Wednesday, May 25, 2011

Sortez vos bouchons, c'est l'Opéra! - Pékin 2 (Prise 2)

Après un repas de lasagne brûlante avalée à la vitesse de la lumière (bonne blague chinoise: ils servent la lasagne avec des baguettes...), nous sommes montés dans un camion de l'auberge pour assister à notre activité mondaine du week-end: L'Opéra de Pékin. En fait, c'était plutôt une représentation ''améliorée'' pour les touristes, car ce type de spectacle peut facilement s'étirer sur plusieurs heures et laisser le gars-qui-s-est-trompé-de-salle-et-qui-voulait-voir-une-comédie-avec-Adam-Sandlers se tordre de douleur dans son siège avant de mourir dans l'explosion de son cerveau provoqué par le ramassis de choses étranges qui se passent sur la scène. Mais Naïk et moi aimons la ''cultuuuuuure'' (à prononcer avec les lèvres en cul de poule) alors nous savions à peu près ce qui nous attendait... et sinon, c'était tout de même une expérience mémorable. Alors qu'est-ce qui rend l'Opéra de Pékin particulier?
Premièrement, les costumes sont à couper le souffle! Des barbes longues de 2-3 pieds, aux couvre-chefs d'une hauteur indécente, en passant par les petits souliers plate-forme pour hommes et femmes et les grandes robes multicolores. C'est superbe! Ajoutez à tout ça des masques et maquillages ''beurrés'' au rouleau et le Cirque du Soleil semble s'être fait maquillé par ''Nancy'' du centre-d'achat!

Deuxièmement, les ''chanteurs'' de l'Opéra ont un style... comment dire... particulier? En gros, (surtout pour les femmes) c'est un peu comme prendre un long couteau et le passer lentement et pendant 1h dans le fond d'une assiette. C'est strident et ça ne finit plus. D'après ce que j'ai lu, les chanteurs ont développé ce type de voix car jadis, les représentations étaient en nature et ils devaient chanter de cette manière pour enterrer le bruit ambiant. Ouf.. Ensuite, même si les paroles sont en mandarin, il est généralement nécessaire de fournir des sous-titres car les mots et les phrases sont étirés à plus finir et quand l'homme a finalement terminé de dire ''daaaaaaans laaaaaaa cuissiiiiiiiiiiiiiiinnne'' on oublie qu'il a dit au début ''Femme va donc...''. Et qui dit sous-titre en Chine, dit généralement hilarité et choix de mots complètement inapropriés pour le type de représentation. C'est pourquoi sur l'écran à un moment il y avait d'écrit: ''No, you shut-up!''. Finalement, pour clore l'aspect musique, moi qui a appris le Er-hu depuis quelques mois et qui connais quand même les instruments, je peux vous dire qu'on dirait que ceux utilisés dans l'Opéra sont plutôt du type ''batterie de cuisine'' que véritable orchestre. Pendant un long moment, il n'y avait que des bruits intermittents de clochettes et de tambours et nous nous sommes demandé si le percussionniste ne s'est pas fait remplacé par le gars des clochettes, qui devait ''multi-tasker'' alors qu'il était aux toilettes. PING, PONG, BING, BONG, PING, PING, PONG... ''Boules Quiès très chère?'', -''Oh! mais avec la plus grande joie madame!''.

Troisièmement, l'Opéra de Pékin comporte aussi des scènes de combats (je soupçonne aussi que ça a été ajouté pour réveiller le public masculin qui s'était fait piéger à assister au spectacle par leur femme). À ce niveau, je n'ai vraiment rien à redire considérant que l'actrice principale a passé la majorité du spectacle a renvoyer, avec toutes les parties de son corps, des lances projetées dans sa direction, sans jamais en manquer une seule! Chapeau! De plus, des acrobates ont aussi traversé la scène à plusieurs reprises en alternant entre des saltos avants et arrières (pas en même temps... ils resteraient sur place! haha). L'aspect Kung-fu est probablement l'élément le plus accessible du spectacle et celui qui a aussi justifié les 200 Yuan qu'aura coûté mon billet. 


Pendant la durée de l'Opéra nous avons assisté à 2 actes différents. Le premier étant l'histoire de la femme d'un Empereur qui se suicide lorsque son mari revient de la guerre et le deuxième suivant une ''Robin des bois'' chinoise qui vole une banque pour redonner l'argent au peuple. Pour comparer, le premier était probablement beaucoup plus traditionnel, mais le deuxième, avec toutes les acrobaties et les personnages différents, était franchement plus amusant. Comme pour célébrer le partenariat France-Québec qu'est notre paire Naïk-Andréanne, il y avait même un groupe de touristes français assis dans la rangée devant nous et un groupe de Québécois à l'arrière. En comparaison, les Français prennent plus de temps à s'installer (ce qui a poussé mon amie à les ramener à l'ordre! GO Naïk!), mais quand le spectacle est commencé, ils se taisent, alors que les Québécois s'installent silencieusement pour terminer avec toutes sortes de commentaires. Et la madame de Trois-Rivière de s'exclamer en plein milieu des acrobaties: ''Ayoye Jean-Guy, c'est écoeurant!''. En effet madame... en effet...

Reste alors à se demander si à l'ère du cinéma, d'Internet, de Criss Angel, de Jackie Chan, des combats ultimes et d'American Idol, ce type de représentation en vaut encore le coup? Pour l'aspect traditionnel chinois? Oui absolument! Mais pour le reste louez-vous un bon film de Bruce Lee, peinturez votre visage comme pour le Super-Bowl et demandez à votre copine de gratter une assiette à quelques centimètres de vos oreilles... le résultat sera similaire et ça vous aura coûté moins cher!     

