Monday, October 11, 2010

Kuai le!!!! - Shanghai Fin

Shhhhhh.. ''Ciaran it's time to wake up, let's go buddy.'' Le jour de notre départ de Shanghai, nous devons quitter l'auberge à 5h du matin, question d'arriver en avance pour le train et de pouvoir retourner à Shangqiu. Très franchement, ce n'est pas que nous avons vraiment très hâte de quitter la mégapole pour retourner dans notre petit ville où il n'y a d'exotique que le ''qiu'' du nom, mais la fin des vacances approche emportant avec elle le nombre de place disponibles dans les trains. Will et Mark sont tellement ''motivés'' à rester à Shanghai jusqu'à jeudi qu'ils vont prendre un train faisant le trajet: Shanghai - Pékin - Shangqiu pour retourner au travail. C'est un peu comme partir de Montréal et faire un arrêt par Val d'Or pour aller à Québec... ayant vu l'état du train lent pendant le voyage d'arrivée, je devrais être sous somnifère très puissants pour me permettre un tel trajet. Une fille n'a que son maximum de toilettes turques mouvantes et de trains bondés de passagers hygiéniquement douteux qu'elle peut accepter par semaine! Ciaran bouge tranquillement du lit et nous tentons de ne pas réveiller notre nouveau voisin de chambre japonais. ''Pssss Andy, Are you taking a shower before we leave?'' Je lui jete mon regard qui tue et secoue la tête ''non''. ''Ok then, I'll just brush my teeth''. Je place mes sacs silencieusement à l'extérieur de la porte. ''Did you see my jacket?'', ''Does my hat look ok?'', ''Did you grab the room-key?'', ''What time is it?''... Franchement si l'homme ne s'était pas réveillé à ce moment-là, je serais probablement allée le brasser moi-même pour qu'il soit témoin d'à quel point mon compagnon de voyage est casse-couilles! Nous descendons ensemble pour se brosser les dents et Ciaran reproduit chacun de mes mouvements pour ne pas qu'il ait terminé de se préparer avant moi. Il ne faudrait surtout pas qu'il soit obligé de faire le ''check-out'' sans moi, il pourrait se fouler le mandarin!

Procédures administratives terminés, nous trouvons un taxi qui pourra nous amener à la station de train. À cette heure matinale, nous sommes tout de même chanceux d'avoir accès à du transport si facilement, mais nous avons une bonne heure de jeu dans notre horaire, question de pas trop se presser. Je dis au chauffeur que nous devons aller à la station de train en mandarin. Il me regarde comme s'il venait de me pousser un troisième oeil et je me creuse la tête pour trouver un autre moyen de lui expliquer notre itinéraire. (Ne vous inquiétez pas: Supposément, les habitants de Shanghai ne sont pas très forts en Mandarin. Je me dis alors que ce chauffeur devait être le gars au fond de la classe qui mangeait des graines de tournesol pendant ses cours plutôt que de blâmer mes talents linguistiques matinaux). À cours de phrases pratiques et ne voulant pas nécessairement mimer un train à cette heure du jour (où à n'importe quel moment du jour tant qu'on y est), je sors mon billet et lui met sous le nez. Il le prend et commence le manège des gens en grand manque de lunettes à double foyers: Il avance le billet, se plisse les yeux, recule le billet, se plisse les yeux, avance le billet... Je lui propose même en riant de le tenir à une plus grande distance mais il dit qu'il sait où nous allons. Cue Ciaran: ''So do you know where we are going'' Oh duh... à la manufacture des poupées de l'expo! ''Yeah I think that we are good, we should be fine''.

