse est de nouveau recouverte d'un halo, éclat resplendissant, qui lui redonne son aspect mythique de mes premières semaines en ville.  Étonnament, je COMPRENDS maintenant le mandarin! La nourriture a meilleur goût. Le sommeil est court et fuyant, mais permet de donner à mes sens un court répit dans la course contre la montre que je fais subir à mon corps et à mon esprit dans un effort pour profiter au maximum des dernières expériences.

Je vous demande donc, lors de la lecture de ses lignes, d'avoir une petite pensée pour moi et de vous préparer au fait que lorsque vous me reverrai bientôt, je serai probablement bien différente à vos yeux et dans un deuil profond que je n'arriverai pas à expliquer correctement. Je m'en excuse d'avance... De pouvoir partager avec vous chaque étape de ce changement et relire mon expérience grâce à ce blogue est un véritable cadeau d'une valeur inestimable. Merci.

Finalement, je profite de cette plateforme pour vous laisser mon adresse courriel (andreanne.clot@gmail.com) et vous demander de m'écrire si vous avez des conseils ou des mots d'encouragements pour m'aider à passer à travers cette période difficile... et je prends aussi les commandes pour des souvenirs chinois! :)

''Travelling is not just seeing the new; it is also leaving behind. Not just opening doors; also closing them behind you, never to return. But the place you have left forever is always there for you to see whenever you shut your eyes.''

Wednesday, May 18, 2011

The most dangerous hike in the world - Xi'an 3 (Huashan)

Biiiipp, Biiiipp, la troisième alarme consécutive d'Adam arrive finalement à nous tirer de notre sommeil profond pour rejoindre le train qui nous mènera probablement à notre perte à Huashan. Je m'habille de manière militaire, vérifiant par deux fois mon équipement et tournant fébrilement autour d'Adam qui n'a (heureusement pour lui) pas trop fait de recherche sur notre excursion et qui ne sait donc pas ce qui nous attend. Si c'était le cas, il ne serait peut-être plus mon ami! Le but de notre visite en campagne (Huashan se trouve à 3h de Xi'an par autobus et 45 minutes en train rapide) est de me permettre de mettre les pieds sur une des 5 montagnes sacrées de la Chine avant mon retour à la maison et aussi de voir ce qui fait de cette randonnée légendaire, un si grand risque pour les touristes. N'ayant pas préparé mon testament, je me dis que si c'est vraiment ''si pire que ça'', nous pouvons toujours nous contempter d'observer la vue du haut du téléphérique et de resdescendre aussitôt sans risquer notre mince assurance vie d'enseignant étranger expatrié.


Après un déjeuner rapide et un trajet (encore plus rapide) en train, nous arrivons au pied du monstre qui domine la ville de Huashan- bloquant presque le soleil et créant une ombre intimidante sur les pauvres fous qui risquent la randonnée. Partout autour de nous, nous ne pouvons que voir la montagne, son omniprésence menaçante est un rappel constant que ce sera le moment ''that makes or breaks you''! N'ayant qu'une seule journée pour effectuer l'ascension et la visite des 4 sommets, nous optons pour le téléphérique qui permet de rejoindre le sommet Nord directement plutôt que de prendre 5 heures à grimper le chemin à pied. En attendant de rejoindre notre cabine, nous observons la foule. À l'inverse des sentiers canadiens de randonnée, en Chine, à peu près n'importe qui, habillé n'importe comment, se mesure aux plus grands défis physiques, sans jamais penser que le choix entre des ''Crocs'' et de vrais souliers de randonnées pourrait faire une différence et empêcher le grimpeur mal-habile de plonger vers une mort certaine. De plus, l'âge des visiteurs ne semble jamais être un facteurs alors que nous remarquons que la plupart des autres touristes faisant la file ont entre 40 et 70 ans. Que le meilleur vive!

La montée du téléphérique se fait dans un silence nerveux alors que nous en profitons pour prendre quelques photos et que nos compagnons chinois retiennent leur déjeuner du mieux qu'ils le peuvent. Une chose est certaine, alors que nous sortons de la cabine, nous ne serons pas seul sur le montagne aujourd'hui! Une masse compacte se suit vers le premier point de base où les plus peureux arrêterons leur ascension et pourront quand même dire ''qu'ils sont allés à HuaShan''. Mon compagnon, dans sa blancheur caractéristique britannique, profite du bouchon de circulation pour se remettre un peu de crème solaire et nous poussons les quelques bretteurs pour rejoindre le sentier principal.