Monday, May 23, 2011

Syndrome du nid vide - Pékin 1 (Prise 2)

Depuis mon dernier voyage à Pékin, l'idée me trottait dans la tête de retourner à la capitale pour revoir la grande muraille et profiter de la ville en été! J'ai donc demandé à ma Française préférée de m'accompagner et nous sommes parties pour un petit voyage d'une fin de semaine à la civilisation. Après une courte nuit dans le train et un délicieux petit déjeuner au gâteau au chocolat préparé avec amour par Naïk, nous arrivions à l'immense gare de train de Pékin et étions prêtes à prendre la ville d'assaut pour un marathon de magasinage de 48 heures.
 
Après avoir déposé nos baggages à l'auberge de jeunesse située au beau milieu des Hutongs de Pékin (petites ruelles authentiques chinoises), nous avons dégusté un festin de sushi avant de partir chacune de notre côté pour l'exploration de la ville. Lors de mon dernier voyage, j'ai visité les attractions touristiques principales, mais il est facilement possible de passer une semaine complète à Pékin pour tout voir alors j'avais encore beaucoup à explorer. Ayant de bons souvenirs de la visite d'Infoman en Chine lors des Olympiques, je devais quand même faire mon tour au ''Water Cube'' et au ''Bird's Nest''. J'ai donc emprunté les 3 lignes de métro nécessaires à la navigation interminable de la ville et suis sortie au beau milieu d'un parc Olympique rempli de touristes. Je peux vous dire que malgré le fait que les JO ont eu lieu en 2008, le site est toujours autant visité par les Chinois et les étrangers qui veulent tous jeter un coup d'oeil à la structure impressionnante du Stade. Le Bird's Nest est un incontournable, par son design compliqué et le contraste moderne qu'il impose à la capitale chinoise.
Après avoir payé les 50 Yuan de frais d'entrée (c'est ne pas donné pour un grand stade vide!), je me suis retrouvée assise dans les estrades tentant d'imaginer les gradins remplis de supporteur enthousiastes. Ce n'est pas une mince affaire, car le Stade souffre visiblement du syndrome du nid vide... les quelques moumoutes de poussières roulant sur la piste de course et nombreux préposés hantant la structure qui a visiblement passée son heure de gloire en témoignent. J'ai ensuite grimpé quelques étages pour avoir une vue d'ensemble, mais je n'arrivais toujours pas à me sortir de la tête le fait que c'est bien dommage que l'endroit soit aussi désert! Les propriétaires ont tenté d'exposer quelques artéfacts de la cérémonie d'ouverture, mais très franchement, c'est beaucoup de marche pour pas grand chose! Mon seul moment d'hilarité est arrivé lorsque j'ai remarqué que pour donner un peu de subtance à la visite, il était possible de louer un Segue (scooter électrique à 2 roues) et de faire des courses autour de la piste. Bien dommage que j'étais seule, car j'aurais sûrement loué un engin avec un ami et tenté de faire un tour du Stade dans un temps records. Bref 10 minutes et 50 Yuan plus tard, j'avais fait le tour.


J'ai quitté le Nid pour me diriger vers le ''Water Cube'', endroit de prédilection du plongeon Olympique et des différentes épreuves aquatiques. Heureusement pour cette structure tout aussi impressionnante, les locaux ont été transformé en un impossant Parc Aquatique où les visiteurs peuvent enfiler leurs Speedos et glisser à leur guise dans les différents aménagements en plastique. Bien joué Pékin, ça semblait beaucoup plus intéressant. Étant déjà un peu sensible de la salubrité des piscines publiques québécoises, il aurait fallu me submerger de force dans cette pateaugoire commune chinoise afin de me faire passer au travers de mon dédain pour les bassins d'eau stagnante... ce n'est pas que je n'aime pas les chinois, mais ça ne veut pas dire pour autant que je veux partager avec eux la même piscine tiède douteuse qu'ils traitent probablement avec autant de respect que leurs autres endroits publics. Crachats dans l'eau et pipi compris! Cette soupe Won-ton géante ne serait pas traumatisé par mon bikini aujourd'hui! J'ai continué ma visite du site et suis entrée dans la salle du plongeon où le Speedo d'Alexandre Despatie nous a représenté fièrement en 2008. Go Canada, Go! Quelques écrans géants jouaient en boucle, le trajet vers la gloire des athlètes chinois, mais mon intérêt était tout autre, pensant comme plusieurs autres touristes que ''big deal man, vos athlètes ont probablement été créés par manipulation génétique dans des fermes spécialisés du Henan!!''. J'ai observé pendant quelques minutes de plus la piscine vide me demandant bien si elle avait été utilisé depuis... Tout de même, avec les décorations des jeux encore sur les murs, la salle est incroyable et c'est probablement le plus près que je ne serais jamais d'être aux Olympiques! Si seulement il y avait un podium de disponible pour prendre quelques photos...

Ne voulant ni me baigner, ni acheter un t-shirt avec un géant ''WATER CUBE'' d'écrit sur le devant (mais qui achète vraiment des souvenirs de la bâtisse des Olympiques?? Des Chinois probablement...) il ne me restait qu'à trouver la sortie et rejoindre Naïk pour un peu de ''retail therapy''. Je vous conseille donc la visite du site Olympique si vous êtes curieux, mais n'en faites pas le projet d'une journée entière. Re-métro, re-très long trajet... j'ai rejoint mon amie au beau milieu du Silk Market, la plus grande aire de magasinage de contre-fait de la ville. C'est que nous avions une idée derrière la tête et un porte-feuille rempli de Yuan ne demandait qu'à être libéré dans la nature! 

