Sunday, December 26, 2010

De Xénophilie en Xénophobie - Hong Kong 5

Pour ma dernière journée à Hong Kong, je me réveille au beau milieu de la nuit afin de me rendre à mon train. Malheureusement, l'achat de mon billet de retour n'a pas été de tout repos alors j'ai pris le premier train matinal disponible plutôt que de tenter de le changer pour l'après-midi. Bref, je me retrouve avec un train qui part du côté chinois à 9h et je dois 1) me rendre jusqu'à la frontière par un métro qui n'est pas encore ouvert à cette heure, 2) passer les douanes chinoises (comme les biscuits c'est toujours une surprise...) 3) me rendre à l'AUTRE gare de train au centre-ville de Shenzhen.... Gros programme! De toute façon je ne suis pas trop nostalgique de mon sommeil car je n'ai pas beaucoup dormi durant ma dernière nuit. Ma proximité avec la réception faisait en sorte que j'ai entendu tous les clients faire leur check-in:

La réceptionniste: ''How many nights?''
Le touriste: ''Whaattt?? I'm sorry I don't speak Chinese!''
Encore la réceptionnise: ''How long... your stay... the nights...''
Touriste: ''Sorry I don't understand. Do you speak English?''
Andréanne n'en pouvant plus ouvre la porte de son lit: ''Dude, she is asking HOW LONG  YOU WANT TO STAY!''

De plus, chaque fois qu'un petit génie ayant abusé des ''pijiu'' revenait à l'hôtel sans sa clé, il cognait à la porte. Venait ensuite l'engueulade avec la propriétaire qui lui disait sa manière de pensée, suivi du vacarme lorsqu'elle retournait se coucher. Toute une nuit relaxante!

Je me retrouve donc seule dans la rue à 5h du matin (note aux parents: je fais toujours attention...) et le paysage n'est pas très féérique. Il y a des gens ''crashé'' le long des murs qui cuvent leur boisson, des vidanges partout, peu de voitures... En tout cas, le retour à la citrouille au coup de minuit de Hong Kong n'est pas beau à voir! Ce doit être tout un travail de refaire une beauté à la ville pour le réveil des touristes. Je décide donc de ne pas traîner jusqu'à l'ouverture du métro et prends plutôt un taxi pour me rapprocher de ma destination. Lorsque j'arrive aux douanes, personne ne bouge et il y a toute une file. J'en déduis que les guichets ne sont pas encore ouverts. Fait cocasse: Lorsqu'ils ouvrent finalement, les gens se précipitent en courant pour rejoindre les fenêtres... il me semble qu'aux douanes canadiennes ou américaines si les gens se mettaient à courir comme ça, plusieurs d'entre-eux serait sur le sol, quelques secondes plus tard, à se remettre des effets du ''Tazer'' qu'ils ont reçu en pleine tronche.

Je trouve mon train sans histoire et commence à récupérer mon sommeil (avant même le départ du train! Je tiens ça de ma soeur...) qui est resté pris quelque part entre le lit et la porte de ma douillette chambre du centre-ville. Je me fais réveiller quelques minutes plus tard par une pression sur mon lit... Euh, ''bu Xie (non merci)'', je ne veux pas de compagnie dans ma couchette!! Lorsque j'ouvre les yeux, je réalise qu'il y a un chinois qui se tient debout en équilibre dans les airs en mettant un pied sur mon lit et l'autre sur le sien (''Est-ce qu'il a encore ses souliers, le connard?! Non, mais quand même ''SCRAM George!'). Je dois avoir toute une face de ''questcequevousvoulezpourquoituessurmonlitquestcequetufaisquoi?'' parce que sa femme me regarde complètement horrifiée et lui dit en semi-chuchottant ''Laowai...''. Wow, je pense que c'est la première fois qu'un aussi gros regard de dégoût est jeté dans ma direction... un peu plus et je suis le cadeau qui se trouve pas totalement DANS la toilette turque! Elle se glisse alors dans le lit du premier étage opposé au mien et ne me quitte pas des yeux.

Je prends un instant pour les observer et remarque qu'ils font probablement partie de la couche de la société chinoise ''J'ai maximum 22 Yuan dans mes poches/ je voyage pour la première fois/  les étrangers me font peur/ J'ai une 4e année d'éducation/ Ma femme est ma cousine...'' Bon peut-être que je les juge un peu rapidement mais c'est exactement ce que ce Rénald et cette Lison ont fait pour moi! Je me recouche lorsqu'ils ont terminé de placer leur baggages et lorsque je me tourne vers la fenêtre, je remarque que la femme me surveille toujours. Je me tourne sur le dos. Mais une minute... l'homme est installé à l'autre fenêtre (au bout du lit) et me surveille aussi. Je regarde au plafond. ''Ouais ben le voyage va être long!'' Quelques minutes plus tard, l'homme se lève (à ce point, je les espionne aussi) et se promène dans le compartiment. J'ai envie de lui dire: ''Oh mais tu vas laisser ta femme toute seule... ici... avec moi.. VitVitVitvitvitvit (bruit de bouche d'Hannibal Lecter)''. Il revient ensuite et dit à sa femme qu'il y a d'autres lits de libre alors ils peuvent changer de place. Oh ben j'ai mon voyage! Je dois vraiment faire dure ce matin pour qu'ils aient peur comme ça! Ce qui me frustre le plus dans tout ça c'est qu'à quelques reprises pendant la matinée j'ai discutée (en MANDARIN) avec la jeune femme qui dors dans le lit du bas et joué avec sa petite fille mais la femme semble toujours croire que je suis une grosse coquerelle dangereuse... Elle change de compartiment. Bon débarras!

Le reste de ma journée est un mélange de sieste, de lecture et de consommation de tonnes de collations à l'horizontal. Je n'entends pas parler de mes deux ''nerveux'' jusqu'à la tombée du jour où il reviennent prendre leur lits pour la nuit.  À 22h, l'homme s'installe de nouveau à la fenêtre avec un plat de nouilles et la femme dans son lit avec une cuisse de canard. Et ça commence: ''Sluuuuuuuuurrrrpp (l'homme), Smack, Smack, Smack (la femme qui mâche la bouche ouverte), Sluuuuuuurppp, Smack, Smack...'' Je monte le volume de mon Ipod qui n'arrive quand même pas à enterrer le bruit de leur dégustation... Ça me prendra donc mes bouchons. Mon sac est quand même assez loin alors je dois me lever, faire le verre de terre dans mon lit pour rejoindre le bout sans me cogner la tête, me tenir en équilibre au dessus de l'allée, fouiller dans toutes les poches... et tout ça sans lumière. J'en profite pour soupirer allègrement et leur dire, en anglais, ''soooooo, are you guys enjoying this??''... Je n'ai franchement jamais compris pourquoi les gens mâchent la bouche ouverte. Est-ce que c'est vraiment meilleur?? J'ai bien peur que je ne comprendrai jamais. J'installe mes bouchons et dors...

8h, le train arrive à Shangqiu. En sortant de la gare, il y a une trentaine de chauffeurs de taxis qui veulent tous avoir le ''Laowai'' dans leur voiture pour me faire payer une somme astronomique... seulement ce n'est pas CE laowai qu'ils vont tricher. En marchant jusqu'au stationnement, je négocie avec un homme qui ne me donne toujours pas le prix que je veux. Lorsque nous arrivons près de sa voiture, il me pointe une petite bagnole noire, qui ne ressemble plutôt à un corbillard qu'à un taxi et je lui dis ''non merci'' en prenant place à côté d'un vrai chauffeur. Mais il est corriace le salaud! Il se pointe à la fenêtre de mon nouveau chauffeur et lui dit que j'ai accepté 40 Yuan (ce qui est faux) et que je vais aller avec lui (ce qui est encore plus faux!). Je tente d'attirer l'attention de mon chauffeur et de lui dire, ''Ok, c'est parti!'', mais il est toujours concentré sur le gars à la fenêtre. Je lui tappe sur le bras, cris en chinois et au moment où je vais lui prendre le visage et le forcer à me regarder (je porte mes mitaines, pas de soucis), il me regarde finalement. Je réalise cependant qu'il est plutôt en train de regarder par-dessus mon épaule car l'homme louche est maintenant de mon côté de la voiture et il a ouvert ma porte. Je pête la plombs:

(pardon Grand-maman, je sais qu'il faudra me laver la bouche au savon à mon retour)
L'homme me dit de sortir et de venir dans son auto.
Andréanne: ''Ok MAN, I am leaving, get lost, MOVE, F****ing get lost!!'' lui dis-je en fermant la porte sur son visage. Mais il reste dans le cadre de porte... Je me tourne donc vers le chauffeur.
Andréanne: ''Zou ba! Zou ba! (allez, allez). LOOK AT ME, we are leaving, LETS GO!!!''
Et un peu plus pour le gars à la porte: ''DON'T touch my damn door you jerk, i will slam it in your face, I WILL SLAM IT IN YOUR FACE!''
Toujours pas de mouvement....

