Friday, August 20, 2010

Prologue - Et le commencement dans tout ça?

Vous connaissez tous l’expression ''L’herbe est toujours plus verte chez le voisin''; ce dicton devant normalement nous faire comprendre que nous cherchons toujours à atteindre un idéal miroité chez ledit voisin et que finalement nous devrions probablement nous contenter de ce que nous avons au risque d’être déçu. Et bien cette expression est probablement véridique sauf pour une profession : l’enseignement. Et le pâturage verdoyant recouverts de pâquerettes, de papillons affectueux gros comme des pamplemousses et de petits enfants qui courent avec des sucettes est... la Chine. En Chine, un professeur peut enseigner pratiquement à temps partiel à un groupe d’étudiants dociles et travaillants tout en gagnant suffisamment d’argent pour vivre bien au-dessus de la classe moyenne, voyager dans tous les pays avoisinants et prendre 4 mois de vacances par année. Vous me direz sûrement qu’il y a des désavantages… Évidemment! Sinon tout enseignant nouvellement gradué... et nouvellement traumatisé par un groupe d’ados désabusés de la dernière polyvalente du coin ferait ses valises pour y déménager. Les classes nombreuses, la difficulté de communication, le manque de technologie (''The Great Firewall of China'') et les conditions sanitaires sont tous des obstacles qui peuvent rapidement transformer n’importe quel voyageur intrépide en un gamin pré-verbal qui n’arrive plus à traverser seul la rue.
Mais chaque automne, grâce à un bombardement de publicité sur le web (''Teach English in China'', ''Learn the language while travelling'', ''No Chopsticks, no problem'') et de nombreuses agences de recrutement, un nombre impressionnant d’enseignants migrateurs s’exilent au pays de Mao pour tenter leur chance (et leur fortune) de l’autre côté de la terre. Pour certains, le choc culturel et l’herméticité de la société chinoise est un obstacle trop difficile à surmonter et ils quittent le pays, classant leur expérience dans la catégorie ''histoire intéressante à raconter pour impressionner mes amis''. D’autres s’intègrent du mieux qu’ils le peuvent et se font une vie en marge de la population chinoise, échangeant le sentiment d’appartenance avec leur pays d’origine pour les avantages sociaux de leur statut d’étrangers en Chine. Dans les grandes villes comme Shanghai et Pékin, les expatriés arrivent à se regrouper en communautés et à vivre une vie presque normale, imposant souvent (avec l’aide des jeunes chinois) le mode de vie occidental sur ce pays qui s’approprie, à sa façon, chaque culture qui s’y aventure. Cependant, dans la campagne chinoise, où l’anglais est seulement utilisé entre les quatre murs de la salle de classe et où les étrangers sont pointés du doigt, parfois insultés et pris en photos à chacune de leur sorties, la survie (et la persistance) d’un prof étranger est beaucoup plus difficile. Voire même précaire… Et c’est exactement ce qui m'attendait dans la prochaine année.
Lorsqu’un recruteur contacté sur internet m’a offert un poste dans la ville de Shangqiu, province d’Henan, j’ai sorti ma carte de la Chine. Après avoir sillonné des yeux la côte Est et le Sud (les endroits plus ''connus'') sans trouver cette petite ville, j’ai dû me faire à l’idée qu’elle devait plutôt être bien cachée dans les terres… pas comme le Tibet ''dans les terres'', mais tout de même tellement loin de la côte que l’air marin ne nous atteindrait jamais. C’est alors que j’ai repéré le Henan. LA province mal-aimé de la Chine qui se situe presque à distance égale entre Shanghai et Pékin. J’apprendrais beaucoup plus tard que lorsqu’on avoue aux chinois qu’on vient de cette région, leur attitude change, nous prenant soudainement pour des paysans ayant reniflé un peu trop de purin de Yak.  Alors ce n’était pas Pékin et certainement pas Shanghai, mais peut-être que ce petit village charmant saurait répondre à mes besoins d’exotisme. Avec ma nouvelles maîtrise en poche et aucunes attaches, j’étais la candidate idéale pour tenter ma chance en Chine et je voyais plutôt la campagne chinoise comme une opportunité d’apprendre la langue dans un contexte authentique et de m’installer dans un environnement qui ne serait pas une des plus grandes villes du monde. Ce qu’on peut être naïve à 22 ans…

Alors que je quittais finalement Ottawa pour la Chine, je n’avais qu’une seule chose en tête : ''Faites qu’il y ait bel et bien quelqu’un à l’autre bout du trajet pour me récupérer!!''.

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