Le Silk et Peal Market de Pékin est réparti sur les six étages d'un édifice où chacune des différentes sections comporte des dizaines d'étalages avec des vendeurs agressifs. Il est extrêmement facile de se perdre et dans un tel état de confusion de se laisser emporter dans l'euphorie des aubaines et du marchandage de compétition. En tout cas, c'est ce qui m'est arrivé! Au départ, j'ai suivi Naïk pour une reconnaissance de la marchandise, mais avant même d'avoir pu prendre une grande inspiration, j'avais déjà la calculatrice de la vendeuse dans la main et négociait un t-shirt que je n'avais pas nécessairement besoin d'acheter. Comme me l'a si bien fait remarqué mon amie, les vendeurs de Pékin sont habitués aux touristes étrangers qui lancent à tous vents des sommes faramineuses sans jamais tenter de faire baisser le prix. Leur visage se décompose toujours agréablement lorsque nous faisons usage de notre mandarin et qu'ils comprennent que nous ne leur feront pas de ''cadeau''. Si bien que lorsque nous étions dans une petite boutique en même temps que d'autres touristiques et que je tentais d'avoir un prix juste pour un item, la vendeuse m'a carrément ignoré pour plutôt s'occuper des trois hommes d'affaires au porte-feuille rempli. Bof, il ne suffit que de faire 3 pas pour trouver exactement la même chose. De plus, ce qui est cocasse, c'est que les vendeurs ont appris toujours les même 10 mots dans probablement une bonne vingtaine de langue différente et n'hésitent pas à insulter les clients en les traitants de ''cheap'' et jouant la corde sensible: ''Oh, but you are killing me man, too low... too low! I have a family to feed''.  Nous avons fait la journée d'un vendeur de perle alors que nous avons vidé son étalage après une négociation féroce plutôt que de recommencer le même manège trois-quatre fois avec différents individus. Les vendeurs du Pearl Market sont comme les pattes de poulets, ils sont drôle et inusité, mais on ne veut pas nécessairement avoir à en essayer plus qu'un...

Il ne nous restait maintenant qu'à trouver la sortie pour rejoindre notre auberge d'où nous devions assister à une représentation de l'Opéra de Pékin. ''Oh mais regarde le beau gilet!! Et le manteau! Et cette sculpture d'un bouddha qui fait pipi!''. Focus Andréanne, focus!
     

Sunday, May 22, 2011

La lune de miel

Quelle différence deux semaines font dans la vie d'une expatriée!

Il me semble qu'hier, la Chine, ses habitants et ses ''particularités'' me sortaient par les oreilles et mon appartement était rendu une tanière rassurante pour la bête farouche que j'étais devenue à force de me faire enfoncer la culture locale dans la gorge... mais maintenant avec le fil d'arrivée bien en vue, ma perception des choses à fait un grand 180 degrée. Malgré le fait que je devrais être aux petits oiseaux de pouvoir bientôt voir ma famille - ma soeur que je n'ai vu que pendant 2 semaines dans les deux dernières années en raison de son tour en Afghanistan, mon père que j'ai quitté à l'aéroport d'Ottawa au mois d'Août et ma mère, avec qui j'ai partagé l'expérience d'une vie en Thailande - je n'arrive pas à trouver le moyen d'être en paix avec la fermeture de ce chapitre de ma petite vie d'enseignante à Shangqiu. Chaque fois que je quitte MA maison, c'est avec un ''moton'' de la grosseur d'un pays dans la gorge et je n'arrive qu'à déplacer mes effets personnels d'une pièce à l'autre, un livre à la fois, sans jamais réellement commencer à remplir mes valises.

Comment est-ce qu'on arrive à quitter 250 étudiants qui nous disent chaque jour qu'ils nous adorent et à quel point ma présence à Shangqiu a fait une différence dans leur vie, autant qu'ils en ont fait dans la mienne? Comment est-ce que je quitte ma nouvelle famille pour de bon- Shannon, Brett, Naïk - qui ont été présent dans les meilleurs moments et dans les pires au fil de mon expérience qui m'aura à la fois, projetée dans la vie d'adulte et aussi changée pour le restant de mes jours? Comment est-ce que je peux mettre en mots tous les sentiments que j'ai face à ce pays et à ces gens qui m'ont appris tant de choses sur moi-même, sur la tolérance et aussi remis en question, tout ce que je prenais pour acquis au Canada? Comment est-ce qu'on accepte que CE repas, CETTE sortie au cinéma, CE voyage à Pékin, sera le dernier? Comment est-ce qu'on se prépare à recommencer à neuf et ne plus jamais voir les choses de la même manière?  Mais surtout, comment est-ce qu'on se trouve un nouveau rêve lorsqu'on a accompli ce qui semblait impossible et fantastique, il n'y a que quelques mois?

On ne le fait pas... On subit le départ comme une nécessité. On se raconte des histoires pour accepter le fait qu'il faut tourner la page et on trouve des astuces pour oublier le fait que dans 2 semaines, tout changera pour de bon. On cherche à apprécier chaque moment, chaque conversation, chaque jour comme un cadeau qui expire petit à petit. On touche la réalité du bout des doigts, vivant dans le futur pour oublier le présent qui déchire avec une férocité sans pitié mon coeur amoureux de la Chine...

Je vous ai parlé, il y a plusieurs mois, du choc culturel et de ses étapes et je peux vous affirmer sans équivoque que la lune de miel revient lorsque le voyage tire à sa fin. Chaque étranger que je rencontre dans la rue semble m'offrir son plus beau sourire. Les bébés sont mignons, les animaux affecteux, la température clémente. La ville qui, jusqu'à présent, était sale et poussièreuse est de nouveau recouverte d'un halo, éclat resplendissant, qui lui redonne son aspect mythique de mes premières semaines en ville.  Étonnament, je COMPRENDS maintenant le mandarin! La nourriture a meilleur goût. Le sommeil est court et fuyant, mais permet de donner à mes sens un court répit dans la course contre la montre que je fais subir à mon corps et à mon esprit dans un effort pour profiter au maximum des dernières expériences.