Quelques minutes plus tard, le chauffeur du taxi dans lequel je suis assis finit par me dire que je dois quitter son taxi et embarquer avec l'homme qui à la voiture louche. Il est plus jeune et ne veut probablement pas se faire torturer par le gros ''bully'' qui veut me conduire. Je me lève et sort de la voiture en claquant la porte. À ce point, les dix autres chauffeurs de taxi sont autour de nous et regardent la confrontation Canada-Chine qui se passe dans le stationnement. Je suis debout, le visage écarlate, les veines du cou sorti et il doit être tout mouillé de mon postillonage. Pendant que je lui hurle à la tronche, il me répond en  mandarin mais commence à baisser lentement le ton. Après tout, je suis un peu plus grande que lui et je ne me souviens pas d'avoir jamais ''pêté ma coche'' comme ça avant. Ayant finalement décidé de marcher, si nécessaire, je lui lance plusieurs mots commençant par F et me diriger vers la gare.

En chemin, je me fais intercepter par un pauvre chauffeur qui LUI veut bien me conduire pour mon prix:
Chauffeur: '' Ni tu nar?'' (where are you going?)
Moi: XIN XI YUAN (L'université), que je lui réponds sèchement.
Chauffeur: ''Ni tu le Huache?'' (where did you go?)
Moi: SHENZHEN, ZOU BA!!!!!!!!!!
Le chauffeur est clairement surpris de m'entendre parler mandarin après avoir été témoin de la confrontation. Je lui réponds (encore sèchement) que OUI je parle mandarin et que OUI l'autre chauffeur est un gros connard et que OUI ce serait mieux pour sa santé s'il démarrait la voiture.

Non mais quand même... il faut mettre son pied à terre! J'attends toujours que la police débarque chez moi pour me forcer à prendre un cours de ''Anger management''...

La leçon de cette histoire: Chine ou pas Chine, nobody puts Andy in a corner!

La grande séduction - Hong Kong 4

Tic tic tic.... Après une journée décevante à Macau, je me retrouve dans un petit téléphérique sur Lantau Island (aussi appelé ''The lungs of Hong Kong'') qui m'amène voir un Buddha de bronze géant de 85 pieds de haut! La vue au dessus de la mer est impressionnante et le trajet sinueux dans les montagnes vaut franchement le prix du voyage. Alors que j'observe l'île et ses bâtiments, tous les chinois dans ma cabine sont plutôt tournés de l'autre côté et photographient l'aéroport... chacun son ''trip'' j'imagine! Lorsque notre cabine arrive finalement à destination, nous débarquons dans un autre petit village touristique où l'on peut assister à un film sur ''l'Ascension du bouddha'', boire un café dans un (autre) Starbucks ou prendre des photos dans un faux paysage de Noël. Je préfère plutôt prendre de l'avance et aller directement le voir de mes propres yeux. Mais quand on dit Bouddha géant... c'est qu'il est vraiment énorme! La statue est au sommet d'un grand escalier qui nous amène sous ses pieds. Je lui arrive probablement quelque part en dessous de l'ongle d'orteil. Je me félicite d'être partie tôt le matin car il n'y a pas beaucoup de touristes. Je m'installe sur un petit banc et observe les chinois qui font leur prière et se prosternent aux pieds de la statue. C'est vraiment incroyable de voir le paysage du sommet du monticule.

Par la suite, je visite rapidement le monastère qui, à ma grande surprise, est vraiment habité par des moines. Ils sont justement en train de faire leur prière dans la salle commune lorsque j'arrive. Je visite le jardin et j'en surprend même un caché qui parle au téléphone cellulaire... C'est certain que ce n'est pas trop bon pour les touristes! Je me demande bien qui il peut appeler. Un autre ami moine?? Sa mère? En tout cas, avec sa tête rasée et sa tunique, c'est un peu étrange. J'emprunte ensuite le ''Wisdom Path'' et lorsque je sors de la forêt, je me retrouve au sommet d'une falaise avec une vue imprenable sur les montagnes et la mer. Ahhhh que je m'étais ennuyé de ce type de panorama. J'aperçois au loin un petit village qui est en fait le prochain arrêt de ma visite. Le petit village de pêcheurs de Tai O est reconnu comme l'endroit pas excellence pour une escapade pitoresque à Lantau et il faut (supposément) absolument y aller. Je renifle l'arnaque, mais nous verrons bien....

L'autobus nous débarque au beau milieu d'un stationnement près d'une aglomération de petits ''shacks'' de pêcheurs. Je marche sur le quai pendant quelques minutes et me demande si c'est tout ce que je vais voir ici. Ça fait un peu sale et je ne comprends pas tout de suite le supposé ''charme'' de l'endroit. J'entends une française qui se renseigne sur la possibilité de voir les dauphins, mais d'après moi tout ce qu'elle risque d'obtenir c'est d'en avoir un dans son assiette! J'emprunte une petit ruelle de la ville et découvre finalement le Tai O qui vaut le détour... Les maisons de pêcheurs sont toutes montés sur pilotis et les rues sont remplies de marchants de poissons et de fruits de mers. Je n'ai jamais vu autant de crevettes vivantes (et ça saute ces petites bêtes là!) dans un même endroit. Je vois même la peau séché d'un requin pendu à un étalage. Je suis bien déçu d'avoir mangé avant d'arriver au village parce que j'aurais pu me faire tout un festin! Les rues tourbillonent de tous côtés et chaque maison est plus petite que la précédante. Il y a des poissons accrochés partout, les gens circulent à vélo et
la population locale est encore plus surprise de me voir que les gens de Shangqiu! Ma visite me fait tout de suite penser au film ''La grande séduction'' et je me dis qu'ils auraient besoin de tout un ''make-over'' pour m'amadouer à y habiter. C'est ''cute'' et amusant pendant 15 minutes, mais je ne pourrais aucunement m'imaginer y déménager! Je termine donc ma visite en 20 minutes et retourne prendre l'autobus en m'étant retenue d'acheter des crevettes séchés, la spécialité locale. Yummmm....not.

La dernière activité que j'ai au programme est d'assister au spectacle de son et lumière ''Symphony of Lights'' qui se déroule chaque soir au port du centre-ville. Vers 20h, la promenade est remplie de touristes avec des appareils géants, qui attendent le début du spectacle. Une grande voix annonce que la démonstration est sur le point de commencer et j'attends avec impatience. Ayant vu ce que ce type de représentation peut donner comme résultat incroyable (Le moulin à images de Québec), je suis franchement excités. Cependant, lorsque la musique commence je comprends que ce ne sera pas du même calibre... La partie ''Son'' de la projection est en fait une musique qu'on dirait tirée directement d'un jeu vidéo et la partie ''lumières'' n'est que quelques lasers envoyés au dessus de l'eau. En gros, on peut facilement croire que le technicien s'est endormi sur les commandes et qu'il se tourne une fois de temps en temps. Le spectacle est terminé après 15 minutes... Heureusement pour les habitants de la péninsule! Je pense que si Mario Bros arrivait à sauver la princesse à Hong Kong, c'est exactement le spectacle qu'on verrait à la fin du jeu!

Je décide de noyer ma déception dans un repas géant de steak.... Toute les excuses sont bonnes après tout, c'est Noël!

Thursday, December 23, 2010

Viva Macau? Hong Kong 3

Bof, vraiment pas tant que ça!

