Wednesday, May 18, 2011

The most dangerous hike in the world - Xi'an 3 (Huashan)

Biiiipp, Biiiipp, la troisième alarme consécutive d'Adam arrive finalement à nous tirer de notre sommeil profond pour rejoindre le train qui nous mènera probablement à notre perte à Huashan. Je m'habille de manière militaire, vérifiant par deux fois mon équipement et tournant fébrilement autour d'Adam qui n'a (heureusement pour lui) pas trop fait de recherche sur notre excursion et qui ne sait donc pas ce qui nous attend. Si c'était le cas, il ne serait peut-être plus mon ami! Le but de notre visite en campagne (Huashan se trouve à 3h de Xi'an par autobus et 45 minutes en train rapide) est de me permettre de mettre les pieds sur une des 5 montagnes sacrées de la Chine avant mon retour à la maison et aussi de voir ce qui fait de cette randonnée légendaire, un si grand risque pour les touristes. N'ayant pas préparé mon testament, je me dis que si c'est vraiment ''si pire que ça'', nous pouvons toujours nous contempter d'observer la vue du haut du téléphérique et de resdescendre aussitôt sans risquer notre mince assurance vie d'enseignant étranger expatrié.


Après un déjeuner rapide et un trajet (encore plus rapide) en train, nous arrivons au pied du monstre qui domine la ville de Huashan- bloquant presque le soleil et créant une ombre intimidante sur les pauvres fous qui risquent la randonnée. Partout autour de nous, nous ne pouvons que voir la montagne, son omniprésence menaçante est un rappel constant que ce sera le moment ''that makes or breaks you''! N'ayant qu'une seule journée pour effectuer l'ascension et la visite des 4 sommets, nous optons pour le téléphérique qui permet de rejoindre le sommet Nord directement plutôt que de prendre 5 heures à grimper le chemin à pied. En attendant de rejoindre notre cabine, nous observons la foule. À l'inverse des sentiers canadiens de randonnée, en Chine, à peu près n'importe qui, habillé n'importe comment, se mesure aux plus grands défis physiques, sans jamais penser que le choix entre des ''Crocs'' et de vrais souliers de randonnées pourrait faire une différence et empêcher le grimpeur mal-habile de plonger vers une mort certaine. De plus, l'âge des visiteurs ne semble jamais être un facteurs alors que nous remarquons que la plupart des autres touristes faisant la file ont entre 40 et 70 ans. Que le meilleur vive!

La montée du téléphérique se fait dans un silence nerveux alors que nous en profitons pour prendre quelques photos et que nos compagnons chinois retiennent leur déjeuner du mieux qu'ils le peuvent. Une chose est certaine, alors que nous sortons de la cabine, nous ne serons pas seul sur le montagne aujourd'hui! Une masse compacte se suit vers le premier point de base où les plus peureux arrêterons leur ascension et pourront quand même dire ''qu'ils sont allés à HuaShan''. Mon compagnon, dans sa blancheur caractéristique britannique, profite du bouchon de circulation pour se remettre un peu de crème solaire et nous poussons les quelques bretteurs pour rejoindre le sentier principal.

Notre premier obstacle est déjà devant nous, le ''Dragon Ridge'' construit à même la montagne et qui scillonne le sommet de l'escarpement rocheux en un seul sentier permettant à deux grimpeurs de se rencontrer au même point sans trop de problèmes. Malheureusement pour nous, ce n'est pas encore le point qui décourage les touristes alors nous devons suivre la masse compacte et suante, cherchant à garder pied face aux petits vieilles chinoises qui font du coude pour avancer plus rapidement. À quelques reprises, je dois m'installer bien fermement au milieu du chemin pour nous assurer l'endroit le plus sécuritaire et Adam se félicite d'être derrière moi lorsque les marches les plus escarpées le force à se rentrer pratiquement le visage dans mon derrière. Disons qu'à ce point, il n'y a plus de gêne entre-nous... et je n'en ai pas non plus avec le monsieur devant moi! Quelques minutes plus tard, nous retrouvons la forêt et quittons le sentier à flanc de montagne pour une série interminable de marches. Ayant suivi un régime d'exercice assez stricte au cours des deux derniers mois, je suis au sommet de ma forme, mais la même chose ne peut être dite à propos de mon ami qui souffre visiblement à l'arrière.
- Dude, are you ok?
- Pffff... pffff... pfff... Yeah.... I'm... Pfff... good!
- Ok, well let me know if you want to stop.
- Pfff...don't worry.. pfffff.... pffff... I will.