Je vous demande donc, lors de la lecture de ses lignes, d'avoir une petite pensée pour moi et de vous préparer au fait que lorsque vous me reverrai bientôt, je serai probablement bien différente à vos yeux et dans un deuil profond que je n'arriverai pas à expliquer correctement. Je m'en excuse d'avance... De pouvoir partager avec vous chaque étape de ce changement et relire mon expérience grâce à ce blogue est un véritable cadeau d'une valeur inestimable. Merci.

Finalement, je profite de cette plateforme pour vous laisser mon adresse courriel (andreanne.clot@gmail.com) et vous demander de m'écrire si vous avez des conseils ou des mots d'encouragements pour m'aider à passer à travers cette période difficile... et je prends aussi les commandes pour des souvenirs chinois! :)

''Travelling is not just seeing the new; it is also leaving behind. Not just opening doors; also closing them behind you, never to return. But the place you have left forever is always there for you to see whenever you shut your eyes.''

Wednesday, May 18, 2011

The most dangerous hike in the world - Xi'an 3 (Huashan)

Biiiipp, Biiiipp, la troisième alarme consécutive d'Adam arrive finalement à nous tirer de notre sommeil profond pour rejoindre le train qui nous mènera probablement à notre perte à Huashan. Je m'habille de manière militaire, vérifiant par deux fois mon équipement et tournant fébrilement autour d'Adam qui n'a (heureusement pour lui) pas trop fait de recherche sur notre excursion et qui ne sait donc pas ce qui nous attend. Si c'était le cas, il ne serait peut-être plus mon ami! Le but de notre visite en campagne (Huashan se trouve à 3h de Xi'an par autobus et 45 minutes en train rapide) est de me permettre de mettre les pieds sur une des 5 montagnes sacrées de la Chine avant mon retour à la maison et aussi de voir ce qui fait de cette randonnée légendaire, un si grand risque pour les touristes. N'ayant pas préparé mon testament, je me dis que si c'est vraiment ''si pire que ça'', nous pouvons toujours nous contempter d'observer la vue du haut du téléphérique et de resdescendre aussitôt sans risquer notre mince assurance vie d'enseignant étranger expatrié.


Après un déjeuner rapide et un trajet (encore plus rapide) en train, nous arrivons au pied du monstre qui domine la ville de Huashan- bloquant presque le soleil et créant une ombre intimidante sur les pauvres fous qui risquent la randonnée. Partout autour de nous, nous ne pouvons que voir la montagne, son omniprésence menaçante est un rappel constant que ce sera le moment ''that makes or breaks you''! N'ayant qu'une seule journée pour effectuer l'ascension et la visite des 4 sommets, nous optons pour le téléphérique qui permet de rejoindre le sommet Nord directement plutôt que de prendre 5 heures à grimper le chemin à pied. En attendant de rejoindre notre cabine, nous observons la foule. À l'inverse des sentiers canadiens de randonnée, en Chine, à peu près n'importe qui, habillé n'importe comment, se mesure aux plus grands défis physiques, sans jamais penser que le choix entre des ''Crocs'' et de vrais souliers de randonnées pourrait faire une différence et empêcher le grimpeur mal-habile de plonger vers une mort certaine. De plus, l'âge des visiteurs ne semble jamais être un facteurs alors que nous remarquons que la plupart des autres touristes faisant la file ont entre 40 et 70 ans. Que le meilleur vive!

La montée du téléphérique se fait dans un silence nerveux alors que nous en profitons pour prendre quelques photos et que nos compagnons chinois retiennent leur déjeuner du mieux qu'ils le peuvent. Une chose est certaine, alors que nous sortons de la cabine, nous ne serons pas seul sur le montagne aujourd'hui! Une masse compacte se suit vers le premier point de base où les plus peureux arrêterons leur ascension et pourront quand même dire ''qu'ils sont allés à HuaShan''. Mon compagnon, dans sa blancheur caractéristique britannique, profite du bouchon de circulation pour se remettre un peu de crème solaire et nous poussons les quelques bretteurs pour rejoindre le sentier principal.

Notre premier obstacle est déjà devant nous, le ''Dragon Ridge'' construit à même la montagne et qui scillonne le sommet de l'escarpement rocheux en un seul sentier permettant à deux grimpeurs de se rencontrer au même point sans trop de problèmes. Malheureusement pour nous, ce n'est pas encore le point qui décourage les touristes alors nous devons suivre la masse compacte et suante, cherchant à garder pied face aux petits vieilles chinoises qui font du coude pour avancer plus rapidement. À quelques reprises, je dois m'installer bien fermement au milieu du chemin pour nous assurer l'endroit le plus sécuritaire et Adam se félicite d'être derrière moi lorsque les marches les plus escarpées le force à se rentrer pratiquement le visage dans mon derrière. Disons qu'à ce point, il n'y a plus de gêne entre-nous... et je n'en ai pas non plus avec le monsieur devant moi! Quelques minutes plus tard, nous retrouvons la forêt et quittons le sentier à flanc de montagne pour une série interminable de marches. Ayant suivi un régime d'exercice assez stricte au cours des deux derniers mois, je suis au sommet de ma forme, mais la même chose ne peut être dite à propos de mon ami qui souffre visiblement à l'arrière.
- Dude, are you ok?
- Pffff... pffff... pfff... Yeah.... I'm... Pfff... good!
- Ok, well let me know if you want to stop.
- Pfff...don't worry.. pfffff.... pffff... I will.

