Sunday, October 31, 2010

Nananananana... Macarena!

...parce que QUI franchement connait vraiment les paroles de cette chanson?

Dans la lancée de ''Andy, can you do this?'', j'ai ajouté à mon curriculum de prof/ juge de concours/ responsable de la soirée film/ correctrice du journal étudiant/ ventriloque (?!) la responsabilité d'animer le party d'Halloween de l'école. Cet évènement n'étant pas du tout célébré en Chine, j'avais bien hâte de savoir ce qu'ils comptaient faire pour la soirée. J'ai donc rencontré les organisatrices et elles m'ont demandé de choisir des jeux pour la fête. ''Des jeux??'' ''Yeah, you know musical chair'' La même chaise musicale qu'on faisait pendant les danses du primaire? Pas de version extrême: les yeux bandés, avec animaux sauvages affamés et en se passant un nid de guêpes? Et bien non, 10 chaises, 12 personnes et de la musique qui arrête... Il semblerait qu'un party qui aurait été organisé en quinze minutes au Canada (bières, musique.. ok ça marche) demande une planification digne d'une fête d'enfants de six ans, surexcités et bourrés de sucre. (Dois-je vous rappeler que j'enseigne à l'Université?) Je choisis quelques jeux, mais pendant toute ma planification Shannon ne cesse de me répéter que les étudiants vont carrément se jeter sur moi pour participer. ''Wow vraiment? Je ne comprends pas du tout pourquoi tu ne voulais pas animer cette année! Thanks, man!''

Toute la semaine je travaille à préparer mon costume et je décide de me déguiser en Meiyangyang, l'équivalent de Minnie Mouse en Chine. Ayant réussi à convaincre Ciaran de participer à la fête, je lui fais le ''kit'' masculin: XiYangyang, le mouton chinois. Oui, oui, nous sommes déguisés en un couple de moutons! Qui est-ce qui va laisser sa dignité à la maison dimanche soir? Meiyangyang et Xiyangyang c'est certain! Ayant quand même presque toutes mes après-midi de libre, je me mets à la tâche, travaillant comme une folle, pour coller chacune des petites boules de coton sur nos cagoules improvisées! Lorsque dimanche soir arrive, nous enfilons nos costumes et allons à la fête. Heureusement que Naïk (la cowgirl), Shannon (la citrouille) et Brett (l'ours) se sont aussi donnés dans leurs costumes parce que lorsque nous arrivons au ''party'', je commence à croire que nous sommes les seuls qui ont été avisés que nous devions nous costumer.. ''Haha, the joke's on us I guess!'' Certains étudiants portent des masques, mais la majorité d'entre-eux sont seulement déguisés en ''touristes asiatiques à Ottawa'' munis de leurs caméras géantes... Mais ce ne sont pas des accessoires. Dès que nous nous arrêtons une seconde en entrant dans la salle, les étudiants brandissent leur Nikon extra large à se mettent à tenter de photographier mes pores de la peau! Je pose pendant quelques minutes, mais mon devoir d'animatrice m'appelle alors je monte sur scène!



''Haaaaaapppppppppyyy Halloween Shangqiu!!''. Grave erreur, ils m'ont donné le micro et carte blanche sur le programme de la soirée! Ils ne savent visiblement pas que j'ai un agenda secret de créer la plus grande macarena jamais dansée sur le continent asiatique! Mais je dois attendre un peu avant de passer à l'action, question de réchauffer un peu mes danseurs.... Nous commençons par un concours d'''enrobage de la momie'' avec plusieurs rouleaux de papier de toilette et lorsque je m'apprête à choisir les participants, je réalise qu'une corde sépare la scène du public! Wow, Shannon était vraiment sérieuse, ils pourraient se mettre à charger la scène...mais dans ce cas, je ne vois pas tellement ce que ce morceau de soie dentaire pourrait bien y changer. (Opportunité de surf de foule? Check!) Nous passons ensuite au concours de costume des profs et devinez qui gagne: Meiyangyang...Ouais c'est certain que c'est moi qui ai le micro, mais j'ai travaillé fort sur mon costume, bon! J'ai bien droit à mon deux minutes de gloire!

Par la suite, nous descendons au milieu du plancher de danse pour animer le tabouret musical. Nous reprenons la petite cordelette pour recréer le périmètre de ''sécurité''. Il doit bien y avoir plus d'une centaine d'étudiants qui attendent avec impatience le début du jeu et qui frémissent déjà d'excitation (sans blague.. c'est le tabouret musical, pas ''The Price is Right!''). Je réussis à choisir les participants alors que le cercle se referme tranquillement sur moi. Heureusement que j'ai une grosse voix et plusieurs amis pour m'aider sinon, 150 personnes auraient tenté de s'asseoir sur 15 petits ridicules tabourets. J'explique les règles: Musique = danse, Pas de musique = pas de danse + fesses sur un tabouret, mais c'est beaucoup trop complexe. Les jeunes se mettent à tourner autour des chaises, mais dès qu'il y en a un ''nerveux'' qui croit que la musique est sur le point de s'arrêter, il se jette sur un tabouret et les autres le suivent, même si les Backstreet Boys (oui, oui, les même qu'il y a 15 ans) jouent toujours. C'est à croire qu'ils sont en train de jouer à la roulette russe, tellement ils sont stressés. Après plusieurs explications et l'intervention musclée de l'ours Brett, nous finissons par faire une vraie partie.

Arrive alors le moment tant attendu! Je dépoussière mes pas de Macarena et tous les professeurs étrangers (France, Canada et Irlande, comme quoi c'est connu partout!) se dandinent au son de la musique la plus fatigante de toute l'histoire de l'humanité. Je quitte la ligne et commence mon plan diabolique. J'attrape les étudiants à la poignée et les place en ligne. Lorsqu'ils sont presque tous en train de danser, je monte sur la scène et observe mon chef-d'oeuvre! C'est fait!! Je suis témoin de la plus grande Macarena de l'histoire de la Chine et c'est vraiment magnifique! Prochaine étape: La danse des canards? Non quand même, je me garde toujours une petite gêne! Ça pourrait se retrouver sur Youtube!

Pour terminer la soirée, nous laissons rouler la musique et tentons de faire danser les jeunes. Ce qui est drôle ici c'est que les étudiants ne sont pas habitués à danser pour le plaisir. Ils apprennent toujours des pas chorégraphiés et ont autant le sens du rythme que Mr. Bean. C'est pourquoi lorsque nous débutons la partie ''Danse'' de la soirée, ils se tiennent tous autour de nous et nous regardent danser en nous filmant avec leurs cellulaires. Wo minute, ça ne se passera pas comme ça! Ouf, j'en vois deux qui se secouent légèrement les hanches, c'est gagné! Naïk a même la géniale idée de leur montrer une danse en ligne.

21h30: la fête est terminée et les jeunes sont ravis. Je suis aussi bien contente de notre travail et je me dis que dans vingt ans, ils seront peut-être mûrs pour un ''vrai party'' d'Halloween... Cheetos et punch inclus! Vous savez, ce qu'on faisait lorsqu'on avait 13 ans...

Friday, October 29, 2010

Une de ces journées...

Que ce soit en Chine ou au Canada, parfois on se lève du mauvais côté du lit et on passe une journée qui nous fait regretter de s'être levé. Hier, c'est ce qui m'est arrivé...

Ma journée commence par un réveil extra-matinal commandité par les étudiants du département de sport qui font leurs exercices du matin. Ne me demandez pas pourquoi, mais chaque matin, à 6h30, ils se rencontrent sous ma fenêtre et crient en chinois: ''Yi, Er, San'' (1, 2, 3)... À quoi je réponds tout de suite de mon lit: ''Cha, cha, cha''. Mais hier, je n'avais aucunement le goût de rire parce qu'il faisait environ moins 10 dans ma chambre et il me restait encore plusieurs minutes de sommeil avant mon alarme. La veille, j'ai tenté de faire fonctionner le chauffage de ma chambre, mais étant donné que la télécommande est en chinois, j'ai dû avoir recours à la bonne vieille technique d''essai-erreur''. J'ai donc laissé rouler ''la climatisation'' pendant 10 minutes, pensant que l'air allait finalement se réchauffer... (J'apprendrai plus tard dans la journée qu'en fait, elle est brisée et que j'étais en train de perdre plusieurs précieux degrés) Je sors donc de mes couvertures et décide de m'habiller pour la journée. Je dépose mes vêtements sur mon lit et remarque que ma couverture en polar est en fait en train de muer sur tous mes vêtements et que je vais avoir l'air d'un toutou ''botché'' toute la journée. Génial...

En sortant de ma chambre, je vois qu'un de mes poissons nage sur le dos et ne leur ayant pas encore montré le ''dos-crawlé'', j'en déduis qu'il a trépassé pendant la nuit. Probablement un présage de ce qui m'attend si je ne fais pas réparer le chauffage. Je le dépose tranquillement dans la toilette, lui fait un petit bye-bye et flush en espérant qu'il ne va pas boucher mes tuyaux... (Vous vous souvenez pour le papier de toilette? Et ce poisson est assez gros!). Je me prépare pour le travail et passe la matinée à enseigner. Mes cours roulent bien alors je me dis que c'était seulement un de ces matins...

À trois heures, je dois rencontrer un étudiant pour jouer au ping-pong alors je décide de profiter de mon après-midi pour travailler sur mon costume d'Halloween. Cependant, lorsque je vais sur mon balcon pour récupérer mes vêtements secs, la porte ne ferme plus... Mais attendez une minute, elle ne peut carrément plus entrer dans le cadre! Je tire sur la poignée (qui tient en place avec du tape...), tente de lui donner un petit coup de hanche, regarde les pentures, rien n'y fait. C'est à ce moment que je pète les plombs. Je me mets à frapper à répétition la porte dans le cadre, de plus en plus fort, tout en sacrant à voix haute et je me retrouve dangereusement proche de ne plus avoir de porte du tout! Au même moment, je réalise que je dois aller rencontrer l'étudiant dans quelques minutes alors je n'ai pas le temps de la réparer. Je vais chercher de la corde (qui est pris dans une boule, évidemment!) et ''patente'' un système de poulie pour la faire tenir en place le plus possible. Ce que je ne vous ai pas dit, c'est que depuis quelques jours, tout tombe en morceaux dans mon appart. La poignée de ma porte d'entrée est carrément restée dans les mains de Ciaran et les travailleurs sont déjà venus deux fois cette semaine... Je devrais probablement en héberger un et il pourrait aussi réchauffer mon lit avant que j'aille me coucher! Riche idée!

Au moment où je m'apprête à quitter mon appart, je reçois un message texte. ''Where are you Andy? I am waiting for you outside!''. ''Bordel!!! TU as 5 minutes d'avance et TU me retardes avec un message!''. Je vais donc le rejoindre en bas et nous jouons au ping-pong pendant une heure. Heureusement, je m'amuse bien et nous terminons l'après-midi au terrain de soccer avec Joyce. Seul bémol, pendant tout ce temps, un autre étudiant nous suit à la trace et pose constamment des questions pour ''Teacher Andy''... Et bien mon cher, ''Teacher Andy'' est en fait ''Ping-pong Andy'' alors va voir dans ma classe, si j'y suis!

En fin d'après-midi, j'arrive tout de même à aller courir et m'apprête à rejoindre Ciaran pour le souper. Seul petit obstacle à ma soirée, je dois aller installer ''Movie Night'' pour les étudiants dans un des locaux de l'Université. Je fournis le film et ils s'occupent d'installer le tout. Ayant passé une partie de l'après-midi à chercher un film avec des sous-titres anglais intelligents, (dans Shrek, les sous-titres le nomment Ravenk Rouvinek...) je comprends que ma tâche sera plus compliquée que seulement prendre le premier DVD de la pile. Lorsque j'arrive dans le local, nous mettons le DVD dans la machine et... rien. Taponne, taponne, taponne... toujours rien. Maintenant la salle est pleine à craquer d'étudiants qui attendent sagement le film. Oh que je ne serai pas la personne qui va leur dire que ça ne fonctionne pas!! Ils vont me demander s'il peuvent aller chez moi pour le regarder! Finalement après avoir essayé 7 films, il y en a un qui fonctionne: Shaun of the Dead. Un film de zombie... Connaissant la tolérance inexistante de mes étudiants pour l'horreur (je leur ai raconté des histoires pour l'Halloween et je croyais qu'ils allaient pleurer...) je me dis que ce n'est pas la meilleure idée. J'appelle Shannon qui a une de ses journées ''Miss Congeniality'' et elle me répond avec un gentil ''What do you want?''. Elle me dit que c'est ok pour le film. Vite, je me casse de la salle de classe et me dis que j'évaluerai les dommages plus tard. Bof, au pire il y aura moins d'étudiants la semaine suivante parce que Andy les aura tous traumatisés!

