Sunday, December 26, 2010

De Xénophilie en Xénophobie - Hong Kong 5

Pour ma dernière journée à Hong Kong, je me réveille au beau milieu de la nuit afin de me rendre à mon train. Malheureusement, l'achat de mon billet de retour n'a pas été de tout repos alors j'ai pris le premier train matinal disponible plutôt que de tenter de le changer pour l'après-midi. Bref, je me retrouve avec un train qui part du côté chinois à 9h et je dois 1) me rendre jusqu'à la frontière par un métro qui n'est pas encore ouvert à cette heure, 2) passer les douanes chinoises (comme les biscuits c'est toujours une surprise...) 3) me rendre à l'AUTRE gare de train au centre-ville de Shenzhen.... Gros programme! De toute façon je ne suis pas trop nostalgique de mon sommeil car je n'ai pas beaucoup dormi durant ma dernière nuit. Ma proximité avec la réception faisait en sorte que j'ai entendu tous les clients faire leur check-in:

La réceptionniste: ''How many nights?''
Le touriste: ''Whaattt?? I'm sorry I don't speak Chinese!''
Encore la réceptionnise: ''How long... your stay... the nights...''
Touriste: ''Sorry I don't understand. Do you speak English?''
Andréanne n'en pouvant plus ouvre la porte de son lit: ''Dude, she is asking HOW LONG  YOU WANT TO STAY!''

De plus, chaque fois qu'un petit génie ayant abusé des ''pijiu'' revenait à l'hôtel sans sa clé, il cognait à la porte. Venait ensuite l'engueulade avec la propriétaire qui lui disait sa manière de pensée, suivi du vacarme lorsqu'elle retournait se coucher. Toute une nuit relaxante!

Je me retrouve donc seule dans la rue à 5h du matin (note aux parents: je fais toujours attention...) et le paysage n'est pas très féérique. Il y a des gens ''crashé'' le long des murs qui cuvent leur boisson, des vidanges partout, peu de voitures... En tout cas, le retour à la citrouille au coup de minuit de Hong Kong n'est pas beau à voir! Ce doit être tout un travail de refaire une beauté à la ville pour le réveil des touristes. Je décide donc de ne pas traîner jusqu'à l'ouverture du métro et prends plutôt un taxi pour me rapprocher de ma destination. Lorsque j'arrive aux douanes, personne ne bouge et il y a toute une file. J'en déduis que les guichets ne sont pas encore ouverts. Fait cocasse: Lorsqu'ils ouvrent finalement, les gens se précipitent en courant pour rejoindre les fenêtres... il me semble qu'aux douanes canadiennes ou américaines si les gens se mettaient à courir comme ça, plusieurs d'entre-eux serait sur le sol, quelques secondes plus tard, à se remettre des effets du ''Tazer'' qu'ils ont reçu en pleine tronche.

Je trouve mon train sans histoire et commence à récupérer mon sommeil (avant même le départ du train! Je tiens ça de ma soeur...) qui est resté pris quelque part entre le lit et la porte de ma douillette chambre du centre-ville. Je me fais réveiller quelques minutes plus tard par une pression sur mon lit... Euh, ''bu Xie (non merci)'', je ne veux pas de compagnie dans ma couchette!! Lorsque j'ouvre les yeux, je réalise qu'il y a un chinois qui se tient debout en équilibre dans les airs en mettant un pied sur mon lit et l'autre sur le sien (''Est-ce qu'il a encore ses souliers, le connard?! Non, mais quand même ''SCRAM George!'). Je dois avoir toute une face de ''questcequevousvoulezpourquoituessurmonlitquestcequetufaisquoi?'' parce que sa femme me regarde complètement horrifiée et lui dit en semi-chuchottant ''Laowai...''. Wow, je pense que c'est la première fois qu'un aussi gros regard de dégoût est jeté dans ma direction... un peu plus et je suis le cadeau qui se trouve pas totalement DANS la toilette turque! Elle se glisse alors dans le lit du premier étage opposé au mien et ne me quitte pas des yeux.