Le taxi se lance sur l'autoroute et nous pouvons observer la ville qui se réveille tranquillement. Le soleil se lève entre les gratte-ciels et je suis déjà nostalgique des quelques jours que j'ai passé dans cette incroyable ville. Ma contemplation du panorama se fait interrompre par le bruit du moteur du taxi qui semble en souffrance extrême. C'est à ce moment que je remarque la technique de conduite du petit Jacques Villeneuve qui se trouve à mes côtés. Plutôt que de garder une vitesse constante sur l'autoroute, il embraye la 5e vitesse, donne un peu d'accélération et met ensuite la voiture au point neutre. Lorsque le véhicule commence à perdre de sa lancée, il embraye de nouveau la 5e et lui donne un autre petit ''boost''. Quoi? Je ne suis pas une conductrice manuelle hors-pair, mais il me semble que ce n'est pas très 1. efficace, 2. sécuritaire, 3. rapide. Ne voulant pas l'insulter de peur de nous faire débarquer sur le côté de l'autoroute, je me mets à soupirer allègrement et à regarder ma montre à toutes les quelques secondes. Je soupire tellement qu'il a maintenant les cheveux volant au vent de ma protestation. Nous arrivons sain et sauf à la gare de train (qui n'est pas la même qu'à l'arrivée?!) et nous nous dépêchons de trouver la bonne salle d'attente. Un léger doute flottant dans mon esprit, je décide de demander au premier policier que j'aperçois si nous sommes au bon endroit. ''Oh no, this is South Railway, you need to go to North Railway'' MEEEEEEEERRRRRDE! Il me dit que nous devons prendre un autre taxi pour nous rendre au bon endroit, mais que '' No time lady, no time!''. Ah ouais?? Regarde bien ça, ce n'est pas pour rien que vous n'avez pas de surveillance routière!


''KUUUUUUAIIII LEEEE!!'' (rapidement) dis-je les yeux exorbités, au nouveau chauffeur tout en lui mettant mon billet sous le nez. Je pousse Ciaran et les bagages pêle-mêle à l'arrière du véhicule et saute dans le siège passager. Il proteste que nous n'avons pas le temps, mais je ne fais que lui répondre ''Kuai le, Kuai le, Kuai le'' en pointant vers la route. Il se dit probablement qu'il pourra faire un peu d'argent sur le dos de cette folle même s'il ne réussit pas la course alors nous nous lançons dans le trafic. Après deux minutes de zig-zag, je tire comme une folle sur ma ceinture de sécurité (elles ne sont jamais disponibles dans les taxis) et arrive à la boucler. Le chauffeur prend vraiment sa mission à coeur et nous manquons à plusieurs reprises de nous aplatir entre deux voitures. Pendant tout ce temps, il maintient son klaxon bien enfoncé pour avertir les pauvres conducteurs du danger public que nous sommes. Je commence à me dire que nous pourrions peut-être rester quelques jours de plus à Shanghai... que ce n'est pas si grave si nous manquons notre train.. que je suis beaucoup trop jeune pour mourir... Ciaran n'ose même pas dire un mot, mais ma nervosité est trahie pas le flot incontrôlable de paroles que je jette à la tête du pauvre chauffeur. ''Non mais ça n'a pas de bon sang, qu'un chauffeur de TAXI de Shanghai, LA VILLE DE L'EXPO, puisse se tromper de station de train.. en plus il était tellement lent... et nous allons manquer notre train... bla bla bla'' Qui sais, pendant mon monologue nerveux, je lui ai aussi probablement parlé de l'insalubrité des toilettes turques et du conflit au Tibet.

Yiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii Le taxi s'arrête devant une bouche de métro et nous sortons en vitesse. Je jette littéralement au conducteur une liasse de billets (de 5 et 10... ne vous inquiétez-pas, j'étais peut être pressée mais je suis toujours cheap!) et j'agrippe Ciaran par la poignée du sac à dos pour le traîner en courant vers la station de train. Nous avons seulement 10 minutes pour trouver la plate-forme et mon optimisme commence à fléchir légèrement. Je comprends les gens qui ne veulent pas se presser lorsqu'ils sont en vacances et qui refusent de pousser pour passer plus rapidement mais ''Bordel de merde, Ciaran nous allons manquer notre train. Je pousse, tire, plaque, soulève pratiquement les gens pour frayer notre chemin. Nous arrivons à la salle d'attente et notre train est annoncé sur la pancarte. Génial! Je profite des quelques minutes de répis pour nous acheter des bouteilles d'eau mais lorsque je reviens à nos chaises, notre train n'est plus sur le tableau... ''Hum Ciaran, didn't you see that our train is not on the board anymore??'' ''Yeah... what is up with that?''.... Inspire...expire...inspire...expire... Je me propulse vers un employé de la gare, le saisit pas les épaules et lui montre notre billet. Je crois qu'il m'explique que nous avons manqué notre train. Il court vers l'horaire et nous dit que nous devons prendre le train qui est présentement sur la plate-forme. Pour la première fois, je vois un chinois qui est agité alors je me dis que l'heure doit vraiment être grave! Je tente de suivre Ciaran, mais il tape poliment sur l'épaule des gens jusqu'à ce qu'ils se retournent, leur dit: Duai Bu shi (excusez-moi) et procède ensuite à les dépasser. No time for that!