Finalement, je passe une excellente soirée et me couche en me disant que 1. La porte est finalement réparée, 2. Il ferait beaucoup plus froid si j'étais au Canada, 3. La bière et le chocolat règlent souvent bien des problèmes...

Le party d'Halloween est dimanche soir. J'anime le tout et il y aura environ 600-700 étudiants... Macarena Géante?! Je pense que oui!!!

Sunday, October 24, 2010

Shangqiu's got talent

Comme je vous l'ai dit la dernière fois, ma vie nocturne à Shangqiu est en grand manque d'évènement et je me retrouve souvent à rattraper du sommeil qui n'est pas vraiment en retard! Hier soir, je suis donc dans mon lit à (attention aux coeurs sensibles) 19h30 et je m'apprête à regarder un film sur mon ordinateur. C'est alors que j'entends LE bruit. Ça commence doucement avec un peu de musique alors je me dis que ce sont mes voisins qui s'intéressent tout à coup à la musique pop chinoise, mais connaissant mon entourage j'en doute très fort. J'entends ensuite une voix masculine qui semble annoncer quelque chose dans un micro! Mon dieu, est-ce qu'on aurait vraiment un évènement à Shangqiu et pendant ce temps, je suis dans mon lit... en pyjama... avec mes lunettes?! Viiiiiiite!

Je me lève de mon matelas tel un seul homme et me propulse à la fenêtre. J'entends alors une femme ''chanter'' en mandarin et c'est tellement inégal et tordu, que je dois absolument aller enquêter! Je m'habille en vitesse et sors de mon appartement pour suivre la musique. Lorsque j'arrive au bâtiment principal de l'école, il y a une scène qui a été installée à l'extérieur et il semble y avoir un spectacle quelconque. Je m'approche tranquillement et installe ma capuche sur ma tête, question de passer incognito... Autant tenter de ne pas faire de bruit dans un spa avec des gougounes mouillées. Je me trouve un petit endroit dans la foule et porte mon attention sur ce qui se passe sur la scène.

Musique très forte, personnes en costumes, ça court à gauche et à droite, ça se tape dessus, Oh! Un chanteur, du chinois, de l'anglais, etc. Ouff... je ne comprends pas grand-chose, mais c'est toujours plus divertissant que de tenter de s'endormir à 21h30! Je me dis que c'est surtout l'intention qui compte! En autant que je ne me fasse pas repérer et qu'ils ne m'appellent pas sur scène. J'ai regardé beaucoup trop de télévision chinoise pour savoir qu'en un seul mouvement de l'animateur, tu peux te retrouver au milieu du spectacle, un chapeau sur la tête, disant ''Ni hao, Shangqiu!'' devant une caméra! Le spectacle est plutôt diversifié et je me bidonne de voir le manque d'enthousiasme de la foule. À un moment, le présentateur crie dans son micro '' Ni hao ma Shangqiu?! (Comment ça va Shangqiu)'' et on entend un tout petit Haaaaaaoooo pathétique de la foule. J'ai envie de prendre ma grosse voix de prof et de lui répondre en criant Yeeeeeaaaahhhh!!! Il croirait sûrement que nous sommes une centaine à lui avoir répondu! Le moment fort est lorsqu'il y a un groupe de danseurs qui font une cha-cha (Oui! En Chine!) et je dois dire qu'ils sont impressionnants! Le plus drôle dans tout ça c'est que la notion d'homosexualité n'existe pas vraiment ici alors lorsque le jeune homme dans son ''unitard'', avec son maquillage se dandine, la foule le croie plutôt ''fashion'', qu'efféminé. Je dois dire que c'est un point que j'aime de la Chine. Ils sont tellement concentrés à rire des étrangers, que les homosexuels (secrets bien évidemment!) sont complètement laissés en paix!

Lorsque le spectacle est terminé, je me dépêche de retourner à ma chambre, mais je croise tout de même plusieurs jeunes qui font du patin à roues alignés entre des cônes... Tiens donc, on est revenu en 1995! Super, la semaine prochaine j'amène ma cassette des New Kids et mon parka fluo!

Prochainement sur vos écrans: Moi?!

Dimanche dernier, je reçois un courriel de ma mère intitulé: La job. Me connaissant très bien, elle sait que j'adore faire des plans pour mon future, de grandeur, disons... substantielle (Domination mondiale? Bof, c'était en 2004, 2010 c'est la Chine). Avant de préparer mon départ pour la Chine, je crois que je montais tous les matins de ma chambre avec une idée différente. ''Maman, maman! Je sais ce que je vais faire l'an prochain: Je fais mon brevet d'enseignement... je vais aux États-Unis... je pars en Corée... je me trouve un appart... je vais élever des chiens guides...etc. La patience légendaire de ma mère pour mes folies lui permettait de me conseiller chaque fois ''d'aller rechercher tout ça sur Internet...'', question de m'occuper un peu et de peut-être faire passer la ''balloune'' que je venais tout juste de me gonfler. Jusqu'au jour où je suis finalement montée de ma chambre et que je lui ai dit: ''Maman, maman! Je viens de signer mon contrat pour la Chine, je pars le 23 août''. Oups, je venais enfin de faire un chien avec ma ''balloune''!

Mais tout ça pour vous dire que je suis constamment à la recherche d'un nouveau défi et que j'étais bien intriguée par son message. Je l'ouvre et trouve un lien vers le site de Vacances Transat avec le message suivant: ''Va voir ce site, je t'ai trouvé une job pour l'an prochain!''. Étant donné qu'il est 23h dimanche soir et que je dois enseigner le lendemain, je me dis que je vais seulement y jeter un coup d'oeil et regarder tout ça à tête reposée lundi... Ouais et bien je dois vous dire que mon cerveau avait d'autres plans... Vacances Transat est à la recherche d'un correspondant à l'étranger qui voyagera pendant toute une année (12 destinations!) et qui devra faire des comptes-rendus vidéo et tenir un blogue relatant son expérience. Pffff c'est un sale boulot, mais quelqu'un doit le faire... je vais me sacrifier! Lorsque 5h du matin arrive enfin, je n'ai toujours pas fermé l'oeil et je suis en train de m'imaginer près de la plage, avec mon ordinateur sur les genoux, tentant d'écrire mon blogue: une noix de coco dans une main et la crème solaire dans l'autre. Le plus drôle dans tout ça, c'est que cette fois, c'est ma mère qui est en train de ''rechercher tout ça sur Internet''. Nous sommes toutes deux tellement excitées que les prochains jours sont un échange constant de courriel contenant mon cv, le script de mon audition, des liens internet, encore mon cv, encore mon script...

Samedi, je décide de tendre un piège à Ciaran et de le leurrer à mon appartement avec une promesse de nachos afin qu'il m'aide à filmer mon audition. Finalement, je n'ai pas besoin de vraiment le convaincre, car quand je lui explique mon projet, il offre de m'aider. ''Mon gars, malheureusement pour toi, si tu m'avais déjà vu en mode travail, tu reprendrais tout de suite ta gentille offre!'' Je ne suis pas méchante ou quoi que ce soit, mais disons que je suis TRÈS organisée....TRÈS. Pour vous dire, si j'avais dirigé le tournage du Titanic, je les aurais probablement tous foutus dans l'océan Atlantique pour vrai et ils auraient vu ce que ça fait quand il n'y a VRAIMENT pas assez de place dans le bateau! Je me lève donc samedi matin et me fais une beauté pour être prête pour la caméra. Je décide de bien partir la journée avec Ciaran et attends qu'il se lève tranquillement. Lorsqu'arrive 11h et qu'il est toujours dans son lit, j'utilise le truc de ma mamie et commence à brasser un peu la vaisselle. ''Oh! You are up! I hope I didn't make too much noise?'', lui dis-je en déposant mon chaudron et ma cuillère de bois. Alors qu'il termine son déjeuner, j'imprime mon script et nous commençons à filmer. Le travail à l'intérieur se passe très bien et je suis incroyablement enthousiaste pour le résultat final!

Les choses commencent cependant à se gâter un peu lorsque nous allons à l'extérieur... Si vous vous souvenez bien, mon ami est quelque peu sensible en ce qui concerne notre statut d'étranger et il mentionne constamment le fait que telle ou telle personne est en train de le dévisager... Je pense que s'il se promenait avec Brad Pitt dans la rue, il arriverait même à lui dire: ''Geez Brad, check out all of these people staring at me!''. Nous nous retrouvons donc dans la nature et je dois quand même gesticuler et parler en français alors il tente du mieux qu'il peut de camoufler la caméra dans son manteau. Je sais que je pousse probablement beaucoup en lui demandant de faire le tournage à l'extérieur.... où il y a tout plein de gens... qui nous regardent... et qui nous pointent... AHHHHHH. Je me rassure que je ne suis pas une tortionnaire sans pitié en me disant que c'est un baptême par le feu pour lui! Qui sait, peut être que je vais le guérir et qu'il pourra finalement aller à l'épicerie seul!

Nous prenons un Tuk-Tuk jusqu'à l'épicerie et j'ai enfin mon premier accident de la route! Finalement la Chine! Il était temps! Je suis ici depuis déjà 2 mois! En raison des travaux sur la route, nous devons emprunter le trottoir (ou comme je l'appelle: Route 2) et nous conduisons au milieu des piétons. Je parle tranquillement à Ciaran et nous nous complimentons sur notre travail, lorsqu'une femme passe en sens inverse avec son vélo et qu'elle se prend la porte de côté carré dans la tronche! Ahhhhh! Le Tuk Tuk s'arrête, la femme regarde dans son miroir, l'autre femme est ok, elle lui fait un petit signe de tête, nous repartons... Oui, oui c'est tout. Pas de sang, pas d'engueulade, même pas d'excuse. Hum rassurez-vous que si je me prends une porte de Tuk Tuk dans la poire, ça ne passera pas aussi inaperçu!

La première partie de ma vidéo (montrer une attraction locale) se passe au marché de Shangqiu, où je vais généralement chercher tous mes produits frais. Comme je l'explique dans mon audition, Shangqiu ne regorge pas nécessairement d'endroit prestigieux à faire visiter alors je décide plutôt d'aller dans l'inusité et de montrer où je vais chercher mon poulet. Nous descendons la rue en passant devant les fruits, légumes, vêtements et finalement la viande. Lorsque Ciaran remarque les gros morceaux de porcs qui profitent du soleil sur la table en bois du commerçant, il me dit tout de suite que ça ne doit pas être très hygiénique. Hum... je vais devoir inventer un mensonge pour lui expliquer l'origine du poulet qui va se retrouver dans ma recette de ce soir! Mon petit marchand est là, fidèle au poste et je dis à Ciaran que nous allons filmer devant son étalage. J'étudie son visage et suis son regard pour découvrir qu'il fait le trajet entre la cage à poules, l'entonnoir pour vider la carcasse et la table où est étendue la viande. Plumes, pattes, becs, alouette...Oups, il commence à devenir un peu plus blanc. Vite: Action! Lorsque je paye mes deux beaux morceaux de poulet, il me tend l'argent à bout de bras pour s'approcher le moins possible de la viande. J'imagine qu'on n'est jamais trop vieux pour se faire traumatiser par un étalage de boucher! Je vais peut-être devoir lui faire un curry végétarien finalement...

Pour notre dernière scène, nous allons au petit magasin où j'ai fait développer des photos de passeport pour mon patron. Il y a quelques mois, l'homme qui tient la boutique m'a demandé s'il pouvait utiliser mon épreuve comme modèle dans son magasin. ''Haha oui bien sûr! Ce sera mon 2 minutes de célébrité'' Je me dis que ça serait plutôt drôle à montrer dans mon audition alors nous allons au magasin. Cependant, lorsque nous arrivons, la porte est ouverte, mais il y a une grande pancarte en chinois qui bloque le chemin. Je vois ma photo sur le mur, au fond du magasin, et je me dis en me bidonnant que c'est bien dommage que nous ne puissions pas l'avoir dans mon film! Je propose à Ciaran de passer à côté du signe ou de demander aux gens qui tiennent la boutique d'à côté de venir nous surveiller mais c'est alors que je remarque quelque chose d'encore plus troublant. Il y a deux de mes épreuves de photos qui sont collées à l'extérieur de la boutique et nous nous tenions devant tout ce temps! Ouais, je vais devoir renégocier mon contrat d'affichage s'il se met à placarder ma binette dans toute la ville!

Mon film est maintenant terminé et je suis franchement bien encouragée! Je crois répondre exactement aux exigences du poste et j'espère qu'ils vont aussi le voir! La date limite d'inscription est le 7 novembre. Ensuite, ils choisissent 10 candidats pour une deuxième étape. Si j'y arrive (et oui, je vais y arriver!!), il y a un vote du public alors préparez vos pancartes parce que je vais avoir besoin de votre aide!