Le deuxième matin, je me lève dans le brouillard qui recouvre la ville. Je suis extra-matinale parce que je dois trouver le terminal du traversier qui m'amènera à Macau. Après quelques minutes de marche, je trouve le guichet, achète mon billet et me retrouve assise dans un bateau de luxe nous apportant à la ''Sin City'' asiatique. Malheureusement, le brouillard colle et nous ne voyons pas grand-chose pendant le trajet d'une heure vers l'Île. À ma sortie du terminal, je cherche la navette gratuite pour le Sands question de commencer par la visite de ce casino. Cependant, dès que je mets les pieds dans l'établissement je sens que l'ambiance est franchement bizarre. Le casino est presque vide et pour la première fois depuis mon arrivée en Chine, j'aimerais bien avoir un compagnon de voyage pour pouvoir rire du malaise qui plane dans le casino... L'option ''Rire toute seule'' ne ferait probablement qu'ajouter à l'étrange de l'endroit alors je me dirige vers une machine question de me donner un peu de contenance! Je me dis que c'est probablement parce que c'est le matin et qu'en soirée, le casino devrait vibrer d'atmosphère comme à Las Vegas... Je ferais peut-être mieux de continuer ma visite à l'extérieur.

Mais lorsque je marche dans le quartier touristique de la ville, il n'y a pas âme qui vive! C'est complètement mort! Avec le brouillard qui couvre encore la baie, on dirait vraiment une ville fantôme! Les boutiques et restaurants sont fermés et je cherche désespérément les touristes. Après une visite éclair au MGM, je décide de me sauver de cette ambiance lugubre et je rejoins la partie ''historique'' de Macau. Pour ceux qui ne le savent pas, c'était à l'origine une colonie portugaise et la communauté y est encore majoritairement présente. Les affiches dans les rues sont en portugais, les gens parlent portugais, les rues ont l'air portugaises... bref, on oublie qu'on est en Chine! Je trouve tout de suite une église et me perds rapidement dans le labyrinthe des petites rues... et oui, pour la première fois, je suis VRAIMENT perdue! Par chance que j'ai ma carte... Quelques minutes plus tard, je trouve la rue principale où il y a plusieurs boutiques de luxe et autres marchands. Je trouve finalement les touristes, mais je n'arrive pas à me sortir de la léthargie que m'a communiquée ma visite matinale du casino. Peut-être qu'après le dîner, l'ambiance changera un peu. Je mange une généreuse portion de sushis et cherche quelque chose à faire de ma peau après le repas.

En retournant dans la rue principale, je passe devant un coiffeur et me dis que j'ai franchement besoin d'une bonne coupe! Et c'est à ce moment, que ma journée n'est officiellement plus ''plate''. En entrant dans le salon, LE coiffeur m'accueille et m'invite à prendre place sur une chaise. Il travaille avec deux assistants et l'un d'entre eux me guide vers le lavabo pour me donner un massage capillaire d'une bonne vingtaine de minutes... (ok, mes cheveux sont propres maintenant, je pense!) C'est alors que ''Rico'' (ok ce n'est pas son vrai nom, mais il avait vraiment une tête de Rico!) s'approche de ma tête. Franchement, je n'aime pas trop propager l'idée du coiffeur gai... mais maudit les gars, aidez-vous un peu!! Il regarde mes pauvres cheveux pendant une bonne dizaine de minutes et dans un claquement de doigts, il active ses deux assistants qui me sèchent simultanément les cheveux et les brossent. Quand ils ont presque terminé, il revient, en pousse un (littéralement...) et l'envoie se promener d'un coup de poignet. Il regarde encore le tout et claque des doigts de nouveau pour que ses ''apprentis'' me lissent la tignasse. Lorsque tout est à son goût, il attache sa Ceinture de coiffeur (qui a plus de gadgets que Batman!) et commence à me parler: ''Zheblabla Hair Zeblabze Thick Zbalbzalb Long'' et c'est tout ce que je comprends. Il prend une grande touffe dans ses doigts et en me regardant intensément affirme: ''And now, ze cut!'' Mon Dieu, il va me raser, ça y est! Mes ongles sont profondément entrés dans mes paumes et je tente de garder un visage neutre. Je me retrouve rapidement avec une barbe de cheveux qui tombent sur mon tablier comme des mouches. Il prend un moment pour réévaluer son plan et son assistant a le malheur de tenter de me toucher les cheveux. Il lui répond sèchement (en cantonais? en portugais? en coiffeur? Aucune idée!) et le pauvre gars, repars tout piteux, probablement laver les toilettes. Alors qu'il me coupe les cheveux, Rico affiche un petit sourire qui ne fait que m'inquiéter plus. Soit qu'il tente d'amadouer mes cheveux en les regardant amoureusement ou qu'il me taille un signe de gang derrière la tête que je ne verrai qu'à la fin de la coupe. Finalement, alors qu'il termine (''Ok, now itz ova!'') je me vois dans le miroir et je dois dire qu'il a fait une maudite bonne job! Mes cheveux sont lisses, doux et bien coiffés. Merci Rico, pour la coupe et l'émotion forte!

En sortant du coiffeur, je me sens finalement prête à attaquer les casinos! Après un petit détour dans un restaurant mexicain, j'entre dans le Wynn et décide d'aller dépenser un peu d'argent! Par contre, le garde de sécurité n'a pas la même idée... Il m'arrête à la porte et me demande mes cartes (18 ans?? Damn you Rico and your talents!), lorsqu'il accepte finalement de me laisser entrer, je me fais suivre à l'intérieur comme une criminelle! Est-ce mon habillement? ''Pourtant, j'ai mis mon plus beau coton ouaté, monsieur!'' (mes beaux vêtements sont maintenant rangés depuis plusieurs mois dans ma valise en attendant mon retour au Canada....) Je marche pendant quelques minutes, mais je n'ai franchement aucune envie de rester alors je tente ma chance dans un autre établissement. Malheureusement, chaque fois que j'entre dans un nouveau casino, l'ambiance est pareille et il n'y a pas beaucoup de machines, seulement des tables. Si on pense que l'attitude des gens à Las Vegas est plutôt du genre: ''YEAH, VEGAS BABY, PARTY, CRAZY, WOHHOOO'', Macau c'est plutôt: ''Ok soooooooo I put 10$ dollars there, then think for a while, take out more money, wo... hooo (discret)... and maybe I have enough to get home''. 19h30 n'arrive pas assez vite et je rejoins la navette du MGM Grand qui me ramènera au port. Demain est un autre jour et Hong Kong est franchement plus excitant de toute façon!

Conclusion sur Macau:
On aime: La partie portugaise de la ville, les sushis, Rico
On n'aime pas: La rue où se trouvent les casinos, les portiers des casinos, les croupiers des casinos, les clients des casinos, les machines des casinos... Bref, tous les gens qui jugent mon coton ouaté.

Les pieds dans l'eau, la tête dans les nuages - Hong Kong 2

Le premier matin, je sors de l'auberge à 8h et... rien! Le centre-ville est complètement désert! Où sont tous les habitants? Ne devraient-ils pas être en chemin pour le travail? À New York et même Ottawa, à cette heure, il y a déjà des centaines de gens dans les rues, mais pas ici! Mon auberge se trouve sur la pointe Kowloon de Hong Kong et ce n'est visiblement pas ici que l'action se passe.

Aujourd'hui, je décide de prendre le traversier et de me rendre du côté ''Central'' pour visiter quelques attractions locales et terminer la soirée à Victoria Peak, d'où je pourrai avoir une vue sur toute la péninsule. Je m'achète un croissant à un prix exorbitant et m'installe confortablement dans le petit bateau. La traversée est très rapide et dès que je mets les pieds sur l'île, je comprends tout! AHHHH c'est ici que vous vous cachiez mes petits hong kongais! (hong kongites?! hong kongiens? Aucune idée!) Le rythme ici est effarant! Les voitures se dépassent à une vitesse incroyable sur l'autoroute à 4 voies qui sillonnent sous la ville, les gens marchent en parlant au téléphone, c'est bruyant, c'est vivant, c'est tellement excitant!! L'adrénaline me fait presque courir et je pars à l'aveuglette dans une direction pour me perdre dans les rues. Je me retrouve au beau milieu du Hong Kong de mes rêves: des néons, des affiches, des petites ruelles, des marchands, des boutiques de luxe. Tout est au rendez-vous. Il y a même des échafauds en bambous comme dans les films de Jackie Chan et je m'arrête un instant pour les regarder (''Alors si le gars saute de cette plate-forme à celle-ci et qu'il fait ensuite un back-flip dans les airs, il pourrait facilement se sauver des Triades à ses trousses!'').

