Saturday, April 9, 2011

Guilin, PQ - Guilin 2

Avant de commencer à vous raconter ma croisière sur la rivière Li, je veux prendre un instant pour remercier ma compagne de voyage. ''Isabelle, si tu fais la lecture de mon blogue, un très très grand merci pour une des journées les plus mémorables de mon voyage en Chine! No Crosse-day!''

Depuis le départ, le but de ma visite à Guilin était de faire la fameuse croisière sur la rivière Li et voir les parois rocheuses qui encadrent le cours d'eau. Elles sont réputées à travers la Chine comme l'endroit offrant le meilleur panorama de tout le pays et une peinture de la rivière est même présentée à l'endos du 20 Yuan. Question de m'épargner un mal de tête, j'ai organisé ma journée par l'auberge de jeunesse, donc à 8h du matin, je me suis retrouvée dans un autobus plein de touristes fébriles. C'est à croire que Bouddha m'a entendu parce que ce matin là, malgré un risque de pluie, le ciel était presque clair (ou aussi dégagé qu'il le devient à Guilin) et il n'y avait plus de brouillard! Dès notre entrée dans l'autobus, notre guide nous a donné un petit autocollant d'un panda nous identifiant comme faisant parti de son groupe. En raison de la journée fériée en Chine, le quai était bourré de visiteurs ayant tous payé un prix différent pour faire la même croisière. ''Tu parles chinois? 50 Yuan de moins... Tu parles chinois ET tu as un beau sourire? 70 Yuan de moins... Tu ES chinois? 200 Yuan de moins...''. Généralement dans ce genre d'activité, il est mieux de ne pas demander le prix que les gens autour ont payé si on veut conserver sa bonne humeur!
Nous sommes donc entrés dans le bateau où on nous a demandé de prendre place à une table en attendant de quitter le port.  Je me suis retrouvée assise avec 5 Espagnols travaillant à Hong Kong et après quelques minutes de discussions, en partageant leur déjeuner de biscuits Oreos, j'ai découvert qu'un des enseignants, David, parlait en fait un excellent français! La journée commençait bien. Il avait même passé un séjour dans la ville de Québec alors il s'amusait beaucoup à entendre de nouveau ses expressions favorites. Même si j'appréciais énormément notre conversation, je n'étais pas très enchantée de devoir rester à l'intérieur du bateau alors que nous commencions notre croisière. Tout en gardant un oeil sur les montagnes de l'autre côté de la vitre, j'ai décidé de commencer à harceler notre guide pour savoir ''quand est-ce qu'on pourrait aller dehors, parce les gens du bateau en avant EUX sont déjà là... et pourquoi NOUS on a pas encore le droit? C'est pas juste!''. Et la guide de me répondre la phrase typique chinoise: ''Wait a moment please...''. En fait, ils voulaient nous garder dans la cabine pour tenter de nous vendre un paquet de cossins inutiles alors feignant l'envie soudaine, je me suis enfuie à toutes jambes sur le pont.


Wow. C'est vraiment le seul mot qui m'est sorti de la bouche pendant une bonne partie du trajet. Si ce n'était que les montagnes, ce serait déjà impressionnant, mais les courbes inattendues du cours d'eau, la végétation extra-luxuriante (Élémentaire mon cher Watson... avec cette humidité il faudrait que les plantes se forcent pour être fannés), les petits radeaux de pêcheurs et l'absence presque totale de civilisation le long de la rivière donnent l'impression au voyageur de se retrouver balancé dans une peinture de restaurant chinois. Non, non pas celle avec les poissons rouges... l'autre avec les montagnes à gauche du buffet. En observant les vendeurs sur leurs radeaux, j'ai commencé à me demander QUI exactement fait ce type de travail. C'est entendu, ils apportent un certain charme à l'expérience, mais un d'entre-eux plus particulièrement amenait aussi du ''style''! Sérieusement, le vendeur d'orange portait un complet-cravate pour se promener sur son radeau de bamboo!