Afin de préserver son égo masculin, je prétexte une soif soudaine et m'empare du sac à dos commun pour le reste de l'ascension. Quelques arrêts plus tard, nous sommes au ''Main Peak'' qui permet au grimpeur de choisir sa destination: South, East ou West Peak. Nous décidons de commencer par le côté Ouest.  Avant d'emprunter le chemin, nous nous retrouvons au ''Golden lock pass'' où les visiteurs peuvent acheter un cadenas qu'ils laisseront sur une des chaînes de la montagne. Après avoir vérouillé leur souvenir, la coutume veut que la personne fasse un voeux et jette la clé dans l'abîsse en signe de chance et de reconnaissance éternelle envers la montagne. Un endroit particulier du garde-fou est entièrement recouvert de cadenas et de rubans rouges (je ne connais pas leur signification), donnant un air solonel et toute une opportunité de photos souvenirs. Nos estomacs faisant des leurs, nous décidons de nous rendre au sommet Ouest avant de casser la croûte... ou plutôt le couvercle de notre soupe instantanée que je trimballe depuis le début de la promenade. Parce que oui, il est possible de manger sur la montagne; les victuailles étant transportées par des porteurs à pied et vendues aux touristes pour un prix exhorbitant!

Ce n'est que lorsque nous empruntons le trajet vers le sommet Ouest que la foule commence tranquillement à se décimer et à laisser place aux randonneurs sérieux. Des centaines de marches plus tard, nous arrivons à un point de vue où plusieurs touristes chinois font une pause derrière le garde-fou, à seulement quelques centimètres du gouffre. Très peu pour moi, merci! Je reste sagement du bon côté de la chaîne alors qu'un vent traître me force à me mettre à genoux pour ne pas me retrouver projetée dans le précipice. Nous devons de nouveau emprunter un sentier ''gossé'' à même la roche pour retrouver le sommet et c'est la main fermement aggripée à la chaîne que je gravis les derniers pas vers notre bol de nouilles bien mérité. Plutôt que d'acheter un repas préparé par les cuisiniers du sommet, nous payons 5 Yuan chacun pour un peu d'eau chaude et dégustons notre lunch avec appétît. Aucun bol de nouilles instantannées n'aura eu meilleur goût de toute ma vie. En reprenant notre contenance, je discute avec les cuisiniers qui sont tout content de rencontrer une ''Laowai'' qui baragouine leur langue.

Trève de paresse, nous devons tout de même visiter les deux derniers sommets avant la fin de la journée! Nous redescendons le sentier à même le roc et empruntons un autre escalier sans fin vers le sommet Sud, où notre petite soupe nous donne assez de pep pour laisser dans la poussière les dizaines de touristes chinois. La vue du sommet Sud est à couper le souffle, les montagnes de rocs au loin avec leur air menaçant et tranchant nous permettant de réfléchir à la force de la nature et à l'envergure du défi que nous sommes en train de relever.  Moment cocasse: alors que nous observons la vue, bouche-bées, des touristes chinois nous demandent de prendre la pose dans leurs photos souvenirs et nous empoignent par les épaules comme si nous étions de vieux amis. Mais si ce n'était qu'un seul touriste! 10 minutes plus tard, nous sommes toujours au milieu des photos, une ligne s'étant créée pour faciliter le roulement de visiteurs souriants qui nous veullent tous dans leur pose. Lorsque la file se dissout, nous montons sur la roche offrant le plus haut point et je m'aggrippe à Adam, soudainement ''moumoune'' du vide à quelques mètres de mes pieds bien ancrés sur le sol. Étrangement, mon vertige, qui est habituellement sous contrôle, décide de faire une apparition surprise dans un des moments les moins terrifiants de la journée. Me connaissant, je dois commencer à être fatiguée et donc plus propice à souffrir de ma maladresse légendaire. Je le sais... et mon corps le sait aussi! Adam me guide par la main pour descendre les marches alors que je retrouve ma contenance.

Depuis le début de la journée, je sais que nous allons éventuellement arriver à un endroit nous permettant de payer quelques Yuans de plus et, affublés d'un harnais, nous offrant de grimper sur une mince planche à 1000 mètres du sol au dessus du vide. À ce moment, je n'ai pas encore l'intention de le faire, mais lorsque j'arrive à même la falaise et que je me renseigne pour savoir où se trouve exactement ce jeu dangereux, la préposée me pointe un mince escalier en fer, installé à même la roche, 10 mètres plus bas. Effrayé, Adam me dit ''No way!'', mais mon cerveau, probablement sur un ''high'' de tout cet air non-pollué commence à franchement considérer l'expérience... Au moment, où nous sommes sur le point de rebrousser chemin, j'agrippe mon copain par la manche et lui dit: ''I'm doing it!''. Me connaissant et sachant que le court instant entre le moment où je prends ma décision et l'action ne pouvant durer que quelques minutes avant que je me dégonfle, je glisse 30 yuan au préposé et quelques secondes plus tard, je suis équippée de mon harnais et prête à descendre dans le vide.