Le plan que j'ai préparé pour la journée m'indique que je vais commencer ma découverte de la ville par ''Repulse Bay'', la plage de l'île. Une plage? Mais je suis au beau milieu des grattes-ciels! J'emprunte l'autobus désigné et commence une ascension dans les montagnes. Les routes sont extrêmement étroites et le chauffeur conduit à une vitesse presque dangereuse. Il n'y a de la place sur la chaussée que pour une voiture et demie et nous croisons régulièrement d'autres autobus, les frôlant presque. Je commence le voyage au deuxième étage de l'autobus, mais croyant être près de ma destination, je décide d'aller me tenir debout près de la porte. Le chauffeur se retourne et m'indique de sa main ''gantée'' de ''please hold the bar''. Heu, heu... si tu crois vraiment que je ne vais PAS me tenir, tu es cinglé! Habituellement, je me fous de la gueule des gens qui porte des ''gants de conduite'', mais le chauffeur les a bien mérités... en ce qui me concerne, il pourrait aussi porter l'habit complet de formule 1, car ce qu'il fait ici n'est pas de la petite conduite pépère d'autobus. Il doit bien risquer sa vie tous les jours!

L'autobus s'arrête finalement à ''Repulse Bay'' alors que je tente de garder mon croissant dans le processus digestif. Ouf... les autres touristes ''verts'' sortent aussi de l'engin. À ma grande surprise, quelques minutes plus tard, j'ai les deux pieds dans la sable et mon cerveau n'arrive pas à comprendre qu'il se trouve bel et bien encore sur l'île de Hong Kong. La vue est incroyable et quelques îles sont parsemées dans le panorama digne d'une carte postale. Je dois m'asseoir un instant et profiter de la vue... Je vais même me plonger les doigts dans l'eau est découvre que pour une Québecoise, elle est baignable! Wow, si j'habitais dans le coin, je pourrais me baigner le 21 décembre... Damn you Shangqiu!!

À contre-coeur, je quitte l'endroit paradisiaque pour emprunter un autre autobus (j'aime vivre dangereusement on dirait bien!) en direction du quartier Stanley. Selon mon plan, on peut y faire du bon magasinage et il y a aussi un petit port digne du détour. Je marche pendant quelques minutes dans les étales des marchands, mais après avoir vu la même chose à Nanjing, Jinan, Shanghai et même Shangqiu, je décide de conserver mon argent bien au chaud dans mon portefeuille et de le dépenser ailleurs... Arrive ensuite la promenade sur le bord de l'eau où je m'arrête pour un hamburger et une bière (et... l'argent n'est plus au chaud!). Je rencontre une famille d'australiens qui me disent qu'ils travaillent pour l'école canadienne de Hong Kong. Intéressant!! Et moi qui n'a justement pas de plans pour l'an prochain... ça mijote dans ma tête! L'après-midi est déjà bien entamée alors je décide d'aller au sommet de Victoria Peak pour voir la vue de jour et de nuit.

Un autre trajet d'autobus plus tard et je suis assis dans le téléphérique qui grimpe jusqu'au sommet à 45 degrés! Lorsque je sors de la cabine, l'oxygène se fait un peu plus rare et j'atterris dans un petit village qui me rappelle Whistler. Il y a des boutiques de luxe et un petit ''square'' où l'on peut s'installer pour siroter un café à 45$, vendu par le suppôt de Satan - Starbucks... Je ne fais ni une, ni deux et utilise tout de suite mon ticket pour avoir accès à l'observatoire. Des centaines de photos plus tard, j'ai bien immortalisé la vue et prends une pause, question de laisser refroidir ma caméra! Mon plan était de rester à l'observatoire jusqu'à la tombée de la nuit, mais lorsque je me renseigne pour savoir l'heure, on me dit qu'il est seulement 3h30! D'un côté de la plate-forme, alors que je scanne le village, j'aperçois au loin un restaurant familier... jaune, noir... est-il possible que ce soit, ce que je pense?? OUI C'EST UN NEW YORK FRIES!!! Les gens me connaissant bien, savent que je pourrais facilement parcourir plusieurs kilomètres à genoux dans la ''garnotte'' pour une poutine de leur restaurant alors je descends les marches deux par deux pour voir si je n'ai pas rêvé?! Et je n'ai pas rêvé! Je m'empiffre alors sans retenue et remercie le gars qui a pensé à ouvrir un tel restaurant au sommet (probablement le même que le Starbucks alors ok, il est pardonné!) Je brette et brette sur la montagne en attendant la tombée de la nuit qui se fait désirer... Plusieurs touristes ont la même idée et l'excitation est à son comble alors que les premiers immeubles allument leurs néons. Vers 18h30, je reprends le téléphérique sous un éclairage époustouflant. Ce n'est pas qu'une mince affaire d'éclairer une ville d'une telle ampleur.

Pendant mon brettage, j'ai remarqué sur ma carte qu'il y a tout près un grand restaurant flottant qu'on peut visiter gratuitement et qui est le summum du ''kitsch'' chinois. Dragons chinois, lanternes, lumières, etc. Je ne peux manquer ça! Autre autobus... autre mal de coeur... j'arrive dans un petit quartier douteux de l'île. Suis-je au bon endroit?? Des affiches indiquent le ''Jumbo Kingdom'' et je suis rassurée. Je prends la navette (bateau) gratuite et arrive au rez-de-chaussé de la version chinoise du bateau de ''Karma Kameleon'' (sans Boy George évidemment)! Ma poutine étant maintenant rendue loin, je décide de grignoter un petit quelque chose, mais lorsque je consulte les menus, je réalise que je suis dans un établissement offrant seulement du ''Fine Dining''. Tous les serveurs m'observent avec impatience alors, je commande un verre de vin en attendant la prochaine navette. Peut-être que si je le sirote lentement, ils ne me forceront pas à commander autre chose... ''Pffii, Pffiii, Pffii'' je siffle comme si de rien n'était en surveillant l'arrivée du bateau. Au moment même où un Popeye chinois ancre la bicoque à la plate-forme, je me réfugie à l'intérieur en maudissant la carte touristique qui n'a pas mentionné la nature du dit bateau! Je pense à la pauvre femme au centre de renseignement qui voulait y amener toute la famille! J'espère que votre maison est sans hypothèque madame...

Je termine la soirée devant un bon curry (mon 3e ou 4e repas de la journée... bof on va blâmer tout ça sur l'air marin!). Après tout, je dois prendre des forces car demain je pars à Macau, tenter ma chance au Las Vegas de l'Asie!!

Le Cyclope - Hong Kong 1

Samedi matin: Départ pour Hong Kong.

J'ouvre tranquillement les yeux... ouch, ouch, ouch, OUCH, OUCH!!!!!!!!!!!!!!!! J'arrive à peine à me rendre à mon lavabo pour constater que j'ai une méga infection oculaire et que mon oeil gauche est rouge vif et pratiquement fermé. MEEEEEEEEEEEERRDE! La lumière est agressante et je ferme rapidement tous les rideaux de mon appartement. Il ne manquait plus que ça. Heureusement, j'ai quelques pilules d'urgence et des gouttes pour soulager légèrement la douleur. Depuis mon arrivée en Chine, c'est la 4e fois que j'ai des problèmes avec mes yeux et je ne sais pas trop encore pourquoi (Verres de contacts? Pollution? Allergie? Réchauffement de la planète? ''One Child Policy''? Aucune idée!). Mon train ne part qu'à 17h alors je décide de passer la journée dans mon lit et de prendre une décision plus tard.

Les heures passent et j'ai toujours le globe oculaire révolté... ou comme Ciaran aime bien l'appeler: ''Your 28 days later eye'' (pour le film de zombie). Je ne sais vraiment pas quoi faire. 21h de trains avec un oeil douloureux ça peut être de la torture, mais je sais aussi que ça passe généralement après 2 jours de traitement. Je ne veux absolument pas manquer mon voyage à Hong Kong! Je décide d'appeler mon Confucius québecois, Michel, et il me redonne un peu de courage. (''Te connaissant Andréanne, je sais que tu vas y aller quand même'') Je prends donc mon sac à dos extra large, mets mes plus grosses lunettes de soleil et pars à l'aveuglette vers la gare de train. Voir Hong Kong d'un seul oeil, c'est mieux que pas du tout!

Cette fois-ci, mon départ se fait de la gare sud de Shangqiu, qui est décidément encore plus perdu dans la nature que le reste de la ville. Je tente de cacher mon oeil le plus possible, question de limiter le traumatisme de la population locale, mais dès que je m'assois dans la salle d'attente, tous les regards sont tournés dans ma direction. J'ai bien envie de me lever, lancer un grand ''WrrrrAhhhhh'' et me mettre à courir vers eux pour les effrayer. Un homme me regarde avec insistante. Je détourne le regard, mais il ne me quitte pas des yeux. Il doit sûrement penser que les étrangers ont des pouvoirs particuliers et que comme un ''Transformer'', s'il me quitte des yeux une seconde, je vais soudainement me changer en grosse Ferrari rouge et il ne se pardonnera jamais d'avoir manqué la métamorphose!