Wednesday, October 20, 2010

Er-who?

Dans un élan d'enthousiasme pour la culture chinoise, j'ai décidé d'apprendre à jouer un instrument de musique traditionnel - le Erhu. Pour mieux vous imager l'instrument, c'est un peu comme un violon qu'on aurait échappé dans les escaliers. Il n'a que deux cordes et un archet bien pris au milieu. On peut faire les sons en tirant et poussant sur la corde à l'extérieur et en tirant et poussant sur la corde à l'intérieur... Facile non?? Et bien justement non!

Lorsque Shannon m'a montré la chose, j'étais franchement très excitée! Pour ceux qui ne le savent pas, j'ai joué du violon pendant 7 ans lors de mon enfance et j'ai toujours regretté de ne plus être capable d'émettre un seul son sur cet engin qui m'a torturé tous les midis entre l'âge de cinq et douze ans. J'ai donc contacté son enseignante et elle est venue chez moi pour ma première leçon la semaine dernière. Nous nous sommes installées dans la cuisine et elle a commencé à me montrer à tenir l'archet. Croyant pouvoir faire un peu ma ''smart'', j'installe ma main au bout du bâton, comme je l'ai fait des milliers de fois et m'apprête à jouer... ''No, no Andy, you have to put your fingers BETWEEN the wood and the string''. Ahhh ce sera probablement plus compliqué que prévu. Je me contorsionne donc pour faire entrer mes grosses saucisses (en standard chinois bien évidemment) et peut déjà entendre le pauvre bout de bois me dire: ''Dude, that's never gonna fit!''. Lorsque j'arrive presque à tenir l'archet en équilibre, sans projeter l'instrument vers le sol, nous commençons les gammes... À ce moment, je crois que j'aurais donné tout mon argent pour ne pas avoir l'oreille musicale. Chaque mouvement du bâton, tire de l'instrument un son de torture chinoise et je regarde mon enseignante avec le petit sourire gêné d'un virtuose qui aurait menti sur son CV. Hiiii Hiiii Hiiii Hiiii, la soirée va être longue...

Finalement, nous arrivons à jouer ensemble ''À vous dirais-je maman'', mais lorsqu'elle me laisse faire la chanson seule, je vois très bien qu'elle faisait beaucoup plus de bruit que moi. J'arrive à atteindre une note sur deux. J'ai tout plein de flash-back de mes cours de maternelle où nous voulions jeter l'instrument à bout de bras après quinze minutes pour aller jouer. Le plus drôle dans tout ça c'est qu'elle semble complètement ravie! J'adore Shannon mais Dieu qu'elle ne devait pas avoir beaucoup de talent lors de sa première leçon pour que ma pauvre excuse d'une première tentative semble une telle réussite! Je me demande si mon père au Canada se tord de douleur d'entendre sa progéniture en Chine remettre ça avec un instrument à corde!

Finalement, je pratique toute la semaine et lorsqu'elle revient ce soir, nous nous lançons dans des exercices plus difficiles. Elle ajoute un cinquième doigt (que nous avons toutes les deux bien évidemment, mais qui n'était pas encore sur l'instrument) et tente même de me montrer le vibrato. Même saucisses, même problèmes. Je tente de bouger mes doigts avec grâce, mais la corde est beaucoup trop petite. Ça me prendrait l'équivalent ''Violoncel'' du Erhu pour arriver au résultat escompté. Je crois qu'elle ne connaît pas le concept de la pente douce d'apprentissage parce que nous tentons notre chance avec des morceaux beaucoup plus complexes. J'imagine que de cette manière j'arriverai à apprendre plus rapidement, mais en ce moment, mes yeux se croisent en regardant la feuille et je joue probablement la langue sortie. Mon enseignante doit seulement rester une heure mais je crois qu'elle ''aime'' tellement son élève qu'elle me donne du temps supplémentaire en extra. Peut-être que si mon doigt se met à saigner, nous allons finalement arrêter??

Elle quitte mon appartement une heure quinze plus tard et je reste quelques minutes devant ma feuille à me demander comme je vais être à la hauteur la semaine prochaine! Au moins, mes voisins d'en haut ne se sont pas encore plaint, mais ça ne devrait tarder étant donné que le seul temps que j'ai disponible pour la pratique est lors de la ''sieste'' chinoise (en 1 et 3h pm). J'ai déjà promis à Shannon que je pourrais jouer ''Silent Night'' au concert de Noël alors je suis mieux de m'y mettre sérieusement...

Je n'aurais pas pu choisir un passe-temps plus facile comme la calligraphie ou la danse traditionnelle?? Oh, mais il me reste encore plusieurs mois dans ce pays plein de surprises! J'y retourne.. Hiiiii Hiiii Hiiii Hiiii

Monday, October 18, 2010

Quelle distance parcoureriez-vous pour du fromage?

Je sais que ce n'est probablement pas une question qui fait partie de votre "top dix" des préoccupations quotidiennes, mais pensez-y pour quelques minutes...

Ce week-end, j'ai découvert que pour moi, c'était facilement trois heures de train en direction de Zhengzhou, la capitale du Henan (dans la province où j'habite). Pendant la dernière semaine, j'ai discuté à plusieurs reprises avec Brett d'un petit voyage d'une journée à un genre de Costco chinois où je pourrais m'approvisionner de nourriture ''internationale'' pour les prochaines mois. Au départ, je ne voulais pas tellement dépenser mon argent pour me procurer des trucs dont je peux probablement me passer, mais plus je décidais de ne pas y aller, plus j'entendais une petite voix crier de plus en plus fort dans ma tête ''NACHOS!!''. Très franchement, les deux seules choses qui me manquent de la maison (à part ma famille bien évidemment!) c'est du fromage et du pop-corn. Oui, il y a du pop-corn sucré mais ayant travaillé pendant deux ans dans un cinéma, c'est aussi insultant pour mes papilles que de me faire dire que le RC Cola goûte exactement comme du Coca-Cola... Pfff franchement! J'ai donc décidé d'accompagner Brett et Naïk (une enseignante française à Shangqiu) pour notre petit périple d'épicerie. La veille du départ, je me renseigne pour savoir le type de sac à dos que je devrais apporter et Brett me répond, sans aucune touche d'humour, qu'il apporte sa valise... Hum, aux grands mots, les grands moyens; Je décide de faire la même chose!

Nous prenons donc le train (chacun avec notre valise) et arrivons à Zhengzhou en fin d'après-midi. Avec Naïk, nous trouvons même le moyen de confondre encore PLUS les chinois en parlant français durant le trajet. Le fameux ''Costco chinois'' ressemble plutôt à un grand Wal-Mart, mais mon enthousiasme est tout de même très difficile à cacher. Je cours pratiquement dans les allées avec mon panier qui se rempli à vue d'oeil! Tout est tellement moins cher qu'à Shangqiu, que ce serait probablement une insulte à l'économie locale de ne pas l'acheter! Je trouve même des bouteilles de vin français à un prix raisonnable et du porto. Mon plus grand moment est lorsque je mets la main sur un pot de tomates séchées et que je laisse échapper un gros: ''Yes!!''. Maintenant je sais comment se sentait le personnage de Tom Hanks dans Cast Away lorsqu'il se faire secourir de l'île. La détermination et l'avidité avec lesquelles je saisis des produit me dénonce tout de suite comme une ''touriste de Zhengzhou''. ''N'y pense même pas, c'est mon sac de fromage!!'' On dirait que je sors tout droit d'un trou perdu qui n'offre aucune diversité dans ses produits alimentaires... oh mais attends une minute, dans le fond c'est exactement ça!

Lorsque je m'approche finalement de la caisse, je jette un dernier regard au contenu de mon panier... Oups, je me suis peut-être laissée un peu emportée. Mais au diable les dépenses, je vais pouvoir cuisiner de nouveau! La caissière prépare ma facture sous le regard attentif d'une dizaine de badeaux chinois... Lorsqu'elle termine (890 Yuan plus tard...), j'ai envie de l'applaudir et de dire à voix haute: ''Caissière Lui Cheng, mesdames et messieurs!'' On dirait qu'ils n'ont jamais vu personne faire son épicerie! Naïk et Brett passent aussi à la caisse et nous nous arrêtons à l'extérieur pour remplir nos valises. Si nous avions un public avant, ils n'est rien comparé à celui qui nous attend à l'extérieur. J'ai presque envie de débuter une partie spontanée de ''The Price is Right'' avec les items que je range dans ma valise. ''How much for this wonderful can of Salsa?? Oh of course you don't know, it's the first time you see it, right! Ok you lose, now GO AWAY!''.

Nous trouvons ensuite un restaurant de sushi pour bien terminer la soirée et nous nous empiffrons. Lorsque Brett regarde sa montre à la fin du repas, nous réalisons que nous n'avons pas vraiment le temps de nous ''balader sur l'Avenue, le coeur ouvert à l'inconnu...'' Nous devons vraiment nous dépêcher à rejoindre notre train. Je dois tout suite vous dire que je déteste Zhengzhou parce qu'une ville ayant autant d'habitant devrait franchement développer un meilleur système de transport. Nous tirons nos valises comme des maniaques à la recherche d'un taxi, mais sans succès. Notre seule option est de traverser une rue piétonne, bondée de touristes pour arriver devant la gare. J'ai l'impression de littéralement jouer une partie géante de ''mur chinois'' en cherchant les trous dans la foule pour m'y jeter avec ma valise. Je roule sur tout ce qui se trouve dans mon chemin. J'espère seulement ne pas avoir handicapé personne de manière permanente. Certains gens bloquent ma course en voulant mieux me ''regarder'' mais lorsqu'ils voient mon regard fou de ''dégage ou je te passe dessus'', ils décident plutôt de me céder le passage. Notre périple se termine dans la gare en une course contre la montre, digne d'un bon film d'action et nous arrivons tout en sueur seulement quelques minutes avant le départ du train.

En terminant, si je peux me permettre un bon conseil: Si vous comptez vous lancer dans une course folle, en territoire étranger, il est peut-être préférable d'éviter le poisson cru!

KTV: Chante la, ta chanson...

La seule chose que l'on retrouve plus que des nids de poule à Shangqiu, c'est des salons de KTV. Le karaoké pouvant facilement remplacer le ping-pong comme sport national, il y a littéralement de ces bars à tous les quelques mètres. Pour une centaines de Yuan, il est possible de réserver une salle (insonorisée... dieu merci!) et relâcher le Bon Jovi qui sommeil en chacun de nous. Habituellement, les bars de KTV ne sont pas très difficiles à reconnaître, car ils sont décorés de manière extravagante avec néons, musique, lanternes, pop-corn gratuit et deux, trois videurs chinois tentant d'avoir l'air intimidant (Je ne veux pas vous décourager les gars, mais ma grand-mère en camouflage est plus terrifiante que vous!). Comme n'importe quel bar, il est possible d'en trouver de différente qualité, la seule constance c'est que pour les chinois, il est utilisé a toutes les sauces! On y célèbre les anniversaires et enterrement de vie de garçon, on y conclu des affaires, on y amène des conquètes, on y sort entre amis, etc. Ça ne m'étonnerais même pas qu'on choisisse KTV comme test pour choisir le futur gendre de la famille. Je vois déjà la scène.... ''Ni hao Lee Peng, dès que Papa aura terminé de chanter My Heart Will Go On, tu enchaînes avec les Backstreet Boys et ENSUITE on parlera mariage.''

Après quelques mois d'une vie nocture pratiquement inexistante, je ne pouvais absolument pas manquer ça! J'ai donc demandé à l'ami chinois (Mark) qui m'a fait chanter l'hymne national de nous amener dans un des KTV ayant le plus de musique anglophone possible. Ayant entendu de chacune de mes connaissances qu'ils préfèrent se rentrer une fourchette dans l'oeil plutôt que d'y retourner, j'étais plutôt intriguée! J'ai donc invité mon amie chinoise Joyce, ainsi que Will et Mark. En arrivant dans l'établissement, les hôtesses nous amènent dans une petit épicerie où nous pouvons choisir breuvages et nourriture pour la soirée. Will et Mark choisissent quelques bières et je demande à mes copains chinois s'ils en veulent. ''No thanks Andy, just some juice''. Attention les gars, ils vont nous faire ça à froid!

