Friday, April 8, 2011

Un petit peu d'humidité - Guilin 1

Après avoir passé la dernière heure de mon voyage jusqu'à Guilin le visage collé contre la fenêtre à regarder les montagnes, je réalise soudainement que nous sommes arrivés et je me lance comme une torpille dans l'allée pour sortir du saperlipopette de train puant... La minute que j'ai le pied à l'extérieur du compartiment, je sens mes cheveux pousser un cri de joie et commencer à friser et à se tortiller dans un nid d'abeille infernal sur ma tête que je passerai le voyage à combattre. Guilin, c'est humide en maudit! Surtout que lors de mon arrivée, une petite pluie venait de cesser alors tout était encore bien mouillé et il était impossible de voir quoi que ce soit même à quelques mètres de mon nez, sous la couverture de brume qui entourait tous les bâtiments... Bon, pour la vue des montagnes on devra repasser, je ne peux même pas trouver le McDo de l'autre côté de la rue!

J'empoigne mon sac et marche avec détermination vers mon auberge de jeunesse. Je le dis et je me répète, je ne suis pas trop fan de ce type d'établissement qui semble tout être décoré de la même manière avec sa pseudo-allure internationale et des photos de jeunes morveux sales (quand on voyage en ''backpack'' on ne se lave visiblement pas souvent... ou se coupe les cheveux... ou se rase...) qui font la fête... c'est que je suis rendue une vieille chippie! Ma foi, bientôt je vais aussi me lever à 5h du matin pour enquiquiner les gens dans le train! J'y trouve une chambre bien sympathique que je partage avec trois autres ''amis'' et je décide de manger un sandwich avant d'attaquer deux destinations touristiques de la ville. Ce qui est aussi drôle dans une auberge de jeunesse c'est qu'ils tentent d'offrir un menu plus ''international'', mais ça tourne toujours à la chinoise quand même... je reçois donc mon sandwich au bacon (du bacon, du pain - ça ne devrait pas causer un trop gros mal de tête au chef!) et découvre en séparant les tranches qu'il y a un oeuf au complet dedans et même du concombre! Le chef avait probablement mal interprété la photo qu'il a trouvée sur google pour illustrer son menu (pour référence future chers amis: le blanc entre les deux tranches, c'était de la mayo, pas de l'oeuf et le vert, de la laitue!). Mais comme je l'ai déjà dit, après 7 mois en Chine, en autant que ce n'est pas un chiot qui est couché dans mon assiette, les chances sont que je vais manger quand même...

Quand même fatigué du long voyage en train, je me force à sortir et monte dans un taxi pour rejoindre le ''Solitary Beauty Peak'' où j'espère arriver à finalement jeter un coup d'oeil au panorama. Je discute pendant quelques minutes avec le chauffeur et constate agréablement que mon mandarin s'est sournoisement amélioré malgré la paresse dont j'ai fait preuve dans mon étude. Il parle rapidement, mais j'arrive toujours à suivre la conversation et à répondre. J'imagine que toutes ses heures passées à ignorer les chauffeurs de Shangqiu m'auront quand même forcé à apprendre les papotements de base! Bref, après une courte promenade nous arrivons au parc qui est au beau milieu du centre-ville!  Le ''Solitary Peak'' domine par sa hauteur l'horizon et les quelques bâtiments l'entourant grouillent de touristes. Personnellement, je trouve ça toujours un peu embêtant de me trouver derrière un guide parce que je veux suivre le parcours mais je ne veux pas qu'il pense que j'essaie d'écouter son information gratuitement.... remarque que j'ai autant de chances de me fondre dans un groupe de touristes chinois qu'un cochon-d'inde dans un rassemblement de hamsters... J'observe bien vite ce qu'il y a à voir, mais mon but est d'escalader la montagne alors sans plus attendre, je m'y lance.

Bonne nouvelle, cette fois-ci les marches n'auront pas raison de mon enthousiasme! Je clenche rapidement les trois petites madames en talon haut, laisse dans ma poussière une paire de messieurs fumeurs et me retrouve bien vite seule au sommet. Constatation: il y a encore beaucoup trop de brume alors je ne vois pas vraiment plus loin que le garde-fou. Je tourne mon attention vers la roche et observe plutôt, sans grand enthousiasme, le bâtiment qui y a été construit. On passe à un autre appel? Ok. Ce sera le 70 Yuan le plus rapidement dépensé de tout mon voyage en Chine. Je redescends la montagne en tentant de ne pas glisser sur les marches mouillées et me dirige plutôt vers ''Seven Star Park'', un grand espace vert de la ville reconnu pour sa ''Camel Hump Hill'' en forme, vous l'aurez deviné, de dromadaire.