Finalement, j'arrive dans mon compartiment de couchettes et découvre que c'est en fait un grand corridor avec plusieurs sections ouvertes de 6 lits superposés (3 de chaque côté). J'ai le lit du centre alors, contrairement à ceux qui dorment en bas, j'ai la chance de ne pas avoir toute la population du train qui est assis sur mes beaux draps ''propres''. C'est étrange, car les lits sont tellement rapprochés que je peux facilement passer la soirée à donner des ''High-Fives'' au gars qui dort dans le lit d'à côté. Dès que je dépose mon sac, la petite madame qui occupe la couchette du bas lance un grand ''LAOWAI, LAOWAI (étranger, étranger)''. À ce point-ci, j'en ai plein le dos alors je lui jette un regard exaspéré, lui dit: ''Ouais, ouais, ouais.. laowai...laowai..'' et me couche en lui tournant le dos. Les prochaines heures passent à une vitesse incroyable.

17h - 18h30: ZZZZZzzzzzzzzzzzzz
18h30 - 18h40: Inhalation de ma soupe Ramen...
18h41 - 3h: ZZZZzzzzzzz
3h - 3h01: Mon voisin de couchette se retourne (que voulez-vous, j'ai le sommeil fragile..)
3h02 - 8h: ZZZzzzz (mais je me rendors facilement)
8h - 8h02: Dégustation de ma barre tendre/ déjeuner alors que mes comparses de cabines mangent une soupe aux nouilles... le matin, c'est dégueu les gars!
8h10 - 8h 20: Lecture
8h20 - 8h21: Zzzzzzz
8h22 - 8h26: Lecture
8h27 - 8h35: ZZzzzzzz
8h35 - 11h30: Lectu...Zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz (Quoi?! Je manque de sommeil!!)

Quelques heures avant l'arrivée du train je décide de jaser un peu avec la famille qui occupe la couchette du bas. En Chine, lorsqu'on voyage avec de jeunes enfants, il n'est pas nécessaire de leur acheter un billet, car ils dorment avec les parents dans le même lit. On peut donc facilement se retrouver avec 4-5 bambins au pouce carré. L'enfant étant l'individu le plus important de la famille, ils peuvent aussi se glisser dans les lits de tous les voisins sans que personne ne dise rien. Mais ça va, j'aime les enfants et notre niveau de conversation est le même! J'écoute les parents qui parlent de moi sans savoir que je comprends très bien ce qu'ils disent. Je décide alors de joindre la discussion et ils découvrent finalement que ''l'étrangère'' parle mandarin. Nous échangeons les banalités d'usage alors qu'un homme tente de nous comprendre. Il parle cantonais et n'arrive pas à discuter avec nous. ''HA, who's the LAOWAI now??''. En passant, le cantonais est foncièrement différent du mandarin alors pendant tout mon voyage, je ne parlerai qu'anglais...

Le dernier arrêt est à Shenzhen, du côté chinois et je dois traverser la frontière à pied pour arriver à Hong Kong. Tout se déroule sans problèmes et avant même que je ne réalise ce qui se passe, je sors du métro en plein milieu du centre-ville, à la recherche de mon auberge de jeunesse. Dans un grand élan d'optimisme, je n'ai pas écrit l'adresse exacte de l'endroit, croyant seulement pouvoir suivre les indications du site internet du Cosmic Hotel. ERREUR. Il fait noir et je suis dans un labyrinthe de rues qui se ressemblent toutes et je sais seulement que mon hôtel est au 12e étage d'une des tours d'appartements. Je reconnais vaguement une affiche pour ''Mirador Mansion'' et décide de tenter ma chance dans ce bloc. Heureusement pour moi, c'est le bon endroit et j'arrive à la réception. La préposée me dit qu'elle va me montrer ma chambre et sort de sous le comptoir. Elle fait 1 pas vers la gauche et s'arrête devant la porte qui, je croyais, servait à les laisser aller derrière la réception. Et bien non, c'est ma chambre et je vais pouvoir pratiquement faire mon ''Check-In'' de mon lit.

À ce point-ci, pour avoir l'expérience complète ''Hong Kong'', je vous invite à aller dans votre placard d'entrée de la maison et de vous enfermer à l'intérieur. Tentez ensuite de vous asseoir sur le rack à soulier et d'étirer vos jambes... c'est à peu près ce que ça donne dans ma chambre. Le lit touche à tous les murs et il y a 30 centimètres entre la porte d'entrée et la salle de bain/lavabo/douche/bol de toilette. GRANDES INSPIRATIONS, ce n'est pas le moment d'être claustrophobe! Je dépose mon sac en riant et décide de prendre ma douche... Il n'y en aura pas de facile, je n'arrête pas de me cogner le ''funny-bone'' sur la porte coulissante. Je me couche ensuite, pressée d'être le lendemain pour pouvoir découvrir la ville!

Friday, December 10, 2010

Go Canada Go

''Andy, want to take part in the school run?'' Oh do I!! J'ai donc sortie mes espadrilles et décidé de représenter le département dans la course annuelle de 4 km autour du lac.

Quelques jours plus tôt, lorsque j'ai annoncé la nouvelle à Shannon, elle m'a dit: ''Good, but you know that you can't win, right??'' Euh.. pourquoi pas?! Elle m'a expliqué que ce serait terriblement humiliant pour les Chinois, qu'une ''étrangère'' leur donne une leçon lors de l'évènement... Et ça ne sera pas humiliant si j'arrive au fil d'arrivée et attend que la première personne chinoise me dépasse?? ''Oh but after you, my dear chinese friend!''. De toute façon, avec ce qu'on a appris aux dernières Olympiques sur l'entraînement des petits Chinois, il y a probablement une enseignante d'éducation physique qui a été tordu, fouetté et mis sur un tapis roulants depuis la naissance en préparation spéciale pour ce type d'évènement. Je n'ai probablement aucune chance?!

Avant notre course, les étudiants prennent part à différentes compétitions et je suis bien heureuse de voir plusieurs de mes jeunes ''anglophones'' au fil d'arrivée. Joyce termine même 13e lors de l'épreuve du 4 km! On me tappe alors sur l'épaule et je vois que c'est mon patron, Mr. Yu, tout habillé dans son plus beau jogging! Génial, au moins je ne serais pas complètement seule, même si les hommes et les femmes ne courrent pas ensemble. J'aperçois aussi, Taka, un professeur japonais (et grand coureur) qui s'échauffe tranquillement.

Arrive alors le temps de prendre place sur la ligne de départ et une centaine de mes consoeurs chinoises me rejoignent pour se compacter devant moi. Ça pousse et pousse et je ne peux m'empêcher de rire. (Vous n'arrivez pas à voir mesdames?) L'habillement de certaines d'entre-elles me laissent bouche-bée. Il y en a en jupes, en bottes, avec des beaux manteaux de cuirs, en jeans, etc... J'arrive tout de suite à reconnaître ma ''compétition'', car elles ont de vrais espadrilles (des profs d'édu probablement..). Du côté des hommes, on pourrait même croire que l'évènement est commandité par ''Moores''. Franchement les gars, vous auriez pu au moins retirer la cravate! Je suis franchement excitée de commencer la course, car une bonne cinquantaine de mes étudiants m'encouragent de chaque côté du circuit! Regardez-ça les jeunes, ce que ça peut faire un prof!

