Tuesday, August 31, 2010

Zhengzhou

Le réveil à Pékin est brusque. En fait, il est plutôt inattendu, car à 3h du matin, mes yeux s’ouvrent d’un seul coup, mon corps, se croyant toujours au Canada gronde mon cerveau engourdit par la fatigue : ''Quand même Andréanne! Tu dors jusqu’à 15h et tu veux qu’on te prenne au sérieux?''. Malgré tous mes efforts pour tromper mon subconscient qu’il est véritablement l’heure de dormir (i.e. Me planter devant la fenêtre et fixer intensément la noirceur et répétant ''Mes paupières sont lourdes…'') je n’arrive pas à fermer l’œil alors je fais un peu de lecture jusqu’à ce que les rayons du soleil pénètrent finalement dans la chambre. Quand arrive le temps de sortir du lit, je me traîne évidemment les pieds (Et oui, MAINTENANT je suis fatiguée!) jusqu’au restaurant de l’hôtel pour prendre mon petit-déjeuner mais une surprise de taille m’attend.
Lors de ma recherche extensive sur les Chine, je n'ai jamais pensé à m'intéresser à ce qu'ils se mettent entre les baguettes au petit déjeuner alors par ce beau matin de Pékin, j'entre dans la salle à manger en croyant pouvoir mettre la main sur un petit déjeuner continental… Vous savez, rien de trop compliqué : Des tartines, du jus, peut-être même une orange. Ah… Ha… Ha…Vous pouvez donc imaginer mon visage lorsque je soulève la première cloche du buffet et découvre des brocolis à l’ail! ''Bon ce sont peut-être les restants du buffet du soir, je vais tenter le second…'' Du porc. Du riz. Des tomates et du chou… C’est alors que je me retourne et découvre que le dégoût sur mon visage est malheureusement très mal caché et que mes expressions faciales ont attiré l’attention des autres clients. Tous chinois. Si seulement il y avait un autre étranger dans la salle pour faire un petit commentaire et me rassurer que pendant 22 ans j’ai mangé le ''bon'' petit déjeuner… ''Those funny chinese hein?! I wonder what they eat for lunch!''… mais non, je ris nerveusement alors qu’ils se disent probablement ''Those funny foreigners! They always make the same face at breakfast! What do they expect? Fruit and bread? Haha'' j’effectue un repli stratégique à la réception où mon transport m’attend justement pour prendre mon second vol pour Zhengzhou.  
Après un encas de barre Mars et de Coca-Cola (ÇA c’est un petit-déjeuner beaucoup plus équilibré!), je continue à être la seule représentante des caucasiens dans mon vol pour Zhengzhou (Un peu plus et je me croirais dans une pub politiquement incorrecte…), la capitale du Henan et l’endroit de rencontre avec le représentant de mon Université, Mr. Yu. Arrivée à destination je récupère mes valises et devient soudainement consciente de mon apparence physique. Mes cheveux collés sur mon front par la sueur, mes épaules dénudés qui se font dévisager depuis mon départ de l’aéroport – même mes super pouvoirs de déductions affaiblis par le décalage sentent que quelque chose cloche et je ne veux pas me faire arrêter pour indécence publique mon 2e jour en Chine, mes jeans sont chauds, collants et sentent l’avion… Bref, ce n’est pas la première impression que j’avais en tête lorsque j’imaginais ma rencontre avec mon patron. Je me cache donc dans la salle de toilette et effectue un changement éclair sous l’œil moitié-scandalisé, moitié-amusé de la préposée aux salles des bains. Fin prête, je quitte le terminal et tombe face à face avec un Mr. Yu visiblement nerveux qui n’avait clairement pas été avertit de mon jeune âge. Enthousiaste, j’entame tout de suite la conversation en serrant énergiquement sa main alors qu’il fait une faible grimace de ''gars qui n’a jamais accepté dans son contrat de se faire AUSSI toucher par la créature canadienne.'' Après avoir échangé trois monosyllabes en anglais, je comprends que Mr. Yu n’est pas aussi enchanté par ses capacités linguistiques anglo-saxonnes que je ne le suis par rapport à mon apprentissage du mandarin alors je m’assois à l’arrière de la voiture en silence alors que le chauffeur nous conduit vers le centre-ville de Zhengzhou.
Le plan a changé. Plutôt que de tout de suite nous rendre à Shangqiu, nous passerons la nuit dans la capitale afin de me permettre d’effectuer mon examen médical le lendemain matin. C’est ainsi que je me retrouve en confinement dans une chambre d’hôtel au beau milieu de l’après-midi à regarder par la fenêtre parce qu’aussi gentil qu’il puisse paraître, je ne souhaite pas particulièrement faire les boutiques avec mon patron volontairement muet (''Tell me if you want to go shopping. I go with you. Please don’t go alone. You get lost''). J’observe la circulation, mais n’arrive pas à comparer ce qui se passe sous ma fenêtre avec aucune autre situation déjà vécue. Premièrement, le hurlement des klaxons est constant et il n’y a pas d’embouteillage ou d’accident. Ensuite, la rue est flanquée de chaque côté par un corridor pour les vélos où piétons et cyclistes s’évitent sans arrêt à un cheveu près. Mais ce qui est le plus étrange pour moi à ce moment est de regarder une rue pleine de boutiques et de ne pas pouvoir déterminer ce que le magasin renferme en regardant son écriteau… Finalement, vers l’heure du repas, Mr.Yu vient me chercher à ma chambre et m’invite à traverser la rue pour casser la croûte dans un restaurant à l’allure occidentale. Et par ''allure occidentale'', je veux dire que le logo du restaurant steakhouse ressemble vaguement à un bœuf avec les yeux légèrement bridés.      
Après avoir pris place dans notre banquette orange plastifiée de la salle à manger, la serveuse arrive immédiatement à notre table avec le menu et me le tend. Je lui fais signe de plutôt le donner à mon patron pour cause d’analphabétisme chinois, mais politesse oblige, je suis l’invitée d’honneur alors je devrai choisir les plats. Voyons voir les photos… Alors que je tourne tranquillement les pages du menu à la recherche d’un plat qui n’est pas constitué de colonne vertébrale ou d’un quelconque organe génital (une fille prévenue en vaut deux!), je remarque que la serveuse n’a toujours pas quitté son poste et attend sagement que je me ''branche'' pour qu’elle puisse prendre ma commande. C’est à croire que nous sommes la seule table dans tout le restaurant… mais en observant bien, il y a pratiquement autant d’employés que de tables alors le service doit toujours être aussi ''personnalisé''. Son regard insistant me stresse alors je commande un plat de nouilles sous l’œil amusé de Mr.Yu qui doit tenir un pari avec ses amis que le premier repas de l’étranger en terre chinoise est TOUJOURS des nouilles. De son côté, mon patron commande toute sorte de dumplings et malgré une légère embuche lors de la dégustation de grains de maïs avec des baguettes (''Non, non s’il vous plaît ajoutez de l’huile! C’est beaucoup trop facile à saisir!'') le repas se passe plutôt bien.   
Maintenant rassasiée, je me couche tôt afin d'être en pleine forme pour mon examen médical du lendemain... si seulement j'avais su...

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