Wednesday, June 22, 2011

Épilogue: La réalité

La réalité de tout voyage est qu'il doit inévitablement tirer à sa fin. Plus vite on l’accepte et plus facilement il est possible de passer à autre chose et de souvent se trouver une autre aventure. Au fil d'arrivé, il nous reste des tonnes de photos, des souvenirs, des cartes, des récits (bonnes ou mauvaises expériences) et c'est à chacun d'entre-nous de décider ce qu'on en retirera. Certains personnes décident de se poser et de considérer leur expérience de voyage comme des vacances ou une belle folie de jeunesse avant de commencer leur vie. D'autres préfèrent plutôt reprendre tout de suite la route pour ne pas perdre de temps dans leur exploration des confins reculés de la planète et peut-être aussi de peur de figer au même endroit et de ne plus avoir le ''luxe'' de repartir. Personnellement, depuis mon retour, je me trouve à la croisée des chemins. D'un côté, il serait tellement facile de choisir une autre destination, de refaire ma valise et de partir au mois de septembre, mais d'un autre côté (et c'est ce qui semble me demander encore plus de courage) je pourrais aussi me faire un chez-moi, au départ pour quelques mois, quitte à voir ce qui peut ensuite arriver... Je ressens ce besoin d'être près de ma famille et de ne pas être l'étrangère, qui reviens tous les six mois et qui regarde ''notre'' vie familiale de l'extérieur. 
Je décide donc de terminer mon blogue en partageant avec vous mon retour à la réalité et les expériences personnelles qui y sont rattachés. Pour les voyageurs, j'espère que vous pourrai vous retrouver dans mon histoire et peut-être adouçir un peu la coupure qui se produira à la fin de votre propre voyage. Pensez à moi et ditez-vous que ''vous n'êtes jamais seul dans le bateau!''. Et pour ceux qui trouvent, comme moi d'ailleurs, ''qu'Andréanne n'est plus très drôle ces temps-ci'', je vous réfère à la page 1: Et le commencement dans tout ça, pendant que j'écris finalement la conclusion de ce récit qui aura été pour moi beaucoup plus que Mon année en Chine.      
Je ne vous mentirai pas, ma première semaine à la maison a été extrêmement difficile. Je me suis retrouvée à plusieurs reprises plantée au beau milieu d'une pièce à ne pas trop savoir quoi faire de ma peau, me sentant plutôt en visite que vraiment à la maison. Je ne voulais pas ranger mes vêtements utilisés en Chine avec les autres déjà dans mes tiroirs (les vêtements d'avant) et trouvait que ma chambre semblait déjà complète, sans moi. J'ai pleuré à plusieurs reprises et dans n'importe quelle situation, quand une vague de réalité est venu me réveiller et me planter les deux pieds bien fermement au sol, à Gatineau, Québec. J'ai revu quelques amis sans trop savoir quoi leur dire sur mon expérience, ''Euh la Chine? C'était génial... et toi quoi de neuf?''. Je me suis retenue de toujours dire ''...et en Chine c'était comme ça'' pour ne pas provoquer une surdose chez mes parents déjà tellement patients. Je me suis assise silencieusement à table avec ma famille, ne sachant pas trop comment entrer dans la conversation de maison-boulot. J'ai eu une attaque de panique dans le département des femmes du magasin Simons, quand j'ai du choisir entre des shorts bruns foncés, bruns pâles, sable, 3/4, courts, longs... J'ai tenté sans succès d'écrire les dernières entrées de mon blogue ne voulant pas inconsciemment mettre le point final à mon récit... Bref, j'ai fait passer les journées du mieux que je le pouvais en tentant d'être engagée avec ma famille, tout en vivant mon deuil. 
1. Le Choc
