Monday, June 13, 2011

Yiiii Kuai... Yiiii Kuai

Qui dit déménagement dit aussi habituellement vente débarras... et dieu seul sait que pour une voyageuse magasineuse, la Chine est une terrain de jeu beaucoup trop propice à la pratique de ce sport. S'empillent alors dans mon appartement depuis plusieurs mois des achats de toutes sortes accumulés au fil des sorties en ville et des petits voyages. Vêtement d'hivers... vêtements trop petits... vêtements à jeter... vêtements laids... plantes... décorations.... sapin de Noël... articles pour la maison... Je devais donc me débarasser d'une quantitée impressionnante d'items avant de réellement commencer à faire mes valises pour le Canada. Shannon m'a raconté avec horreur que les deux derniers locataires de mon appartement (aussi profs étrangers) ont laissé le logis dans un état épouvantable et qu'elle a dû se tapper le ménage avec Brett afin de sauver notre réputation face aux nettoyeurs chinois.  En Chine, la réputation est presque entièrement déterminée par les apparences et ça ne prends qu'un seul imbécile pour donner l'impression à une population au complet que nous sommes des cochons irrespectueux. J'avais donc décidé depuis longtemps que mon appartement serait des plus propres à mon départ et que ma réputation ne serait jamais ternie par un appartement en désordre. Malheureusement, je ne savais pas que cette décision ne serait pas entre mes mains...

J'ai donc fait un début de grand ménage et bien rapidement mon appartement a commencé à ressembler à une ville dévastée par une bombe A (comme dans Andréanne qui nettoie...). Partout dans la maison, il fallait éviter les piles de vêtements à donner, sauter par dessus les valises à moitié entamés, contourner les cadeaux des étudiants et ramper sous la pile de boîtes vides et de recyclage. Je peux vous dire que ça faisait dûr. J'ai aussi arrêté d'inviter de la ''visite'' afin de limiter les jugements face à mon bardas! Vendredi est finalement arrivé et j'ai réservé mon après-midi pour faire le grand nettoyage. Dès mon retour de l'école, je cours donc au petit coin et lorsque j'en ressort, j'entends quelqu'un qui joue avec ma poignée de porte! Je me dirige donc en vitesse vers l'entrée, les pantalons encore ouverts parce que je suis pressée de voir qui tente de me cambrioler (!!), et découvre par le ''peephole'' que mon patron, Mr.Yu, est planté devant ma porte en compagnie de 3 autres chinois. Que je le veuille ou non, la clé est dans la porte et il va entrer dans mon appartement dans les prochaines secondes. Je décide qu'il vaut mieux tenter l'offensive (le repli stratégique est impossible... il a ma clé!) et ouvre la porte d'un mouvement brusque. Je me retrouve donc devant mon patron, son assistant et un couple de chinois qui ont tous la tête de gens qui se sont fait prendre les culottes baissés... alors que c'est plutôt mon cas!

Mr. Yu me regarde catastrophé: ''Oh... I was trying to call you!''. Premièrement: Mon oeil... et deuxièmement: Quand? Avant ou après que la clé soit dans la serrure? Bref, je suis tout échevellée, à moitiée dans le processus de me changer pour faire mon ménage et je fais de mon mieux pour cacher mon appartement de la vue des visiteurs (sans oublier mes culottes ouvertes!). Il m'explique rapidement que le couple est venu visiter mon appartement et ''Would it be possible to come in?!''. Malheureusement pour moi, un de mes gros problèmes est que j'arrive difficilement à dire non (surtout à mon gentil patron) alors j'invite avec réticence le jeune couple à entrer dans ma tanière. Pendant qu'ils osent à peine regarder dans chacune des pièces, je fusille du regarde mon patron et lui fait comprendre que ''Peut-être que ce n'est pas bien de débarquer chez les gens comme ça et qu'il faudrait les avertir au moins 10 minutes en avance pour qu'ils ne viennent pas juste de sortir des toilettes?''. Il regarde ses souliers. Finalement, l'homme du couple s'adresse à moi et me demande si l'appartement est bien chauffé. Et moi de lui répondre: ''En fait, vous n'aurez sûrement aucun problème! Tout a été remplacé cette année parce que c'était brisé!'' (poum, poum, poum, tschiiiiiiiiiiiii). Ils me remercient mille fois de mon hospitalité et quittent mon appartement aussi rapidement qu'ils sont arrivés.

