Sunday, February 20, 2011

Torture chinoise

Je dois vous dire que j'étais bien contente de retrouver Shangqiu et mon appartement après 4 semaines sur la route. C'est bien beau les vacances, mais à un certain point, il devient nécessaire de passer une bonne nuit de sommeil dans son lit!

Je dépose donc mes sacs et fais le tour du proprio avec mon ami Max, qui est en visite du Canada pour deux semaines. À part les boules de poussières géantes (en mutation avec mes cheveux) qui donnent un petit air ''western'' à ma maison, je ne découvre pas de surprises particulières (lire ici: Nouveaux amis à antennes ou piscine ''Infinity'' dans ma cuisine). Nous prenons place au salon pour jaser un peu:

Andréanne: Alors comment se passe le travail?
Max: Et bien... COCORICO!!!! euh ça va... COCORICO!! en fait, c'est... COCORICO!!!

Je me lève de ma chaise comme si elle était en feu et me colle la tête sur la vitre. Imaginez-vous donc qu'un des habitants du bâtiment d'en face à décidé de se procurer des coqs pendant les vacances! Et par le vacarme qu'ils font, j'estime qu'ils doivent bien être une vingtaine dans la petite boîte (ou 2 sur le ''Speed!''). Il y a quatre rangées d'appartements pour les enseignants sur le campus et entre chacun des bâtiments, se trouve un petit jardin commun. Mon nouveau meilleur ami chinois a donc décidé de se ''gosser'' un poulailler avec 3-4 petites branches de bois et une toile en plastique. Bra...vo! Je suis certaine qu'il s'est dit que vu qu'il achetait les poules pendant les vacances, personne ne s'en rendrait compte... erreur fatale Maturin, probablement que le Chairman à Pékin peut entendre le vacarme de tes bestioles. Nous tentons de continuer la conversation, mais les coqs se font aller littéralement à toutes les quelques minutes et les petites veines de mon cou se mettent à sortir. Le lendemain matin, nous nous faisons bien évidemment réveiller au son du coq. Je me dis: ''Tient, pour une fois qu'il chante à la bonne heure...'', mais pour lui il semblerait bien que toutes les heures sont bonnes, car il continue - non-stop - jour et nuit. Un peu mêlé le monsieur... J'invite Shannon à jouer au Monopoly à la maison, mais le scénario est le même:

Shannon: Ok, I'm going COCORICO to buy COCORICO Parkplace COCORICO
Andréanne: 2 COCORICO hundred COCORICO dollars COCORICO

Décidant qu'assez c'est assez, je profite d'un moment où la femme du voisin laisse sortir les coqs pour la confronter. Rosetta Stone ne m'ayant malheureusement pas encore appris à ''Chialer après un voisin qui s'achète des poules'', je profite de l'occasion pour lui faire mes plus gros yeux et brasser ma tête de gauche à droite, dans un long mouvement de ''tu n'as pas d'allure. Je le sais. Tu le sais, alors vire les poules!''. Probablement que j'aurais obtenu plus de résultats en pointant les poules et ensuite me passant l'index sous le cou, mais il ne vaut mieux pas laisser ce type de choses à l'interprétation. Elle pourrait croire que c'est elle que je veux assassiner. La seule réaction que j'obtiens de la femme après mon numéro de mime est un grand ricanement. ''Ah oui hein? À la guerre, comme à la guerre!!''. Heureusement, au même moment en Chine c'est le festival des lanternes et les Chinois en profitent toujours pour faire exploser les plus gros feux d'artifice. Max en achète une bonne quantité, mais notre opération nocturne de ''traumatisage aviare'' ne fonctionne pas. Ce sont des poules chinoises, elles en ont vu d'autres!

Je passe les prochains jours à essayer plusieurs techniques pour faire taire les bêtes (replacer la toile, enlever la toile, tente d'attirer le chien errant dans leur cage, leur raconter l'histoire de St-Hubert...) mais rien ne fonctionne. Il y a même le voisin gonflable chinois qui a aussi commencé à se construire son abri géant à poules (comme tout bon voisin gonflable, ce doit être plus gros). Étrangement, je n'ai rien contre sa construction, car elle a environ la grosseur d'un parc Ronald McDonald (sans le bac à bulles malheureusement) et seulement trois poulets, dont une chinoise bizarre (je soupçonne sa mère de l'avoir conçu avec un canard...), qui partagent l'espace. Il n'y a donc pas de guerre de gang et pas de cris. Comme Shannon me l'a si bien expliqué, les coqs crient, car ils sont tous pris en ''tapon'' dans un habitat de la grosseur d'une cage à homards et ils s'envoient promener à longueur de journée:

Coq 1: Eille, eille, eille recule, t'es de mon côté!!
Coq 2: Même pas vrai, je ne touche pas à la ligne! (il allonge la patte tranquillement)
Coq 3: Oui oui, ton ongle est dessus!
Coq 2: Bon, viens me bouger alors, t'es même pas capable!
Coq 1: Ah et puis va donc..
Coq 2: Toi va donc!
Coq 3: Allez-y donc tous les deux!

Et ça continue comme ça, jour et nuit... et jour... et nuit. Ma patience arrive finalement à son maximum alors que je tente de travailler et que j'ai soudainement à la fois, des envies de poulet frit et des pulsions violentes contre mon petit crayon qui n'écrit pas! Avant que je ne passe une chaise par la fenêtre, j'envoie un message à mon patron.

''Hi Mr. Yu. I hope you had a nice holiday. I am sorry to disturb you but I was wondering what is the school policy on raising animals in the communal garden? Someone is keeping 3 or 4 roosters in a cage and they scream all day long. I am only complaining because school is starting tomorrow and I can't sleep or work. Thank you very much.'' Quand même, pour la santé des étudiants, il est préférable que je sois reposée, non!

Je reçois sa réponse en fin d'après-midi:

''Hi, I talked with the owner, she said she will kill them soon.''

Ah... ça règle le problème j'imagine... et maintenant on dirait bien que je vais avoir sur la conscience l'exécution de ces poulets. Je devrais peut-être leur amener du pain demain...

1 comment:

  1. Comme dirait l'autre : "Screw them ! No pity for stupid galleons !"
    Félicitations, te voilà Diane déesse de la chasse et de la guerre à Shangqiu !

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