En arrivant au parc, une agréable surprise m'attend lorsque j'arrive face à face avec 200 petits Chinois, tous habillés dans leur uniforme scolaire, prêt pour leur journée d'activité. Bien rapidement, un petit courageux me lance un ''Hreelloo'' qui est répété, force 10, par tous les autres étudiants. Je vous jure qu'à 3h30, tous les oiseaux de la montagne se sont envolés en panique suite à cette démonstration titanesque d'anglais de base 1. Si seulement il n'y avait eu qu'un seul groupe, j'aurais pris la peine de discuter un peu avec eux, mais ces enfants, dans leur enthousiasme sans fin sont carrément terrifiants. Ils avancent vers moi en répétant ''Hrello'', ''Hrello'' et je n'ai d'autres choix que de battre en retraite! Où sont les adultes quand on en a besoin! Je m'enfuis rapidement plus profondément dans le parc et découvre une incroyable chute d'eau qui coule le long de la paroi rocheuse. Pour 5 Yuan, il est possible de se faire prendre en photo dans une petite balançoire décorée avec des fleurs en plastique où deux véritables paons prennent sagement la pose. Me souvenant de ma visite à la réserve aviaire de Kuala Lumpur, je décide de ne pas trop m'approcher de ces oiseaux qui peuvent rapidement décider de vous picosser à mort ou se construire un nid de fortune sur votre tête (justement mes cheveux souffrant de l'humidité seraient probablement beaucoup trop invitants pour eux!). Ça ne m'empêche tout de même pas de regarder les Chinoises prendre la pose en espérant être témoin du moment où la nature prendra sa revanche contre l'exploitation animale chinoise. Pas de chance, les oiseaux sont probablement drogués et n'émettent que des petits ''quack'' une fois de temps en temps.

Après quelques minutes de marche, je trouve un sentier qui sillonne la montagne et décide de l'explorer. Je monte et monte pendant plusieurs minutes, sans jamais arriver au sommet. À un certain point, je me retrouve entre deux petits sentiers de fortunes, mais n'ose m'y engager, me rappelant les pancartes affichées un peu partout dans le parc qui avertissent les touristes de la présence de singes agressifs. Est-ce que je veux vraiment risquer de me faire entourer par une gang de rue de primates dans un coin sombre de la forêt seulement armée de mon parapluie qui marche une fois sur deux? Pas aujourd'hui, merci! J'ai tout de même promis à mes parents de toujours être prudente alors j'imagine que cet engagement inclus aussi la clause ''singes''. En rebroussant chemin, je fais ma découverte animale la plus surprenante de la journée: deux homo sapiens caucasiens qui marchent en rond, cherchant aussi probablement le sommet. L'exploratrice prudente s'avance de quelques pas, question d'engager le dialogue...''Hey guys! So did you find the path to the top of the mountain?'', ''Oh hello there! Are you French?''. Ma parole, ce sont deux canadiens! De Toronto en plus! Je discute pendant quelques minutes avec le couple qui enseigne aussi en Chine et la femme me fait bien rire en me disant: ''Welcome to China''. Bon, ça aura pris 7 mois, mais quelqu'un me l'aura enfin dit! Je la remercie et enchaîne tout de suite avec mon histoire d'horreur populaire: Oui mais moi j'habite à.... (moment de pause dramatique)Shangqiu... (autre pause) HENAN!! Semblerait-il que la mention de ma province partout à travers la Chine fait passer des frissons dans le dos des voyageurs les plus déterminés. Mon récit a toujours un effet boeuf et instaure instantanément ma position au sommet de la hiérarchie des profs étrangers ''Hard-core''. Lorsque nous nous quittons, la femme me saute au cou pour me donner un calin qui me prend totalement par surprise. Ah j'oubliais que dans les pays ''normaux'' les gens ont parfois des contacts physiques!

Je termine ma visite du parc et retrouve mon auberge pour la soirée. Il n'est que 18h alors je décide d'aller me chercher un billet de cinéma pour le film (mouvement de doigt qui choisit au hasard)... de 19h40. J'aurai la surprise en entrant dans la salle. Je mange ensuite un Big Mac, mais quand je commence à cogner des clous au dessus de mes frites, je décide qu'il serait peut-être mieux de battre en retraite pour la soirée. Je m'achète tout de même une bière de ''bon travail jusqu'à présent'', mais j'arrive de peine et de misère à la terminer. Résultat: Je suis dans mon lit à 19h10. Lorsque je me couche, je me dis que je dois vraiment être fatigué parce que le lit me semble brûlant. Mais en quel matériel est donc fait le matelas? En m'endormant, je me dis que ce doit être du poil de Yak du Tibet parce que mes jambes sont brûlantes...

20h: je me réveille en sursaut, rouge comme une tomate, les membres en feu et découvre que dans ma fatigue extrême, j'ai branché la couverture électrique plutôt que la lampe. Bon travail Andréanne... maintenant, sois un peu plus alerte ou tu vas bien finir par te momifier toi-même! Juste avant de m'endormir de nouveau, je fais une petite prière: ''Bouddha s'il-vous-plaît, demain j'ai payé 400 Yuan pour une croisière. Est-ce qu'il serait possible d'envoyer la pluie à Shangqiu pour la journée?!''. Quoi? On peut bien joindre l'utile à l'agréable! Enquiquiner les gens de Shangqiu ET voir les montagnes de la rivière Li!    

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