Alors voilà pour ma réputation, mais il me restait toujours à me débarasser de tous ces ''trésors''... Heureusement pour moi, chaque année au mois de Juin, les étudiants nouvellement gradués organisent une vente trottoir dans quelques rues de l'Université afin de vendre ce qui ne leur sera plus nécessaire et faire quelques heureux parmis les étudiants. Les habitants de la ville, toujours à la recherche d'aubaines, prennent aussi part aux festivités et un grand évènement en découle. Assisté par quelques amis étudiants, j'ai donc rempli une grosse valise et nous nous sommes installés un petit tapis au centre du marché. Au moment où nous avons rejoint notre emplacement, avant même que je n'aie le temps d'ouvrir ma valise, une véritable foule s'est amassée autour de nous. Des habitants de la ville, des travailleurs de l'école, quelques étudiants... tout le monde voulait jeter un coup d'oeil aux choux gras de la ''laowai''. Mes amis ont déballé mes articles précieusement, s'assurant d'en mettre plein la vue aux passants attentifs et la négociation a commencée. Mes vêtements se sont passés entre toutes les mains, mes couvertures lancés à gauche et à droite. Tout a été manipulé, tâté et scruté pendant que mes amis dictaient des prix ridicules pour mes articles. Pendant ce temps, impressionnée par le mouvement de foule, j'observais le cirque de loin laissant à mes étudiants le soin de récupérer l'argent des acheteurs satisfaits. C'est tout de même avec un pincement au coeur que je me suis départie de mes articles, chacun me rappelant un bon moment de mon année en Chine. La grosse ''doudou'' en polar qui m'a gardée au chaud tout l'hiver, mes mitaines Canada, mon lecteur DVD, mon dictionnaire anglais-mandarin... Mais le plus irritant dans tout ça, c'est que pour bien négocier, les chinois se sentent obligé de dénigrer ce qu'ils achètent pour en faire baisser le prix. J'ai donc entendu que mes vêtements étaient: laids, grands, sales, de mauvaise qualité, usagés, bon pour la poubelle, etc... Par chance que je ne comprenais pas tout!  Rapidement la pile s'est mise à baisser et j'ai accumulée de plus en plus d'argent. Quelques étudiants tenaient absolument à acheter de mes vêtements pour conserver un souvenir de moi et se tortillaient encore plus de joie lorsque je leur disais que l'objet choisi venait de Thaïlande, de Malaysie, de Singapour... ou comble de plaisir: du Canada.

Les heures se sont mises à passer rapidement et lorsqu'Adam est venu me rejoindre à 18h30 pour le souper, il ne me restait qu'une dizaine de gilets à vendre (que voulez-vous, j'en avais beaucoup!). Afin de pouvoir aller manger, il me fallait quand même épuiser mon stock alors j'ai annoncé à mes étudiants que nous faisions une vente de feu: 5 yuan l'item! Nous étions donc plantés-là à crier: ''Wu Kuaiiii, Wu Kuaiiii'' alors que personne ne semblait intéressé par mes guenilles. Adam qui avait remarqué les caractéristiques de mes acheteuses m'a suggéré de tenter d'attirer les petites vieilles: ''Yeah Andy, all the old ladies LOVE your stuff! There are the only ones who buy your clothes!''... merci Adam pour cette analyse de marché... Étonnament (...not), depuis l'arrivée d'Adam de plus en plus d'étudiantes s'arrêtaient à notre tapis pour épier mon petit-copain tout en jouant avec mes guenilles. Une téméraire rouge comme une tomate est même allée jusqu'à lui dire d'un seul souffle, ''I want you to take me back to your country!''. Hum... j'avais la possibilité de faire quelques yuan de plus!! ''UNNN étranger britannique.. UNNNN...''.

Nous avons continué à crier et quand personne ne s'est manifesté après une heure, nous sommes descendus à 3 Yuan.... puis 2 Yuan... pour finalement offrir mes items à 1 yuan! ''Yiiiii Kuai, Yiiii Kuai''. Rien à faire. Les passants ne prenaient même plus la peine de regarder sur mon tapis. C'est alors que la sagesse m'a atteint comme un projectile en plein visage: Les chinois aiment négocier et donc lorsqu'on leur offre quelque chose à très bas prix ils se méfient. Ils préfèrent négocier à mort plutôt que de s'en faire passer une petite vite et perdre 1 yuan... je n'étais donc pas plus avancée devant ma petite pile de vêtements et nos estomacs qui grondaient de plus en plus fort. Avec l'énergie du désespoir, j'ai achalée quelques passantes pour finalement jeter les armes et tout donner à ma voisine de tapis.

En conclusion, je crois que le marchandage chinois est un peu comme l'Opéra de Pékin... c'est long, c'est plate, on ne comprends rien et il faut être un peu massochiste pour l'apprécier.

< Ajoutez ici votre propre proverbe chinois sur la patience qui porte fruit >       

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