''Poooowwwww'', la course commence! Je prends mon petit rythme tranquille de jogging et plusieurs enseignantes se brûlent dès le départ. C'est 4 km, les gars, pas 500m! J'arrive assez facilement à rejoindre les 10 premières avant la fin du premier kilomètre. ''Scusez, scusez... ne me tombez pas dans les jambes madame!!''. Après 6 minutes, je suis en 3e position et remarque que je suis de près la coureuse qui me sert de bouclier pour le vent. Franchement Andréanne, c'est une course pour le plaisir, pas les Olympiques! Aussi bien la dépasser. Je me sers alors de mes grandes jambes et passe devant... puis la première commence à flancher. Ahhh le machinerie chinoise, ça finit toujours par briser! Regardez ce que ça fait du ''Made in Canada''! Je me retrouve alors en tête, mais il me reste plus de la moitié du trajet à parcourir. Dans le fond, c'est bien parce que c'est la partie où tous mes étudiants me voient et m'encouragent. Je peux bien crever dans le dernier kilomètre (qui se passe derrière les arbres), ils ne le verront pas! Je continue à jogger fièrement et pense à une stratégie pour me faire dépasser subtilement avant la fin. Mais je n'aurai pas besoin de feindre une crampe, une enseignante ouvre la machine et je l'entends respirer dans mon cou! ''Ouf Ouf Ouf Ouf'', elle me dépasse avec deux de ses amies. Bon ça va, il me reste encore du jeu pour les rattraper. Cependant, dans la dernière courbe, je crains qu'il me reste peut-être un peu moins de ''jus'' que ce que je pensais. Je vois la petite madame et tente de la rejoindre, mais mon corps ne veut pas. Joyce arrive à mes côtés et termine les derniers 100m avec moi sous les acclamations de la foule en délire. Je passe devant les ''leaders'' de l'école et tente au moins de fermer ma bouche, mais c'est impossible, je suis crevée! Ça fera de belles photos!

Je termine donc 4e, derrière trois profs d'édu. Tout est bien qui finit bien, l'honneur de la Chine est sauvé! Mes étudiants veulent tous me tenir sous les bras pour que j'aille prendre de l'eau alors je me retrouve presque transportée sous notre drapeau du département. Au même moment, j'aperçois du coin de l'oeil la grande gagnante qui régurgite ses dumplings dans la nature... J'irai peut-être lui serrer la main plus tard!

Not so bad for a foreigner, hein?

Tuesday, December 7, 2010

Lavage complet s'il-vous-plaît!

Ce soir, je suis allée (musique dramatique)... aux BAINS PUBLICS!!!! En effet, une amie chinoise a décidé de me faire vivre cette expérience et en rétrospective :
1. je sens bon, 2. ma peau est douce, 3. le traumatisme est minimal. Mais souvenez-vous toujours qu'il faut souffrir pour être belle!

Quelques semaines après l'avoir rencontrée, Amber m'invite à souper chez elle et me dit que nous devrions ''take a public shower''! Euh... Là, tu veux parler de combien de gens exactement sous le même jet?? À la mention du bain public, plusieurs images traumatisantes de la piscine de la Polyvalente de Gatineau me reviennent en tête et je fais de mon mieux pour ne pas me rouler en boule sur une chaise et me frotter au sang avec du Purel! En fait, elle m'explique plutôt que c'est un genre de ''spa'' où l'eau est traitée et donc, de bien meilleure qualité que ce qui sort de ma douche. (Non?!? Impossible!! Mais elle vient directement des égouts de Shangqiu!). Je décide donc que ce serait une expérience intéressante et étant donné qu'Amber n'est pas une de mes étudiantes, il ne risque pas d'y avoir trop de photos compromettantes sur QQ (le facebook chinois).

Sa mère vient donc me chercher après le travail et nous conduit jusque chez elle. La famille d'Amber habite dans un superbe complexe d'appartements avec une entrée gardée et un petit jardin en dehors du centre-ville. Je savais déjà que sa famille est aisée, car elle ira étudier en Angleterre au mois de janvier, mais j'étais tout de même surprise de voir la qualité de l'endroit. Nous sommes accueillies dans la maison par sa grand-mère toute souriante qui commence à me parler à 100 milles à l'heure en mandarin. Je fais de mon mieux pour lui répondre et son grand sourire me confirme que nous allons bien nous entendre (ce qui est positif considérant qu'elle me verra nue deux heures plus tard!). Amber me fait faire le tour du propriétaire alors que sa mère et sa grand-mère s'affairent dans la cuisine. J'aimerais bien les aider, mais je ne crois pas qu'elles laisseraient ''l'invitée'' dans la cuisine. De toute façon, quelques minutes plus tard, elles nous appellent à table où nous attend un des meilleurs repas qu'il m'ait été donné de manger en Chine! La cuisine maison, c'est toujours bien meilleur! Sa grand-mère nous a préparé des petits pains frais alors que sa mère a concocté deux plats de légumes et une soupe (sucrée... c'est la norme avec la nourriture salée et oui ça surprend la première fois!). Il y a même des morceaux de poulets qui goûtent exactement comme le poulet Bar-b-q de la maison! Le bonheur!! Lorsque je prends place à table, je remarque qu'il n'y a pas d'assiettes... juste le bol de soupe sur la belle table en bois. Ouf, on a peut-être surestimé mes talents de baguette! Je mange comme si j'étais à Fort Boyard, car ce ne serait pas très poli de répandre tous leurs efforts sur la table! Finalement, ma soupe se trouvera assaisonnée de tous les autres plats...

Après le repas, nous passons au salon, où sa mère nous fait un service du thé chinois. Elle prépare le tout sur une table de bois, équipée d'un système de drainage pour permettre la préparation traditionnelle. Sur la table se trouvent quelques bibelots qui représentent la prospérité, la santé, etc. Elle commence par verser l'eau chaude directement sur les figurines pour la chance et fait une première infusion. Nous ne buvons pas ce thé, qui sert seulement à purifier les verres et qui termine dans le drain. Lors de la seconde infusion, nous pouvons sentir l'arôme et goûter le thé qui est le moins fort. Elle fera ensuite le même protocole deux fois pour que nous ayons le thé le plus infusé. Moi qui a troujours ''tripé'' sur ce genre d'expérience, je suis au paradis!!

Par la suite, nous partons pour le bain public et Amber m'explique que sa mère et sa grand-mère viendront avec nous. En Chine, plus on est de fous, plus on rit (de moi), non?? En arrivant aux bains, un préposé nous distribue des sandales et nous allons dans la pièce pour nous changer. Wow, il n'y a vraiment pas de gêne ici! (conséquemment, il doit y avoir beaucoup de plaisir, comme le dit l'expression!). Je suis Amber à l'intérieur de la pièce et tente de regarder en avant. Pas que j'ai peur d'être traumatisée, mais je ne veux pas voir tout le monde qui me regarde et me pointe! Nous allons au fond de la pièce où se trouvent plusieurs bains qu'une femme est en train de recouvrir de plastique neuf pour nous. Thank God, parce que je ne rentre pas là-dedans sans ça! Elle nous fait couler notre bain alors que nous discutons. Étonnamment, Amber est très ''cool'' avec la situation alors j'arrive à me détendre un peu.

Nous prenons notre bain en jasant (en passant, je suis totalement au courant à quel point tout ça est bizarre, mais ''when in Rome'', n'est-ce pas?) et elle me dit alors que c'est mon tour d'aller me faire ''laver''. Euh, depuis que j'ai 6 ans que je m'occupe de cette étape alors je crois que je peux le faire moi-même?? Et bien non, une femme m'attend avec un gant de douche et me dit de m'étendre sur une table... Mais madame, je suis nue!! Je me glisse sur la table (couverte aussi, ne vous inquiétez pas!) et elle procède à me récurer au sang en rigolant. Si vous vous êtes déjà demandé comment se sentent vos voitures au lave-auto, je peux vous dire que le lavage avec contact ça récure! Elle me frotte tellement que je crois que quand je vais me lever, il va y avoir ma forme en peau morte sur la table, comme un serpent qui mue! Mais ce n'est pas terminé! Elle me met ensuite de la crème alors qu'une autre femme me lave les cheveux. Elles se parlent en mandarin et Amber me dit qu'elles discutent du fait que normalement elles ont peur des ''étrangers'' mais que je suis belle et gentille... et bien le moins qu'on puisse dire c'est que je ne peux vraiment rien vous cacher dans cette position (je suis mise à nue... Poum poum poum tshiiiii)! La femme me demande ensuite de me tourner sur le ventre, mais mon corps plein de crème menace terriblement de foutre le camp comme un enfant sur une glissade qu'on installe dans le jardin! Chaque fois qu'elle me touche, je bouge de quelques centimètres vers l'avant et je tente de m'agripper pour ne pas terminer avec un grand ''Zwiissshhhhhhh'', face première, 2 mètres plus loin.

Après la partie massage, nous allons aux douches où nous finissons notre lavage en profondeur. J'attends avec impatience le moment du cirage, mais c'est seulement disponible au vrai lave-auto on dirait bien!