Afin de préserver son égo masculin, je prétexte une soif soudaine et m'empare du sac à dos commun pour le reste de l'ascension. Quelques arrêts plus tard, nous sommes au ''Main Peak'' qui permet au grimpeur de choisir sa destination: South, East ou West Peak. Nous décidons de commencer par le côté Ouest.  Avant d'emprunter le chemin, nous nous retrouvons au ''Golden lock pass'' où les visiteurs peuvent acheter un cadenas qu'ils laisseront sur une des chaînes de la montagne. Après avoir vérouillé leur souvenir, la coutume veut que la personne fasse un voeux et jette la clé dans l'abîsse en signe de chance et de reconnaissance éternelle envers la montagne. Un endroit particulier du garde-fou est entièrement recouvert de cadenas et de rubans rouges (je ne connais pas leur signification), donnant un air solonel et toute une opportunité de photos souvenirs. Nos estomacs faisant des leurs, nous décidons de nous rendre au sommet Ouest avant de casser la croûte... ou plutôt le couvercle de notre soupe instantanée que je trimballe depuis le début de la promenade. Parce que oui, il est possible de manger sur la montagne; les victuailles étant transportées par des porteurs à pied et vendues aux touristes pour un prix exhorbitant!

Ce n'est que lorsque nous empruntons le trajet vers le sommet Ouest que la foule commence tranquillement à se décimer et à laisser place aux randonneurs sérieux. Des centaines de marches plus tard, nous arrivons à un point de vue où plusieurs touristes chinois font une pause derrière le garde-fou, à seulement quelques centimètres du gouffre. Très peu pour moi, merci! Je reste sagement du bon côté de la chaîne alors qu'un vent traître me force à me mettre à genoux pour ne pas me retrouver projetée dans le précipice. Nous devons de nouveau emprunter un sentier ''gossé'' à même la roche pour retrouver le sommet et c'est la main fermement aggripée à la chaîne que je gravis les derniers pas vers notre bol de nouilles bien mérité. Plutôt que d'acheter un repas préparé par les cuisiniers du sommet, nous payons 5 Yuan chacun pour un peu d'eau chaude et dégustons notre lunch avec appétît. Aucun bol de nouilles instantannées n'aura eu meilleur goût de toute ma vie. En reprenant notre contenance, je discute avec les cuisiniers qui sont tout content de rencontrer une ''Laowai'' qui baragouine leur langue.

Trève de paresse, nous devons tout de même visiter les deux derniers sommets avant la fin de la journée! Nous redescendons le sentier à même le roc et empruntons un autre escalier sans fin vers le sommet Sud, où notre petite soupe nous donne assez de pep pour laisser dans la poussière les dizaines de touristes chinois. La vue du sommet Sud est à couper le souffle, les montagnes de rocs au loin avec leur air menaçant et tranchant nous permettant de réfléchir à la force de la nature et à l'envergure du défi que nous sommes en train de relever.  Moment cocasse: alors que nous observons la vue, bouche-bées, des touristes chinois nous demandent de prendre la pose dans leurs photos souvenirs et nous empoignent par les épaules comme si nous étions de vieux amis. Mais si ce n'était qu'un seul touriste! 10 minutes plus tard, nous sommes toujours au milieu des photos, une ligne s'étant créée pour faciliter le roulement de visiteurs souriants qui nous veullent tous dans leur pose. Lorsque la file se dissout, nous montons sur la roche offrant le plus haut point et je m'aggrippe à Adam, soudainement ''moumoune'' du vide à quelques mètres de mes pieds bien ancrés sur le sol. Étrangement, mon vertige, qui est habituellement sous contrôle, décide de faire une apparition surprise dans un des moments les moins terrifiants de la journée. Me connaissant, je dois commencer à être fatiguée et donc plus propice à souffrir de ma maladresse légendaire. Je le sais... et mon corps le sait aussi! Adam me guide par la main pour descendre les marches alors que je retrouve ma contenance.