La petite hôtesse de 110 livres trimbale notre grand panier plein de bière jusqu'au sommet des escaliers est nous guide ensuite vers notre salle. En ouvrant la porte, nous éclatons de rire! Il manquerait juste John Travolta se déhanchant au beau milieu de la pièce pour que la scène soit complète! Deux grands divans en velour rouge font la longeur du mur du fond de la salle et des projecteurs assurent un éclairage psychédélique, boule disco et compagnie. Du côté opposé, il y a un grand écran et un ordinateur nous permettant de choisir quelques chansons. Ayant clairement été exclue de la partie de ''roche, papier, ciseau'' pour déterminer qui brisera la glace, Will me tend le micro avec un grand sourire. Et merde.... Je choisis donc une chanson relativement facile et tente d'entrer le plus profondément possible dans le divan. Lorsque j'arrive au dernier couplet, je réalise qu'il y a deux cellulaires qui  me filment depuis le début de ma ''prestation''! Mark (notre hôte, pas l'étranger) et l'ami de Joyce sont tout deux entrain de probablement faire un ''live stream'' sur Youtube. Je vois déjà le titre: Andy's getting down at KTV! Bon, aussi bien les ignorer parce que c'est du suicide de se mettre entre un chinois et son téléphone portable.

Après quelques chansons anglophones, je réussie à convaincre Joyce de prendre le micro et de nous en ''pousser une'' en mandarin. C'est une belle chanson et elle chante aussi très bien, mais je vois facilement comment une soirée complète de ce type de chanson peut pouvoir pousser les gens à utiliser la coutelerie pour se faire une ''beauté'' ophtalmologique. Le rythme est complètement différent et les chanteurs adorent aller chercher des notes dans les aigus qui ne sont souvent accessibles que pour certains petits animaux... Nous retournons donc au répertoire anglais et je décide de chanter une chanson (la seule!) en français... S'il suffisait d'aimer de notre Céline. Ouch, je ne sais pas si vous l'avez écouté dernièrement, mais ce n'est pas tellement ''karaoké-friendly''. Si j'avais été avec des francophones, on m'aurait probablement banni de l'établissement, mais langue étrangère permettant une certaine souplesse, ils doivent seulement se dire que Céline Dion est une terrible chanteuse! Joyce et son ami doivent retourner au campus avant 11 heures alors je les racompagne à la porte et décide de continuer la soirée au karaoké.

Trois heures plus tard, nous sommes toujours entrain de chanter et mon ami chinois a décidé de prendre congé de notre petit groupe pour rejoindre sa propre cabine (ou aller chanter avec d'autres chinois?). Nous ne sommes pas certains, mais nous savons qu'il est parti pendant deux bonnes heures. Finalement peut-être que le karaoké anglophone est aussi souffrant pour les chinois que les chansons en mandarin pour nous?!

Ayant maintenant brûlé toute l'énergie que nous avions (Quoi?? La salle est privée, on peut bien sauter sur les divans un peu, non?) et bu tout notre courage liquide, nous décidons de raccrocher notre micro pour la soirée et de retourner au campus. Comme vous le savez, le seul endroit pour casser la croûte en fin de soirée est l'immonde maison des horreurs du Colonel Sanders alors nous décidons plutôt d'aller voir ce qu'il y a de disponible sur la rue. Semblerait bien qu'il y a suffisament de clientèle nocturne pour que certaines personnes tiennent un petit stand de brochettes barbecue. Une femme fait cuire sur la braise des brochettes de poulet, porc et boeuf et l'odeur alléchante nous attire tout de suite. Mon inquiétude pour l'hygiène et les ''beaux petits morceaux de blancs'' est rapidement oubliée lorsque je tiens finalement le morceau de viande fumante, que j'ai passé les dix dernières minutes à regarder se faire tourner et badigeonner. À ma connaissance, j'ai peut-être mangé un petit rongeur, mais c'était le meilleur que j'ai jamais goûté!

Tuesday, October 12, 2010

And my question is...

Hier soir, j'ai eu l'honneur d'être le juge en chef d'une compétition de discours à l'Université. Il y avait six compétiteurs faisant partie du département d'anglais et six autres représentants d'autres disciplines (éducation physique, économie, enseignement du chinois, etc.). Le gagnant de la soirée aura la chance d'aller représenter l'école au niveau provincial dans une compétition à Zhengzhou. Ayant seulement été avertie le jour même (c'est comme ça généralement avec mon patron..), je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre. J'ai tout de même préparé (dieu merci!) une question pour chacun des compétiteurs au cas où on me demanderait de prendre la parole...

J'entre donc dans la salle avec Brett et nous nous installons au premier rang. Je remarque tout de suite que je suis assise derrière une petite pancarte rouge avec de l'écriture chinoise. Connaissant mon expérience limitée du protocole chinois, je demande tout de suite si je suis à la bonne place, question de ne pas avoir (encore) pris le siège du président de l'école ou de m'être assis parmi les candidats. Mais non, je suis à la bonne place, c'est moi ZE juge! Nous sommes 3 professeurs étrangers (Shannon, Brett et ZE juge) et 5 professeurs chinois. Mon patron m'apporte tout de suite le micro et m'explique que je serai en charge de poser les questions aux candidats! Une chance que je me suis préparée! Surtout ne vous inquiétez pas les gars, on dirait bien que c'est moi qui travaille ce soir! Shannon me dit aussi que je dois faire un court discours à la fin du concours et je rentre profondément dans mon siège. Je n'ai rien contre le fait de faire ma part, mais plus le temps passe, plus je réalise qu'on me demande de faire beaucoup de choses parce que je suis LA petite nouvelle... Je n'ai franchement aucune envie de devoir faire de l'impro en anglais devant tout le monde alors après plusieurs minutes de supplications, Shannon me dit qu'elle le fera. Il y a toujours bien des limites!!!

Le concours commence et les juges sont présentés au public.. Professeur untel chinois, Professeure untelle chinoise, Professeur untel chinois, Brett, Shannon, Andy... Hum, la dernière fois que j'ai vérifié j'étais aussi un professeur, mais on dirait bien que ce titre est seulement réservé à nos contre-partis orientaux. J'imagine que nous devons conserver une image ''cool'' et ''accessible'' pour nos jeunes, mais je m'efforce depuis les dernières semaines de les faire m'appeler Miss Clot et non Clot ou Andy. Je crois bien que je vais devoir y renoncer! Les participants sont invités sur la scène et le présentateur leur met tout de suite le micro devant la bouche. Ils nous regardent avec des grands yeux ne sachant pas trop quoi faire et il leur dit: ''Say something''... Avoir été à leur place, j'aurais dit: ''Something'', merci bonsoir, mais ils nous parlent un peu d'eux et de leurs aspirations.

La première candidate commence son discours et nous parle de l'importance de la santé. Elle parle et parle, mais tout à coup, elle commence à voir un petit trémolo dans la voix.. Attention les gars, elle sort l'artillerie lourde! Elle termine son discours en ravalant ses larmes et je lui pose ma question lentement, de peur de déclencher les jets d'eau. Oh boy, la soirée va être longue! Lorsque la seconde candidate commence à parler, nous savons immédiatement que nous avons une gagnante. Je me fous un peu du niveau des autres participants, l'anglais oral de cette étudiante est meilleur que celui de la plupart des enseignants chinois et si elle ne gagne pas cette compétition, c'est parce que Brett va s'être déguisé pour faire un discours. Ouch ça doit faire mal à l'égo de ''Professeur'' untel chinois. La moitié des étudiants ont maintenant présenté leur discours et nous avons droit à quelques performances pour faire une petite pose. Arrive sur scène un genre de Kenny J. chinois qui fait un incroyable solo de clarinette! J'en reste bouche bée, jusqu'à ce que la troupe de danse hip-hop prenne la scène. Sachant comment se comporte les étudiantes chinoises, je suis presque choquée de les voir autant se déhancher sur du Beyoncé. Mon dieu, on voit des épaules et même quelques bédaines! Leur performance est franchement enlevante, mais toute la salle reste de marbre... Wow tough crowd! Je n'aimerais pas voir un vrai concert Rock en Chine, ça doit être plate à mourir!

Les discours continuent et l'étudiant d'éducation physique arrive sur scène. Il est un ami de Shannon et Brett et est aussi le champion national de Kung-Fu! Wow, nous avons une célébrité à Shangqiu! Son discours est passable, mais sa popularité lui assure tout de même une place dans les candidats de tête du peloton. Selon Shannon, les juges chinois n'ont aucune idée de ce qui se passe alors ils votent selon leur ''feeling''... Hum, les ayant vu durant le numéro de Hip-Hop, j'irai d'abord vérifier s'ils ont encore un pouls! Je m'amuse follement lorsqu'un étudiant parle de la qualité de l'alimentation et je lui demande ce qu'il pourrait améliorer à la cafétéria de l'école. En principe, les chinois ne critiquent jamais rien, mais il trouve de même une réponse à ma question. Personnellement, j'aurais répondu moins de chien, mais bon... À la fin du concours, (et après le discours de Shannon, où elle me remercie et riant, avec un peu de sarcasme, de lui avoir laissé la chance de s'adresser au public!) nous remettons les prix aux jeunes. Comme de fait, la deuxième étudiante gagne la première place et elle ira représenter l'école à Zhengzhou. Nous devons monter sur scène et remettre les prix, ce qui permet à nos patrons de prendre des photos des ''visages blancs de l'Université'' pour le site web...

Je rentre chez moi et vérifiée les messages de mon téléphone cellulaire. Notre champion de Kung-Fu a trouvé mon numéro de téléphone par ma copine chinoise Joyce et propose de me donner quelques leçons. Hum... pourquoi pas?! On dirait bien que je vais dépoussiérer mon kimono après tout!

Monday, October 11, 2010

English Corner

Deux fois par semaine, l'association des étudiants du programme d'anglais organisent un ''English Corner'' dans un petit jardin sur le campus. Pendant ces deux heures, les étudiants peuvent venir discuter entre-eux et avec leurs enseignants étrangers de sujets d'actualités et d'un peu n'importe quoi. C'est le moment d'avoir une conversation spontanée et plusieurs d'entre-eux apprécient le fait qu'ils peuvent en profiter pour en apprendre plus sur la culture des autres pays et sur nous.

J'arrive donc avec Brett dans le petit jardin et tout ce que j'arrive à voir est une masse de jeunes dans un coin. Qui donne des autographes? On a une vedette qui visite le campus? Et non, c'est Ian un enseignant américain qui se fait bombarder de questions par une cinquantaine de jeunes. Je croyais qu'ils devaient aussi discuter entre-eux, mais on dirait bien que c'est plutôt une entrevue à sens-unique pour le professeur. J'ai un peu peur de signaler ma présence, mais ça ne prends que quelques secondes avant qu'ils me remarquent et qu'un grand ''Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh'' envahis la foule! Le groupe se sépare et plusieurs d'entre-eux m'entourent maintenant. Brett en profite pour aller dans le coin opposé du jardin, question de disperser un peu les jeunes. Qu'est-ce qu'on dit à un groupe de 40 personnes qui te regardent avec des grands yeux, attendant la phrase de l'année? Aucune idée! Je décide donc de leur demander de me poser des questions...

Where are you from? What have you seen in Chine? What is your name? How old are you? Do you like China? How is the weather in Canada? etc... Je réponds du mieux que je peux tout en tournant sur place pour qu'ils puissent tous me voir. Je tente de poser quelques questions aussi aux jeunes, mais ils semblent apprécier beaucoup plus m'entendre parler que d'utiliser leur talents en anglais. Des anciens étudiants de l'Université viennent aussi participer au English Corner et je me retrouve en discussion (devant 50 témoins!) avec Mark, un jeune homme que j'ai recontré plutôt dans la session. Il est bien drôle et le seul chinois que j'ai jamais entendu parler de démocratie et du pouvoir de la politique en Chine. Il me fait bien rire et je me demande ce que les autres jeunes en pensent. Après plusieurs minutes, une jeune fille me demande si je peux chanter une chanson en anglais... Euh, non?! Mais Mark, a qui j'ai déjà demandé d'aller au karaoké avec moi, réponds à ma place et dit que ''Of course Andy can sing!''. Oh merci, merci beaucoup mon ami, je vais m'en souvenir. Je dis à la jeune fille que je suis un peu gênée et Mark se met soudainement à chanter à plein poumons l'hymne national du Canada! Je me vois alors dans l'obligation de chanter avec lui et nous nous en donnons à coeur joie! Après notre performance, digne de n'importe quel début de match de hockey, la foule est en délire. Je me dépêche cependant à leur dire que ce ne sera pas une activité de toutes les semaines! Céline doit aussi reposer sa voix vous comprenez!

Le temps passe à une vitesse folle et je décide qu'il est bientôt l'heure de rentrer. J'essai de quitter les jeunes, mais ils veulent que je reste plus longtemps.. Je leur promet de revenir mercredi prochain et de continuer notre conversation. Ce n'est pas tout le monde qui à l'occasion d'être entouré par autant de jeunes voulant ABSOLUMENT entendre ma description personnelle de la pollution de Shangqiu. Remarque que ma célébrité n'est pas terminée, on m'a demandé de juger un concours de discours ce soir... Sortez vos palettes de score, j'arrive!