Lorsque je finis par m'habiller (Deux heures plus tard, c'est beaucoup de ''naked time!'') je dois vous avouer que je me sens vraiment détendue. Ma peau n'a pas été aussi douce depuis le temps des couches et mes cheveux sont lisses et brillants.  L'expérience en général est peut-être un peu ''too much'' pour les coeurs sensibles, mais j'ai arrêté de m'en faire avec ça il y a 3 mois... Les seules traumatisées sont probablement les laveuses!

Sunday, December 5, 2010

What are YOU grateful for??

Dimanche dernier, a eu lieu le second concours de discours des étudiants du département d'anglais. Le thème cette fois-ci était l'expression de la gratitude ou comme ils l'ont si bien nommé: ''Thanksgiving'' (à quoi tous les professeurs étrangers ont répondu: ''The holiday??''). Nous étions donc tous réunis de nouveau pour juger le concours. Dès que nous avons appris le thème, nous savions que chacun des textes, sans exception, allait être pour ''maman'', ''papa'', ''prof'' (pour les téteux...), ''la vie'', etc. Une grosse soirée intellectuelle en perspective et probablement beaucoup de fausses larmes.... Bon, passez-moi la fausse boîte de mouchoirs!

Comme je l'ai déjà mentionné, les étudiants chinois ont un style d'écriture très... émotif, qui semble tiré tout droit de l'horoscope du dimanche ou des cartes de souhaits (pas les Hallmark, la marque ''cheap!''). Ce n'est pas clair, ça mène à rien et ça cherche toujours à nous tirer une petite larme! On y parle de ''sun in your heart'', ''be happy forever'', ''kindness of the soul'', etc. Bref, si l'Université ne fonctionne pas pour eux, ils peuvent toujours déménager au Canada et se partir une boutique Nouvel-Âge! Voici les meilleurs extraits de la soirée.

Dans un premier temps, les étudiants devaient se présenter au public en quelques phrases:

- ''Don't be shy, just try!'',
- ''Good luck to me!'' Un peu de modestie, toujours bien...
- ''Nothing is impossible to a warm-heart'' (... so get well soon?)

Par la suite, les étudiants ont présenté leur discours:

- En parlant de la préservation de l'environnement: ''Who is the mother of paper?''.
- ''We have the power to Thanksgiving'' Ah, et moi qui pensait que c'était les Pélerins et leur dinde..
- Un autre petit coup de modestie: ''I believe everyone can learn something from my speech''.
- ''My mom is not beautiful but she is strong''. Elle serait probablement bien émue d'entendre dire ça.
- Petite erreur de prononciation toujours drôle: '' I feel happy when you are smelling (smiling)''.
- ''My parents, they give us too much love and affection''. Vous savez ce qu'on dit, trop c'est comme pas assez!
- ''Mom, you are the sun in my heart''.
- En parlant de son expérience universitaire: ''I have too much free time to do things that I want to do''.
- Une étudiante en grande contemplation:''Let the warm-heart fly, Let the warm-heart fly...''. Et ça continuait comme ça pendant 4 minutes, mais mon cerveau a abandonné après le premier ''warm-heart'' qui vole...
- ''Now let's put our hands on our hearts and promise to be grateful...''
- La palme d'Or: ''A friend in need, is a friend indeed!''
- ''Because I am grateful, my life is colorful''. Un point de plus pour la rime.
- Dans la catégorie, Je ne pensais jamais entendre ça dans un concours de discours: ''The doctor needed to pull out the nail of my left big toe''
- ''Blood is thicker than water''
- ''Once in my house there was a lamb''. Et connaissant les chinois, ''10 minutes later, there were lamb-chops''?
- Un petit manque de confiance '' I am not the best one but I will try to do it''.
- Du haut de ses 19 ans: '' I have been in the world for so many years...''.
- Et pour terminer: ''Now, my speech is over''.

Après pratiquement 2 heures de discours sur le même sujet, je vous dis qu'on se sentait tout chaud à l'intérieur... Tellement, que je commençais tranquillement à sentir mes paupières lourdes... et lourdes...

- ''And now ANDY!''

C'est alors que j'entends mon nom appelé au micro (''Oups, BUSTED!''). Ils me demandent de faire le discours de fermeture du concours. Je me secoue donc un peu et tente de sortir de notre rangée de sièges, mais en arrivant au bout, dans un mouvement de grâce et d'élégance totale, je m'étends de tout mon long sur le sol en me tournant la cheville... devant tout le monde.. le micro dans les mains... Serais-je en train de me faire punir d'avoir rigolé avec Shannon pendant les discours?? Je me dépêche à ramasser tous mes membres qui sont dans les jambes des autres et me lève d'un seul coup. N'ayant rien de mieux à faire, je lève les bras en l'air et m'adresse à la foule: ''I'M OK!! YEAH!!'' Je cours sur la scène (Mais pourquoi Andréanne? Tu veux refaire un vol plané?!? Ou peut-être que tu t'es cognée la tête en tombant..) et commence à faire mon discours improvisé, rouge comme un tomate et priant pour que ça se termine au plus vite. Je décide aussi d'ajouter un peu d'humour à mes dépens pour bien terminer d'enfoncer le clou dans le cercueil de ma dignité: ''You know what I am grateful about guys? That I didn't just break my neck out-there! Ha...Ha''. Lorsque je rejoins finalement mon siège, Shannon est en train de mourir de rire et me dit: ''BEST... SPEECH... EVER!''. Bof, tu sais, j'ai fait exprès de tomber... et Ciaran me regarde en riant et me dit: ''Dude you are such a jerk! You completely forgot to thank the juges!''.

Question de ne pas me faire punir de nouveau, je n'ai qu'une chose à vous dire: ''May your heart be warm forever and may you live a life full of sunshine and kindness in your soul''

Saturday, December 4, 2010

État de choc, culturel

Avant mon voyage, j'ai fait un peu de recherche sur le choc culturel, me doutant bien qu'après quelques mois en Chine, le gars qui crache à côté de la table au restaurant ne serait plus ''intéressant'' mais bien ''un gros imbécile chinois qui ne sait pas vivre''. Avec l'arrivée du temps des Fêtes, je peux commencer à en voir les différents symptômes dans mon comportement et celui de mes amis. Voici mes observations.

Mais je vous entends déjà vous adresser à votre ordinateur avec excitation: ''Oh mais Andréanne, qu'est-ce que le choc culturel??''. En fait, c'est un type d'anxiété provoquée par un changement de décor drastique, de fréquentations, de référents familiers, etc. En gros, c'est lorsqu'on commence soudainement à mettre vos restants de table directement dans des sacs d'épicerie, que la viande n'apparaît plus comme par magie bien emballée dans le comptoir de l'épicier, que l'on ne comprend plus ce qui se trouve dans son porte-monnaie...

Phase 1: La lune de miel

Pendant cette étape, le voyageur est émerveillé par ce qu'il voit. Tout est beau, nouveau et incroyable. De la vieille femme qui décide soudainement de te flatter le poil de bras (Ciaran), à la vendeuse qui veut absolument te faire goûter ses gâteaux (Moi). Même le chien tout sale à trois pattes du village semble cute avec son petit regard plein d'espoir...

Phase 2: La négociation

Lorsque le voyageur commence finalement à remarquer les différences dans son entourage et à réagir négativement à ce qui n'est pas familier, il se trouve en négociation. Il doit apprendre à s'ajuster aux différences et décider quels comportements de la nouvelle culture il adoptera. ''Ok, je vais manger avec tes baguettes rincées, te regarder jeter tes déchets sur le sol ou donner une fessée à ton enfant, mais tu ne me verras CERTAINEMENT pas cracher par terre, manger des pattes de poules, ...''.

Phase 3: L'ajustement

À ce moment, le voyageur commence alors à se créer une routine dans son nouvel environnement et redevient préoccupé par les petits soucis de la vie de tous les jours. Il se demande où rencontrer ses amis après le travail, à quelle heure il pourra aller jogger ou, qui n'a pas changé le rouleau de papier de toilette...