Je prends un instant pour les observer et remarque qu'ils font probablement partie de la couche de la société chinoise ''J'ai maximum 22 Yuan dans mes poches/ je voyage pour la première fois/  les étrangers me font peur/ J'ai une 4e année d'éducation/ Ma femme est ma cousine...'' Bon peut-être que je les juge un peu rapidement mais c'est exactement ce que ce Rénald et cette Lison ont fait pour moi! Je me recouche lorsqu'ils ont terminé de placer leur baggages et lorsque je me tourne vers la fenêtre, je remarque que la femme me surveille toujours. Je me tourne sur le dos. Mais une minute... l'homme est installé à l'autre fenêtre (au bout du lit) et me surveille aussi. Je regarde au plafond. ''Ouais ben le voyage va être long!'' Quelques minutes plus tard, l'homme se lève (à ce point, je les espionne aussi) et se promène dans le compartiment. J'ai envie de lui dire: ''Oh mais tu vas laisser ta femme toute seule... ici... avec moi.. VitVitVitvitvitvit (bruit de bouche d'Hannibal Lecter)''. Il revient ensuite et dit à sa femme qu'il y a d'autres lits de libre alors ils peuvent changer de place. Oh ben j'ai mon voyage! Je dois vraiment faire dure ce matin pour qu'ils aient peur comme ça! Ce qui me frustre le plus dans tout ça c'est qu'à quelques reprises pendant la matinée j'ai discutée (en MANDARIN) avec la jeune femme qui dors dans le lit du bas et joué avec sa petite fille mais la femme semble toujours croire que je suis une grosse coquerelle dangereuse... Elle change de compartiment. Bon débarras!

Le reste de ma journée est un mélange de sieste, de lecture et de consommation de tonnes de collations à l'horizontal. Je n'entends pas parler de mes deux ''nerveux'' jusqu'à la tombée du jour où il reviennent prendre leur lits pour la nuit.  À 22h, l'homme s'installe de nouveau à la fenêtre avec un plat de nouilles et la femme dans son lit avec une cuisse de canard. Et ça commence: ''Sluuuuuuuuurrrrpp (l'homme), Smack, Smack, Smack (la femme qui mâche la bouche ouverte), Sluuuuuuurppp, Smack, Smack...'' Je monte le volume de mon Ipod qui n'arrive quand même pas à enterrer le bruit de leur dégustation... Ça me prendra donc mes bouchons. Mon sac est quand même assez loin alors je dois me lever, faire le verre de terre dans mon lit pour rejoindre le bout sans me cogner la tête, me tenir en équilibre au dessus de l'allée, fouiller dans toutes les poches... et tout ça sans lumière. J'en profite pour soupirer allègrement et leur dire, en anglais, ''soooooo, are you guys enjoying this??''... Je n'ai franchement jamais compris pourquoi les gens mâchent la bouche ouverte. Est-ce que c'est vraiment meilleur?? J'ai bien peur que je ne comprendrai jamais. J'installe mes bouchons et dors...

8h, le train arrive à Shangqiu. En sortant de la gare, il y a une trentaine de chauffeurs de taxis qui veulent tous avoir le ''Laowai'' dans leur voiture pour me faire payer une somme astronomique... seulement ce n'est pas CE laowai qu'ils vont tricher. En marchant jusqu'au stationnement, je négocie avec un homme qui ne me donne toujours pas le prix que je veux. Lorsque nous arrivons près de sa voiture, il me pointe une petite bagnole noire, qui ne ressemble plutôt à un corbillard qu'à un taxi et je lui dis ''non merci'' en prenant place à côté d'un vrai chauffeur. Mais il est corriace le salaud! Il se pointe à la fenêtre de mon nouveau chauffeur et lui dit que j'ai accepté 40 Yuan (ce qui est faux) et que je vais aller avec lui (ce qui est encore plus faux!). Je tente d'attirer l'attention de mon chauffeur et de lui dire, ''Ok, c'est parti!'', mais il est toujours concentré sur le gars à la fenêtre. Je lui tappe sur le bras, cris en chinois et au moment où je vais lui prendre le visage et le forcer à me regarder (je porte mes mitaines, pas de soucis), il me regarde finalement. Je réalise cependant qu'il est plutôt en train de regarder par-dessus mon épaule car l'homme louche est maintenant de mon côté de la voiture et il a ouvert ma porte. Je pête la plombs:

(pardon Grand-maman, je sais qu'il faudra me laver la bouche au savon à mon retour)
L'homme me dit de sortir et de venir dans son auto.
Andréanne: ''Ok MAN, I am leaving, get lost, MOVE, F****ing get lost!!'' lui dis-je en fermant la porte sur son visage. Mais il reste dans le cadre de porte... Je me tourne donc vers le chauffeur.
Andréanne: ''Zou ba! Zou ba! (allez, allez). LOOK AT ME, we are leaving, LETS GO!!!''
Et un peu plus pour le gars à la porte: ''DON'T touch my damn door you jerk, i will slam it in your face, I WILL SLAM IT IN YOUR FACE!''
Toujours pas de mouvement....

Quelques minutes plus tard, le chauffeur du taxi dans lequel je suis assis finit par me dire que je dois quitter son taxi et embarquer avec l'homme qui à la voiture louche. Il est plus jeune et ne veut probablement pas se faire torturer par le gros ''bully'' qui veut me conduire. Je me lève et sort de la voiture en claquant la porte. À ce point, les dix autres chauffeurs de taxi sont autour de nous et regardent la confrontation Canada-Chine qui se passe dans le stationnement. Je suis debout, le visage écarlate, les veines du cou sorti et il doit être tout mouillé de mon postillonage. Pendant que je lui hurle à la tronche, il me répond en  mandarin mais commence à baisser lentement le ton. Après tout, je suis un peu plus grande que lui et je ne me souviens pas d'avoir jamais ''pêté ma coche'' comme ça avant. Ayant finalement décidé de marcher, si nécessaire, je lui lance plusieurs mots commençant par F et me diriger vers la gare.

En chemin, je me fais intercepter par un pauvre chauffeur qui LUI veut bien me conduire pour mon prix:
Chauffeur: '' Ni tu nar?'' (where are you going?)
Moi: XIN XI YUAN (L'université), que je lui réponds sèchement.
Chauffeur: ''Ni tu le Huache?'' (where did you go?)
Moi: SHENZHEN, ZOU BA!!!!!!!!!!
Le chauffeur est clairement surpris de m'entendre parler mandarin après avoir été témoin de la confrontation. Je lui réponds (encore sèchement) que OUI je parle mandarin et que OUI l'autre chauffeur est un gros connard et que OUI ce serait mieux pour sa santé s'il démarrait la voiture.

Non mais quand même... il faut mettre son pied à terre! J'attends toujours que la police débarque chez moi pour me forcer à prendre un cours de ''Anger management''...

La leçon de cette histoire: Chine ou pas Chine, nobody puts Andy in a corner!

3 comments:

  1. Han, t'as perdu la face !!! ;-) (il n'y a que les Chinois pour s'en offusquer, hein... et puis finalement, tu as eu ce que tu voulais...)
    Super récit hongkongais, j'étais restée sur une impression beaucoup plus positive de pas mal de choses mais ce sont sans doute les aléas des voyages...
    Anne-Laure (une amie de Naïk)

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  2. Tiens, Anne-Laure est passée par ici !
    La vache, ils ont été violents avec toi...
    C'est une des principales raisons pour lesquelles je commence à penser au retour en frémissant, avec bientôt des larmes dans les yeux.
    J'en peux plus de ce genre de comportements !
    Naïk (L'amie d'Anne-Laure !)

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  3. Euh, hum, l'amie sans majuscule, j'ai pas encore un égo comme ça...

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