Kuai le!!!! - Shanghai Fin

Shhhhhh.. ''Ciaran it's time to wake up, let's go buddy.'' Le jour de notre départ de Shanghai, nous devons quitter l'auberge à 5h du matin, question d'arriver en avance pour le train et de pouvoir retourner à Shangqiu. Très franchement, ce n'est pas que nous avons vraiment très hâte de quitter la mégapole pour retourner dans notre petit ville où il n'y a d'exotique que le ''qiu'' du nom, mais la fin des vacances approche emportant avec elle le nombre de place disponibles dans les trains. Will et Mark sont tellement ''motivés'' à rester à Shanghai jusqu'à jeudi qu'ils vont prendre un train faisant le trajet: Shanghai - Pékin - Shangqiu pour retourner au travail. C'est un peu comme partir de Montréal et faire un arrêt par Val d'Or pour aller à Québec... ayant vu l'état du train lent pendant le voyage d'arrivée, je devrais être sous somnifère très puissants pour me permettre un tel trajet. Une fille n'a que son maximum de toilettes turques mouvantes et de trains bondés de passagers hygiéniquement douteux qu'elle peut accepter par semaine! Ciaran bouge tranquillement du lit et nous tentons de ne pas réveiller notre nouveau voisin de chambre japonais. ''Pssss Andy, Are you taking a shower before we leave?'' Je lui jete mon regard qui tue et secoue la tête ''non''. ''Ok then, I'll just brush my teeth''. Je place mes sacs silencieusement à l'extérieur de la porte. ''Did you see my jacket?'', ''Does my hat look ok?'', ''Did you grab the room-key?'', ''What time is it?''... Franchement si l'homme ne s'était pas réveillé à ce moment-là, je serais probablement allée le brasser moi-même pour qu'il soit témoin d'à quel point mon compagnon de voyage est casse-couilles! Nous descendons ensemble pour se brosser les dents et Ciaran reproduit chacun de mes mouvements pour ne pas qu'il ait terminé de se préparer avant moi. Il ne faudrait surtout pas qu'il soit obligé de faire le ''check-out'' sans moi, il pourrait se fouler le mandarin!

Procédures administratives terminés, nous trouvons un taxi qui pourra nous amener à la station de train. À cette heure matinale, nous sommes tout de même chanceux d'avoir accès à du transport si facilement, mais nous avons une bonne heure de jeu dans notre horaire, question de pas trop se presser. Je dis au chauffeur que nous devons aller à la station de train en mandarin. Il me regarde comme s'il venait de me pousser un troisième oeil et je me creuse la tête pour trouver un autre moyen de lui expliquer notre itinéraire. (Ne vous inquiétez pas: Supposément, les habitants de Shanghai ne sont pas très forts en Mandarin. Je me dis alors que ce chauffeur devait être le gars au fond de la classe qui mangeait des graines de tournesol pendant ses cours plutôt que de blâmer mes talents linguistiques matinaux). À cours de phrases pratiques et ne voulant pas nécessairement mimer un train à cette heure du jour (où à n'importe quel moment du jour tant qu'on y est), je sors mon billet et lui met sous le nez. Il le prend et commence le manège des gens en grand manque de lunettes à double foyers: Il avance le billet, se plisse les yeux, recule le billet, se plisse les yeux, avance le billet... Je lui propose même en riant de le tenir à une plus grande distance mais il dit qu'il sait où nous allons. Cue Ciaran: ''So do you know where we are going'' Oh duh... à la manufacture des poupées de l'expo! ''Yeah I think that we are good, we should be fine''.

Le taxi se lance sur l'autoroute et nous pouvons observer la ville qui se réveille tranquillement. Le soleil se lève entre les gratte-ciels et je suis déjà nostalgique des quelques jours que j'ai passé dans cette incroyable ville. Ma contemplation du panorama se fait interrompre par le bruit du moteur du taxi qui semble en souffrance extrême. C'est à ce moment que je remarque la technique de conduite du petit Jacques Villeneuve qui se trouve à mes côtés. Plutôt que de garder une vitesse constante sur l'autoroute, il embraye la 5e vitesse, donne un peu d'accélération et met ensuite la voiture au point neutre. Lorsque le véhicule commence à perdre de sa lancée, il embraye de nouveau la 5e et lui donne un autre petit ''boost''. Quoi? Je ne suis pas une conductrice manuelle hors-pair, mais il me semble que ce n'est pas très 1. efficace, 2. sécuritaire, 3. rapide. Ne voulant pas l'insulter de peur de nous faire débarquer sur le côté de l'autoroute, je me mets à soupirer allègrement et à regarder ma montre à toutes les quelques secondes. Je soupire tellement qu'il a maintenant les cheveux volant au vent de ma protestation. Nous arrivons sain et sauf à la gare de train (qui n'est pas la même qu'à l'arrivée?!) et nous nous dépêchons de trouver la bonne salle d'attente. Un léger doute flottant dans mon esprit, je décide de demander au premier policier que j'aperçois si nous sommes au bon endroit. ''Oh no, this is South Railway, you need to go to North Railway'' MEEEEEEEERRRRRDE! Il me dit que nous devons prendre un autre taxi pour nous rendre au bon endroit, mais que '' No time lady, no time!''. Ah ouais?? Regarde bien ça, ce n'est pas pour rien que vous n'avez pas de surveillance routière!


''KUUUUUUAIIII LEEEE!!'' (rapidement) dis-je les yeux exorbités, au nouveau chauffeur tout en lui mettant mon billet sous le nez. Je pousse Ciaran et les bagages pêle-mêle à l'arrière du véhicule et saute dans le siège passager. Il proteste que nous n'avons pas le temps, mais je ne fais que lui répondre ''Kuai le, Kuai le, Kuai le'' en pointant vers la route. Il se dit probablement qu'il pourra faire un peu d'argent sur le dos de cette folle même s'il ne réussit pas la course alors nous nous lançons dans le trafic. Après deux minutes de zig-zag, je tire comme une folle sur ma ceinture de sécurité (elles ne sont jamais disponibles dans les taxis) et arrive à la boucler. Le chauffeur prend vraiment sa mission à coeur et nous manquons à plusieurs reprises de nous aplatir entre deux voitures. Pendant tout ce temps, il maintient son klaxon bien enfoncé pour avertir les pauvres conducteurs du danger public que nous sommes. Je commence à me dire que nous pourrions peut-être rester quelques jours de plus à Shanghai... que ce n'est pas si grave si nous manquons notre train.. que je suis beaucoup trop jeune pour mourir... Ciaran n'ose même pas dire un mot, mais ma nervosité est trahie pas le flot incontrôlable de paroles que je jette à la tête du pauvre chauffeur. ''Non mais ça n'a pas de bon sang, qu'un chauffeur de TAXI de Shanghai, LA VILLE DE L'EXPO, puisse se tromper de station de train.. en plus il était tellement lent... et nous allons manquer notre train... bla bla bla'' Qui sais, pendant mon monologue nerveux, je lui ai aussi probablement parlé de l'insalubrité des toilettes turques et du conflit au Tibet.

Yiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii Le taxi s'arrête devant une bouche de métro et nous sortons en vitesse. Je jette littéralement au conducteur une liasse de billets (de 5 et 10... ne vous inquiétez-pas, j'étais peut être pressée mais je suis toujours cheap!) et j'agrippe Ciaran par la poignée du sac à dos pour le traîner en courant vers la station de train. Nous avons seulement 10 minutes pour trouver la plate-forme et mon optimisme commence à fléchir légèrement. Je comprends les gens qui ne veulent pas se presser lorsqu'ils sont en vacances et qui refusent de pousser pour passer plus rapidement mais ''Bordel de merde, Ciaran nous allons manquer notre train. Je pousse, tire, plaque, soulève pratiquement les gens pour frayer notre chemin. Nous arrivons à la salle d'attente et notre train est annoncé sur la pancarte. Génial! Je profite des quelques minutes de répis pour nous acheter des bouteilles d'eau mais lorsque je reviens à nos chaises, notre train n'est plus sur le tableau... ''Hum Ciaran, didn't you see that our train is not on the board anymore??'' ''Yeah... what is up with that?''.... Inspire...expire...inspire...expire... Je me propulse vers un employé de la gare, le saisit pas les épaules et lui montre notre billet. Je crois qu'il m'explique que nous avons manqué notre train. Il court vers l'horaire et nous dit que nous devons prendre le train qui est présentement sur la plate-forme. Pour la première fois, je vois un chinois qui est agité alors je me dis que l'heure doit vraiment être grave! Je tente de suivre Ciaran, mais il tape poliment sur l'épaule des gens jusqu'à ce qu'ils se retournent, leur dit: Duai Bu shi (excusez-moi) et procède ensuite à les dépasser. No time for that!

Nous nous trouvons ensuite devant un escalateur bondé qui est notre dernier obstacle avant de rejoindre le train. Hum... Ciaran, tu te souviens de Moïse et de l'épisode de la mer? Oui?! Bon, regarde bien ça! C'est tout juste si je ne projette pas les gens en bas de l'escalier. Je prends tout de même le temps de dire ''Sorry'' mais c'est plutôt un ''Sorry - Casse-toi'' qu'un vrai excusez-moi. Je récupère ma bonne conscience en me disant que chaque personne que je déplace en est en fait une qui m'a bousculé dans le train/ le métro/ sur la rue, etc. J'arrive en bas et me retourne pour repérer Ciaran qui devrait normalement être juste derrière moi. Mais non! Il est tout en haut de l'escalier et attend sagement de descendre en tenant la rampe comme un magasineur poli le 25 décembre... Ok, you find your way to Shangqiu, you are on your own now! Cours...cours...cours...

Le responsable du train nous dit d'entrer dans le wagon restaurant et nous attendons sagement près de la porte (Oui Ciaran s'est bien rendu). ''Euh.. Andy? Where are we going to sit?''. Si j'ai une pancarte dans le dos qui m'annonce comme guide touristique, j'aurais bien aimé qu'on me le dise avant! À ce point, j'en ai franchement ras le pompom et décide de le laisser sécher pour nous trouver des places. Je demande à chaque personne du wagon restaurant si la place libre à leur côté est prise et ils me disent que oui. Deux femmes (tout droit sorties des années 80 chinoises... toupet crêpé et tout!) nous disent que nous ne pouvons pas nous asseoir avec elles, même s'il y a deux places de libres. Je retourne auprès de l'employé qui nous guide vers les deux ''gouidettes'' du train. Il leur dit fermement de se lever et nous fais signe de prendre leur place. Normalement, je ne suis pas très à l'aise avec les traitements de faveur en raison de notre statut d'étranger, mais je suis fatiguée, stressée et j'en ai plein le dos de ce train. Les deux ''Nancy'' se lèvent et se mettent à nous insulter en mandarin. Ciaran leur fait signe de prendre place à nos côtés, mais elles refusent. Je leur dis ''Ding bu Dong'' (je ne comprends pas) avec mon plus beau sourire tout en mettant mes écouteurs. La paix s'il-vous-plaît... et oui de toi aussi Ciaran!

Après une heure de trajet, nous comprenons pourquoi nous pouvons avoir accès à ces places gratuitement. En fait, c'est les sièges des serveuses du train et elles viennent s'y reposer toutes les demi-heures. Elles ne sont que trois alors elles me laissent toujours bien assise et demandent plutôt à Ciaran et aux deux autres voyageurs de leur laisser leur place. Après trois fois, je devrais normalement commencer à me sentir mal pour mon ami, mais je suis confortable et me dis que si ce n'était pas de moi, il serait encore à Shanghai alors il peut sécher sur MA micro-chaise. À mi-chemin, le contrôleur revient et nous dis que nous devons céder nos places pour de bon à des hommes qui veulent venir manger. Dans le wagon-restaurant? Quelle idée!! Nous prenons nos clics et nos clacs et nous trouvons un petit coin, près de la porte, pour nous asseoir. Merci micro-chaise, je suis même plutôt confortable et le train rapide est beaucoup moins bondé que le train lent donc nous pouvons même nous étirer un peu. J'ai décidé que je ''boude'' toujours Ciaran alors je garde mes écouteurs et ne fais pas la conversation avec lui.

Le reste du trajet passe très rapidement et je me fais même ''copine'' avec trois enfants de trois, quatre et cinq ans qui viennent toujours jouer près de nous. J'arrive à faire la conversation avec eux, ce qui me dit que mon niveau de mandarin est à peu près celui d'une petite fille de 4 ans... Justement, elle est tellement à l'aise avec moi qu'elle se retrouve bientôt perchée sur mes genoux pour jouer avec son toutou de l'expo. Pauvre micro-chaise! Notre station arrive finalement alors nous faisons nos au revoir aux enfants et sortons finalement du wagon. Ahhhhhhhhh l'air de Shangqiu... cette fois-ci je ne m'étais vraiment pas ennuyé de toi!