Pour ceux qui ne le savent pas, j'ai déjà été guide dans un parcours aérien de tyroliennes alors ma peur des hauteurs est généralement assez bien contrôlée, mais entre une ''zip-line'' à 10 mètres du plancher des vaches et une échelle à même le roc à 1 km du sol, il y a toute une différence! J'installe mes mousquetons sur la ligne de sécurité comme je l'ai fait des centaines de fois avant et jette un dernier regard à Adam inquiet, qui doit probablement se demander comment il pourra expliquer à Shannon (ma mère à Shangqiu) ''How Andy fell off the cliff in Huashan...''. Je pose mes pieds fermement sur le premier barreau tout en tentant d'observer le gars sous moi, mais en ne regardant pas directement le vide. Mes mains tremblent et mes genoux se cognent violamment l'un contre l'autre. J'ai toujours pensé que ça n'arrivait que dans les dessins animés, mais je vous assure que c'est bien réel! La descente est lente et précise, ne voulant pas faire une erreur me coûtant ma courte vie, mais c'est un ''rush'' d'adrénaline incomparable... et j'ai déjà fait (et détesté) du bungee! Quelques mètres plus loin, j'arrive à voir Adam qui prend des photos du sommet et qui m'encourage de loin. Plus que quelques marches et je serai finalement sur la passerelle... ou c'est ce que je crois.

En bas de l'escalier, après un court répit sur une formation rocheuse stratégiquement placée, je remarque que pour arriver à la fameuse planche, je dois quitter le sol et insérer mes pieds dans des étriers à même le roc et m'aggriper à la chaîne, mon seul point de contact qui n'est pas la ligne de vie de mes mousquetons. Mon orgueil et l'envie de ne pas rebrousser chemin si près du but me poussant à continuer, je vérifie mes mousquetons pour la millième fois et me lance dans le vide. Lorsque je rejoins le préposé aux photos, qui doit bien passer sa journée sur la planche (le maudit malade!) mes mains sont prises d'un tremblement incontrôlable et je dois attendre plusieurs minutes avant de décrocher ma caméra, qui est sécurisé par le cordon de mes pantalons dans ma poche. À ce point, je préfère me promener avec mes shorts autour des chevilles plutôt que d'échapper mon kodak dans le vide alors je desserre le noeud de mes pantalons avec la concentration d'un démineur. Je lui tends ma caméra et le suit sur la mince planche d'environ 30 centimètres de largeur, gardant un oeil sur la chaîne et l'autre sur mon appareil. Je prends la pose, m'éloignant le plus possible du roc et après deux courtes photos, retourne près de son imprimante (il est tout installé à même la montagne pour imprimer les photos!) en respirant le plus tranquillement possible. Normalement, je suis supposée continuer mon chemin et affronter encore d'autres obstacles, mais Adam m'attendant au sommet (et franchement, ayant épuisé mon stock de courage pour la journée), je refais le chemin en sens inverse.

En chemin, je rencontre d'autres touristes sur les installations étroites et c'est avec joie que je constate qu'ils ont beaucoup moins la ''chienne'' que moi et dans un élan de galanterie me laissent même me coller sur la roche pour passer autour de mon corps paralysé, plutôt que de me forcer à les contourner. Dans un moment complet de folie, un des hommes enlève ses deux mousquetons de la ligne de vie pour me contourner et je me retiens par toute ma volonté de ne pas l'engueler de se rattacher comme je l'ai fait si souvent lors de mon emploi en montagne. Je ne voudrais quand même pas l'effrayer et provoquer sa perte! Lorsqu'ils sont tous passé, je re-grimpe l'échelle et arrive au sommet, brandissant mes poings dans les airs comme un grimpeur au sommet de l'Everest. Après tout, c'est probablement le moment de ma vie où j'aurai été le plus près de tout perdre dans un moment de maladresse. Mais qu'à cela ne tienne, je suis bien vivante et incroyablement fière de moi! ''Take that, Vertigo!''.

Adam, qui vient de découvrir mon petit côté givré, me suit en silence alors que nous rejoignons le côté de la montagne le plus sécuritaire. J'en profite alors pour lui montrer mes photos, ne le convaincant tout de même pas que c'était une bonne idée et nous décidons que nous avons assez de temps pour affronter le dernier sommet de Huashan. Le côté Est offre une vue encore plus impressionnante que le sommet Sud et après un autre escalier escarpé nous prenons une pose bien méritée. Adam: ''Dude, you are totally insane!''... oui peut-être un peu, mais je ne m'aurais jamais pardonné d'avoir manqué une telle expérience! Du côté Est, il est possible de rejoindre un petit ''gazebo'' chinois au sommet d'une montagne plus loin, mais nous décidons qu'il est beaucoup plus photogénique de notre position que d'affronter les marches dangereuses pour le rejoindre et y poser pied.

La fatigue rejoignant finalement nos membres, même si mon adrénaline ne me quittera que plusieurs heures plus tard, nous décidons de prendre le chemin du retour où nous devrions arriver au téléphérique, sans embuches, 1h plus tard. Mais la montagne n'a pas dit son dernier mot! Pour descendre du sommet Est, il faut emprunter la ''Heaven Ladder'', un échelle encore construite à même le roc qui, sans protection, à 15 mètres du sol, n'est aucunement sécuritaire à ce point de notre journée. Heureusement pour nous, des travailleurs chinois rénovent la paroie (probablement créant une alternative pour cette échelle ridicule!) et un escalier en métal (tout aussi escarpé quand même) nous permet de redescendre sans nous casser le cou. Finalement, le plus difficile est passé. En empruntant le chemin du retour, je demande à Adam de passer devant, ayant toujours beaucoup plus de difficulté à descendre qu'à monter, je m'agrippe à son sac à dos. Il en profite pour se moquer de moi: ''Andy, you just went down a ladder at 1000 meters but you can't go down some stairs? Hilarious!''... Hilarious indeed! Je me connais trop bien et ma capacité à m'enfarger dans les fleurs du tapis est un réel danger en cette fin de journée.     