Depuis le début de la journée, je sais que nous allons éventuellement arriver à un endroit nous permettant de payer quelques Yuans de plus et, affublés d'un harnais, nous offrant de grimper sur une mince planche à 1000 mètres du sol au dessus du vide. À ce moment, je n'ai pas encore l'intention de le faire, mais lorsque j'arrive à même la falaise et que je me renseigne pour savoir où se trouve exactement ce jeu dangereux, la préposée me pointe un mince escalier en fer, installé à même la roche, 10 mètres plus bas. Effrayé, Adam me dit ''No way!'', mais mon cerveau, probablement sur un ''high'' de tout cet air non-pollué commence à franchement considérer l'expérience... Au moment, où nous sommes sur le point de rebrousser chemin, j'agrippe mon copain par la manche et lui dit: ''I'm doing it!''. Me connaissant et sachant que le court instant entre le moment où je prends ma décision et l'action ne pouvant durer que quelques minutes avant que je me dégonfle, je glisse 30 yuan au préposé et quelques secondes plus tard, je suis équippée de mon harnais et prête à descendre dans le vide.

Pour ceux qui ne le savent pas, j'ai déjà été guide dans un parcours aérien de tyroliennes alors ma peur des hauteurs est généralement assez bien contrôlée, mais entre une ''zip-line'' à 10 mètres du plancher des vaches et une échelle à même le roc à 1 km du sol, il y a toute une différence! J'installe mes mousquetons sur la ligne de sécurité comme je l'ai fait des centaines de fois avant et jette un dernier regard à Adam inquiet, qui doit probablement se demander comment il pourra expliquer à Shannon (ma mère à Shangqiu) ''How Andy fell off the cliff in Huashan...''. Je pose mes pieds fermement sur le premier barreau tout en tentant d'observer le gars sous moi, mais en ne regardant pas directement le vide. Mes mains tremblent et mes genoux se cognent violamment l'un contre l'autre. J'ai toujours pensé que ça n'arrivait que dans les dessins animés, mais je vous assure que c'est bien réel! La descente est lente et précise, ne voulant pas faire une erreur me coûtant ma courte vie, mais c'est un ''rush'' d'adrénaline incomparable... et j'ai déjà fait (et détesté) du bungee! Quelques mètres plus loin, j'arrive à voir Adam qui prend des photos du sommet et qui m'encourage de loin. Plus que quelques marches et je serai finalement sur la passerelle... ou c'est ce que je crois.

En bas de l'escalier, après un court répit sur une formation rocheuse stratégiquement placée, je remarque que pour arriver à la fameuse planche, je dois quitter le sol et insérer mes pieds dans des étriers à même le roc et m'aggriper à la chaîne, mon seul point de contact qui n'est pas la ligne de vie de mes mousquetons. Mon orgueil et l'envie de ne pas rebrousser chemin si près du but me poussant à continuer, je vérifie mes mousquetons pour la millième fois et me lance dans le vide. Lorsque je rejoins le préposé aux photos, qui doit bien passer sa journée sur la planche (le maudit malade!) mes mains sont prises d'un tremblement incontrôlable et je dois attendre plusieurs minutes avant de décrocher ma caméra, qui est sécurisé par le cordon de mes pantalons dans ma poche. À ce point, je préfère me promener avec mes shorts autour des chevilles plutôt que d'échapper mon kodak dans le vide alors je desserre le noeud de mes pantalons avec la concentration d'un démineur. Je lui tends ma caméra et le suit sur la mince planche d'environ 30 centimètres de largeur, gardant un oeil sur la chaîne et l'autre sur mon appareil. Je prends la pose, m'éloignant le plus possible du roc et après deux courtes photos, retourne près de son imprimante (il est tout installé à même la montagne pour imprimer les photos!) en respirant le plus tranquillement possible. Normalement, je suis supposée continuer mon chemin et affronter encore d'autres obstacles, mais Adam m'attendant au sommet (et franchement, ayant épuisé mon stock de courage pour la journée), je refais le chemin en sens inverse.