J'ai continué à prendre des photos de chacune des collines, de peur de manquer LA photo parfaite de la rivière mais tout à coup une voix m'a fait arrêter en plein milieu de ma 1000e pose de moi + une montagne. En fait c'était plutôt un accent... mais n'importe lequel. MON accent! Je me suis tout de suite jetée sur la pauvre fille tout en lui criant par la tête: ''Tu viens du Québec?!??!?!''. Et bien oui, j'ai finalement trouvé un québécoise en Chine! Isabelle est une enseignante de Montréal qui a décidé de faire un long voyage en Asie pendant son semestre différée et la chance nous a permis de nous retrouver sur le même bateau en ce dimanche à Guilin. Quelle joie. ''Merci Bouddha, je n'en demandais vraiment pas tant! ... Attends une minute, du beau temps ET une amie? Combien est-ce que ça va me coûter tout ça? Je vais me réincarner en hamster, c'est ça?''. Après une semaine en Chine, Isabelle semblait bien contente de pouvoir partager son expérience et recevoir quelques conseils d'une vétérante alors que moi, de mon côté, je me trouvais enfin une partenaire pour pouvoir ''ventiller'' tranquillement contre les chinois... Et se défouler nous l'avons fait pendant les 4 heures de la croisière sous l'oeil amusé de David, qui n'en revenait pas d'entendre du québécois ''full speed'' en Chine. Ma pauvre amie ayant souffert les différentes arnaques de Pékin en avait gros sur le coeur. C'est qu'ils ont un petit truc là-bas pour ''accueillir'' les étrangers généreux. Ils les amènent dans un salon de thé où ils commandent pratiquement tout ce qui se trouve sur le menu pour ensuite leur présenter une facture très TRÈS salée... Croyez-moi que du thé cueilli par un paysan manchot, lors d'une pleine lune, à même le jardin personnel de l'empereur et séché sur la grande muraille, ça peut coûter cher! Et ensuite, il y a les faux étudiants qui te traînent à leur ''exposition'' et te menacent pratiquement à coups de baguettes jusqu'à ce que tu achètes une de leurs ''oeuvres''. Bref, elle les avait toutes essayées et même plus alors nous avons rigolé pendant des heures en nous échangeant nos histoires de guerre. Bien rapidement nous étions complètement gelées, car même s'il ne pleuvait pas, il faisait très froid et nous ne voulions pas laisser notre place près de du garde-fou où nous pouvions prendre les meilleures photos. (Bouddha: ''Regarde Andréanne, je ne peux pas tout faire non plus! Arrête de chialer et amène des gants la prochaine fois!)

Après le dîner, au moment même où le bateau arrivait finalement à l'endroit exact du billet de 20 Yuan, une petite pluie s'est mise à tomber, enveloppant rapidement les montagnes sous une brume épaisse. Merde, vite sors le kodak et le billet, il me faut la photo! Mais comme si c'était arrangé avec le gars des vues, les précipitations nous ont seulement frappés lors de la partie la moins intéressante de la rivière et nous avons battu en retraite dans la cale où les passagers moins stimulés par le paysage faisaient la sieste. Quelques minutes plus tard, le bateau est finalement arrivé au port de Yangshua où nous pouvions faire un peu de magasinage avant la deuxième partie de notre périple dans la campagne chinoise.   

La première chose que nous avons vu en sortant du bateau est un faux pêcheur (ou peut-être un vrai, c'est difficile à dire dans ces endroits touristiques...) nous offrant de prendre une photo avec ses cormorans pour 5 Yuan. Allons-y donc, Isabelle empoigne la branche où reposent les oiseaux au même moment où l'homme lui plante son chapeau sur la tête. Ce n'est que bien longtemps après que nous avons réalisé que ''Yark... c'est le même chapeau qu'il met sur la tête à tout le monde!''. À la guerre comme à la guerre, je prends aussi la pose, me pliant en deux pour être à la même hauteur que le petit monsieur. Par la suite, le but était de parcourir les étales de marchands à la vitesse de la lumière, car nous devions rejoindre le groupe 50 minutes plus tard pour la deuxième partie de notre visite. Malheureusement, de tous les endroits que j'ai visités en Chine, Yangshua offrait de loin le meilleur shopping chinois et c'est à contre-coeur que nous avons fait notre négociation en vitesse pour attraper quelques souvenirs. Malgré tout, la pêche était bonne et c'est avec quelque sacs que nous avons rejoint les autres devant le KFC.

Pour un petit supplément, nous pouvions participer à une excursion dans la campagne de Guilin et embarquer sur un radeau en bamboo pour voir une rivière qui n'est pas perturbée par les gros bateaux de croisière. Quelques minutes après voir quitté Yangshua, les guides nous ont déposés dans une mini-ville où de ''vrais'' paysans chinois étaient prêts à nous guider sur le cours d'eau. Sans plus attendre, Isabelle et moi avons assailli un des radeaux, nous installons sur l'embarcation qui prennait déjà l'eau, sous l'oeil amusé de notre rameur. Avec le gilet de sauvetage jusqu'aux yeux et notre parasol de ''snack-bar'' nous protégeant de la petite pluie, nous étions prêtes pour l'exploration.