Nous nous trouvons ensuite devant un escalateur bondé qui est notre dernier obstacle avant de rejoindre le train. Hum... Ciaran, tu te souviens de Moïse et de l'épisode de la mer? Oui?! Bon, regarde bien ça! C'est tout juste si je ne projette pas les gens en bas de l'escalier. Je prends tout de même le temps de dire ''Sorry'' mais c'est plutôt un ''Sorry - Casse-toi'' qu'un vrai excusez-moi. Je récupère ma bonne conscience en me disant que chaque personne que je déplace en est en fait une qui m'a bousculé dans le train/ le métro/ sur la rue, etc. J'arrive en bas et me retourne pour repérer Ciaran qui devrait normalement être juste derrière moi. Mais non! Il est tout en haut de l'escalier et attend sagement de descendre en tenant la rampe comme un magasineur poli le 25 décembre... Ok, you find your way to Shangqiu, you are on your own now! Cours...cours...cours...

Le responsable du train nous dit d'entrer dans le wagon restaurant et nous attendons sagement près de la porte (Oui Ciaran s'est bien rendu). ''Euh.. Andy? Where are we going to sit?''. Si j'ai une pancarte dans le dos qui m'annonce comme guide touristique, j'aurais bien aimé qu'on me le dise avant! À ce point, j'en ai franchement ras le pompom et décide de le laisser sécher pour nous trouver des places. Je demande à chaque personne du wagon restaurant si la place libre à leur côté est prise et ils me disent que oui. Deux femmes (tout droit sorties des années 80 chinoises... toupet crêpé et tout!) nous disent que nous ne pouvons pas nous asseoir avec elles, même s'il y a deux places de libres. Je retourne auprès de l'employé qui nous guide vers les deux ''gouidettes'' du train. Il leur dit fermement de se lever et nous fais signe de prendre leur place. Normalement, je ne suis pas très à l'aise avec les traitements de faveur en raison de notre statut d'étranger, mais je suis fatiguée, stressée et j'en ai plein le dos de ce train. Les deux ''Nancy'' se lèvent et se mettent à nous insulter en mandarin. Ciaran leur fait signe de prendre place à nos côtés, mais elles refusent. Je leur dis ''Ding bu Dong'' (je ne comprends pas) avec mon plus beau sourire tout en mettant mes écouteurs. La paix s'il-vous-plaît... et oui de toi aussi Ciaran!

Après une heure de trajet, nous comprenons pourquoi nous pouvons avoir accès à ces places gratuitement. En fait, c'est les sièges des serveuses du train et elles viennent s'y reposer toutes les demi-heures. Elles ne sont que trois alors elles me laissent toujours bien assise et demandent plutôt à Ciaran et aux deux autres voyageurs de leur laisser leur place. Après trois fois, je devrais normalement commencer à me sentir mal pour mon ami, mais je suis confortable et me dis que si ce n'était pas de moi, il serait encore à Shanghai alors il peut sécher sur MA micro-chaise. À mi-chemin, le contrôleur revient et nous dis que nous devons céder nos places pour de bon à des hommes qui veulent venir manger. Dans le wagon-restaurant? Quelle idée!! Nous prenons nos clics et nos clacs et nous trouvons un petit coin, près de la porte, pour nous asseoir. Merci micro-chaise, je suis même plutôt confortable et le train rapide est beaucoup moins bondé que le train lent donc nous pouvons même nous étirer un peu. J'ai décidé que je ''boude'' toujours Ciaran alors je garde mes écouteurs et ne fais pas la conversation avec lui.

Le reste du trajet passe très rapidement et je me fais même ''copine'' avec trois enfants de trois, quatre et cinq ans qui viennent toujours jouer près de nous. J'arrive à faire la conversation avec eux, ce qui me dit que mon niveau de mandarin est à peu près celui d'une petite fille de 4 ans... Justement, elle est tellement à l'aise avec moi qu'elle se retrouve bientôt perchée sur mes genoux pour jouer avec son toutou de l'expo. Pauvre micro-chaise! Notre station arrive finalement alors nous faisons nos au revoir aux enfants et sortons finalement du wagon. Ahhhhhhhhh l'air de Shangqiu... cette fois-ci je ne m'étais vraiment pas ennuyé de toi!

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