Notre premier obstacle est déjà devant nous, le ''Dragon Ridge'' construit à même la montagne et qui scillonne le sommet de l'escarpement rocheux en un seul sentier permettant à deux grimpeurs de se rencontrer au même point sans trop de problèmes. Malheureusement pour nous, ce n'est pas encore le point qui décourage les touristes alors nous devons suivre la masse compacte et suante, cherchant à garder pied face aux petits vieilles chinoises qui font du coude pour avancer plus rapidement. À quelques reprises, je dois m'installer bien fermement au milieu du chemin pour nous assurer l'endroit le plus sécuritaire et Adam se félicite d'être derrière moi lorsque les marches les plus escarpées le force à se rentrer pratiquement le visage dans mon derrière. Disons qu'à ce point, il n'y a plus de gêne entre-nous... et je n'en ai pas non plus avec le monsieur devant moi! Quelques minutes plus tard, nous retrouvons la forêt et quittons le sentier à flanc de montagne pour une série interminable de marches. Ayant suivi un régime d'exercice assez stricte au cours des deux derniers mois, je suis au sommet de ma forme, mais la même chose ne peut être dite à propos de mon ami qui souffre visiblement à l'arrière.
- Dude, are you ok?
- Pffff... pffff... pfff... Yeah.... I'm... Pfff... good!
- Ok, well let me know if you want to stop.
- Pfff...don't worry.. pfffff.... pffff... I will.

Afin de préserver son égo masculin, je prétexte une soif soudaine et m'empare du sac à dos commun pour le reste de l'ascension. Quelques arrêts plus tard, nous sommes au ''Main Peak'' qui permet au grimpeur de choisir sa destination: South, East ou West Peak. Nous décidons de commencer par le côté Ouest.  Avant d'emprunter le chemin, nous nous retrouvons au ''Golden lock pass'' où les visiteurs peuvent acheter un cadenas qu'ils laisseront sur une des chaînes de la montagne. Après avoir vérouillé leur souvenir, la coutume veut que la personne fasse un voeux et jette la clé dans l'abîsse en signe de chance et de reconnaissance éternelle envers la montagne. Un endroit particulier du garde-fou est entièrement recouvert de cadenas et de rubans rouges (je ne connais pas leur signification), donnant un air solonel et toute une opportunité de photos souvenirs. Nos estomacs faisant des leurs, nous décidons de nous rendre au sommet Ouest avant de casser la croûte... ou plutôt le couvercle de notre soupe instantanée que je trimballe depuis le début de la promenade. Parce que oui, il est possible de manger sur la montagne; les victuailles étant transportées par des porteurs à pied et vendues aux touristes pour un prix exhorbitant!

Ce n'est que lorsque nous empruntons le trajet vers le sommet Ouest que la foule commence tranquillement à se décimer et à laisser place aux randonneurs sérieux. Des centaines de marches plus tard, nous arrivons à un point de vue où plusieurs touristes chinois font une pause derrière le garde-fou, à seulement quelques centimètres du gouffre. Très peu pour moi, merci! Je reste sagement du bon côté de la chaîne alors qu'un vent traître me force à me mettre à genoux pour ne pas me retrouver projetée dans le précipice. Nous devons de nouveau emprunter un sentier ''gossé'' à même la roche pour retrouver le sommet et c'est la main fermement aggripée à la chaîne que je gravis les derniers pas vers notre bol de nouilles bien mérité. Plutôt que d'acheter un repas préparé par les cuisiniers du sommet, nous payons 5 Yuan chacun pour un peu d'eau chaude et dégustons notre lunch avec appétît. Aucun bol de nouilles instantannées n'aura eu meilleur goût de toute ma vie. En reprenant notre contenance, je discute avec les cuisiniers qui sont tout content de rencontrer une ''Laowai'' qui baragouine leur langue.

