Wednesday, June 8, 2011

Examen médical: Ouvert au public

Le stress de départ forçant bien souvent le métabolisme à se révolter, je devais inévitablement tomber malade avant mon retour au pays de la feuille d'érable! Parce que je suis beaucoup trop ''spéciale'' pour seulement attraper une bonne grippe, j'ai eu droit au retour de ma maladie de fantaisie de prédilection: L'infection occulaire! Jusqu'à ce jour, je ne sais toujours pas ce qui irrite autant mes pauvres petits yeux, mais je peux vous dire que les symptômes sont toujours aussi violents.... et particulièrement lors de cette crise. J'avais donc simultanément un mal de tête à me fendre le crâne en deux, deux yeux rouges et irrités qui pleuraient sans arrêt, de la fièvre, le nez bouché et pour la bonne mesure: une toux de pollution qui n'avait pourtant pas été invité à ce ''party de symptômes'' mais qui avait décidé de quand même se présenter. Enfoncée jusqu'au cou dans mes valises, je ne pouvais me permettre de m'appitoyer sur mon sort pendant trop longtemps alors j'ai appelé mon patron pour qu'il m'accompagne à l'hôpital... Bom, bom, booommmmmm. (cue musique de film d'horreur)

J'ai enfilé mon cotton-ouaté avec capuche méga-camouflante, mes lunettes de Jackie O (par dessus mes lunettes de vues... un style toujours aussi sexy! Mon petit doigt me dit que ce sera la mode en 2012... à Shangqiu) et je me suis rendue à la porte de l'école pour retrouver Mr.Yu. Étrangement, il n'était pas à l'heure alors j'ai poiroté pendant quelques minutes en espèrant qu'il se-dépêche-maudit-j'ai-mal-à-l'oeil-je-vais-me-décomposer-pourquoi-moi? Arrive alors un petit monsieur pressé qui m'appelle et me fait signe de le suivre. Hum... je fais rapidement le tour des quelques visages chinois différents de ma mémoire mais je n'arrive pas à déterminer qui est cet individu. Deux choix se présentent à moi: 1) je lui demande qui il est et l'insulte probablement parce que je l'ai assurément déjà rencontré ou 2) fais comme si de rien n'était et embarque dans le taxi... La porte se referme sur mon visage contorsionné qui cherche toujours à reconnaître le type assis à l'avant. Bof, en autant qu'il m'amène à l'hôpital, c'est ce qui compte!

Après un court trajet, le taxi s'arrête devant l'hôpital où des dizaines de patients en état de décomposition avancés sont évachés sur l'herbe entourant le bâtiment. Est-ce que les familles les ont ''parkés'' là pendant qu'ils allaient à l'intérieur? Ils les ont abandonnés à leur sort? On dirait un centre d'achat un jeudi après-midi après le Bingo... Bref, nous marchons rapidement à travers la foule alors que je me fais pointer du doigt abondamment. Parce que s'il y a quelque chose de plus intrigant pour un chinois qu'un étranger.. c'est un étranger malade! D'un coup que mes microbes seraient aussi bizarre que moi! Je suis donc Mr. Ren (d'après Shannon) jusqu'au comptoir où je dois acheter une carte de débit d'hôpital qui me permettra de tout payer mes traitements d'un seul coup. Bien joué, c'est pratique! Nous prenons ensuite l'ascenseur jusqu'au 6e étage - yeux - et rejoignons les autres patients devant le comptoir de service. Au milieu des aveugles, des cataractes, des objects non-identifiés enfoncés dans les yeux, ma petit infection n'est pas trop impressionnante et je remercie le petit Jésus de ne pas avoir de baguette chinoise dans l'orbite! Le plus traumatisant dans tout ça, c'est que les patients du département ''yeux'' ont aussi plusieurs autres bobos visibles et pourraient facilement se retrouver sur les étages ''toux dégueu et crachat'', ''bobo avec du pus'' et ''membre manquant''... Je remonte mon gilet pour cacher mon visage.

Après une courte discussion avec la préposée je me dirige dans une salle de triage où une bonne dizaine de patients sont serrés autour d'un seul pupitre. Lorsque je m'approche un peu, je découvre qu'il y a deux pauvres médecins qui tentent de servir les patients dans l'ordre et repousser la foule pour qu'ils puissent travailler. Alors que Mr.Ren tente de se faufiller devant tout le monde, je recule contre un mur et observe les chinois à l'oeuvre. Plus les type sont âgés, plus ils utilisent leur cannes/marchettes/sac d'épicerie pour se faire un chemin dans la foule et les femmes n'hésitent pas à prendre appui sur mes épaules et me piler sur les pieds pour gagner quelques centimètres. Je sens alors de petits doigts cruchus s'enfoncer dans mes côtes et me retourne pour trouver une madame agressive qui tente de passer devant moi. Je l'apostrophe calmement tout en empoignant fermement son bras: ''Wait a minute please.'' Malgré mon intervention, elle me jete un regard qui tue et continue à pousser. Au même moment, Mr.Ren arrive à donner mon papier au médecin qui me demande d'aller passer un examen de la vue... Hum...Vous êtes chanceuse madame! Sauvé par le Gong!