Friday, October 8, 2010

Special price for you lady - Shanghai Partie 4

Selon mon plan de match, la dernière journée de mon voyage devait être consacrée au magasinage. Ayant déjà visité les attractions principales, je décide de prendre une petit pause de mon pellerinage pour dépenser un peu de mon argent dûrement gagnée. À Shanghai, il y a énormément de petits marchés où l'on peut trouver toutes sortes d'items reproduits à un prix ridiculement bas. On y retrouve des lunettes Oakley, des sacs Chanel, des manteaux Columbia, des souvenirs chinois, des tonnes de souliers, etc. À vos marques, prêts, négociez!

J'ai donné rendez-vous à Ciaran au métro question de trouver avec lui le marché. Encore une fois, il n'est pas resté à l'auberge la veille (franchement il n'aurait pas eu besoin de chambre!) alors je ne voulais pas le laisser s'aventurer seul dans le labyrinthe du subway de peur de perdre une autre partie de ma journée à le retrouver. Je pars donc de l'auberge en compagnie de Mark et Will et nous décidons de profiter du beau temps pour embarquer dans un autobus de touriste. Semblerait-il que la passe qu'ils ont achetée la veille est valide pour 24 heures alors nous pouvons traverser le canal en autobus plutôt qu'en métro. En prenant place dans le bus, je ne vois pas grande différence entre l'autobus de ville bien normal et celui pour touriste, sinon qu'on peut écouter une bande-sonore bidon en 6 langues nous expliquant des ''Fun-facts'' sur la ville. Normalement, je suis franchement avide de découvrir de l'information plus ou moins utile comme celle-là (quoi?! Ça parraît bien dans une conversation!) mais je décide de plutôt me concentrer sur le paysage. Au moins, dans cet autobus, je sais que je ne vais pas me perdre. Après 10 minutes dans un tunnel, nous ressortons au milieu des grattes-ciels et frayons notre chemin dans le traffic. La ville parraît plutôt vide avec la fin des vacances d'automne et la balade est agréable.

Arrivée à destination, nous sortons de l'autobus et je me lance à la recherche de Ciaran. Ce que vous ne savez pas c'est que la veille au bar, il avait peur de ne pas retrouver l'auberge alors je lui ai prêté mon téléphone qui a l'adresse en chinois dans un message. Je n'aime pas particulièrement être séparée de mon moyen de communication, mais entre vous et moi, je crois qu'il en a franchement plus besoin! Je retrouve donc mon petit Leperchaun Irlandais qui est tout imbibé de bière et nous partons bras-dessus, bras-dessous pour le marché. Je me sens un peu mal de le traîner magasiner avec la gueule de bois qu'il a mais il semble excité d'acheter des souvenirs! ''So Andy, how many stops? Hum.. don't know. This one? Nope. This one? Nope. This one? Nope. This one? Yes. Are you sure?''...

Le marché se trouve à l'intérieur de la station de métro et s'étend à perte de vue. Le labyrinthe ressemble à une mini-ville de luxe tout droit sortie de l'imagination tordue d'une barbie sans argent. Ayant appris quelques trucs, nous nous dirigeons vers le fond des corridors, où les marchands font moins d'argent et sont donc plus généreux dans leurs négociations. La première chose qui me tombe dans l'oeil est le logiciel Rosetta Stone pour apprendre les langues. Je l'ai utilisé pour apprendre le peu de mandarin que je connais déjà et ça fonctionne comme un charme! J'ai toujours voulu apprendre l'espagnol alors j'en attrape une copie. Normalement, le marchandage se fait en plusieurs étapes. Il est beaucoup plus intelligent de tester ses talents sur le premier marchant et découvrir jusqu'où il est prêt à baisser pour ensuite acheter l'item à un autre endroit. Il me propose donc 800 Yuan pour le logiciel qui est tout de même une copie! Je lui dis 30 et arrive finalement à l'obtenir pour 50 Yuan. Pas mal... pas mal..!

L'objectif de la journée est de me trouver des lunettes de soleil, un manteau North Face et quelques souvenirs pour ma famille. Cependant, voyant mon talent naturel pour ce jeu, je me trouve rapidement grisée par l'apât du gain facile! Je négocie férocement et achète aussi quelques trucs pour Ciaran qui refuse de marchander... Je peux comprendre que ce n'est pas la chose la plus gracieuse, mais le monde ne l'est pas non plus ''So get with the program...'' Je perfectionne mon air ahuri lorsque le marchant me donne son premier prix et travaille sur ma moue lorsque je décide de quitter le magasin pour flâner près de la porte. Qui aurait cru que mon expérience de théâtre en maternelle (pièce sur les saisons quelqu'un?!) me serait finalement utile!

Ma meilleure négociation de la journée est mon manteau North Face. Lorsque j'entre dans le magasin, je demande tout de suite à la commis où se trouvent les fameux manteaux qui ne sont pas sur les étalages. Je me sens comme une trafficante de drogue colombienne qui cherche le vraiment ''bon stock''. Elle me chuchotte qu'elle va aller m'en chercher un à l'arrière. Quoi? Elle ne me fouille même pas pour savoir si j'ai un micro! J'essai donc le manteau et satisfaite de la marchandise lui dit que je vais le prendre. Elle me dit: ''Oh Lady, do you know how much it is??'' Bah.. si tu crois m'avoir en me faisant peur, tu ne t'es pas levée assez tôt ce matin! ''How much?... Well special price for you. You not a tourist. You live in China. Tourist pay (mouvement sur la calculatrice secrète) 2300Y. But for you 850Y.... Pfff HAHA for this!?!? (je lui lance avec mon meilleur air insulté de femme qui vient de se faire servir du vin mousseux au lieu du champagne).. 100Y.... Come on lady, not enough. What is your best price..'' je lui réponds fermement: ''100Y.. Please go up a little.. (elle ne voulait visiblement pas ranger de nouveau son manteau!) Ok 150Y.. ... 10 minutes plus tard... moi: 200Y... Ok lady, just for you.. special price for you. Take my card.

Et voilà comment je me suis achetée un beau manteau North Face tout neuf pour 25$ canadien. Je prends les commandes! Après cette négociation féroce, je suis vidée alors nous décidons de nous asseoir pour manger une pizza. Nous sommes bien contents de nos achats et je suis fière de ne pas avoir cédée à la tentation d'acheter un faux Ipad.. Tant qu'à acheter cette bébelle, aussi bien en prendre une qui a le bon logiciel!

N'en pouvant plus de se faire solliciter par les vendeurs, (et il est déjà 6h, donc nous avons déjà passé presque 5h dans le marché!) nous décidons de prendre le traversier pour profiter de la vue nocturne de la ville à partir du Bund. En chemin pour trouver le bateau, nous nous arrêtons dans un petit restaurant italien où je mange des succulentes pâtes au saumon fumé et Ciaran sa pizza au fromage (... sans commentaires). Nous trouvons le bateau et payons nos 2Yuan pour effectuer la traversée. Je ne sais pas de quoi avait l'air la traversée des immigrants illégaux entre Taiwan et la Chine, mais je crois penser que ça ressemblait à quelque chose du genre. Ce petit Ferry n'est pas un beau bateau touristique comme en Colombie-Britannique, mais plutôt un mini Ferry-speed-boat qui tente d'amener les gens du point A au point B au plus crime! Pensant pouvoir nous installer à l'extérieur, nous attendons pour entrer en dernier. Erreur grâve, nous ne pouvons pas aller à l'extérieur et tout ce qu'il y a de passagers à maintenant son visage collé sur chacun des centimètres de vitre libre (Tiens donc, étiez-vous à l'observatoire en début de soirée aussi?) Le bateau se met en marche et nous faisons tous un pas en arrière. La vitesse de la chose est carrément absurde et je me tiens fermement à Ciaran pour ne pas me retrouver sur le derrière. Je ne vois strictement rien de toute la traversée, mais me dis que c'est tout de même mieux que de s'entasser dans le métro. L'arrivée au Bund se fait avec autant de douceur qu'un bon massage chinois et nous ''rentrons'' dans le quai avec force. N'étant pas pressé de se trouver de nouveau compressé par la foule, nous attendons sagement que tout le monde sorte. Une envie nous prends d'avertir les gens en ligne que leur vie est plus importante que la traversée en bateau, mais nous nous mêlons plutôt de nos affaires.

La vue du Bund est à couper le souffle. Ayant eu la chance de faire la visite de jour et de nuit, j'en retire une satisfaction tout à fait différente. Pendant la jour, la vue du Bund est impressionnate et on arrive vraiment à voir la grandeur et la profondeur de la ville. Avec les bateaux qui se promènent sur l'eau, c'est carrément majestueux. Cependant, de nuit, tous nos sens sont stimulés par les jeux de lumières qui rappelent un peu les affiches interactives de Time Square. Les plus grands édifices de l'autre côté du canal projettent de la pub pour l'Expo et les bateaux empruntant la voie maritime sont complètement couverts de lumière de Noël. Les touristes s'empillent le long de la rambarde pour prendre des photos et il y a plusieurs militaires chinois qui assurent la sécurité des gens. J'ai un petit moment de fou rire lorsque je pense à mes amis militaires qui sont, pour la plupart, impossant et intimidants et que je les compare à ces soldats chinois qui flottent dans leur uniforme et qui ont tout juste l'air d'avoir terminé la puberté. Mais du côté de la discipline, je ne leur lancerais pas nécessairement un défi! Plusieurs d'entre-eux sont postés aux différentes sorties des bouches de métro, où ils attendent au garde-à-vous que les touristes défilent. Me rappelant très clairement l'effort nécessaire pour rester dans cette position pendant des heures, je leur lance un grand sourire compatissant dès que je les croise. J'arrive même à prendre une photo avec l'un d'entre-eux... et oui j'ai une tête de plus que lui...

Nous rentrons tôt à l'auberge, la tête pleine de lumières et de beaux souvenirs de Shanghai. Nous faisons nos valises en discutant des meilleurs moments de notre voyage, mais nous sommes interrompus par un homme japonais dans la soixantaine qui entre dans la chambre.. Hum Konichiwa?!? Semblerait-il qu'une de nos camarades de chambre est partie et qu'il la remplace. Bof, plus on est de fou, plus on rit, mais je ne sais pas nécessairement si c'est ce qu'il va penser quand Will et Mark vont revenir du bar à 5h du matin...

Thursday, October 7, 2010

Eat, Pray, Love - Shanghai Partie 3

Dimanche matin, je me réveille encore à l'heure des poules et regarde en ricanant l'état de mes co-chambreurs. Il y en a deux qui partagent le même lit, Ciaran n'est pas rentré dormir à l'auberge et le dernier ronfle abondament. Je retiens mon envie soudaine de les réveiller pour les inviter à une excursion matinale: Allez les gars, ça va être SUPER, SUPER, SUPER!! Allez, allez, allez! Au petit café de l'auberge, je reconnais une des filles de notre groupe et décide de m'asseoir avec elle. En discutant, nous découvrons que notre itinéraire de la journée est semblable. Ayant appris ma leçon la veille, je ne lui suggère pas de m'accompagner, mais dès que j'empoigne mon sac pour partir, elle me demande si elle peut venir avec moi.. Meeeeerrrde! Bon.. point positif: De tout le groupe, elle semble être la personne la plus tranquille et responsable alors je ne devrais pas avoir à lui donner son biberon trop souvent.. Point négatif: Je crois qu'elle s'est couchée à 8h la veille pour ne pas être fatiguée et elle me semble très très ''straight''. Comprenez-moi bien ici, je ne veux pas nécessairement une partenaire de voyage qui termine la soirée étendue sur la table entre les bières, couverte de ''body-painting'', mais je ne veux pas non plus la matante qui sirote son ''coca'', dodelinant de la tête au rythme de la musique.

Nous partons donc vers le fameux métro pour retourner à Nanjing Road (la rue piétonne de la veille) en direction du ''Bund''. À Shanghai, le Bund est une immense promenade qui offre une vue imprenable sur les gratte-ciels de la ville et les bateaux sillonnant le canal. J'arrête un instant pour absorber ce que je vois. Me trouvant devant la vue urbaine la plus incroyable qu'il m'ait été donné de voir jusqu'à présent, je dois vite mettre mes lunettes de soleil pour camoufler l'humidité qui envahit mes yeux... Je savais qu'à un certain point pendant mon voyage en Chine, j'allais être émue par ce que j'allais voir, mais je ne m'y attendais pas nécessairement à cet instant. Pour moi, être en Chine est un rêve que je chéris depuis très longtemps et Shanghai est définitivement le point culminant de mes fantaisies asiatiques. Je prends quelques minutes pour me ressaisir et sors ensuite ma caméra. Nous sommes tout de suite solicitées par des touristes chinois pour poser dans leurs photos et j'arbore alors mon plus grand sourire. Après plusieurs minutes, nous décidons de continuer notre chemin pour trouver le jardin Ya qui est supposé être un des plus beaux en Chine.