Quelques secondes après avoir quitté le berge, nous sommes arrivés à la hauteur d'un radeau supportant 4 personnes! En fait, c'était un couple de jeunes mariés qui prenaient leur photos officielles sur la rivière. Ce n'est pas que le paysage n'était pas beau, mais maudit qu'il faisait froid! Au moment où nous les avons croisés, la mariée était allongée de tout son long sur le bout du radeau dans sa petite robe sans manches, la traîne... et bien traînant justement dans la rivière. Je ne peux imaginer ce qui lui passait par la tête à ce moment-là, mais ce n'était sûrement pas: ''Ah comme c'est agréable!''. Faisant une Chinoise de moi-même, j'ai aussi pris quelques photos de ce jeune couple courageux alors que notre guide tentait de nous faire avancer le plus rapidement possible pour être à l'extérieur de leur photo. Avant le départ, notre guide nous avait avertis qu'il y aurait ''a small waterfall'' et qu'à ce moment nous devrions lever nos jambes pour ne pas être trempés jusqu'aux genoux. Sympathique. Au moment où nous avons justement frappé cette partie de la rivière, deux photographes étaient sur la berge en face pour nous poser alors que nous glissions dans les rapides. Cependant, notre radeau, qui devait normalement passer rapidement par dessus les rochers est en fait resté pris et nous avons gradé la pose pendant une bonne minute, riant aux éclats alors que notre guide s'acharnait contre son radeau. Par la suite, il nous a déposés au studio de photographie flottant pour que nous achetions notre photo. Non merci. Mais à cet endroit de la rivière, je dois dire que le panorama était particulièrement époustouflant, car les montagnes se reflétaient parfaitement sur l'eau. Une touriste chinoise dans un ensemble assorti de robe et béret en poil rose en a tout de suite profité pour se coucher dans l'herbe et prendre la pose pour son copain. C'est toujours étonnant de voir avec quelle aise, ils posent pour leurs photos. Personnellement, je fais toujours la même face et l'idée de me dandiner dans tous les sens pour l'objectif ne fait que me faire figer encore plus. C'est à croire que c'est ce qu'ils apprennent à l'école... tout se suite après le cours de ''Comment rendre un étranger mal à l'aise 101''. 

En attendant les autres membres de notre groupe, nous avons pris quelques photos, mais à un certain moment, je me suis tournée vers Isabelle inquiète: ''Euh Isa, est-ce que ces gens étaient dans notre groupe avant?'', ''Je crois pas en fait''. Mon amie se met alors à rire aux éclats alors que je me dis que ''ça y est, on est foutu, ils nous ont abandonnés''. Et bien non, la guide accompagnant ce groupe nous a confirmé qu'elle était aussi dans le ''Panda Group'' et que nous pourrions les rejoindre plus tard. Ouf, ce n'est pas que le petit village n'était pas charmant, mais je n'aurais pas nécessairement voulu me coller contre un Yak pour passer la nuit dans l'étable. C'était bien beau tout ça, mais il fallait ensuite remonter le courant pour continuer la visite! Notre rameur nous a donc ramené aux chutes d'eau où en équipe de deux, ils se sont mis à remonter les installons à la main alors que nous les regardions bouche-bée perchées sur une roche. Oh hiiiiiissse... Oh hiiiissse, mon père serait bien mort de rire à regarder cette technique broche à foin exécutée par des hommes de 70 ans.

En arrivant près du point de départ, nous avons surpris un autre ''photo-shoot'' sur radeau où les deux mariés étaient assis les fesses dans l'eau et se cachaient coquettement sous le voile de la mariée... Sans commentaires. Notre prochaine destination était une butte d'herbe au beau milieu de la rivière où nous pouvions nourrir des ''water-buffalo'' et prendre la pose avec eux. Isabelle trouvant que les animaux du fond étaient laissés pour contre, m'a tout de suite guidé vers la bête ayant l'air la plus ''sympathique'' pour l'inclure dans notre photo. Le petit paysan ravi m'a tout de suite donné la ''laisse'' de l'animal me donnant le contrôle de la vache surdimensionnée. ''Mouhaha now you are MINE!''. Il n'y avait quand même aucun risque que je lui vole la bibite, parce que franchement qu'est-ce que j'aurais bien pu faire avec un Yak! Mais le Yak, lui, semblait bien m'aimer, tentant de s'approcher de moi alors que je reculais dangereusement vers l'eau. ''Viiiiite monsieur, il est à vous, reprenez-le!''. Isabelle qui avait ''spotté'' des bébés a décidé de s'en approcher, mais a vite changé d'idée quand ils se sont mis à marcher vers nous. C'est que même bébé, ils font dix fois notre taille et les paysans ne leur ont pas encore mis de laisse. Par la suite, nous en avons nourri un et au moment où mon amie tendait la branche à l'animal, un gros colon de vieux touriste à tenté de hisser sa petit copine chinoise adolescente sur le dos du Yak! Mauvaise idée mon gars, mauvaise idée! Et la copine de répondre: ''Groooooosss look what it did to my white pants!''.  