Trève de paresse, nous devons tout de même visiter les deux derniers sommets avant la fin de la journée! Nous redescendons le sentier à même le roc et empruntons un autre escalier sans fin vers le sommet Sud, où notre petite soupe nous donne assez de pep pour laisser dans la poussière les dizaines de touristes chinois. La vue du sommet Sud est à couper le souffle, les montagnes de rocs au loin avec leur air menaçant et tranchant nous permettant de réfléchir à la force de la nature et à l'envergure du défi que nous sommes en train de relever.  Moment cocasse: alors que nous observons la vue, bouche-bées, des touristes chinois nous demandent de prendre la pose dans leurs photos souvenirs et nous empoignent par les épaules comme si nous étions de vieux amis. Mais si ce n'était qu'un seul touriste! 10 minutes plus tard, nous sommes toujours au milieu des photos, une ligne s'étant créée pour faciliter le roulement de visiteurs souriants qui nous veullent tous dans leur pose. Lorsque la file se dissout, nous montons sur la roche offrant le plus haut point et je m'aggrippe à Adam, soudainement ''moumoune'' du vide à quelques mètres de mes pieds bien ancrés sur le sol. Étrangement, mon vertige, qui est habituellement sous contrôle, décide de faire une apparition surprise dans un des moments les moins terrifiants de la journée. Me connaissant, je dois commencer à être fatiguée et donc plus propice à souffrir de ma maladresse légendaire. Je le sais... et mon corps le sait aussi! Adam me guide par la main pour descendre les marches alors que je retrouve ma contenance.

Depuis le début de la journée, je sais que nous allons éventuellement arriver à un endroit nous permettant de payer quelques Yuans de plus et, affublés d'un harnais, nous offrant de grimper sur une mince planche à 1000 mètres du sol au dessus du vide. À ce moment, je n'ai pas encore l'intention de le faire, mais lorsque j'arrive à même la falaise et que je me renseigne pour savoir où se trouve exactement ce jeu dangereux, la préposée me pointe un mince escalier en fer, installé à même la roche, 10 mètres plus bas. Effrayé, Adam me dit ''No way!'', mais mon cerveau, probablement sur un ''high'' de tout cet air non-pollué commence à franchement considérer l'expérience... Au moment, où nous sommes sur le point de rebrousser chemin, j'agrippe mon copain par la manche et lui dit: ''I'm doing it!''. Me connaissant et sachant que le court instant entre le moment où je prends ma décision et l'action ne pouvant durer que quelques minutes avant que je me dégonfle, je glisse 30 yuan au préposé et quelques secondes plus tard, je suis équippée de mon harnais et prête à descendre dans le vide.

Pour ceux qui ne le savent pas, j'ai déjà été guide dans un parcours aérien de tyroliennes alors ma peur des hauteurs est généralement assez bien contrôlée, mais entre une ''zip-line'' à 10 mètres du plancher des vaches et une échelle à même le roc à 1 km du sol, il y a toute une différence! J'installe mes mousquetons sur la ligne de sécurité comme je l'ai fait des centaines de fois avant et jette un dernier regard à Adam inquiet, qui doit probablement se demander comment il pourra expliquer à Shannon (ma mère à Shangqiu) ''How Andy fell off the cliff in Huashan...''. Je pose mes pieds fermement sur le premier barreau tout en tentant d'observer le gars sous moi, mais en ne regardant pas directement le vide. Mes mains tremblent et mes genoux se cognent violamment l'un contre l'autre. J'ai toujours pensé que ça n'arrivait que dans les dessins animés, mais je vous assure que c'est bien réel! La descente est lente et précise, ne voulant pas faire une erreur me coûtant ma courte vie, mais c'est un ''rush'' d'adrénaline incomparable... et j'ai déjà fait (et détesté) du bungee! Quelques mètres plus loin, j'arrive à voir Adam qui prend des photos du sommet et qui m'encourage de loin. Plus que quelques marches et je serai finalement sur la passerelle... ou c'est ce que je crois.

En bas de l'escalier, après un court répit sur une formation rocheuse stratégiquement placée, je remarque que pour arriver à la fameuse planche, je dois quitter le sol et insérer mes pieds dans des étriers à même le roc et m'aggriper à la chaîne, mon seul point de contact qui n'est pas la ligne de vie de mes mousquetons. Mon orgueil et l'envie de ne pas rebrousser chemin si près du but me poussant à continuer, je vérifie mes mousquetons pour la millième fois et me lance dans le vide. Lorsque je rejoins le préposé aux photos, qui doit bien passer sa journée sur la planche (le maudit malade!) mes mains sont prises d'un tremblement incontrôlable et je dois attendre plusieurs minutes avant de décrocher ma caméra, qui est sécurisé par le cordon de mes pantalons dans ma poche. À ce point, je préfère me promener avec mes shorts autour des chevilles plutôt que d'échapper mon kodak dans le vide alors je desserre le noeud de mes pantalons avec la concentration d'un démineur. Je lui tends ma caméra et le suit sur la mince planche d'environ 30 centimètres de largeur, gardant un oeil sur la chaîne et l'autre sur mon appareil. Je prends la pose, m'éloignant le plus possible du roc et après deux courtes photos, retourne près de son imprimante (il est tout installé à même la montagne pour imprimer les photos!) en respirant le plus tranquillement possible. Normalement, je suis supposée continuer mon chemin et affronter encore d'autres obstacles, mais Adam m'attendant au sommet (et franchement, ayant épuisé mon stock de courage pour la journée), je refais le chemin en sens inverse.