Ce qui m'a fait penser à tout ça c'est que depuis quelques semaines, Will et Mark agissent de manière franchement bizarre. Lorsqu'ils ne passent pas le weekend à Pékin avec les autres étrangers de leur programme, ils dépensent tout leur argent au bar local et se saoulent au point de rouler sous la table. Ils passent le reste du temps ensemble au resto qui sert de la nourriture étrangère et ne rencontrent jamais personne d'autre. Malheureusement pour eux, je crois que la barrière de la langue commence à franchement se faire ressentir et le manque d'interaction avec la population chinoise les a carrément fait rejeter la culture dans laquelle ils vivent. Ils se sont créé une petite bulle ''étrangère'' et semblent tout faire pour y rester. Je n'aurais aucun problème avec leur comportement s'ils n'affectaient qu'eux, mais étant donné qu'ils sont constamment sur le ''party'', ils négligent leur travail et donnent une mauvaise réputation aux étrangers en général. Espérons seulement qu'ils arriveront à ne pas se mettre les pieds dans les plats jusqu'à ce qu'ils quittent la Chine, au mois de janvier.

De mon côté, je crois probablement être dans la deuxième étape depuis quelques semaines, mais lundi dernier, j'ai eu mon premier gros ''cas'' de choc culturel. Je devais toujours combattre une indigestion et l'idée même de saisir des baguettes pour manger me donnait une envie pressante d'aller enlacer ma toilette. J'ai donc appelé ma famille pour un peu de réconfort et alors que nous parlions du temps des Fêtes, l'idée d'aller passer les Fêtes avec eux est devenue intoxicante! Plus besoin de geler dans mon appartement, de manger du ''chinois'' à chaque repas, de me faire regarder et prendre en photo, de ne rien comprendre... En fait, tout ce que j'apprécie normalement et que j'accepte comme faisant ''partie de la game'' se retrouvait exposé devant moi sous son pire angle pour me tenter. J'ai donc passé quelques jours à nourrir petit à petit l'idée d'un Noël blanc, mais chaque fois que je prenais la décision de retourner chez moi pour les vacances, je sentais que quelque chose clochait. Je n'arrivais pas à mettre le doigt exactement sur ce que c'était jusqu'à ce que je comprenne finalement que je regretterais de ne pas passer Noël à Shangqiu, en Chine, avec mes amis. Nous avions déjà tous ces plans que je ne voulais pas manquer (un voyage à Hong Kong avant Noël, un souper tous ensembles, avec échange de cadeaux, le jour de l'An à Jinan avec des Français) et à mon retour Ciaran serait repartit en Irelande! Je devais donc profiter de chaque instant de mon voyage et ne pas me laisser abattre par les embûches du ''trois mois en Chine''. Ce sera donc un Noël brun à Shangqiu!

C'est drôle, mais le lendemain, pour la première fois en plusieurs jours, j'ai soudainement eu envie d'un bon bol de nouille... J'ai appelé Ciaran et nous avons passé une journée incroyable à magasiner au marché dans un petit recoin de la ville. Le soir en revenant en taxi, le chauffeur est passé devant le magasin à rayon de la ville et un immense sapin de Noël en lumières venait d'être installé devant la porte. Personnellement, je crois que c'était un signe...

Faites comme chez vous... mais pas trop quand même!!

La leçon du jour: On peut sortir le Suédois de la Suède... mais on ne peut l'empêcher d'être un gros connard!

Vendredi soir, nous décidons d'aller au bar local pour relaxer un peu devant quelques bières et profiter du spectacle de tambours africains qui doit avoir lieu le soir même (Tambours africains à Shangqiu?? C'est ce que je me suis dit aussi!). En arrivant sur place, nous remarquons tout de suite que quelque chose détonne du tableau habituel. UN NOUVEL ÉTRANGER est assis au bar et sirotte tranquillement son whisky. Dans un moment totalement chinois, je me retourne vers Ciaran et lui dit beaucoup trop fort (et en pointant...): ''MAN, man a foreigner!!''. Wow, vraiment Andréanne?? Il me reste juste à lui planquer mon cellulaire sous le nez pour prendre sa photo et ma transformation en Chinoise est complète! Ça va. Je m'auto-flagellerai plus tard en écoutant du Brian Adams devant ma carte du Canada...

Notre ami serveur nous dirige vers une table au fond du bar alors nous devons attendre un peu avant d'aller faire sa connaissance. Je sais que vous devez vous demander pourquoi nous sommes si excités de voir un nouvel étranger, mais franchement, après trois mois à être l'attraction locale, c'est toujours soulageant de voir de nouvelles victimes! De loin, il semble être dans la trentaine avancée, les cheveux blonds, une barbe forte et un physique quand même assez imposant. De près, il s'appelle Richard, vient de la Suède et travaille à Shangqiu comme ingénieur. Une connaissance chinoise (si on peut appeler ainsi un gars qui nous donne de la bière gratuite pour nous postillonner au visage et être vu avec nous...) nous invite à partager leur table alors nous nous présentons:

''Hi! I'm Andy. What's your name?'' lui dis-je avec mon plus grand sourire de bonne voisine qui vous accueille avec un panier de muffins frais et du pot-pourri. '' Heeeeeyyyy I'm Richard. Whr ar yu frm '' Pardon? lui dis-je en m'éloignant. Mes sourcils frisent des relents d'alcools qui s'échappent de sa bouche. Vite, éloignez les chandelles, son haleine va me partir le ''toupet'' en feu! Je réussis finalement à comprendre sa question et lui réponds que je suis Québécoise. Arrive alors la réplique de l'année au concours Mr. Shangqiu 2011: ''Well then, you are an idiot!''. IN..CRO..YA..BLE. J'ai la mâchoire qui traîne dangereusement près du plancher alors que j'assimile sa réponse. Ciaran, arrivant à la rescousse, me regarde pendant une seconde et lui répond: ''Hum... First of all, you are a complete jerk and second of all, are you seriously saying that?''. L'ivrogne tente de se rattraper un peu alors que je calcule la vitesse à laquelle ma bière peut se rendre à son visage. Heureusement pour lui, il se lève et va à la salle de bain alors que nous en profitons pour changer de table.

C'est alors que le spectacle de tambours ''africains'' commence. En gros, cinq Chinois sont sur scène, avec des chapeaux d'Amérindiens(??), peinture de guerre au visage, moumous africains et tambours. Franchement, je ne croyais pas qu'il était possible d'insulter autant de cultures différentes dans un même numéro! Ils se font aller pendant quelques minutes et la foule ne semble pas trop savoir comment réagir! Ce doit être les chapeaux... Quelque part, l'indien Lacota pleure devant son tipi.

Au même moment, nous aperçevons le pitoyable Richard, qui tente de draguer la pauvre serveuse. Malheureusement pour elle, elle est prise derrière le bar et ne peut se sauver (mais il a probablement déjà calculé tout ça!). Étant donné qu'il achète des bouteilles de whisky à 400 Yuan, elle n'a d'autres choix que d'être gentille avec lui, mais son regard lui indique clairement où il peut s'insérer une paire de baguette! Il procède ensuite à glisser des billets de 100 Yuan à notre ami serveur qui doit accepter, car le montant équivaut à la moitié de son salaire mensuel! Bof, si quelqu'un peut retirer un peu de positif de ce connard, tant mieux! Il réussit même à tomber, face première, à côté du bar à son retour de la salle de bain. La classe, quoi! Et moi qui croyais que les Suédois étaient comme le gars des annonces IKEA (''Ja, ja, I vill build yor Bjursta table!''), il peut bien prendre son petit sac de vis et retourner dans la boîte d'où il est sorti!

Le problème avec certains étrangers, c'est qu'ils méprennent l'attention qu'ils reçoivent des Chinois comme un signe de soumission et se permettent alors de les traiter comme leurs esclaves. Ils leur jettent l'argent au visage, traitent les femmes comme de la merde et agissent comme s'ils étaient propriétaires de la ville. Le statut de ''célébrité'' locale peut facilement faire gonfler l'égo quand chaque sortie au supermarché est un défilé de photos et de serrage de mains. En fait, ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que ce sont eux qui terminent la soirée avec notre argent. Plus j'apprends le mandarin, plus je réalise qu'ils profitent aussi beaucoup du langage pour nous passer tous leurs petits commentaires désobligeants en nous faisant de grands sourires... Au salon de massage, une femme m'a déjà dit: ''Oh you must be stupid, because you don't understand chinese!''

Finalement, lorsque le bar est sur le point de fermer ses portes, nous voyons que Richard a abandonné à sa table une toute nouvelle bouteille de Whisky pendant qu'il tente d'embrasser la pauvre fille. Hum, sa mémoire doit l'avoir lâché après la première bouteille! ''Trophée de guerre Ciaran??'', ''Oh que oui!'' me répond-il en faisant disparaître la bouteille dans son manteau, sous le regard amusé du serveur.