Une heure plus tard, nous sommes assis de nouveau dans la cabine du téléphérique où nous jettons un dernier regard à cette montagne meurtrière qui, très franchement, si respectée et bien naviguée, est plutôt une incroyable randonnée permettant aux grimpeurs téméraires de tester véritablement ce dont ils sont faits.... pour moi c'est 50% de forme physique, 30% de courage et 20% de pure folie! À quand le rodéo sur un Yak enragé?

En terminant, j'ai décidé de documenter les criminels des chaussures inappropriés de Huashan...






Tandem - Xi'an 2

Grâce à une visite matinale des guerriers de Xi'an, il me restait ensuite toute la journée pour visiter la ville et me promener avec mon compagnon de voyage dans le marché. Notre premier arrêt a été les fortifications, où il est possible de faire une très longue promenade de 17 kilomètres sur le mur entourant le centre-ville. Ce point de vue exceptionnel permet d'un seul coup de voir les différents quartiers de la métropole et le mélange d'architecture orientale et occidentale qui fait de Xi'an une ville moderne, mais tout de même très chinoise.

Après avoir gravis les quelques marches qui mènent au sommet du mur, j'ai suggéré à Adam de louer une bicyclette, question d'épargner nos jambes pour la randonnée du lendemain à HuaShan, reconnue comme ''the most dangerous hike in the world'' (c'est pas des blagues, ''googlez'' le!!). Ce qui devait en fait être une balade pépère d'après-midi s'est vite transformée en gag lorsque nous avons vu que nous pouvions louer... un vélo tandem!!! Alors qu'Adam choisit notre monture, la préposée me fait comprendre que nous avons seulement 1h pour compléter le tour du mur sinon nous devons payer une pénalité. Qu'à cela ne tienne, quelques secondes plus tard, nous enfourchons le bolide et partons à la vitesse du son sur le mur composé de pierres toutes plus inégales les unes que les autres. Les premiers cent mètres se font en rigolant alors qu'assis un bon 30 centimètres plus bas que mon compagnon, j'ai le visage enfoncé dans son dos et n'arrive pas à lui faire complètement confiance lorsqu'il tente à plusieurs reprises de prendre son élan pour monter des pentes impossibles ou de passer entre une poubelle et le mur. ''Oh let's go there, I'm sure that we can fit!'', ''Nooo, noooo Adam!! WE DON'TTT!''. Nous dépassons piétons, vélo et même voitures électriques, plein d'adrénaline donné par notre monture siamoise qui ''squeek'' en masse et menace de fendre en deux. J'imagine que les gens que nous avons dépassés ne pouvaient qu'entendre: ''ZOOooomm hahahHAHAHAHAHhahah ZOOOoommm''.

La chance (et le vent) étant de notre côté, nous finissons la première ligne droite dans un temps record, terminant notre course par un virage à 45 degré sur un mur qui fait le coin et qui passe à deux doigts de nous faire renverser. Mon conducteur découvre la limite du tandem: ''Oups Andy, that was close! Let's stick to the main road!'', Non, vraiment?! Et moi qui voulait faire un wheely! De ma position arrière, j'ai l'avantage de pouvoir lever les pattes une fois de temps en temps à l'insue d'Adam qui pense que je pédale aussi fort que lui: ''Hum...Andy? Are you pedaling?'', ''Oh yeah, yeah! (enlevant mes pieds du mécanisme) But you know, the wind is so strong!''. Découvrant mon stratagème, il se venge rapidement en faisant semblant de s'aligner vers l'escalier qui mène au bas du mur et conséquamment à notre perte. Je me tiens tranquille. Le passage de notre dynamo formule 1 provoque les ricanements chez les touristes qui se disent probablement que l'air frais nous est monté à la tête. Remarque que par notre sourire fendu jusqu'aux oreilles, nous avons assurément fait augmenter les locations de l'après-midi.

À mi-chemin, nous faisons une petite pause pour observer plus lentement la ville, mais dès que le vélo est arrêté nous ne pouvons nous lever. La selle de la monture est fait pour des fesses chinoises, probablement en bois (les fesses, pas la selle) et nous marchons comme deux cow-boys vers la bordure de la fortification. Constation: Xi'an, c'est toute une ville! Bien plus moderne que Shangqiu (pas difficile à battre...), mais plus chaleureuse et moins occupée que Shanghai et Pékin. Si j'avais à revenir en Chine, c'est probablement dans cette ville que je m'installerais.

Finalement, nous terminons notre promenade avec presque 20 minutes d'extra et rendons le tandem en se massant les fesses. Toute une expérience.

Après la promenade à vélo, nous nous dirigeons vers le quartier Musulman qui abrite le plus grand marché de souvenirs de la ville. Ayant été prévenu par Shannon que c'est l'ENDROIT pour acheter des souvenirs, nous marchandons pendant quelques heures et ressortons du labyrinthe avec plusieurs sacs. Comme me le fait remarquer mon ami, lorsque nous entrons dans une boutique, les vendeurs sont fébriles, mais dès qu'ils découvrent que je peux parler leur langue (et donc ne pas me faire avoir), ils perdent rapidement leur sourire et négocient serré. Je m'achète un deuxième manteau North Face pour 120 Yuan cette fois (17$).

Nous terminons la soirée à l'auberge de jeunesse où nous planifions notre journée à Huashan en parlant avec d'autres touristes. Cette montagne (une des 5 sacrés de la Chine) est un véritable tour de force pour les randonneurs les plus aguéris et c'est avec des papillons dans l'estomac (d'excitation et aussi un peu de peur...) que nous allons nous coucher. Vais-je enfin frapper mon premier ''mur'' chinois?