Notre marche en ville se poursuit et nous rejoignons bientôt le quartier entourant le jardin. La chaleur est incroyable pour une journée d'octobre et j'ai peine à réaliser que nous ne sommes pas au beau milieu du mois d'août. D'ailleurs on dirait presque que le temps s'est arrêté pour moi lorsque j'ai quitté le Canada, car la température locale est très semblable à une belle journée d'été. Pour trouver notre chemin, nous devons emprunter une série de petites ruelles qui forment un labyrinthe compact et bourré... mais vraiment bourré de touristes. Je n'ai jamais vu autant de personnes dans un même endroit. La claustrophobie est au rendez-vous et nous arrivons à peine à voir les pancartes qui indiquent notre chemin. Nous nous sentons comme dans Tintin tellement les rues sont pareilles et nous semblons tourner en rond... Il manque juste l'homme accroupi par terre avec son petit bol à chaque coin de rue pour nous perdre complètement. (remarque qu'il était peut-être là mais avec la foule, nous ne l'aurions jamais vu!) Arrive enfin le jardin et nous payons le droit d'entrée pour commencer à explorer. Le jardin est bien impressionnant, mais l'aspect touristique de l'endroit me laisser un peu froide comparée aux autres temples que j'ai visité à Nanjing. Seul point positif, la foule est beaucoup moins compacte alors nous pouvons nous déplacer à notre guise.

Après la visite du jardin, je décide de prendre congé de ma copine et d'aller explorer un peu plus la ville. Je me lance alors dans le labyrinthe seule et remercie de nouveau mon gps interne qui m'indique où je dois aller pour sortir. Fait assez cocasse, c'est l'heure du dîner et tous les touristes chinois se promènent avec leurs brochettes et bols de nouilles dans la foule. Les bruits de bouche sont suffisants pour enterrer le vacarme des vendeurs. Je me fais même suivre à 2 cm derrière par un homme qui mange son ''Stinky Tofu'' avec beaucoup trop d'enthousiame. Jusqu'à présent en Chine, il n'y a qu'un seul plat qui me lève carrément le coeur et c'est le ''Stinky Tofu''. Ça sent la mort et ça à l'air d'une vieille tranche de pain Wonder qui aurait été laissée sur le comptoir pendant des mois. À ce point, je ne veux même plus retrouver mon chemin, je veux seulement mettre le plus de distance possible entre l'homme ''savourant'' son lunch et mon nez.

Mes jambes sont carrément mortes et j'ai bien besoin d'une douche alors je décide de retourner à l'auberge. À ma grande surprise (ou pas vraiment finalement) mes co-chambreurs se lèvent tranquillement... Il est 3h de l'après-midi... Ils m'indiquent qu'ils veulent aller prendre un autobus de touriste pour voir la ville de nuit. Oui, parce que marcher serait beaucoup trop fatigant!?! Je n'ai toujours pas eu ma dose de sushi alors je décide de les suivre jusqu'au métro et d'aller au World Financial Center (de l'autre côté du Bund) qui devrait avoir un bon resto japonais. En chemin, nous arrêtons pour acheter de l'eau (Gueule de bois quelqu'un??) et le manège le plus ridicule commence. J'entre et achète ma bouteille alors que certains membres du groupe attendent. Lorsque je sors, une deuxième fille décide d'entrer et d'acheter à boire à son tour. Voyant tout celà, la troisième fille se dit: ''Ah et bien moi aussi je vais y aller alors...'' Bordel, nous attendons devant l'épicerie pendant 25 minutes, que tout le monde achète son eau ''à son rythme''! Voilà le clou dans le cercueil de mes bonnes intentions. Je prends mes clics et mes clacs et marche vers le métro avec Ciaran. Je lui annonce sur le champs que s'il décide de venir avec moi, il devra suivre mon plan parce que je sais déjà exactement ce que je veux faire. Il accepte et nous partons.

Avez-vous déjà voyagé avec une personne nerveuse? Pour moi, c'était la première fois et aussi la dernière! Lorsque je voyage dans une ville inconnue, je consulte ma carte, mais je fais aussi confiance à mon instinct et je demande régulièrement mon chemin. Si par hasard, je me perds, ce n'est pas plus grâve que ça et je continue à marcher jusqu'à ce que je trouve quelque chose de familier. À ma connaissance personne n'est jamais mort de s'être perdu à Shanghai... ce n'est pas la jungle amazonienne quand même! Mais Ciaran est franchement un voyageur très nerveux... Il me confie son argent pour que je paye son billet de métro, ensuite il me demande 15 fois si nous sommes sur la bonne plate-forme. Dès que nous sommes dans le wagon, il se renseigne sur le nombre d'arrêts avec notre sortie et quand elle arrive finalement, il me re-demande si c'est la bonne. AHHHHHHHHHHHHHH Oui, je fais probablement toutes ses étapes, mais dans ma tête et sans le partager avec la population entière de la ville! Arrivés à destination, nous prenons plusieurs photos de la vue qui se transforme tranquillement en un incroyable light-bright nocturne. Nous entrons dans le World Financial Center et cherchons le restaurant de sushi. Ciaran n'est pas trop fan (Est-ce que je vous ai dit qu'il est aussi difficile au rayon bouffe?) alors je lui suggère de s'asseoir avec moi et d'ensuite aller lui trouver à manger. Il a accepté mes termes de voyage, non?

Arrive enfin le moment ''splurge'' de mon voyage car c'est franchement le meilleur sushi qu'il m'ait été donné de manger. Le poisson fond dans la bouche et je n'arrête pas d'en commander plus. Les assiettes s'empillent devant moi et mon appétit ne semble pas vouloir se satisfaire. Au diable le salaire de professeur, j'en profite! Le serveur japonais me regarde d'un air de dire: ''Mais est-ce qu'elle a un ''doggy-bag'' caché sur ses genoux pour faire disparaître la nourriture si rapidement?!''. Non, non mon cher, c'est des années de pratique! Après le repas, nous empruntons l'ascenseur pour aller à l'observatoire et profiter de la vue du haut de la plus grande tour de Shanghai. Après avoir payé nos 150 Yuan, nous entrons dans l'observatoire et je tombe pratiquement sur le derrière. Les rues s'étendent à perte de vue et l'éclairage est si impressionnant que nous ne parlons pas pendant au moins 10 minutes. Il y a même un feu d'artifice au loin et nous pouvons en profiter pleinement. Lorsque je m'approche de la vitre, la première chose que j'arrive à dire est que c'est bien dommage que les vitres soient si sales... En me fiant sur les traces, je crois que plusieurs personnes tentent de ''frencher'' Shanghai lorsqu'ils sont à l'observatoire! Le dernier étage de la tour est un plancher partiellement en verre qui permet de voir la profondeur du panorama. Je risque l'incontinence soudaine lorsque je vois les petites madames chinoises qui se font ''surprendre'' par le vide et qui pensent tomber. Ça vaut franchement le prix du billet! Au sommet, nous rencontrons deux connaissances de Ciaran qui sont aussi dans le même programme mais qui ne voyagent pas avec le groupe... Cue le commentaire impertinent: ''Haha, oh le monde est petit!'' Non, en fait après avoir vu la vue de Shanghai, le monde N'est PAS petit du tout! Ils sont très sympatiques alors nous décidons d'aller prendre un verre avec eux.

Notre soirée se termine dans une discothèque chinoise qui offre le bar ouvert pour la somme ridicule de 80 Yuan. Les employés sont vraiment VRAIMENT désagréables, mais j'imagine que c'est ce que ça donne dans un endroit sans pourboire. Je dois à plusieurs reprises simuler une crise d'épilepsie pour attirer l'attention du serveur qui me ''pitch'' ensuite ma bière. Je suis vraiment déçue de remarquer que les étrangers qui sont dans l'établissement sont carrément autains et désagréables avec tout le monde. Je comprends que l'alcool ne fait pas toujours sortir le meilleur chez les gens, mais nous ne sommes tout de même pas chez nous. Après quelques bières, une serveuse s'approche de la table avec un plateau contenant des serviettes chaudes... Hum ça sent l'attrape nigaud tout ça! Je lui dis Bu Yao (don't want) et regarde mes copains accepter avec enthousiame. Elle procède ensuite à leur extirper 20 Yuan pour le service de ''rafraîchissement'' et je me sens un peu mal pour eux. Oui, j'aurais probablement pu les avertir, mais je n'étais pas certaine et ne voulais pas casser leur ''party''. Ciaran est un peu déçu de ne pas être à son fameux bar gai, mais je termine la soirée à discuter avec un bel américain qui est en Chine pour apprendre le mandarin et qui parle aussi français. Oui, je ne suis définitivement plus à Shangqiu!

Wednesday, October 6, 2010

Lonely Planet - Shanghai Partie 2

Le lendemain matin, je me réveille relativement tôt et décide de faire mon plan pour la journée. Compagnons de chambre oblige, je tente de me préparer silencieusement. De tout façon, la veille j'ai vite compris que nous attendions d'autres personnes lorsque deux filles sont entrées (ont trébuchés?!) dans notre chambre pour y passer la nuit. J'ai donc appris que neuf filles du même programme que mes compagnons de voyage sont arrivés à l'auberge pour venir visiter Shanghai avec nous. Nous devons passer la journée ensemble et je me dis que c'est une très bonne idée étant donné le nombre très limité d'étrangers que j'ai à portée de main à la maison. Je descends et commande un café en attendant que mes amis se lèvent. Heureusement pour moi, je suis matinale alors c'est pratique lorsque je voyage, mais pas autant lorsque je dois attendre après des gens qui semblent franchement être venus à Shanghai pour la qualité du sommeil...

Le temps passe et ma patience (aucunement légendaire) s'égraine rapidement. Je pense au fait qu'au même moment, je pourrais être en train de me perdre dans le métro ou de me faire pétrir par une foule. Qu'est-ce qui arrive si l'Oriental Pearl disparaît alors que j'attendais bêtement Godot sur le balcon de l'auberge. Lorsque la dernière personne rejoint le groupe, je suis carrément en train de me dandiner sur place, ma patience ayant atteint le point de non-retour. Je me mors les lèvres pour ne pas lui lancer un gros: BON! Il était temps! Bien dormi? Tu as eu tes 15 heures de sommeil? Je reste muette, mais je suis persuadée qu'elle doit sentir l'immense trou que ma vision laser lui perce entre les deux yeux. Le groupe se met finalement en mouvement pour aller dîner. Avant mon voyage, j'ai fermement décidé que ma diète de Shanghai serait complètement ''chinese food-free'' alors je cherche frénétiquement une excuse pour ne pas aller avec le groupe qui se dirige vers une ''noodle-house'' qui arbore sur sa devanture un gros Boudha en néon souriant dans son bol de riz. Je tire la manche de Ciaran et tente de le convaincre d'aller plutôt au Pizza Hut. Notre conversation va comme suit: ''Dude, stuffed-crust pizza? Hell yeah man!'' Et c'est tout.. plutôt facile non?!

Quelques minutes plus tard, nous sommes assis devant notre énorme pizza et dégustons le tout et nous nous demandons bien si nous avons vexés nos nouveaux amis... Bof l'appât de la croûte graisseuse gagne toujours contre la conscience. Après le repas, nous rejoingnons le groupe qui décide d'emprunter le métro pour aller en ville. Cas typique de trop de chefs et pas assez d'indiens, tout le monde tente de prendre le contrôle de la situation pour déterminer le meilleur chemin. Je choisis la ligne, paye mon billet et attend patiemment que les autres se sortent les doigts du nez. Arrivée à People Square, la plus grande station de métro de la ville, je comprends rapidement que se déplacer en groupe de 12 sera long et pénible. Ça nous prendrait franchement une petite corde avec des poignés pour ne pas se perdre. Chacun sort son Kodak et prends des centaines de photos. Avec la foule compacte qui envahit la rue piétonne, notre rythme de croisière est de 30 centimètres à toutes les 5 minutes. Après trente minutes d'exploration, le groupe décide de s'arrêter dans un café pour prendre une bière... Mais nous venons juste de sortir de table!! Il y a encore toute le ville à voir! En attendant mon verre de vin, je planifie ma stratégie d'évasion. J'informe Will que le devoir m'appelle et je quitte la groupe pour aller explorer seule.

