Wednesday, April 13, 2011

La clinique

Comme je vous en ai parlé plus tôt, depuis mon arrivée à Shangqiu, j'ai développé une drôle (comme dans surprenante, pas humoristique..) infection occulaire, qui semble revenir chaque fois que j'expérience un peu de stress. Avant mon départ pour Guilin, qui était carrément un voyage à travers la Chine en 4 jours, je me suis levée de nouveau avec mon oeil de zombie. Zuuuuuuuuuuuuuuuut.

J'ai pris quelques pillules et forcés mes étudiants à suivre mes cours dans le noir, mais rien n'y faisait, il fallait que je vois un docteur ou pas de voyage pour moi. En parlant avec Shannon, j'ai découvert qu'il y a une clinique sur le campus pour les étudiants et que je peux aussi la visiter gratuitement. J'ai enfourché mon vélo avec un petit mot en mandarin expliquant: ''Je ne veux pas vous manger le cerveau, c'est une infection occulaire. Donnez-moi de la drogue, s'il-vous-plaît!...''. En entrant dans la pièce, j'ai vu le docteur immédiatement faire une face piteuse de ''Pourquoiiiiiiii moiiiiiiii?? C'est quoi ça encore!''. Pour la décrire en une phrase, l'infirmerie de l'école est une petite salle avec quelques lits et un docteur qui administre des diagnostiques à la vitesse de la lumière. Par la suite, on fait un pas vers la gauche et commande nos médicaments (qui semblent être les mêmes pour tous!) à une petite fenêtre dans le mur. Je m'approche donc du docteur et lui tend mon petit mot alors qu'il regarde avec détresse les infirmières. C'est que dans tout ça, la différence entre un étudiant qui reçoit les mauvaises pillules et un enseignant étranger, c'est que l'étudiant se dira probablement que c'est la faute de la température, sa diète, l'allignement des astres... il ne blâmera jamais le ''profesionnel'' (diplôme de 4 ans... ah tiens donc, moi aussi j'en ai un!) alors que dans mon cas, je le poursuivrai probablement avec mon oeil infecté à travers le campus pour lui donner ma ''meuhladie''.

Bref, le docteur s'approche de mon visage en faisant une belle grimace de ''Yark, t'es donc ben dégueu!''. Et moi qui pensais que les docteurs gardent un visage de glace même devant un type qui a une troisième main dans le front! Il sort d'un même geste sa grosse lampe de poche de crise du verglas de Canadian Tire et me pointe la phare dans le visage. Si ma pupille ne rétrécit pas après ça, vaut mieux juste carrément m'amputer l'oeil... Il me pose ensuite quelques questions en mandarin auxquelles j'arrive à répondre avec un habile mime. (Sérieusement dès mon retour au Canada, je m'inscris dans une ligue!) Finalement, j'ai ma prescription et la pharmacienne me donne 3 types de pillules, des gouttes et de la crème! Alors qu'elle m'explique la posologie, je la fais ralentir pour éclaircir quelques points:

(en mandarin)
- Alors c'est une pillule TROIS fois par jours?
- Ok
- Ou TROIS pillules, une fois par jour?
- Ok
- .... et la crème, je la mets dans l'oeil? sur l'oeil? sur la paupière? autour de mon coude? je la mange?
- ok, eye.

Avec toute cette information pertinente, j'espère seulement qu'il n'y a pas de sulfa dans ces pillules parce LÀ, avec mon allergie, j'aurais vraiment un problème. Le docteur m'arrête alors que je marche vers la sortir pour me redonner l'information.

(en mandarin)
- Two, three, one...
- Euh??

Je lui tends le tube de crème et il gesticule vaguement vers son oeil alors que je me touche toutes les parties du corps en espèrant qu'il allume et me dise ''Dui! Dui! - Oui! Oui!''. Aucune réaction.

Je sors de la clinique perplexe. De cette visite j'ai appris que parfois, c'est carrément mieux de ne pas tenter de parler avec eux dans leur langue, car ça ne fait que les confondre encore plus. Par le temps qu'ils reviennent du choc que des mots chinois sortent de ma grosse bouche bizarre pleine de dents blanches, ils n'ont rien écouté, ma phrase est terminée depuis 10 minutes et je les regarde d'un air de dire ''l'oeuf ou l'enveloppe?''. Plus jamais je ne rirai de la publicité de Pharmaprix où la touriste canadienne essai de faire comprendre au pharmacien mexicain que son compagnon à la tourista... plus jamais.

No comments:

Post a Comment