Après cet incroyable rencontre avec la faune chinoise, les rameurs nous ont conduits au pont où nous pouvions observer un pêcheur avec ses cormorans en action. Pour ceux qui ne savent pas comment ça fonctionne, les oiseaux sont équipés d'un collet en métal qui les empêche d'avaler leur poisson alors lorsqu'ils reviennent au radeau du pêcheur, il leur fait régurgiter ce qu'ils ont attrapés dans un panier. À la fin de la journée, l'oiseau est récompensé et ils sont vraiment traités comme des animaux de compagnie par les pêcheurs. C'était quand même drôle de voir l'oiseau flotter sur l'eau avec la gorge en forme de poisson.


Notre visite du petit village était finalement terminée et nous sommes montés dans l'autobus nous ramenant en ville. Sur le chemin du retour, alors que tout le monde faisait la sieste, j'en ai profité pour discuter avec Isabelle de notre beau métier et des nombreuses embûches que nous devons vaincre pour éduquer les adolescents. Ahhh j'adore mon métier, mais je dois dire qu'après un an avec des étudiants polis et dociles, je n'ai pas trop envie de redevenir enseignante au Québec... Il y a franchement quelque chose qui cloche avec le comportement actuel de notre jeunesse à l'école et il est bien temps que les choses changent. Bien rapidement, il n'y aura plus d'enseignants dans les classes, car ils seront tous en ''Burn-out'' où auront trouvé une profession où ils sont véritablement appréciés à leur juste valeur. Pensez-y bien la prochaine fois où vous irez à une rencontre de parents à l'école de vos jeunes. 

De retour en ville, nous avons décidé de continuer notre belle journée et de satisfaire notre frustration de manque de magasinage à Yangshua au marché nocturne de Guilin. Après un arrêt cocasse au McDonald, où notre cabaret présentait une annonce pour les McCroquettes avec une photo de poussins et un gros 100% d'écrit au milieu des animaux, nous avons continué notre ''no-crosse day''. C'est qu'Isabelle qui en avait assez de se faire toujours prendre dans des arnaques chinoises (d'où la ''crosse'') avait bien envie de passer une journée complète sans se faire soutirer de l'argent de manière injustifié. Malheureusement pour nous, le marché de Guilin n'était qu'une pâle réplique de ce qui se trouvait dans le petit village et nous n'avons pas pu retrouver les items que nous voulions tant acheter à l'autre endroit. De bébelles en plastiques, à bébelles en plastiques médicinales, les gens achètent vraiment n'importe quoi! Un gros bouddha ''glow-in-the-dark''? Check! Un cendrier de femme tout nu? Check! Une réplique en plasticine de Michael Jackson? Check! Qu'à cela ne tienne, j'ai quand même dépensé le plus d'argent jusqu'à présent sur toute sorte de cadeaux pour ma famille et mes amis parce que je réalise maintenant que la fin approche et que je dois commencer à récolter mes souvenirs. Les marchants de Guilin, habitués aux touristes ne voulaient aucunement marchander et c'est à force de grandes négociations que nous avons pu quand même payer un bon prix pour nos ''cossins'' chinois. 

Quelques heures plus tard, les bras pleins de sacs, j'ai quitté Isabelle en lui souhaitant une bonne fin de voyage et beaucoup d'autres journées sans arnaque. Alors que ma copine s'éloignait dans son taxi, j'ai tout de suite ressenti un peu de tristesse, voyant finalement à quel point on peut s'amuser lorsqu'on trouve une bonne compagne de voyage. La Chine c'est incroyable, mais c'est aussi tellement fatigant. Lorsqu'on peut partager le lourd fardeau à deux, ça semble tellement plus facile. Mais cette journée m'aura quand même permis de rire des situations épuisantes et de trouver un peu d'humour dans cette étrange créature, qu'est le peuple chinois. Alors, j'étais de nouveau de retour à la case départ, ''me, myself and my glow-in-the-dark buddha!''. 

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