En chemin, je rencontre d'autres touristes sur les installations étroites et c'est avec joie que je constate qu'ils ont beaucoup moins la ''chienne'' que moi et dans un élan de galanterie me laissent même me coller sur la roche pour passer autour de mon corps paralysé, plutôt que de me forcer à les contourner. Dans un moment complet de folie, un des hommes enlève ses deux mousquetons de la ligne de vie pour me contourner et je me retiens par toute ma volonté de ne pas l'engueler de se rattacher comme je l'ai fait si souvent lors de mon emploi en montagne. Je ne voudrais quand même pas l'effrayer et provoquer sa perte! Lorsqu'ils sont tous passé, je re-grimpe l'échelle et arrive au sommet, brandissant mes poings dans les airs comme un grimpeur au sommet de l'Everest. Après tout, c'est probablement le moment de ma vie où j'aurai été le plus près de tout perdre dans un moment de maladresse. Mais qu'à cela ne tienne, je suis bien vivante et incroyablement fière de moi! ''Take that, Vertigo!''.

Adam, qui vient de découvrir mon petit côté givré, me suit en silence alors que nous rejoignons le côté de la montagne le plus sécuritaire. J'en profite alors pour lui montrer mes photos, ne le convaincant tout de même pas que c'était une bonne idée et nous décidons que nous avons assez de temps pour affronter le dernier sommet de Huashan. Le côté Est offre une vue encore plus impressionnante que le sommet Sud et après un autre escalier escarpé nous prenons une pose bien méritée. Adam: ''Dude, you are totally insane!''... oui peut-être un peu, mais je ne m'aurais jamais pardonné d'avoir manqué une telle expérience! Du côté Est, il est possible de rejoindre un petit ''gazebo'' chinois au sommet d'une montagne plus loin, mais nous décidons qu'il est beaucoup plus photogénique de notre position que d'affronter les marches dangereuses pour le rejoindre et y poser pied.

La fatigue rejoignant finalement nos membres, même si mon adrénaline ne me quittera que plusieurs heures plus tard, nous décidons de prendre le chemin du retour où nous devrions arriver au téléphérique, sans embuches, 1h plus tard. Mais la montagne n'a pas dit son dernier mot! Pour descendre du sommet Est, il faut emprunter la ''Heaven Ladder'', un échelle encore construite à même le roc qui, sans protection, à 15 mètres du sol, n'est aucunement sécuritaire à ce point de notre journée. Heureusement pour nous, des travailleurs chinois rénovent la paroie (probablement créant une alternative pour cette échelle ridicule!) et un escalier en métal (tout aussi escarpé quand même) nous permet de redescendre sans nous casser le cou. Finalement, le plus difficile est passé. En empruntant le chemin du retour, je demande à Adam de passer devant, ayant toujours beaucoup plus de difficulté à descendre qu'à monter, je m'agrippe à son sac à dos. Il en profite pour se moquer de moi: ''Andy, you just went down a ladder at 1000 meters but you can't go down some stairs? Hilarious!''... Hilarious indeed! Je me connais trop bien et ma capacité à m'enfarger dans les fleurs du tapis est un réel danger en cette fin de journée.     

Une heure plus tard, nous sommes assis de nouveau dans la cabine du téléphérique où nous jettons un dernier regard à cette montagne meurtrière qui, très franchement, si respectée et bien naviguée, est plutôt une incroyable randonnée permettant aux grimpeurs téméraires de tester véritablement ce dont ils sont faits.... pour moi c'est 50% de forme physique, 30% de courage et 20% de pure folie! À quand le rodéo sur un Yak enragé?

En terminant, j'ai décidé de documenter les criminels des chaussures inappropriés de Huashan...






1 comment:

  1. Dude, you are completely insane !

    Et je raffole de tes articles ! J'avais pas saisi à quel point c'était impressionnant et dangereux ta "promenade de santé" à HuaShuan !

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