Maintenant si vous réfléchissez un peu aux examens de la vue des pays occidentaux, vous comprendrez qu'il est impossible de faire la même chose en Asie pour cause d'inexistance de l'alphabet!! Oui, il y a toujours le Pinyin qui utilise notre alphabet, mais ce n'est que la couche la plus éduquée de la population qui peut utiliser cette écriture alors ils se doivent de trouver une solution pratique. Ils ont donc recours aux symboles. Plutôt que de devoir réciter les lettres qui sont affichés sur le mur, le patient doit indiquer la direction des rangées de flèches. En haut, en bas, gauche et droite. Lorsqu'arrive mon tour, j'aimerais beaucoup me prêter à l'exercice, mais telle la chauve-souris en plein jour (et la nuit aussi tant qu'à faire) je ne vois absolument rien sans mes lunettes. On pourrait facilement mettre devant moi Brad Pitt et Daniel Craig en boxer et je leur demanderais de se tasser parce que je n'arrive pas à voir la feuille sur le mur! L'occuliste se met à rire de mon handicap (Petite nostalgie pour l'objectivité médicale des pays occidentaux) et me demande de remettre mes lunettes pour passer le test. Je réussie haut la main et retourne dans la salle de triage toujours aussi bondé.

C'est maintenant mon tour de me faire inspecter les yeux dans la machine spéciale et le médecin me demande d'appuyer mon menton sur le support collectif en plastique qui n'a probablement jamais été lavé depuis sa sortie de l'usine. Je sors mon petit Kleenex pour protéger mon visage sous l'oeil amusé des 25 badeaux qui observent mon examen en attendent leur tour (j'aurais sérieusement besoin d'un cordon en velour rouge pour les empêcher de s'asseoir sur mes genoux) et m'installe confortablement pour me faire pointer une lampe dans mon oeil infecté. Des... heures....de....plaisir! J'attend les applaudissements de la foule lorsque le docteur termine son examen mais je me fais plutôt pousser en bas de ma chaise par une minine qui a décidé qu'elle voulait mon tabouret. Après vous madame... Malheureusement pour moi, ce n'est pas terminé et je dois me faire mettre de l'iode dans l'oeil pour mieux voir l'étendu du désastre au microcospe. J'attend donc maintenant avec le yeux tout jaunes que le docteur termine avec le gars qui a juste un oeil et re-tabouret, re-Kleenex le diagnostique est tombé: Conjonctivite. Le docteur me prescrit différentes goûtes et de la crème et Mr. Ren m'abandonne pour visiter la pharmacie.

En attendant mon traducteur, je m'appuie sur le mur à l'extérieur de la salle d'examen et enfonce ma capuche sur la tête pour me protéger des rayons du soleil. C'est alors qu'un curieux décide qu'il veut absolument jaser avec moi et il me bombarde de questions en mandarin. Voulant tout de même être polie, je réponds aux premières questions, mais voyant qu'il croit visiblement que je veux jouer à ''Question pour un Champion'', je me dois tout de suite de ralentir ses ardeurs. ''Qing, wo bing le, wo bu yao shuo - S'il vous plaît, je suis malade, je ne veux pas parler''. L'homme me regarde pendant quelques secondes et se retourne ensuite vers sa famille pour leur dire que je ne comprends rien. NON, ce n'est pas que je ne comprends rien, c'est que je ne veux PAS parler! Il continue son interrogatoire alors que je transperce l'ascenseur du regard dans l'espoir que Mr. Ren se matérialise et vienne me sauver. Pas de chance, l'homme est carrément agressif et place son visage à quelques centimètres du mien pour obtenir mon attention. À ce point, je commence à sentir un ''pêtage de coche'' imminent alors je prends mes cliques et mes claques et pars m'asseoir seule sur une banquette à l'autre bout de la salle. Je prends même soin de bien installer mon Ipod pour décourager les autres curieux. Alors que je choisis une chanson, je remarque stupéfaite que le connard m'a suivi à l'autre bout de la salle et me parle toujours! Je pête une plomb: ''I DON'T WANT TO TALK. I AM SICK. LEAVE ME ALONE!!!''. Et dans mon élan de colère, mon corps est aussitôt pris de convulsions et j'éclate en sanglot, de grosses larmes chaudes coulant sur mes joues. Heureusement pour moi, à ce point l'homme est découragé et retourne auprès de sa famille. Je tente de retenir la vague de désespoir qui m'assaillit à répétition, mais c'est plus fort que moi. Mais qu'est-ce qui peut bien motiver ce type à penser que c'est ok de m'harceler comme ça dans la salle d'attente? Pour toutes les fois où je n'ai pas voulu pleurer dans les dernières semaines, c'est cette goûte d'eau qui fait déborder le vase.

Lorsque Mr. Ren revient de la pharmacie, il me trouve me berçant tranquillement sur le petit blanc de plastique de la salle d'attente, l'air complètement fêlé, les joues tachés d'iodes et un tas de Kleenex froissés à la main. Je sens immédiatement sa présence et le suit la mine abattue vers l'escalier. Mr. Ren ne me questionne pas sur ce qui vient de se passer, se doutant probablement que c'est un de ses compères qui m'a mis dans cet état... Je retourne à mon appartement épuisée et m'effordre sur le divan au même moment où mon téléphone reçoit un message texte.

''Hi Andy, I have learned that you are very sick and I think that you might need a friend right now. Please let me know if you need anything or some company and I will come see you. I love you. Emily''.

Malheureusement, je ne pense jamais pouvoir expliquer à Emily à quel point son message a été important...  

1 comment:

  1. Wooooooh ça a vraiment été très, très rude... C'est vrai que les Chinois passent leur temps à répéter qu'on ne comprend pas dès qu'on leur répond quelque chose qui ne va pas avec ce qu'ils attendent.
    Personnellement, je suis devenue très paresseuse et totalement démotivée ici, alors quand je les entend se dire "elle comprend pas" je confirme : "non, je comprends pas." Et plaf. Trois interlocuteurs curieux de moins...

    Le retour au Canada a vraiment dû te faire du bien après ça !
    Je t'embrasse.

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