Monday, May 16, 2011

L'armée de Terracotta - Xi'an 1

9 mois, une vingtaine de destinations, des centaines de kilomètres, un nombre incalculable de bols de nouilles instantanées... mais encore. Si vous avez suivi mon blogue depuis le tout début, vous savez qu'il me manquait toujours un endroit touristique par excellente pour pouvoir dire que j'ai bien VU la Chine: Xi'an et son armée de guerriers en terre cuite.  
Voulant remédier à la situation avec mon départ imminent pour le Canada (19 dodos...), j'ai convaincu Adam de m'accompagner dans la capitale touristique pour une visite expresse de ses attractions. Je ne sais pas si c'est le partage de l'organisation avec un autre touriste compétent ou simplement le fait d'avoir finalement trouvé un compagnon de voyage agréable, mais cette fois-ci le trajet en train de nuit s'est passé comme un rêve. Je me suis couché dans mon petit lit à Shangqiu, pour me réveiller après un sommeil continu de 9hrs à la gare de Xi'an. In..cro...yable! N'ayant pas une minute à perdre, nous avons tout de suite trouvé l'autobus voyageur qui relie le centre-ville au site de l'armée (à environ 1h d'autobus) et joint un groupe de touristes chinois pour le trajet. Adam ayant déjà visité les guerriers lors d'un voyage précédant m'a abandonné en chemin pour la visite d'un autre site touristique alors je me suis de nouveau retrouvée en compagnie de la meilleure guide... moi! Ha.

Pour faire une histoire courte, au troisième siècle avant J.-C., l'Empereur, probablement un peu insécure et mégalo, Qin Shi Huangdi a décidé de se faire enterrer avec une armée de milliers de guerriers en terre cuite, dans un vaste Mausolée représentant son empire. La découverte archéologique en 1974 par un fermier local reste une des attractions les plus courues en Chine et un véritable tour de force considérant que chacune des figurines comporte des détails particuliers et un visage unique. Le site qu'il est possible de visiter n'est en fait qu'une fraction du tombeau et les fouilles archéologiques n'en sont qu'à leur début. L'endroit où est enterré l'Empereur n'ayant même pas encore été déterré laisse présager que ce site, patrimoine de l'Unesco, ne deviendra que plus populaire dans les prochaines années.

Armée de mon guide audio (qui n'est franchement pas nécessaire), j'ai commencé la visite par le ''Pit 2'', voulant garder le hangar 1 (endroit le plus impressionnant et celui que vous voyez sur toutes les photos) pour la fin. En entrant dans le gigantesque bâtiment, le touriste se retrouve sur une passerelle à quelques mètres des tranchées où il peut observer de loin et à vue d'oiseau des fragments d'archers, de chevaux et de chariots de toutes sortes qui s'entassent pêle-mêle au fond du trou. Les endroits qui n'ont pas encore été déterrés par les archéologues sont toujours recouverts d'une couche de terre et ne peuvent que nous laisser imaginer ce qui peut bien s'y cacher. Certaines figurines intactes sont exposées le long du passage afin de nous permettre de mieux en observer les détails gravés par les artisans. En fait de contenu, les hangars 2 et 3 sont beaucoup moins impressionnants que le premier, mais l'aspect plus ''authentique'' et moins perturbé par l'homme des artefacts nous permet de mieux imaginer l'état dans lequel les fermiers ont trouvé les statues lorsqu'ils en ont fait la découverte il y a une quarantaine d'années.

J'ai donc fait une visite relativement rapide des deux premiers hangars, la foule compacte rendant l'observation en détail des figurines ardue. Cependant, je dois vous avouer que la visite de ce site est réellement justifiée par le premier hangar et ses rangées sans fin de guerriers qui accueillent les touristes comme une seule masse, prête au combat. La première passerelle permet aux gens de voir la vue de face et la profondeur de la salle alors qu'il est ensuite possible de contourner les tranchées par le bas et d'avoir une stupéfiante vision de profil de la rangée de soldats observant la bataille au loin. La différence entre les guerriers du hangar 1 et des deux autres est qu'ils sont pratiquement tous debout, et qu'il est encore plus facile de les comparer, car ils ont presque entièrement été reconstitués. La coiffure, armure et posture de chacun des soldats est unique et donne une impression encore plus réelle à ce véritable bataillon qui, sans ses attributs particuliers, ne serait qu'une masse imposante de clones. George Lucas, j'espère que tu prends des notes pour le prochain Star Wars!

En continuant de marcher vers le fond de la salle, de plus en plus de sections sont ensevelies et certains archéologues sont même au travail, tentant tranquillement de grossir les rangs des soldats découverts. Seulement après avoir marché autour de tout le hangar, est-il véritablement possible de s'imprégner de l'étendue de la tâche titanesque des artisans et de la vision, ma foi assez démente de cet Empereur à l'ego démesuré.

J'ai terminé ma visite après quelques heures de marche et retourné le guide audio inutilisé, car devant une telle démonstration de la grandeur, de la détermination et de l'obstination chinoise, je n'avais aucunement besoin de commentaires en Chinglish! 

À faire:
- Prendre l'autobus de ville du centre-ville de Xi'an. Ce n'est pas cher et très facile.
- Commencer par le hangar 2, 3 et terminer par le premier.
- Acheter une réplique des guerriers, mais négocier votre souvenir pour 10-15 Yuan (c'est possible, soyez déterminés et sinon il y aura toujours les 850 prochains vendeurs avec le même produit.)

À éviter:
- Le guide audio. Il y a plusieurs pancartes et si vous connaissez un peu l'histoire le reste n'est pas nécessaire.
- Un guide humain. Même chose qu'en haut.
- L'autobus qui mène de la billetterie à l'exposition. Le site se trouve à 10 minutes de marche dans une belle petite ruelle bordée de marchands et de statues. Ça vaut la peine!