Lundi: Andréanne se souvient qu'elle peut boire l'eau du robinet et se remplit un verre avec le sourire. Elle discute ensuite avec sa mère de la Chine et marche dans l'herbe du jardin, pieds nus. Andréanne mange avec appétît son bol de céréales et jette le papier de toilette... dans la toilette. Elle écoute les oiseaux et ne tousse plus. Comme c'est bon d'être au Canada. 
2. Le Déni
Toujours lundi: Malgré tout les petits plaisirs de la vie quotidienne à Gatineau, Andréanne semble croire qu'elle retourne à Shangqiu la semaine suivante. Elle écrit à ses amis tous les jours et attend avec impatience les appels sur Skype. Ses valises sont toujours pleines.
3. La colère et le marchandage
Mardi: Les deux genoux dans les valises, Andréanne se fâche contre sa maudite pile de vêtements qui ne fait que grossir et grossir. Elle cherche comme faire entrer le contenu de ses valises dans ses tiroirs sans succès. Elle devra se départir de certains items, mais n'en trouve pas la force. Elle laisse tout en désorde et retourne à l'ordinateur. Elle tappe: Esl job Japan.
4.  La tristesse
Mercredi: Maman est au travail alors Andréanne se couche près de ses valises et laisse finalement les larmes couler. Et elle pleure... et pleure... et pleure, ne sachant pas trop à quoi se raccrocher pour reprendre contrôle sur ses émotions. Elle vit finalement toutes les séparations de la semaine précédante. Au courant de la semaine, elle sent que sa famille ne sait pas trop comment s'approcher d'elle, ne voulant pas la rendre encore plus triste en parlant de son voyage. Elle se sent seule.
5. La résignation
Vendredi: Maintenant en visite à Québec, Andréanne commence à se faire à l'idée qu'elle pourrait bien s'y installer et prendre le boulot stable qui lui est offert. Elle comprend que si elle décide de repartir pour un autre voyage, une telle occasion ne se représentera peut-être plus. Elle a toujours envie de repartir, mais elle commence à apprécier l'idée d'être en terrain connu. Elle se sent en sécurité d'être si près de sa soeur. De sa vie bien en marche.  
6. L'acceptation
Présentement: Andréanne est aux États-Unis pour l'été, à Middlebury, où elle travaille à l'École française comme elle le fait depuis 4 ans. Elle se sent bien - Home. Elle raconte avec enthousiasme son voyage, se rappelant de chacun des détails, mais le sentant de plus en plus loin. Le future à l'horizon semble plus près, complètement indécis et plein de possibilités. Elle pourra en faire ce qu'elle voudra.
C'est donc sur cette note positive que je termine cette histoire. Rassurez-vous, Andréanne va très bien. J'ai n'ai pas terminé de travailler sur mon blogue, car mon prochain projet est d'en faire un récit de voyage. J'espère aussi franchement pouvoir écrire d'autres blogues de Mon année... quelque part.

Au courant de cette année, j'ai beaucoup ri, parfois pleuré, j'ai fait des rencontres, j'ai mis le pied où je ne croyais jamais le poser, mais j'ai surtout appris qu'avec un dictionnaire, un grand sourire et beaucoup (BEAUCOUP) de patience... on peut se rendre jusqu'en Chine et en revenir en un seul morceau!!  

À bientôt j'espère...

Andréanne

1 comment:

  1. J'ai mis du temps à venir le lire, ce dernier article, sans doute parce que je savais que ça allait mettre physiquement un point final de plus à nos au revoir.

    Ta réaction me rappelle un peu ce que j'ai vécu au retour de New York, que j'ai mis trois mois à cesser de pleurer (ville géniale, gens géniaux, shopping génial, atmosphère incroyable, paysages splendides... haaaa). Mais je suis rassurée de voir que ton petit tour aux States t'a remise d'aplomb.

    Ton blog va me manquer. Et toi aussi bien sûr. Profite bien de ton été là-bas, et viens nous voir quand tu veux en France !

    Je te fais de gros gros becs.

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