Enfin libre! Je décide de me diriger vers le Quartier français et de trouver le petit resto de sushi que j'ai repéré sur la carte. Je reprends le métro à People Square mais la densité de la foule a probablement doublé. C'est franchement un cas de survie et je sors mes petits coudes pointus pour me rendre jusqu'à la plate-forme. Ce qui se passe ensuite sera en même temps, quelque peu troublant mais oh combien satisfaisant. Lorsque le métro arrive, les gens n'attendent pas poliment que les voyageurs sortent pour entrer. Ils se propulsent vers la porte et poussent de toutes leurs forces pour assurer leur place dans le wagon. Une grand-mère m'aggripe fermement le gilet question de profiter de la force de frappe de la grande étrangère et de la séparation de la foule qui en suit. Je sens mon corps balancer dangeureusement vers l'avant. Si c'est de la lutte gréco-romaine que vous voulez, c'est ce que vous allez avoir! Je m'élance tel une fusée dans ''le tas'' et décide d'exercer la stratégie ''pas de prisonniers, pas de pitié''. Je me fous carrément que tu aies 90 ans, si tu décides de prendre le métro à l'heure de pointe, tu dois avoir une bonne assurance-vie. Et franchement, c'est les personnes âgés qui sont les pires. Elles prennent leur petit air innocent alors qu'elles te font leur prise de Kung-Fu, cherchant la soumission. Quelques minutes et plusieurs bleus plus tard, je me tiens fermement au poteau, fière de mon coup et grisée par l'adrénaline de mon moment ''Braveheart''.

En sortant du métro dans le Quartier français, l'illusion est totale! Je pourrais carrément être à Montauban et me diriger vers un petit bistro où Gérard me servirait un bon verre de rouge. Les plantanes entourent la route et quelques affiches sont même en français. Je suis contente d'avoir l'opportunité de voir le côté moins ''urbain'' de Shanghai et j'apprécie aussi le manque de foule. L'appétit me rappelle à l'ordre et je commence à chercher plus activement mon resto de sushi. Quelques rues plus tard, je n'ai toujours pas trouvé l'endroit alors je décide d'entrer dans un pub pour prendre une bière et demander mon chemin. J'entre dans l'établissement et découvre que je viens d'attérir en Australie! Le bar est rempli d'étrangers qui regardent un match de rugby en criant et en s'envoyant bière après bière derrière la cravate. Super, je me trouve un tabouret! Le patron, un incroyable spécimen tout droit sorti des fantaisies inspirés par Crocodile Dundee, vient m'apporter ma bière. Je fais la conversation avec lui pendant quelques minutes et j'apprends que je suis bel et bien dans un bar autralien et que mon resto de sushi est finalement fermé depuis quelques temps. Bof la bière n'est pas chère et je vois des beaux mecs pour la première fois en quelques mois alors je ne suis pas pressée de partir!

Quelques minutes plus tard, la serveuse m'apporte un petit papier. Je l'ouvre et découvre une note m'invitant à partager la table des deux hommes assis derrière moi... Pourquoi pas, tant qu'à rester seule sur mon petit tabouret... Nous discutons pendant plusieurs minutes et je découvre qu'ils viennent tout juste de se rencontrer aussi. Ils sont tout deux australiens et un habite à Shanghai et travaille pour le journal de la ville alors que l'autre est en voyage d'affaires. Ils sont bien drôles et je profite de notre conversation animée pour poser des questions sur la ville. J'en apprends plus sur les meilleurs endroits pour manger et faire un peu de magasinage. Je comprends bien vite que ma soirée ne sera pas trop souffrante pour mon porte-feuille car ils refusent carrément que je le sorte de mon sac. Nous décidons de jouer au billard et nous sommes vite rejoint par deux docteurs autraliens et le patron du bar (yes!). Mon estomac ne pouvant plus tellement attendre le repas, je leur dis que je vais devoir m'excuser pour aller trouver un peu de nourriture. Ils suggèrent de m'accompagner dans un resto thaï tout près et je pars donc avec mes nouveaux amis pour aller manger. Le repas est succulent et je ne pense pas une minute au reste de mon groupe qui doit probablement être encore devant le plan du métro à discuter de leur chemin. Je devais normalement les rejoindre pour aller dans un bar gai de la ville, mais ma soirée est beaucoup plus drôle alors nous retournons au bar pour quelques bières de plus. Malgré la tentation de voir ce qu'un bar gai en Chine peut bien avoir l'air, il n'y a pas plus d'hommes hétéro étrangers à Shangqiu que d'homosexuels alors je ne vois pas pourquoi je me priverais de la compagnie des ''vrais mâles australiens'' que j'ai rencontré pour aller me faire ignorer dans un bar gai. Je retourne à l'auberge vers 2h du matin et découvre ma chambre vide. Super, je vais pouvoir me coucher relativement tôt et profiter de mon voyage. Je me fais réveiller à 5h par mes amis qui reviennent de la partie Shang-gai de la ville et je décide donc que le lendemain sera aussi une journée d'exploration seule. Après tout, je me débrouille assez bien sans compagnie, non?

Tuesday, October 5, 2010

Orient Express - Shanghai Partie 1

Bip...bip...bip   Argggg! 3h30 du matin, c'est finalement l'heure d'aller prendre le train pour Shanghai. Je laisse donc mon (nouveau) dégât d'eau de la cuisine et mes deux poissons rouges à leur sort et pars rejoindre les gars à la gare. Lorsque j'arrive, il ne semble vraiment pas avoir une si grande foule mais il faut toujours se méfier en Chine. Il devrait y avoir des pancartes disant: ''Attention, un chinois peut en cacher un autre...'' Nous avons tous les yeux très très petits mais l'excitation du voyage alimente la conversation. Nous faisons même des blagues sur le fait que nous n'avons pas de sièges... Si je ne m'abuse je crois même avoir dit que ''Ce n'est pas si pire!'' HA! It's obviously going to come back and bite me in the arse... Je voyage avec Will et Ciaran, deux enseignants irlandais qui participent à un programme d'échange et travaillent dans une école primaire, ainsi qu'avec Mark, un autre membre du programme venant de Londres. Le train arrive finalement et nous allons sur la plate-forme pour rejoindre notre wagon. La blague est officiellement terminée lorsque nous voyons l'espace que nous avons pour entrer dans le cadre de porte. Il reste environ 30 cm carré et nous devons tous entrer (et par tous je veux dire, une canadienne, 2 irlandais, un anglais et 25 chinois...) question de pouvoir fermer la porte! Pousse... pousse... pousse... J'ai le visage à 2 centimètres de mon voisin et je crois fermement qu'il ne s'est pas brossé les dents ce matin. Ah tiens donc 8 plombages! Nous nous regardons en riant (parce que franchement qu'est-ce qu'il y a d'autre à faire!) et Ciaran propose même de sortir du train et d'oublier ce satané voyage à Shanghai. Pendant tout ce temps, un jeune homme nous filme et j'ai bien envie de lui dire où il peut se mettre sa caméra...  Franchement, j'aimerais bien le voir quand il va sortir le pop-corn un vendredi soir et regarder son vidéo des 3 étrangers dans le train! Totalement absurde! Au même moment, un employé du train s'approche de Will et lui dit que nous devons sortir de l'entrée pour aller plutôt dans l'allée. Quelle bonne idée, l'oxygène commençait déjà à se faire rare!

Nous trouvons donc un petit trou de libre et nous installons nos micro chaises pliantes, flambant neuves, sur le sol. Peut-être que certain d'entre-vous pensez aux chaises que vous amenez pour regarder les feux d'artifices, mais imaginez-vous plutôt les tabourets dans une classe de maternelle et réduisez la grandeur de moitié. J'ai franchement seulement une fesse sur la ''chose'' mais je peux tout de même me compter chanceuse parce que Mark mesure 6''2' et devra aussi éventuellement se plier. J'ai hérité de la micro-chaise ''de luxe'' d'une connaissance et j'ai franchement le meilleur modèle! Will et Ciaran ont chacun une chaise faite avec le même plastique que les blocs Légo, Mark a une micro-micro chaise avec un cadre qui rappelle les rayons d'une roue de bicyclette (bonne chance!), mais j'ai la Cadillac parce que l'endroit pour s'asseoir est fait de faux cuir et je peux donc profiter du confort postérieur total. Lorsque nous sommes tous assis, nous trouvons que notre situation n'est pas si misérable que ça car nous pouvons discuter et j'ai même trouvé le moyen de m'appuyer sur un autre siège pour reposer mon dos... Mais quand est-ce que je vais apprendre à arrêter de parler trop vite! Chaque centimètre carré du train est occupé par une personne et malgré l'heure extra-matinale, ils ne semblent pas vouloir dormir. Ça remonte l'allée... et ça boit du thé... et ça va à la salle de bain... et ça fume... et ça mange... et ça se racle la gorge.. et ça fait juste chier finalement! Je n'arrive pas à rester assis plus de 5 minutes parce que les gens mes bousculent toujours pour passer. Je suis devenue un carrousel d'entrée de magasin vivant! Je devrais commencer à leur faire payer chaque fois qu'ils passent et par le fait même me mettent leur derrière dans le visage! Je pense au roman ''Le crime de l'Orient Express'' et me dit que s'ils continuent à me pousser comme ça, ça ne sera pas trop difficile de trouver le meurtrier! Andréanne... dans le train... avec la micro-chaise.

Étrangement, pendant tout le trajet, plusieurs jeunes femmes se lèvent pour laisser leur siège à Mark... Au début, nous croyons que c'est par pitiée parce que c'est franchement de la cruauté animale de demander à un homme de cette taille de s'assoir sur un mini-tabouret dans l'allée d'un train bondée, mais plus le voyage avance, plus les jeunes filles sont insistantes!  N'essayez pas, nous savons très bien pourquoi vous faites ça! Finalement, il suggère à la jeune fille, qui est pratiquement entrain de grimper dans le hamac à baggages, de plutôt ME laisser le siège. Very well then, thank you dear! Je prends place mais lorsque les étudiants découvrent que nous sommes tous des enseignants, ils se contorsionnent pour nous faire de l'espace et nous arrivons presque tous à nous asseoir! Nous en profitons pour jouer aux cartes avec-eux et le voyage passe finalement très très vite. La gentilesse de ses étudiants, qui ont tout de même payé pour un billet assis pour se retrouvés ''squeezé'' par 4 étrangers, nous laisse tous extrêmement reconnaissants.

L'arrivée à Shanghai se fait dans un désordre plutôt contrôlé. Je trouve souvent qu'en Chine, un coup de baguette déplacé pourrait facilement transformer une foule en émeute, mais le tempérament très très passif des chinois (plutôt qu'enflammé de certain d'entre-nous) leur permettent de circuler sans incidents. Je ne suis pas très ''foule'' mais je préfère une foule chinoise à n'importe quelle autre! En sortant de la Station, après un voyage de 9h, les politesses prennent quelque peu le bord et nous discutons du meilleur moyen de se rendre à l'auberge. C'est à ce moment, que nous découvrons quel type de voyageur nous sommes vraiment: Ciaran et Mark préfèrent prendre un taxi alors que Will et moi-même voulons essayer de prendre le Métro. Vous pouvez appeler ça de l'orgueil déplacé, mais dans une ville aussi grande, je suis persuadée que les transports en commun sont excellents et je préfère tout de suite commencer à en découvrir les dessous. Finalement après 10 minutes de marche, nous décidons de prendre un taxi... (hum, ce n'est pas tellement mon idée de ''persévérance'' mais bon!). Point positif, 10 minutes plus tard, nous sommes assis devant notre première bière alors que la demoiselle de la réception s'occupe de notre ''check-in''. Pas si mal!  En chemin, nous avons aussi repéré un festival du vin et de la bière alors nous décidons tout de suite d'aller enquêter...

Un petite larme se pointe dans le coin de mon oeil lorsque j'aperçois le pavillon Budweiser... Après avoir bu de la bière locale pendant 1 mois, je suis très enthousiaste à l'idée de retrouver un petit goût du Vermont et de Midd! Nous entrons par la porte ''western'' et commandons à la guidoune Budweiser chinoise (accoutrement complet: mini-jupe, bottes aux genoux, extensions capilaires.. la totale!) une tournée...  Plusieurs tournées plus tard, nous nous retrouvons au Mc Donald question de tester la fraîcheur des croquettes de Shanghai. (Quoi? Peut-être qu'elles ne sont pas comme à Nanjing?! C'est mon devoir de blogeuse de vérifier!). Nous terminons la soirée dans un pub irlandais (chinlandais?!) du quartier français qui passe même un match de soccer!

Le plus difficile est passé non? Nous sommes arrivés à Shanghai...