En chemin, je rencontre d'autres touristes sur les installations étroites et c'est avec joie que je constate qu'ils ont beaucoup moins la ''chienne'' que moi et dans un élan de galanterie me laissent même me coller sur la roche pour passer autour de mon corps paralysé, plutôt que de me forcer à les contourner. Dans un moment complet de folie, un des hommes enlève ses deux mousquetons de la ligne de vie pour me contourner et je me retiens par toute ma volonté de ne pas l'engueler de se rattacher comme je l'ai fait si souvent lors de mon emploi en montagne. Je ne voudrais quand même pas l'effrayer et provoquer sa perte! Lorsqu'ils sont tous passé, je re-grimpe l'échelle et arrive au sommet, brandissant mes poings dans les airs comme un grimpeur au sommet de l'Everest. Après tout, c'est probablement le moment de ma vie où j'aurai été le plus près de tout perdre dans un moment de maladresse. Mais qu'à cela ne tienne, je suis bien vivante et incroyablement fière de moi! ''Take that, Vertigo!''.

Adam, qui vient de découvrir mon petit côté givré, me suit en silence alors que nous rejoignons le côté de la montagne le plus sécuritaire. J'en profite alors pour lui montrer mes photos, ne le convaincant tout de même pas que c'était une bonne idée et nous décidons que nous avons assez de temps pour affronter le dernier sommet de Huashan. Le côté Est offre une vue encore plus impressionnante que le sommet Sud et après un autre escalier escarpé nous prenons une pose bien méritée. Adam: ''Dude, you are totally insane!''... oui peut-être un peu, mais je ne m'aurais jamais pardonné d'avoir manqué une telle expérience! Du côté Est, il est possible de rejoindre un petit ''gazebo'' chinois au sommet d'une montagne plus loin, mais nous décidons qu'il est beaucoup plus photogénique de notre position que d'affronter les marches dangereuses pour le rejoindre et y poser pied.

La fatigue rejoignant finalement nos membres, même si mon adrénaline ne me quittera que plusieurs heures plus tard, nous décidons de prendre le chemin du retour où nous devrions arriver au téléphérique, sans embuches, 1h plus tard. Mais la montagne n'a pas dit son dernier mot! Pour descendre du sommet Est, il faut emprunter la ''Heaven Ladder'', un échelle encore construite à même le roc qui, sans protection, à 15 mètres du sol, n'est aucunement sécuritaire à ce point de notre journée. Heureusement pour nous, des travailleurs chinois rénovent la paroie (probablement créant une alternative pour cette échelle ridicule!) et un escalier en métal (tout aussi escarpé quand même) nous permet de redescendre sans nous casser le cou. Finalement, le plus difficile est passé. En empruntant le chemin du retour, je demande à Adam de passer devant, ayant toujours beaucoup plus de difficulté à descendre qu'à monter, je m'agrippe à son sac à dos. Il en profite pour se moquer de moi: ''Andy, you just went down a ladder at 1000 meters but you can't go down some stairs? Hilarious!''... Hilarious indeed! Je me connais trop bien et ma capacité à m'enfarger dans les fleurs du tapis est un réel danger en cette fin de journée.     

Une heure plus tard, nous sommes assis de nouveau dans la cabine du téléphérique où nous jettons un dernier regard à cette montagne meurtrière qui, très franchement, si respectée et bien naviguée, est plutôt une incroyable randonnée permettant aux grimpeurs téméraires de tester véritablement ce dont ils sont faits.... pour moi c'est 50% de forme physique, 30% de courage et 20% de pure folie! À quand le rodéo sur un Yak enragé?

En terminant, j'ai décidé de documenter les criminels des chaussures inappropriés de Huashan...